Cameroun: Le conseil national de la communication violemment critiqué

La presse lui reproche l’annonce faite de l’obligation de se conformer désormais au dépôt légal de l’exemplaire des journaux chez un procureur

A la suite du communiqué de Mgr Joseph Befe Ateba, président du Conseil National de la Communication (CNC) qui demande aux journaux de présenter deux exemplaires au Procureur deux heures au moins avant parution, la guerre semble désormais ouverte entre le Cnc et certains médias et responsables du corps des journalistes. Mutation parle de retour de la censure : La censure administrative, longtemps décriée par la profession, avait disparu du fonctionnement de la communication sociale au Cameroun. Mais à la faveur d’un communiqué du président du Conseil national de la communication (Cnc), elle refait surface, Dans son édition du 28 juin, le journal «La Météo», indexé par le conseil dans une note d’avertissement, a publié un article à la limite de l’injurieux à l’encontre de Monsieur Befe Ateba, le président du CNC.

Joseph Befe Ateba, homme de «Dieu» devant l’Eternel, ne pouvait rester longtemps derrière son masque hideux de fossoyeur de la liberté d’expression. Le prélat, qui gère des centaines de millions de francs du contribuable sans aucun contrôle depuis près de neuf mois, est devenu le bras armé des assassins du métier, lequel l’a pourtant révélé lui-même aux Camerounais. Mgr Befe Ateba dont les fidèles recherchent, sans succès, les traces à Kribi, tombe la soutane du prélat pour revêtir les habits du bourreau.
La météo

Pour sa part, le syndicat national des journalistes camerounais pensent que l’annonce de l’obligation de dépôt d’exemplaire auprès du procureur du lieu de parution d’un organe, est purement et simplement d’une nouvelle man uvre du pouvoir politique camerounais visant à intimider et contrôler au plus près le contenu des journaux libres du Cameroun. Notre conviction est que le pouvoir camerounais qui sait que ce n’est pas ce rappel qui obligera les journaux à se conformer aux dispositions du titre 3 de la loi de 1996 organisant les dépôts obligatoires, veut de manière subliminale installer une sorte de pression psychologique sur les promoteurs des journaux afin qu’ils censurent leurs journalistes courageux ou s’autocensurent lorsqu’une information ou déclaration ou document est gênant pour le pouvoir. Les véritables journaux ne feront que ce qui est économiquement compatible avec leurs engagements sociaux et professionnels, poursuit le communiqué signé d’Alex Gustave Zebaze.

La démarche de ces critiques est assez complexe et difficile à comprendre. Dans tous les cas, on reconnaît que le rappel des responsables du CNC se fonde sur la loi. Mais selon eux, le rappel de son application est la manifestation d’une volonté du pouvoir de l’utiliser à d’autres fins que celles régaliennes. Pour le journal «La Météo», sans utiliser exactement ces propos, semble démontrer que l’application de cette mesure du dépôt, est la preuve que le CNC aurait été influencé par des partisans de ceux qui aujourd’hui sont accusés de détournement de biens, dont le plus célèbre, l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya.

Notre conviction est que le pouvoir camerounais qui sait que ce n’est pas ce rappel qui obligera les journaux à se conformer aux dispositions du titre 3 de la loi de 1996 organisant les dépôts obligatoires, veut de manière subliminale installer une sorte de pression psychologique sur les promoteurs des journaux afin qu’ils censurent leurs journalistes courageux ou s’autocensurent lorsqu’une information ou déclaration ou document est gênant pour le pouvoir…
Alex Gustave Azebaze, 1er secrétaire par intérim du Syndicat national des journalistes du Cameroun

