Ecrans Noirs: Timbuktu pour l’ouverture de la 19ème édition

Le film aux sept César, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, sera diffusé à l’ouverture du festival du cinéma «Ecrans Noirs», le 18 juillet à Yaoundé

Cette année, le festival du film africain «Ecrans Noirs» verra la participation de certaines grandes pointures du cinéma sur le continent dont le premier Africain à avoir reçu un César de meilleur réalisateur en France: Abderahmane Cissako. Le réalisateur mauritanien a confirmé sa présence à la 19ème édition du festival Ecrans Noirs, programmée du 18 au 25 juillet prochain à Yaoundé, avons-nous appris mercredi au cours d’un point de presse organisé à la Fondation Muna, dans la capitale du Cameroun.

Le film franco-mauritanien Timbuktu, récompensé par sept César (meilleur film, meilleure musique, meilleure photo, meilleur son, meilleur scénario, meilleur montage et meilleur réalisateur) à Paris le 20 février dernier, a été choisi pour l’ouverture du festival au Palais des Congrès de Yaoundé. Timbuktu raconte le quotidien des populations dans le nord du Mali sous contrôle des djihadistes. La soirée de clôture verra la diffusion de la comédie ivoirienne «L’amour en bonus» de Jacques Trabi.

Diversité
Pour cette 19ème édition, les organisateurs des Ecrans Noirs ont fait le pari de la diversité. Du Maroc à l’Ouganda, et du Lesotho au Rwanda, le festival a retenu 41 uvres internationales et 41 uvres produites au Cameroun, dans le cadre de la sélection officielle en compétition. Seules quatre uvres réalisées par des Camerounais figurent dans les films internationaux en compétition. Il s’agit du documentaire «La souffrance est une école de sagesse» d’Ariane Astrid Atodji; ainsi que les courts métrages «Damaru», «Empreintes douloureuses», «Queen» et «Alma», respectivement réalisés par Agbor Obed Agbor, Bernard Kouemo, Patricia Kwende et Assam Christa Eka.

«Chaque jury comprendra un Camerounais et quatre étrangers», a indiqué le délégué général des Ecrans Noirs, Bassek Ba Kobhio, le 08 juillet à Yaoundé. On a ainsi appris auprès du fondateur de ce festival que le jury des «longs métrages camerounais» sera présidé par le réalisateur burkinabé Idrissa Ouédraogo, lauréat de plusieurs prix internationaux; et celui des «longs métrages internationaux» par le comédien camerounais Ambroise Mbia, décoré en janvier 2015 de la médaille de «Chevalier des arts et des lettres» de la République française. La cinéaste congolaise Claudia Haidara Yoka présidera le jury «documentaires et courts métrages camerounais» tandis qu’un autre Burkinabé, Rasmane Ouédraogo, encadrera le jury des «documentaires et courts métrages internationaux».

Une scène du film Timbuktu
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Modalités d’accès au festival
La série des films-hors compétition réserve de belles surprises, à l’image du documentaire «L’homme qui répare les femmes», réalisé par les Belges Thierry Michel et Colette Braeckman sur l’engagement du Docteur Denis Mukwege, au Congo.

Contrairement aux éditions antérieures, l’accès du public aux différents espaces de projection retenus pour le festival sera payant. Tout comme l’accès aux cérémonies d’ouverture et de clôture des Ecrans Noirs 2015.

Il faudra ainsi débourser 5000 F CFA pour prendre part à la cérémonie d’ouverture ou de clôture; 1000 F CFA pour le pass journalier permettant de se rendre dans les sites de projection; 5000 F CFA pour le pass hebdomadaire. Les médias accrédités, les invités, «les partenaires» et le club des «amis des Ecrans Noirs» seront quant à eux dispensés de l’achat de billets.

Le délégué général du Festival promet de reverser «10% des recettes» issues de la vente des billets aux producteurs et réalisateurs camerounais.

L’Ecran d’or, prix le plus prestigieux des Ecrans Noirs, a été décerné en 2014 à la fiction «Adios Carmen» du réalisateur marocain Mohamed Amine Benamraoui.

