Richard Bona, un bassiste réputé évoluant hors des étiquettes musicales

Auteur-compositeur-interprète et chanteur camerounais Richard Bona est l’un des rares instrumentistes africains à s’être imposé dans l’univers du jazz

Artiste musicien, Richard Bona est né le 28 Octobre 1967 à Minta à l’Est du Cameroun, dans une famille de musiciens. Son grand-père était chanteur et percussionniste, sa mère, également chanteuse. Il commence donc à apprendre la musique très jeune. À 4 ans, il s’initie au balafon. Dès 5 ans, il se produit dans l’église de son village (Paroisse Sainte-Croix de Minta). Issu d’un milieu pauvre, il fabrique ses propres instruments: flûtes, guitare (les cordes sont des câbles de frein de vélo). Son talent est vite remarqué et on fait de plus en plus souvent appel à lui pour animer fêtes et cérémonies. Il se met à la guitare à 11 ans. En 1980, il monte son premier orchestre pour un club de jazz de Douala tenu par un Français. Le propriétaire lui fait découvrir le jazz et notamment Jaco Pastorius. Richard Bona décide alors de jouer de la basse. Il émigre en Allemagne à 22 ans, puis arrive en France, pour suivre des études de musique. Il joue alors régulièrement dans des clubs de jazz et se produit aux côtés de Jacques Higelin, Didier Lockwood, Manu Dibango, Salif Keita, Francis Lassus etc. En 1995, il quitte la France: un fonctionnaire de préfecture ne lui renouvelle pas ses papiers. Il n’avait pas de travail stable. Il est sommé de quitter le territoire français, il repartira au Cameroun. Mais Harry Belafonte qu’il a rencontré à Paris ira le chercher pour le faire jouer dans son orchestre. Et c’est comme ça qu’il s’établit à New York (États-Unis) en 1995. Là encore, il écume les boîtes de jazz et travaille avec des artistes comme Larry Coryell, Michael et Randy Brecker, Pat Metheny, Mike Mainieri, Mike Stern, Steve Gadd, Russell Malone ou encore Joe Zawinul.

D’abord reconnu sur la scène musicale internationale comme un bassiste réputé, il mène également depuis 1999 une carrière de chanteur solo avec six albums à son actif, il est compositeur-interprète de ses chansons. Il s’affirme depuis quelques années comme artiste à part entière, évoluant hors des étiquettes musicales à l’image d’autres artistes africains comme Geoffrey Oryema ou Lokua Kanza. Son premier album solo, Scenes from my life, sort en 1999. C’est un succès total, suivi de Reverence, où sa voix angélique fait merveille, sur des textes et des mélodies empreintes de ses racines africaines. Comme ses ancêtres, Richard Bona raconte ses histoires en musique, une musique instinctive et magique. Quand je chante ma volonté de protéger la planète, c’est mon histoire mais c’est aussi l’histoire de tout le monde. Ce que je fais c’est entendre une émotion qui vient de mon c ur et j’essaie de la transcrire sur une basse ou une guitare ou un autre instrument, déclare Bona. Père de deux enfants Christelle (22 ans) et Léo (11 ans), Richard est l’un des bassistes les plus doués de sa génération. La sortie de son dernier album The Ten Shades Of Blues, date de 2009. En constante évolution, le chanteur ne cesse de renouveler ses influences. Pour mon dernier album, je suis allé en Inde. La musique, on l’étudie jusqu’à la mort. Je pense qu’il y a toujours plus à apprendre. Quand tu es au sommet, il n’y a plus nulle part où aller. Tout ce qu’il te reste à faire, c’est redescendre. Je ne veux pas avoir cette sensation. affirme t-il.

Richard Bona, le génie de la basse

Le bassiste camerounais Francis Mbappé parle de son 3ème album

C’était au cours au cours d’une conférence de presse donnée au domicile familial à Akwa à Douala. Entretien!

Pourquoi avoir intitulé ce 3ème album «peace is freedom »?
La paix, c’est la liberté, c’est un message simple et net qui dit que dans la vie quand on a la paix, on est libre. J’insiste sur la paix parce que la paix apporte le calme, quand il y a la paix, il n’y aurait pas la menace de l’Iran avec la bombe nucléaire. La paix est un mot crucial surtout pour les jeunes qui commencent à apprendre comment marcher dans la vie. Donc, la liberté et la paix vont ensemble, c’est-à-dire, si on n’a pas la paix, on ne peut pas avoir la liberté et vice versa. La paix est nécessaire parce que ça remet tout en ordre. Au Cameroun, il y a une certaine paix parce qu’on a une auto suffisance alimentaire, il n’y a pas de guerre ici, il y a la collaboration de plus de 200 ethnies qui ne se tuent pas

A quel public s’adresse votre musique?
Je pense que j’ai essayé de faire cet album pour le monde entier. Je ne l’ai pas fait pour l’Afrique, ni pour l’Europe, non plus pour l’Amérique, mais pour le globe. J’ai besoin que les gens comprennent les messages assez forts de cet album pour pouvoir sensibiliser le brésilien au Brésil, l’américain en Amérique, le français en Europe et le camerounais au Cameroun.