Pour le journal la Météo,c’est la loi. Elle n’est pas appliquée depuis des années, mais cela n’a tué personne. Ramener aujourd’hui la question dans le débat, à l’heure où la presse camerounaise s’est engagée à accompagner le chef de l’Etat dans sa croisade d’assainissement des m urs publiques, s’apparente à une tentative de musellement dont les prémices ont été dessinées depuis peu à fleurets mouchetés, certes par quelques autres dirigeants ayant manifestement des choses sur la conscience. Avec le syndicat des journalistes, les deux partagent l’idée selon laquelle il ne serait pas question au motif de la loi de sanctionner des médias de façon arbitraire. Sur un tout autre plan, les critiques craignent la difficulté de faisabilité de l’obligation par les médias: On court toujours le risque de trouver le bureau d’un procureur fermé dans le cas où un magistrat gardera délibérément fermé parce que toujours en retard au service. Ou, pire, s’il lui venait la funeste intention de faire taire un canard dont les écrits ne sont pas du goût de quelques lobbies, explique la Météo. Plus que jamais le bras de fer est lancé entre le CNC et certains journaux. En attendant, la presse continue d’être un ring de boxe où semble désormais se déchirer les acteurs d’un régime en décadence.

Les journaux l’Anecdote et la Météo ont reçu un avertissement du Cnc
Journalducameroun.com)/n

Gestion médiatique des élections: Un décret présidentiel mis en concurrence

Le ministre de la communication a créé une commission y relative, alors qu’il existe déjà un décret présidentiel et un organe compétent

Encore un instrument de contrôle
Une commission nationale de supervision des actions médiatiques dans le cadre de l’élection présidentielle du 09 octobre prochain au Cameroun, a été créée. Selon le texte signé du ministre Issa Tchiroma de la communication le 04 septembre dernier, la commission a pour mission l’élaboration des textes réglementaires relatifs au temps d’antenne imparti aux différents candidats et aux modalités techniques de diffusion des émissions de campagne électorale dans les médias audiovisuels de service public. Le contrôle des règles d’équilibres et d’autre normes déontologiques par les médias nationaux et internationaux] peut on lire à l’article 2 de l’arrêté. Mais la commission aura aussi pour rôle l’organisation et la gestion des relations presse du gouvernement et la facilitation des opérations de couverture médiatique

Le conseil National de la Communication hors jeu?
Le texte du ministre Tchiroma met de fait le conseil national de la communication hors jeu dans la gestion des actions de médiatisation durant ces élections présidentielles. C’est le ministre qui préside la commission et il s’appuie sur ses propres organes et se présente sous la forme d’une commission ad hoc, puisqu’elle disparaitra avec la proclamation des résultats. Pourtant Mgr Joseph Befe Ateba, nommé à la présidence de cette institution par le chef de l’Etat en remplacement de Félix Sabal Leko décédé, avait fait du contrôle des médias durant la campagne, son premier champ de bataille. Il avait réuni ses collaborateurs fin août, pour discuter l’engagement du conseil lors des élections. Notre travail en équipe commence et nous avons déjà sur la table une mission urgente : la distribution du temps d’antenne pendant l’élection présidentielle. Cela implique que, bientôt, nous devrions très rapidement tout mettre à l’ uvre pour proposer la répartition des tranches selon les partis politiques avait-il déclaré en cette circonstance.

Le décret présidentiel de 1992 mis en concurrence
Créée, financée et parrainée par les pouvoirs publics, la commission souffre d’un manque de crédibilité. Plus sérieusement la création d’une commission avec de telles compétences, pose un problème de son opportunité, mais aussi de sa légalité. Au Cameroun, il existe un décret signé du président de la république Paul Biya, et qui organise déjà les modalités d’accès des partis politiques aux médias audiovisuels du service public de la communication, c’est le décret du 13 février 1992. Il y a donc lieu de s’interroger sur le type de « textes réglementaires » que pourra élaborer la commission. Dans la hiérarchie des normes administratives, le décret du président de la république étant supérieure au règlement d’une commission, des conflits risquent de surgir. Et si la commission reprend les textes du décret, elle sera un instrument de trop créé en violation de la constitution. D’un autre côté, le décret de 1992 lui-même avait été contesté, en raison de ce qu’elle organisait une répartition de temps d’antenne proportionnelle à la taille du parti. Ce décret du président sortait aussi du champ de la communication partisane, des informations passées dans le cadre des bulletins d’information. Une brèche utilisée par les médias d’Etat pour sur-communiquer sur le parti au pouvoir. Mais la loi n’organise pas la communication dans les médias cybernétiques qui prennent de l’ampleur. Peut-être que c’est à ce niveau que le rôle de la commission sera pertinent. Pas sûr, au regard de ce que le ministre Tchiroma qui préside la commission, est aussi un allié du RDPC et un défenseur de Paul Biya, dont la candidature sera pour sûr, retenue.


