Le port en eau profonde de Kribi attend toujours le gestionnaire de son terminal

A ce jour, trois dossiers de candidature sont à l’étude pour cette activité depuis octobre 2014 après une sélection ayant attiré un total de dix offres

Un an après la fin des travaux de construction du terminal polyvalent et de la première phase du terminal à conteneurs lors de la première moitié de 2014, le port en eau profonde de Kribi, situé dans le sud du Cameroun, continue d’attendre pour sa mise en service, la désignation par les autorités du pays d’un concessionnaire n’ayant toujours pas été effectuée.

D’un coût de 240 milliards de francs CFA (480 millions de dollars)dont 207,7 milliards (415,4 millions de dollars) financés par Exim-Bank de Chine, ce projet réalisé en moins de trois ans par l’entreprise chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC) est doté d’un port général et d’un appontement fer, respectivement à Mboro et Lolabè, à plus de 30 km au Sud de la ville balnéaire de Kribi.

L’infrastructure couvre une superficie globale de 26.000 hectares réservée en outre à des installations industrielles, urbaines et autres. En plus des deux terminaux, le port général, à caractère industriel et commercial, comporte une digue de protection de 1,2 km,un chenal d’accès des navires et un quai à conteneurs de 350 mètres.

C’est « l’investissement portuaire le plus important d’Afrique centrale et de l’Ouest », destiné à accueillir de gros navires de 40.000 tonnes de moins de 16 mètres de tirant d’eau pour le terminal polyvalent et de 50.000 tonnes de moins de 16 mètres de tirant d’eau également pour le terminal à conteneurs, avait souligné dans un entretien récent à Xinhua, Xu Huajiang, directeur général de CHEC-Cameroun.

Depuis la fin des travaux de construction en avril 2014, l’inauguration et la mise en service du port n’ont toujours pas eu lieu, à cause d’un interminable processus de désignation d’un concessionnaire pour l’exploitation du terminal à conteneurs depuis 2008.

A ce jour, trois dossiers de candidature sont à l’étude pour cette activité depuis octobre 2014 après une sélection ayant attiré un total de dix offres. Premier sur la liste par ordre de mérite, le consortium formé du groupe Bolloré Africa Logistics, du 3e armateur mondial CMA-CGM et de CHEC se distingue par une offre intéressante de plus de 633 millions d’euros, soit plus de 411,450 milliards de francs CFA.

C’est une offre réévaluée après une première proposition de 473 millions d’euros (plus de 307,450 milliards de francs CFA).
A la deuxième place, le groupe ICTSI (International Container Terminal Services), initialement 3e, déclasse pour son offre passée de 284 à plus de 467 millions d’euros (184,6 à plus de 303, 750 milliards de francs CFA) son concurrent APM Terminals, porteur d’une offre réévaluée de 332,7 à plus de 403 millions d’euros (216, 255 à plus de 261,950 milliards de francs CFA).

Ce classement est le résultat des travaux menés par une commission ad hoc de sélection des candidats mise en place par le Premier ministre Philemon Yang, laquelle a estimé que l’offre du consortium Bolloré Africa Logistics-CMA/CGM-CHEC est la mieux- disante pour faire du terminal à conteneurs du port en eau profonde de Kribi une « accélération de croissance au Cameroun ».

Avec la notoriété du groupe Bolloré Africa Logistics, présent dans 45 pays d’Afrique et depuis 1947 au Cameroun où il exploite déjà le port de Douala, la métropole économique, et de l’armateur CMA-CGM, doté pour sa part d’une flotte de 445 navires desservant 450 ports de commerce sur 521 dans le monde, ce regroupement a la particularité de compter la société CHEC comme constructeur du port.

En sa qualité de partenaire technique, CHEC a aussi contribué à l’organisation par le gouvernement camerounais du financement, chiffré à 750 millions de dollars (375 milliards de francs CFA) d’ aide chinoise, pour la deuxième phase du terminal à conteneurs consistant à la construction d’un deuxième quai de 700 mètres, auquel s’étend la mise en concession disputée.

Selon des sources proches du dossier, le choix d’un adjudicataire pour l’exploitation de cette infrastructure relève désormais d’une décision du président Paul Biya. C’est un moment très attendu, car, selon la Banque mondiale, avec la mise en service du nouveau port le Cameroun s’offre un outil important pour l’accélération de sa croissance économique qui peine à atteindre les niveaux escomptés.

En attendant, c’est le port de Douala qui continue d’assurer environ 95% des exportations et des importations de ce pays d’ Afrique centrale. Or, en exploitation largement au-dessus de ses 10 millions de tonnes de capacité réelle, celui-ci souffre d’une incapacité à rendre moins les longs délais de passage de marchandises.

« Le délai de passage au port de Douala est 5 fois plus élevé que celui de Durban; 2 fois plus que celui du port de Mombasa, 1,5 fois plus que celui de Dar es Salam, et dépasse de 22% celui de Lomé », a déploré une étude publiée en février par la Banque mondiale.


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