Le comité d’organisation des Ecrans Noirs a donné un point de presse le 08 juillet 2015 à Yaoundé
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Trois artistes camerounais reçoivent les insignes de Chevalier des arts et des lettres

Ambroise Mbia, Bassek Ba Kobhio et Barthélémy Toguo ont été décorés jeudi à Yaoundé par l’ambassadrice de France au Cameroun

Trois artistes camerounais ont reçu jeudi, 29 janvier, à Yaoundé, au nom de la France, les insignes de Chevalier des arts et des lettres. Il s’agit de l’acteur et metteur en scène Ambroise Mbia, du cinéaste Bassek Ba Kobhio et du peintre Barthélémy Toguo, des artistes qui ont en commun d’avoir réalisé des uvres de portée internationale tout en restant attachés à leur territoire.

Les trois personnalités ont été décorées à l’ambassade de France au Cameroun par Christine Robichon, l’ambassadrice. La cérémonie a vu la présence du ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna ; du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona ; et du Secrétaire général des Services du Premier ministre, Louis-Paul Motaze.

Profils
Ambroise Mbia, aujourd’hui âgé de 72 ans, a été salué par l’ambassadrice de France comme un «comédien rigoureux et exigeant». Ancien pensionnaire de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques de Théâtre de Paris, puis de la Compagnie Madeleine Renaud – Jean-Louis Barrault, à l’Odéon Théâtre de France, Ambroise Mbia a joué dans de nombreuses pièces de théâtres et même au cinéma. On peut citer pour illustration, en ce qui concerne le théâtre, le passage dans «Le Marchand de Venise» avec Jean-Louis Barrault, «La Tentation de Saint Antoine» avec Maurice Béjart, «Les Voisins» avec Laurent Terzieff. Au cinéma, l’acteur a tourné dans le film «Profession Reporter» (1975) de Michelangelo Antonioni aux côtés de l’Américain Jack Nicolson ; «L’Ile Mystérieuse» de Juan-Antonio Bardem, avec Omar Sharif. Fondateur des Rencontres théâtrales internationales (Retic), Ambroise Mbia compte à son actif plus de 300 pièces de théâtre radiophonique, 15 films au cinéma, 30 films dans les chaînes de télévision françaises et 60 pièces de théâtre.

Né en 1967, Barthélémy Toguo a acquis une expertise dans le domaine de la peinture après des formations suivies à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts d’Abidjan, à l’Ecole supérieure d’Art de Grenoble et à la Kunstakademie of Düsseldorf, en Allemagne. Auteur d’ uvres variées (estampes, aquarelles, photos, sculptures, etc.), Barthélémmy Toguo, avec ses nombreuses collections, est considéré comme l’un des 10 peintres qui comptent sur le continent. Depuis 2013, il a lancé «Bandjoun Station», un projet artistique et agricole à l’Ouest du Cameroun qui sert de résidence d’écriture, de lieu d’exposition et d’expériences agricoles.

Bassek Ba Kohbio, qui se consacre essentiellement aujourd’hui à la promotion du festival «Ecrans Noirs», importante plateforme de cinéma en Afrique centrale, draine derrière lui une riche carrière de cinéaste. Né le 1er janvier 1957 à Nindje (Littoral-Cameroun), Bassek ba Kobhio étudie la sociologie et la philosophie à l’université de Yaoundé. Converti plus tard en écrivain et cinéaste, il sera davantage connu pour les fictions à succès dont il signe la réalisation: « Sango Malo » (1991), « Le grand blanc de Lambaréné » (1994-1995), « Le silence de la forêt » (2003). Il a également réalisé de nombreux films documentaires depuis 1988. Bassek Ba Kobhio a aussi publié divers ouvrages dont Sango Malo, adapté au cinéma.

De gauche à droite: Ambroise Mbia, Christine Robichon, Bassek Ba Kobhio et Barthélémy Toguo.
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L’oeuvre de Bassek Ba Kobhio vue par la France

Par Christine Robichon, Ambassadrice de France au Cameroun

Remise des insignes de «Chevalier des arts et des lettres» à Bassek Ba Kobhio
Discours de Mme Christine Robichon, Ambassadrice de France au Cameroun (Yaoundé, 29 janvier 2015).