Portrait de Mgr Joseph Befe Ateba nommé à la tête du conseil national de la communication

Premier évêque de Kribi, ce prélat formé à l’Esstic est bien connu des milieux des journalistes qui le connaissent comme un confrère

Près d’un an après le décès de l’ ancien président, Félix Sabal Lecco, en octobre 2010, Mgr. Joseph Befe Ateba, évêque de l’Eglise catholique du diocèse de Kribi, ville balnéaire du Sud du pays, a été nommé le 8 juillet dernier par le président de la République Paul Biya à la tête du Conseil national de la communication (CNC).

C’est une enfance ordinaire qui a été celle du prélat. Il est né d’un couple de cultivateurs le 25 Avril 1962 à Nkoabé, un petit village de l’arrondissement de Ngomezap dans le Département du Nyong et So’o. Son père, en plus de s’adonner aux activités agricoles, est catéchiste à la mission catholique d’Akok. C’est dire si le parfum de l’église flotte dans la famille du jeune Befe Ateba. D’ailleurs, son père, Thaddée Ateba, ne badine avec les valeurs morales et chrétiennes qu’il inculque à l’enfant notamment l’obéissance, la politesse, l’honnêteté, le goût de l’effort et le sens du partage. C’est donc presque par filiation qu’il acquiert l’esprit de la chrétienté. En outre, la modestie de ses conditions de vie a sans aucun doute influencé son choix d’embrasser très tôt les voies de la religion. L’Abbé Lucien Manga qui l’a recueilli après l’obtention de son CEPE est pour le futur évêque, un modèle que le jeune homme côtoie quotidiennement. L’idée de devenir prêtre lui vient le jour où il assiste à l’ordination sacerdotale de l’Abbé Paul Bidzamena. Fasciné par le rituel de cette cérémonie et marqué par tout le mystère qu’elle recouvre, il décide de devenir prêtre.

Le choix du sacerdoce
C’est donc tout naturellement qu’en 1977, à 15 ans seulement, il choisit de s’inscrire au petit séminaire Sainte Thérèse de Mvolyé. Il répond en quelque sorte à l’appel du sacerdoce après avoir obtenu le Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC) au collège Ebanda à Yaoundé. Au petit séminaire, il obtient d’abord son probatoire série A2 en 1979, puis l’année suivante et dans la même série, son baccalauréat. Nanti de ce parchemin qui lui ouvrait aussi les portes de l’Université, Joseph Befe Ateba opte pour le grand séminaire, et c’est de toute évidence qu’il dépose ses valises au séminaire Immaculée Conception de Nkolbisson à Yaoundé. Il y décroche son Baccalauréat canonique en Philosophie et en Théologie. Après 7 ans d’études, et à 25 ans, il est ordonné prêtre le 20 Juin 1987 par son excellence Mgr Jean Zoa, archevêque de Yaoundé. Après son ordination sacerdotale, le jeune Abbé Befe Ateba est nommé vicaire de la cathédrale, là même où il avait déjà servi comme diacre.

Brillant orateur, journaliste et communicateur professionnel
Il se fait remarquer par son talent oratoire, la profondeur de ses homélies et sa parfaite maîtrise des subtilités de la langue Ewondo qu’il manie avec aisance. En 1991, Monseigneur Jean Zoa qui a visiblement des ambitions pour le jeune Abbé l’envoie faire des études. D’abord au Nigeria (Kano) puis à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Esstic) de Yaoundé. Joseph Befe Ateba regagne là un chemin qu’il avait quelque peu perdu : celui l’information et de la communication. En effet, l’on se rappelle que dans son petit village de Nkoabe, il avait créé avec quelques uns de ses cousins, un périodique intitulé Nkoabe parle. En fait de périodique, il s’agit des feuilles volantes où ils évoquaient les faits d’actualités du village. A Kano au Nigeria, il passe une année et assimile les techniques radiophoniques. A son retour de Kano, il est responsable du service des informations catholiques en collaboration avec la s ur Marie Thérèse Olinga. A l’Esstic où il est envoyé plus tard, il en sort major de sa promotion en 1994. Son mémoire de sortie est intitulé : Présentation et impact du prône dans l’archidiocèse de Yaoundé .

