C’est la performance réalisée par les députés camerounais au cours de la dernière législature de 2012 consacrée à l’adoption de la loi des Finances
De la loi de finance de 2013, on ne parle que du montant, 3236 milliards de FCFA équilibrés en recettes et en dépenses. Dans les médias à capitaux publics et proches du pouvoir, on parle d’un budget à la hauteur des ambitions. « C’est la démonstration de la volonté affichée du gouvernement d’aller trouver les ressources pour soutenir le financement de ses grands projets. C’est aussi que le Cameroun est un grand pays de par les réalisations qui y prennent corps et sa volonté affichée de créer les richesses », a indiqué en substance Alamine Ousmane Mey, le ministre en charge des finances, dans un entretien accordée à la radio nationale. En cette fin de session budgétaire, on parle pourtant peu des programmes qui font la spécialité de l’outil budgétaire. Toujours selon le ministre, ce sont au total 156 programmes qui ont été examinés. Leur approbation parlementaire s’est faite comme une lettre à la poste, par acclamation. « Passons au vote de la loi de finance. Sur les programmes, quelqu’un a-t-il quelque chose à dire, rien ? Personnes. c’est adopté », a-t-on suivi le président de l’Assemblée Nationale dire, mardi 11 novembre à la fin des débats, alors que l’ensemble des parlementaires sortait de 24 heures d’adoption du budget. Les indicateurs de performances, les ressources humaines affectées à leurs réalisations, les calendriers d’exécution des différents programmes sont encore des notions floues même pour de nombreux députés
Au sein du gouvernement, sincérité ou pas on déclare que la mise en application de la loi de 2007 qui instaure le budget programme est une avancée qui va booster l’économie du Cameroun, et contribuer à son objectif d’émergence à l’horizon 2035. Mais très peu de ministres expliquent les mécanismes qui seront mis en uvre à cet effet. Pour de nombreux observateurs, même si la logique peut être pertinente, c’est sa mise en uvre qui peut poser des inquiétudes au Cameroun. «Non mais vous imaginez 156 programmes examinés par les députés en quelques jours, je suis curieux de savoir comment cela a pu se passer, mais c’est notre pays», s’est étonné un fonctionnaire du ministère de l’Economie. Certains analystes vont plus loin et estiment que le budget 2013 comme tous les autres ne répond pas aux problèmes fondamentaux des finances publiques au Cameroun. «Lorsque le ministre des finances invite le secteur privé à jouer son rôle, de quel secteur privé parle-t-il? S’il s’agit du secteur privé étranger à capitaux étranger, on peut encore avoir de l’espoir. Ils possèdent en leur sein des compétences effectives et peuvent le cas échéant faire jouer d’autres ressources pour mobiliser les financements. Mais s’il s’agit du secteur privé national, l’ambition prend les allures d’une aventure. Il possède peu de compétences, des ressources financières et même parfois managériales limitées et difficilement pertinentes pour un objectif d’émergence dans les conditions actuelles», commente Dieudonné Essomba un analyste économique. Le premier trimestre d’exécution budgétaire devrait être un indicateur des premiers pas de la logique des programmes au sein de nos administrations. Des programmes qui seront effectifs pour les administrations centrales et leurs démembrements à l’intérieur du pays, mais qui le seront moins pour les entités para publiques sous tutelle et les collectivités décentralisées.