Monsieur Bassek Ba Kobhio,
Les jeunes réalisateurs de cinéma d’aujourd’hui disent que le cinéma africain a soif de liberté et d’histoire. Vous n’êtes pas étranger à cette soif. Par vos films mais aussi par votre action militante en faveur de la production internationale, par la création d’une école et d’un festival, vous vous êtes engagé sur le plan civil et artistique et vous avez favorisé la naissance d’une culture cinématographique en Afrique.

Votre premier désir était de devenir écrivain. Vous avez débuté votre vie professionnelle en enseignant le français et en animant une émission littéraire à la radio. Vous êtes venu au cinéma quand vous avez été recruté à la Direction de la Cinématographie du Ministère de la Culture et que vous vous êtes trouvé impliqué dans la réalisation de ce que l’on appelait à l’époque « les actualités ». C’est à cette étape de votre vie que vous avez été mis en contact avec une jeune réalisatrice française, Claire DENIS, qui souhaitait raconter son enfance, qu’elle avait passée au Cameroun. Vous l’avez accompagnée pendant deux ans pour préparer son scénario puis sur le tournage de son film, Chocolat, sorti en 1968.

Cette expérience vous a incité à passer derrière la caméra et à réaliser votre premier court-métrage documentaire, Festac. En parallèle, vous avez continué à écrire des nouvelles, un essai et un roman, Sango Malo, que vous avez ensuite adapté pour le grand écran. Ce long métrage, qui a été sélectionné au Festival de Cannes dans la programmation «Un Certain Regard» et qui a remporté le Prix du Public du Festival du Cinéma africain de Milan, développe des thèmes qui marqueront l’ensemble de votre uvre : la prise de conscience politique, le choc des valeurs, le racisme, les conflits de génération et l’émancipation de la jeunesse.

Votre second film, Le Grand Blanc de Lambaréné, réunit autour de la figure du Pr Schweitzer de grands acteurs: André WILMS, Marisa BERENSON et Alex DESCAS. Vous y proposez une lecture critique de la colonisation et des aspirations d’un peuple africain qui découvre la nécessité d’une mutation et aspire à l’indépendance.

Votre troisième long-métrage, Le Silence de la Forêt, évoque l’oppression des pygmées et révèle cette troublante évidence que le bonheur est finalement la chose la plus relative du monde. C’est l’occasion d’une seconde sélection à Cannes, dans la Quinzaine des Réalisateurs cette fois-ci.

Parallèlement, à votre travail de création artistique, vous avez uvré à organiser l’industrie cinématographique en Afrique Centrale. Vous avez fondé «Films Terre Africaine», dynamique société de production, puis lancé «Ecrans Noirs», grand festival de cinéma au Cameroun, un temps itinérant au Gabon et en République Centrafricaine. Vous vous êtes également engagé dans la formation en créant l’Institut de Formation aux Métiers du Cinéma et de l’Audiovisuel en Afrique Centrale.

Vos multiples casquettes, clin d’ il à celle que vous portez toujours vissée sur la tête, font de vous un artiste de premier plan en Afrique. Votre liberté de ton et de pensée a servi d’exemple aux plus jeunes. La production cinématographique africaine est en pleine évolution. Les styles, les sujets, les techniques et les façons de faire changent mais les jeunes réalisateurs continuent de s’inspirer de votre uvre. C’est votre contribution au patrimoine africain que la France honore ce soir en vous exprimant sa reconnaissance pour votre uvre qui, depuis presque 30 ans, fait découvrir au monde l’Afrique et les Africains.

«Bassek BA KOBHIO, au nom du ministre de la Culture de la République française, je vous fais Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.»