Mgr Joseph Befe Ateba
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Journaliste et remis au service de l’archidiocèse de Yaoundé, Joseph Befe Ateba va aider à la restructuration du service de la presse écrite diocésaine. Il fusionne Nleb Bekristen, le tout premier organe d’information catholique du Cameroun publié en langue Ewondo depuis 1928 avec, Ensemble, le journal en français créé en 1994 et édité par la même institution. En 1995, il est désigné secrétaire de la commission de la communication lors de la visite du pape Jean Paul II au Cameroun. Il assumera également les fonctions de responsable national des moyens de communication sociale à la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun (Cenc). De 1998 à 2004, il est envoyé au Ghana pour occuper le poste de Secrétaire exécutif de la commission épiscopale panafricaine pour la communication sociale. En même temps, il est consultant à Rome en qualité de conseiller pontifical pour la communication sociale. Rappelé au Cameroun par Mgr Victor Tonye Backot, archevêque de Yaoundé, il est nommé chancelier de l’évêque. En 2005, il passe vicaire général de l’archidiocèse de Yaoundé.

Evêque de Kribi
Parallèlement, il est curé de la paroisse Saint Joseph anglophone de Mvog-Ada à Yaoundé où il bâtit le presbytère, installe une connexion Internet à la paroisse. Le pape fait de lui le premier évêque de Kribi le 19 Juin 2008 et, le 4 Octobre 2008, c’est devant un parterre d’invités très spéciaux dont le premier ministre camerounais, Inoni Ephraïm qu’il est porté à sa nouvelle charge épiscopale. La présence de plusieurs membres du gouvernement et de nombreuses délégations venus de plusieurs villes du Cameroun donne un éclat particulier à l’événement. Son talent de communicateur se déploie aussi depuis le début des années 1980 quand il décide d’écrire un roman intitulé Yobo, la spirale de l’épreuve. Dans cet ouvrage édité en 2003, Joseph Befe Ateba raconte les tribulations d’un ressortissant de ‘Kamalos’, pays fictif autrefois colonisé par l’Allemagne dont Ongola ou Yaoundé est la capitale. Son style d’écriture remarque t-on à la lecture de l’ouvrage est traversé par la culture Ewondo et par sa maîtrise du Latin.

Moi, ma mission, c’est de rendre visible ce décret de fondation, de manifester que cette église existe déjà. Ma mission, c’est de lui donner une consistance physique réelle de telle sorte qu’on puisse dire voilà le diocèse de Kribi avec son clergé, avec ses églises, sa chrétienté et ses structures
Joseph Befe Ateba évêque de Kribi

L’histoire retient que Joseph Befe Ateba est le tout premier évêque de Kribi. Certains estiment même qu’il est le fondateur de ce diocèse. Même s’il affirme que c’est le souverain pontife en tant qu’évêque de l’église universelle qui fonde une église, il reconnaît néanmoins avoir joué un rôle non négligeable dans l’édification de ce diocèse. Moi, ma mission, c’est de rendre visible ce décret de fondation, de manifester que cette église existe déjà. Ma mission, c’est de lui donner une consistance physique réelle de telle sorte qu’on puisse dire voilà le diocèse de Kribi avec son clergé, avec ses églises, sa chrétienté et ses structures. En choisissant de devenir « berger », Joseph Befe Ateba a répondu à l’appel du destin et à l’appel de Dieu. Il en est d’ailleurs fier. Le sacerdoce m’a beaucoup apporté déclare t-il. Et pour partager après avoir reçu, conformément à l’esprit de l’église, le prélat entend mener plusieurs actions pastorales qui viendront s’ajouter à plusieurs autres dont il est l’acteur. Ces actions pastorales diocésaines devraient aboutir à la réalisation de diverses opérations dans 23 paroisses de la zone Océan du diocèse de Kribi entre 2008 et 2011. Ceci, dans le respect de son approche pastorale : permettre à l’église de déployer sa valeur intrinsèque pour que ceux qui aiment la vérité la voient et qu’ils y adhèrent.

Mgr Joseph Befe Ateba
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