Mandat d’arrêt contre Omar El Bechir: l’UA dit non!

La nouvelle présidente de la commission de l’Union Africaine s’est alignée sur la position déjà défendue par l’ancienne équipe dirigeante

L’élection d’un nouveau responsable à la tête de la commission de l’Union Africaine (UA) n’a pas du tout changé la position de l’institution concernant le mandat d’arrêt international lancé par la cour pénale internationale en 2009 contre le président soudanais Omar El Bechir. « Il serait néfaste d’arrêter le président soudanais Omar el-Béchir, poursuivi pour génocide, car il doit être associé au processus de paix dans son pays » a t-elle affirmée avant de poursuivre « Il est important de faire la paix au Soudan, surtout au Darfour . Le président el-Béchir doit participer à ça » Conclut-elle devant un parterre d’anciens chefs d’Etats réunis pour faire une concertation en vue de sa prise de fonction officielle. Elue le 15 juillet dernier par les chefs d’Etat de l’UA, Dlamini Zuma vient s’aligner sur les positions déjà défendues par son prédécesseur Jean Ping. Une position déjà assez critiquée et dénoncée par les ONG de droits de l’homme, et de nombreuses personnalités sud africaines. Dans une tribune parue en 2009, le prix nobel de la paix Desmond Tutu écrivait « Shame on africans leaders ». Dans le même sens un responsable de l’ONG Human right Watch fustigeait lui aussi la position de l’UA «Contrairement à ce que pensent certains Etats africains, l’émission de ce mandat d’arrêt est un facteur de paix ».

Un mandat d’arrêt source de division
Le président soudanais est depuis 2009 sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis à l’encontre des habitants du Darfour, une région de l’ouest du Soudan. Ce mandat d’arrêt a créé des tensions entre plusieurs pays africains et l’Occident, mais aussi entre pays africains. En juin dernier, le Malawi a renoncé à accueillir un sommet de l’UA car il ne voulait pas recevoir sur son sol M. el-Béchir. Après le mandat d’arrêt lancé par le juge de la CPI, Louis Moreno Ocampo avait demandé la suspension de l’aide des pays qui acceptent d’accueillir le chef de l’Etat soudanais qui est sous mandat d’arrêt international. Alignés sur la position adoptée par l’UA, de nombreux Etats ont refusé de livrer le président soudanais. En décembre 2011, face aux pressions de plus en plus fortes de la communauté internationale, Idriss Deby Itno, président de la République Tchadienne signifiait dans une interview accordée au magazine Jeune Afrique : « Je suis certes signataire du statut de Rome, mais je suis aussi membre de l’Union africaine, laquelle a une position divergente sur cette affaire. J’ai choisi de suivre l’avis de l’UA : il n’est pas question qu’El-Béchir, s’il doit être jugé, le soit ailleurs qu’en Afrique » disait-il confiant. Une position qui pourrait bien changer au vu des défections progressives observées au sein de nombreux Etats africains.

La nouvelle présidente de la commission de l’Union Africaine est contre le mandat d’arrêt contre Omar El Béchir

Omar El Béchir peut être désormais arrêté à tout moment !

La cour pénale internationale a finalement lancé un mandat d’arrêt international contre le président du Soudan

C’est un véritable coup de théâtre. Un chef d’Etat en fonction devra désormais vivre comme un captif. Parce qu’il peut-être arrêté à tout moment. C’est le sort qui est désormais celui de Omar El-Béchir, président du Soudan. La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. La CPI n’a pas retenu l’accusation de génocide, a annoncé mercredi la porte-parole de la cour Laurence Blairon. « Aujourdhui, la chambre préliminaire 1 (…) a émis un mandat d’arrêt contre le président du Soudan Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a déclaré la porte-parole de la CPI, lors d’une conférence de presse dans les locaux de la CPI à La Haye. Il s’agit du premier mandat d’arrêt contre un chef d’Etat lancé par la CPI, en fonction depuis 2002.

Le président soudanais quand à lui a toujours montré qu’il minimiser l’action judiciaire qui pourrait être déclenchée contre lui. Le mardi 3 mars, il affirmait : « toute décision de la CPI n’aura aucune valeur pour nous…Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite », en inaugurant un barrage à Méroé, à environ 500 km au nord de Khartoum. Pourtant, le procureur de la cour, Louis Moreno Ocampo est formel. « Nous avons de lourdes preuves contre Béchir ». « Nous avons plus de 30 différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé » a t-il récemment déclaré.

Toute décision de la CPI n’aura aucune valeur pour nous… Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite.
Omar El Béchir, président soudanais

Omar el-Béchir, 65 ans, est accusé pour des crimes commis au Darfour, une région de l’ouest du Soudan déchirée depuis 2003 par une guerre civile qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés selon l’ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.
Il s’agit là d’un redoutable précédent pour les chefs d’Etat africains qui s’accrochent généralement à leurs fauteuils pour échapper à de telles inculpations. Si le pays d’Omar El Béchir ne reconnaît pas la compétence de la CPI, il faut dire que l’actuel président soudanais pourra être interpellé dans d’autres pays. Avec ce mandat d’arrêt, plusieurs observateurs s’inquiètent des risques d’explosion de la violence dans le Darfour.


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Depuis sa création en 2002, la CPI est devenue une partie intégrante des relations politiques internationales et des systèmes des droits de la personne. En juillet 2008, 108 États parties avaient ratifié le Statut de Rome et le Procureur de la CPI s’était saisi des cas de quatre pays dont le Soudan.

Nous avons de lourdes preuves contre Béchir. Nous avons plus de 30 différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé.
Louis Moreno Ocampo, procureur de la CPI

Le Soudan est jusqu’à maintenant le seul pays faisant l’objet enquête qui n’a pas demandé l’intervention de la Cour. En mars 2005, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 1593 déférant à la CPI la situation au Darfour. Le Procureur a donc ouvert une enquête en juin 2005 et délivré des mandats d’arrêt contre d’Ahmad Harun (ancien ministre d’État chargé de l’Intérieur) et Ali Kushayb (ancien chef de milice) en avril 2007 pour leurs multiples crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ces mandats n’ont toujours pas été exécutés, car le gouvernement du Soudan n’est pas un État partie au Statut de Rome et ne reconnaît pas la compétence de la CPI comme nous le relevions plus haut. Depuis la délivrance des mandats, Ahmad Harun a même été nommé coprésident du comité national chargé de l’enquête sur les présumées violations des droits de la personne au Darfour alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui.

Mais il faut dire que d’autres pays sont dans la ligne de mire de la CPI. Bien que les enquêtes n’aient pas encore commencé, le Procureur de la CPI surveille les situations dans plusieurs autres pays : Côte d’Ivoire, Colombie, Afghanistan, Tchad, Géorgie et Kenya.


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