Bassek Ba Kobhio
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Le Goethe Institut rend hommage à Bassek Ba Kobhio

Le centre culturel allemand de Yaoundé organise une rétrospective, du 28 au 30 janvier 2015, sur les uvres documentaires du promoteur du festival Ecrans Noirs

Le Centre culturel allemand (Goethe Institut) de Yaoundé reçoit, du mercredi 28 au vendredi 30 janvier 2015, à partir de 17h00, l’écrivain et réalisateur camerounais Basseck Ba Kobhio, dans le cadre d’une rétrospective dédiée à son uvre documentaire.

Le public qui pourra librement prendre part à cet événement verra les documentaires « Anne Marie Nzié », « Cameroun: 50 ans d’indépendance », « So Why: La musique s’en va-t’en guerre »; « La reine blanche ».

Après chaque projection, une discussion entre le public et l’auteur sera organisée et modérée par un critique de cinéma.

Né le 1er janvier 1957 à Nindje (Littoral-Cameroun), Bassek ba Kobhio étudie la sociologie et la philosophie à l’université de Yaoundé. Plus tard, l’écrivain et cinéaste camerounais sera davantage connu pour les fictiosn à succès dont il signe la réalisation (« Sango Malo », « Le grand blanc de Lambaréné », « Le silence de la forêt »). Mais avant le cinéma, Bassek Ba Kobhio a été enseignant, chroniqueur culturel, et a publié divers ouvrages.

Promoteur de l’une des plus importantes plateformes du cinéma en Afrique centrale, le festival Ecrans Noirs, il a également réalisé de nombreus films documentaires depuis 1988.

Basseck Ba Kohbio
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Il faut sauver le festival Ecrans Noirs

Par Stéphanie Dongmo

Je n’ai plus envie d’écrire sur les Ecrans noirs, dont la 18ème édition s’est déroulée du 19 au 26 juillet 2014 à Yaoundé. Comment écrire sur ce festival de cinéma sans parler des énormes couacs qui le tirent vers le bas chaque année un peu plus? Que dire de plus que je n’aie déjà dit à la suite des éditions précédentes ? Je pourrais réchauffer mon article de l’année dernière et le resservir que le lecteur n’y verrait que du feu, tant les problèmes se sont inscrits dans la continuité. Mais je déteste la redondance.

Que dire en effet de la programmation où sont absents les films africains récents qui tournent en ce moment dans les festivals ? Que dire des espaces (Salle Sita Bella, Douala) déprogrammés, comme cela est devenu coutume à ce festival, sans aucune explication ? Que dire des films inscrits au programme et finalement pas projetés pour indisponibilité ? Que dire de la qualité absolument inacceptable des projections à la salle de la Cnps? Que dire des plaintes pour non payement et de l’ardoise des dettes du festival qui semble se rallonger d’année en année ? Que dire même des prix vidés de leur intérêt premier qui est financier, vu que le festival n’a ni notoriété, ni bonne presse suffisante pour lancer un film ? Que dire des programmes disponibles seulement plusieurs jours après le début du festival et du catalogue arrivé à la fin de l’évènement ? Que dire de l’annulation des projections en plein air au village du festival pour coupure d’électricité alors qu’un groupe électrogène se loue à 10 000 Fcfa la journée à Yaoundé, prix négociable ? Si on devait citer tous les couacs, on y sera encore demain. Une liste non exhaustive de faux pas qui annoncent une catastrophe.

Ce festival me déçoit à la hauteur de l’affection que je lui porte. Les Ecrans noirs sont l’une des raisons pour lesquelles je suis devenue journaliste culturelle. Ils ont constitué pour moi une motivation puissante pour décrocher le baccalauréat, alors unique porte de sortie du coin perdu de mon enfance pour la grande ville. Chaque année, au mois d’août, mes cousines et moi nous retrouvions au village pour des réunions familiales. Elles me racontaient alors la montée des marches des Ecrans noirs et parfois, me montraient une photo prises au sortir du Cinéma Abbia, ce qui était un évènement exceptionnel dans nos petites existences. Je les écoutais les yeux luisants d’envie, en rêvant du jour où, moi aussi, je serai des leurs. Mon rêve est devenu réalité.

