Cameroun : le torchon brûle entre Bayero Fadil et le lamido de Garoua

Dans une lettre signée ce 11 avril, l’homme d’affaires accuse le chef traditionnel Ibrahim El Rachidine de dérive autoritaire.

« Imaginez-vous le pouvoir que le président Biya détient, s’il agissait ainsi personne ne serait en vie dans ce pays le Cameroun. Je vous demande et vous exhorte à arrêter de vous comporter comme si vous étiez venus régler des comptes à certaines familles » », écrit Bayero Fadil.

Il promet aussi de ne plus laisser le lamido faire sans réagir : « si vous voulez devenir le pharaon des temps modernes, sachez que cela se fera sur mon cadavre ». Il ajoute : « vous êtes en train de faire tomber la dernière goutte qui va faire déborder le vase ».

À l’origine de cette lettre, l’incarcération des enfants de Goni Alim. L’homme d’affaires soupçonne le lamido d’avoir usé de son autorité au poste de gendarmerie où cette querelle va se terminer. « J’ai été révolté par cette affaire, car je me considère pour les deux familles comme le dépositaire testamentaire de leurs parents. J’ai tenu à intervenir pour que ces enfants ne passent pas la nuit en cellule surtout Goni Bassogo qui est malade », écrit Bayero Fadil.

Pour lui, cette correspondance “vaut avertissement”. A lui de rajouter: “Je ne vous laisserais jamais je dis bien jamais maltraiter les pauvres enfants de Garoua démunis et ceux du Cameroun en général. Votre rôle de chef traditionnel ne vous confère pas ce genre de comportement », écrit Bayero Fadil dans sa lettre adressée au lamido de Garoua.

Cameroun : un homme brûle les parties intimes de son épouse en l’accusant d’infidélité

Il est accusé d’avoir administré un traitement cruel à son épouse pour avoir découvert ses infidélités supposées à travers un sondage minutieux du téléphone portable de cette dernière.

Les faits sont rapportés par Kalara. Le collège des juges du Tribunal de grande instance du Mfoundi (TGI) est appelé à se prononcer sur le cas d’Antoine Eko Ekame, un taximan détenu à la prison centrale de Kondengui depuis 2018. Il aurait versé de l’eau bouillante sur les parties génitales de sa dulcinée. Il plaide l’accident.

Or, il est accusé d’avoir tenté de donner la mort à Mme Matom Fom, sa concubine de 24 ans. D’où l’infraction de tentative de meurtre qui pèse sur lui. Des débats ont été ouverts dans cette affaire le 4 février 2022 en l’absence de la présumée victime. L’accusé, quant à lui, clame son innocence depuis le déclenchement de cette procédure.

Il ressort des déclarations de Mme Matom Fom faites à l’enquête préliminaire que le 19 mars 2018, aux environs de 13h, son conjoint (avec lequel elle avait déjà passé 7 ans de vie commune) s’étant enfermé avec elle dans leur domicile à Ekié, un quartier de Yaoundé. Et ce dernier avait exercé des violences physiques sur sa personne, lui reprochant son inconduite.

Après l’avoir déshabillée, M. Eko Ekame Antoine lui aurait administré des coups  de fouet avant de ligoter ses mains et ses pieds. Il aurait ensuite versé avec précision de l’eau bouillante sur ses parties intimes, notamment le sexe, les seins, le ventre et les cuisses.

« L’accusé puisait de l’eau chaude qu’il avait préalablement apprêtée dans un gobelet en prenant du plaisir à la verser sur les parties intimes de sa copine », a déclaré avec insistance la représentante du ministère public.

Certificat médical

Par la suite, le mis en cause aurait abandonné sa compagne qui hurlait de douleur dans la maison. Mme Matom Fom dit n’avoir eu la vie sauve que grâce à l’intervention des voisins, qui l’ont conduite dans un centre hospitalier. Curieusement, après la sortie de l’hôpital, la dame avait été ramenée de force par son père chez son conjoint, lequel avait aussitôt repris avec des menaces de  mort à l’égard de la plaignante.

Une situation qui avait poussé la dame à saisir la justice. Interrogée au cours de l’enquête, la bailleresse du couple avait déclaré avoir entendu l’accusé qui menaçait de brûler sa compagne. Au soutien de son récit, le parquet a produit au tribunal le procès-verbal d’enquête préliminaire, les photographies de la supposée victime qui démontrent son état après l’incident, et un certificat médico-légal.

Pour sa défense, M. Eko Ekame Antoine, 38 ans, a relaté au tribunal que deux jours avant les faits, sa concubine, qu’il soupçonnait de lui être infidèle, était en communication téléphonique avec une personne qu’il ne connaît pas. Interrogée sur cette attitude suspecte, cette dernière lui avait fait croire qu’elle causait avec les membres de sa famille.

Il dit avoir pris possession du téléphone portable de Mme Matom Fom, qu’il a ausculté pendant deux jours. Il y avait alors découvert des photos et messages compromettants. «Le 19 mars 2018, le jour fatidique, elle faisait cuire des œufs. Quand nous sommes entrés à la maison, je lui ai montré les messages accablants de son infidélité. Elle a voulu s’enfuir et l’eau chaude des œufs s’est renversée sur elle. Je n’avais pourtant aucune intention de la taper ce jour-là. C’était un accident », s’est-il défendu.

Faits constants

M. Eko Ekame dit avoir administré des soins traditionnels (sel, œuf cru et miel) à sa compagne pour la soulager de ses brûlures, en vain. Il l’a ensuite conduite à l’hôpital et a pris en charge tous les frais médicaux. «  C’est parce qu’elle avait dit la vérité à son père que ce dernier l’avait ramenée à la maison après cet accident. Ce sont nos voisines prostituées qui intoxiquent ma femme de quitter son foyer », a ajouté le mis en cause.

Lors de ses réquisitions, le ministère public a demandé la condamnation de M. Eko Ekame. « La concentration et la circonscription des brûlures démontrent le caractère intentionnel et prémédité du forfait, le mobile et la motivation de son acte criminel étant la jalousie. L’accusé savait ce qu’il faisait. Les faits sont constants et constitués », a martelé le magistrat du parquet.

L’avocat de M. Eko Ekame a, pour sa part, sollicité l’acquittement de son client pour défaut d’infraction délictuelle. Il a indiqué qu’aucun témoin n’a vu l’accusé versant de l’eau chaude sur la présumée victime. « Il n’avait aucune intention de brûler sa compagne avec qui il avait une promesse de mariage et dont le mariage coutumier avait déjà été célébré. Les brûlures constatées sur les photos ne pouvaient pas entraîner la mort », a confié l’homme en robe noire.

M. Eko Ekame, qui encourt jusqu’à la peine de mort, connaîtra le sort que lui réserve la collégialité les juges PGI le 4 mars 2022.