Cameroun: BLICK BASSY, Quand la jeunesse prend les devant!

Installé en France depuis 4 ans, il a sorti « Leman », un album reflet des réalités camerounaises et africaines. Découverte.

Des concerts à n’en point finir, des interviews ici et là, tout sourit à Blick depuis la sortie en mars dernier de son album, un solo de quinze titres estampillé leman qui signifie miroir. C’est le reflet, dit-il, de son passé, de sa réalité et celle des africains. Je vois tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés. On ne peut pas mentir au miroir.

Son caractère serein et ses dread looks sont le premier signe qui le différencie des autres musiciens camerounais de son âge. Son style africain et sa voix sont le trait d’union entre son élan juvénile et son ancienneté dans ce milieu qu’il intègre véritablement alors qu’il n’a que dix sept ans. Son premier groupe s’appelle Jazz crew, et l’on peut déjà y lire une volonté d’ouverture et de liberté musicale, surtout que ses idoles se recrutent parmi les grands noms tels Eboa Lotin, Francis Bebey, Jean Bikoko Aladin, Nkotti François, François Misse Ngoh.

Petit coup d’ il dans le rétroviseur
C’est dans la ville aux sept collines et capitale du Cameroun que Blick voit le jour en 1974. Son militaire de père, qui souhaite que le fils porte également l’uniforme, l’envoie auprès de ses grands-parents au village Mintaba, il n’a que dix ans. C’est là que j’ai été initié à ma culture et entraîné à la musique. A Mintaba, le quotidien est rythmé par la musique et il y découvre le Bolobo (chant de la pèche), le Dingoma (chant et percussion pour l’intronisation des chefs Mbombock), le Bekele (chant de mariage), le Hongo (chant des funérailles) et l’Assiko. En 1996, il crée le groupe Macase avec lequel il passe dix années fructueuses: Deux albums, « Etam » en 1999 et « Doulou » quatre ans plus tard ; un prix RFI Musiques du monde en 2001, meilleur groupe au MASA à Abidjan la même année, meilleur groupe d’Afrique centrale au KORA AWARDS en 2003.

Blick Bassi
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2005, l’année décisive
Soucieux de conquérir le monde, Blick Bassy décide de quitter le Cameroun la musique business ce n’est pas ici. On n’y a pas les moyens de vivre décemment de son art. Et si chez nous on écoute les musiques des Etats-Unis par exemple, il faut bien que la nôtre aussi soit écoutée la-bas et ailleurs. A son ambition, le jeune tient la main ferme. A paris, « là ou tout se passe », il multiplie des rencontres et accompagne sur scène des artistes de poids, Manu Dibango, Lokua kanza, Keziah jones, Cheick Tidiane seck… Mais quand on est né sous le signe du taureau et que l’on pratique l’art du Taikwendo, on a toujours envie d’écrire sa propre histoire. C’est ainsi que sort en mars 2009 son premier album solo, enregistré entre Paris et le « Moffo studio » de Salif keita à Bamako. Le choix du studio de Salif résulte de la volonté de réunir les musiques d’Afrique centrale et celles d’Afrique de l’ouest. Ce qui explique la présence dans l’album d’instruments du Mali tels la kora, le n’goni, le kamele n’goni et la flûte.

S’inspirant des rythmes Bassa, l’album navigue finement entre le Cameroun, le Mali et même le Brésil, mais surtout l’Afrique entière. Le premier titre Africa en est témoin, lui qui présente les richesses de notre continent. C’est seulement quand on prend un peu de distance qu’on les découvre; maintenant que je vis en Europe je sais exactement d’où je viens. C’est d’ailleurs pour cela que la langue Bassa est omniprésente dans l’album, pour aussi rester proche de ma terre et partager ma culture à travers le monde. Chez nous on oublie vite nos traditions juste parce qu’on n’habitue pas les enfants à leur langue maternelle, pourtant c’est cela la particularité de l’Afrique. Une trentaine de concerts sont dores et déjà programmés entre l’Europe, les Etats-Unis, la Tunisie jusqu’en 2010, mais le nouvel enchanteur de la scène internationale n’a pas oublié son pays ; il y sera en décembre prochain après un récent séjour de deux semaines, l’occasion de s’assurer du bon fonctionnement du label (BB PROD) qu’il a crée en 2004 (qui avait produit et révélé KOPPO) et l’association qu’il a monté à Yaoundé avec pour objectif d’initier les enfants de la rue à la musique.

Blick Bassi
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