Mon oncle douanier, alors en service à l’aéroport international Yaoundé-Nsimalen, arrivait, je ne sais par quelle relation, à obtenir des invitations pour l’ouverture et la clôture du festival. A l’époque, ces invitations valaient encore quelque chose. Nous les lui arrachions pratiquement des mains, trop heureuses d’avoir l’occasion de mettre nos tenues soirée oubliées au fond de la penderie après la fête du nouvel an ou le lointain mariage d’un parent. Alors que mes cousines ne s’intéressaient qu’à la montée des marches, moi, je voulais voir le maximum de films.

Et je le faisais, aussi souvent que mes maigres ressources me permettait de payer l’entrée à la salle. Mon intérêt pour « les films par nous, vus par les nôtres » vient sans doute de là. Je n’oublierai jamais des films comme « Karmen gei », « Madame brouette », « Les couilles de l’éléphant » et « Le prix du pardon » qui m’ont maintenu éveillée longtemps après la projection, et qui ont, par la suite ,fait irruption dans mes rêves.

Après, je suis devenue journalise et dans les rédactions où je suis passée, c’est tout naturellement que je me suis portée volontaire pour couvrir les Ecrans noirs. Depuis lors, chaque année sans discontinuer, j’écris sur le festival. Même quand je n’avais pas forcément d’espace où publier ces articles, il me semblait que couvrir les Ecrans noirs était pour moi un devoir, auquel je me soumettais de bon c ur. Je parlais des films en compétition et des innovations, je donnais la parole aux organisateurs, je recueillais les avis des festivaliers mais je parlais aussi des couacs. Surtout des couacs d’ailleurs, plus souvent que je n’aurais voulu.

Affiche de l’édition 2014 des Ecrans Noirs
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Mais cette année, je refuse d’écrire sur les Ecrans noirs. Il me semble que je n’ai plus rien à dire. Ma parole de journaliste n’est pas entendue et je refuse d’être un tonneau vide. Mais je ne peux taire ma déception qui est grande. Ce festival dont j’ai rêvé longtemps de sa superbe et surtout, de son essence. En dehors de la montée et de la descente des marches, Ecrans noirs n’est plus qu’un squelette sans chair.

Bassek Ba Kobhio, promoteur du festival
Une chose étonnante d’ailleurs quand on sait que le financement du gouvernement du Cameroun à l’endroit de ce festival va croissant. Il est passé de 51 millions de Fcfa en 2012 à 70 millions de Fcfa en 2014. Au même moment que les problèmes sont passés d’importants à énormes. Il est devenu «une affaire publique camerounaise», selon les mots de Bassek Ba Kobhio, son délégué général. Une affaire publique qui doit donc rendre des comptes au contribuable camerounais.

Après 18 ans d’existence, je refuse d’excuser l’amateurisme de ce festival, sa négligence et ses dettes. Mais surtout son peu de respect pour les cinéastes, les festivaliers et le public. Je suis particulièrement indignée par le fait que les organisateurs des Ecrans Noirs semblent considérer que tout est acquis. Mais s’il est une chose que la vie nous apprend c’est que rien, en ce bas monde, n’est jamais définitivement acquis. Ni le public, ni le financement, ni même les amitiés. Plusieurs promoteurs culturels l’ont appris à leurs dépens, à l’exemple d’Ambroise Mbia dont le festival, les Rencontres théâtrales internationales du Cameroun (Retic), a fini par sombrer après 17 ans de débrouillardise et de résistance.
Ceci est un appel au secours : il faut sauver les Ecrans noirs, lui redonner ses lettres de noblesse pour permettre à des milliers de personnes de continuer à rêver, pour qu’il continue à être une motivation puissante dans la vie des gens.

Lui donner de la chair ne passera pas par des activités bouche-trous comme les compétitions de danse ou l’élection de miss. Lui donner de la chair sera de faire venir des films récents de qualité, de mieux communiquer, d’améliorer la qualité technique des projections, de respecter les cinéastes et le public. Si on veut tenir la route, organiser un festival demande beaucoup de rigueur. Sinon, la chute n’est pas loin.

Bassek Ba Kobhio, promoteur du festival
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