Quels sont justement les messages que vous abordez dans l’album?
L’album s’ouvre avec la liberté et se clôture avec la paix. A l’intérieur de l’album, il y a d’autres messages, l’amour, des trucs drôles du genre «lion kola», la kola du lion. Je ne sais pas si on connaît ça ici? Un ami m’a raconté cette histoire et ça m’a fait tellement rigoler que j’ai trouvé que je devais faire un titre là-dessus. (Rires).

Francis Mbappé, le bassiste
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Vous disiez aussi que cet album est la consécration de 20 ans de recherches musicales?
Oui, c’est le défilement de tout de ma vie, de toute ma carrière, la réunification de tout ce que j’ai étudié pendant toutes ces années.

Est-ce que votre choix de vendre le CD à 3 500 F CFA peut être considéré comme une façon pour vous de lutter contre la piraterie au vu du coût de sa production?
Exactement, c’est pour dire aux pirates que quoi qu’il arrive, on est là, on se battra très fort. C’est pour apporter ma participation à l’art du Cameroun, et donc, ma contribution à la lutte contre la piraterie.


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Cameroun: Joly Mandengue en apéro concert ce samedi 14 novembre

Le jeune bassiste va se produire au Centre Culturel de Douala. Entretien.

Joly Mandengue vous êtes comme il se dit dans l’imagerie populaire, les artistes de l’ombre, beaucoup ne vous connaissent peut être pas, alors pouvez vous leur dire qui vous êtes?
Je suis Mandengue Mandengue Martin Joly, artiste musicien, auteur compositeur, arrangeur et bassiste. Cela fait 18 ans que je fais de la musique, mais comme professionnel ça fait exactement 10 ans.

Vous êtes jeune encore, mais déjà un riche parcours auprès des grands noms tels Richard Bona, Vicky Edimo et bien d’autres.
Oui. En tant que chanteur je ne les ai pas tous connus, mais en tant musicien, ils ont pas mal influencé mon jeu et j’ai eu la chance de faire les ateliers avec pleins d’entre eux. Avec Etienne Mbappe par exemple en France nous avons collaboré sur un projet qui porte sur une artiste camerounaise que vous découvrirez très bientôt, elle s’appelle Dzia. Pas mal influencé aussi par des bassistes comme Marcos Muler, Abraham Laboriel.

Comment vous êtes-vous retrouvé à faire du jazz?
Je dirais en fait qu’on se retrouve souvent dedans tout simplement. Parce que moi, j’ai commencé par la chanson mais j’adorais déjà les sons graves. Même à l’école je passais le temps à mimer les lignes de basse et un jour j’ai dit à un ami j’ai envie de jouer de cet instrument, il m’a dit pourquoi pas ! J’ai donc acheté une guitare classique et j’ai commencé à jouer tout seul, à travailler et à lire des bouquins sur le sujet et voilà !

Vous avez développé votre style à vous qui est le Makounè Blues & Soul, c’est quoi au juste?
C’est un mélange de rythmes bien connus de chez nous, je ne prétends pas en être le créateur. J’ajoute juste une pierre à l’édifice. Je propose une musique variée qui puise aux ressources polyphoniques que perpétuent les bantous et naturellement, au nombreux fonds rythmiques camerounais : le makounè, Nkoug, le Mangambeu, le bikutsi, l’Assiko propre aux Bassa.avec des influences jazz Blues et Soul.

Après plusieurs années dans l’ombre de la scène, venir au devant n’est pas un peu stressant? Comment appréhendez vous votre concert de samedi prochain?
Le stress je pense que je l’ai déjà dépassé après avoir fait pas mal de podiums, voir comment les autres se comportent, accompagné nombres d’artistes camerounais et étrangers. En fait c’est la seconde étape. Puisque j’ai fait récemment un concert dans un cabaret de la place qui a été apprécié par le public et j’ai dit, il faut que j’agrandisse cela, que j’essaie de chercher un autre public. Un ami qui me soutient depuis très longtemps m’a proposé de déposer le projet au CCF. J’ai eu la confirmation il y a deux semaines. Tous ceux qui aiment la musique, la vraie, trouveront leur compte. Samedi prochain au CCF ce sera comme une exposition d’art. Joly Mandengue est au CCF et présente ce qu’il a baptisé le Makounè Blues & Soul au public qui est là, aux profanes et invités qui seront là, et à eux de juger.

De plus en plus ceux qui font dans le même style que vous, je peux citer Charlotte Dipanda, Blick Bassy pour la nouvelle vague, ont des visions à l’étranger. C’est le cas pour vous?
Une vision hors du pays avec la culture Bantou, peut être. Ce que je veux développer dans le concept Makounè Blues & Soul c’est cette collaboration là, Nord – Sud. Donc je prends les rythmes de chez nous que je mélange à quelques sonorités occidentales pour passer un message et véhiculer ces nouvelles mélodies. Mais une vision hors du pays avec seulement des sonorités occidentales je dirais non.

Donc ça vous tente de vivre en Europe!
(Rires) Si pour faire de la musique, il faut être là où ça se passe, il faudrait aller là où ça se passe. Mais pour l’instant je vis au Cameroun et je vis de ma musique. Je joue dans un cabaret de la place et ça se passe bien jusqu’ici.

[Vous ne vous plaignez pas]
On se plaint. C’est un long parcours. Il n’y a qu’à voir ce qu’on écoute déjà au Cameroun ;