Burkina Faso: la réhabilitation de Thomas Sankara en marche

Un mémorial dédié à l’ex-capitaine président assassiné le 15 octobre 1987, a été inauguré dimanche 02 octobre 2016, à Ouagadougou

Au Burkina Faso, un mémorial dédié à Thomas Sankara, ex-capitaine président assassiné le 15 octobre 1987, a été inauguré, ce dimanche 2 octobre, à Ouagadougou. La cérémonie inaugurale des activités de ce centre d’études et de recherche s’est déroulée en fin de matinée. Le projet a été initié par la société civile burkinabè et soutenu par les autorités.

Poings levés, les larmes ont coulé lorsque l’hymne burkinabè a été entonné. Au sein de la mythique maison du peuple, se trouvaient 2 000 personnes venues de la sous-région. A la tribune, le ministre de la Culture, Tahirou Barry, a enflammé l’ambiance, galvanisé les anciens et les jeunes qui revendiquent l’héritage de Thomas Sankara.

« Ceux qui ont tué Thomas Sankara ont simplement coupé l’arbre en oubliant les racines. Or, nous le savons tous, la force du baobab repose dans ses racines. Quoi qu’ils aient fait, Tomas Sankara demeurera vivant à jamais. Je vous remercie », a déclaré Tahirou Barry.

La chanteuse Nahawa Doumbia est montée sur le podium et a improvisé une chanson pour saluer la mémoire du capitaine. A ses côtés, Abdoul Salam Kaboré, président du Comité du mémorial. Il était ministre de la Santé lorsque Sankara dirigeait le Faso. Son souhait – qui reprend les idées de l’ancien président – est que ce mémorial soit construit et financé par le peuple.

« Ce mémorial doit être citoyen. C’est vous qui devez le construire de vos mains, de vos idées, de vos archives et surtout de vos moyens financiers. Et en Afrique, si tous les révolutionnaires africains donnent 100 F, nous sortirons le mémorial de terre », a-t-il proclamé.

Parrain du mémorial, l’ancien président du Ghana, Jerry Rawlings, interpelle la foule et affirme que c’est un devoir d’honorer et de défendre l’héritage de celui qui était son ami, Thomas Sankara.

« Notre soutien pour ceux qui, comme Sankara, se sont levés, est une obligation morale. Cette insurrection avait un message clair : il y a toujours de l’espoir en l’humanité », a déclaré l’ancien président du Ghana.

Invité pour cette journée, Tiken Jah Fakoly, le chanteur ivorien, entouré de jeunes Sankaristes, rayonne de voir cette renaissance du président-capitaine. « Je pense que c’est une forme de renaissance pour Sankara. Cela fait des années et des années que Sankara est mort, mais il est encore vivant, il est dans nos c urs et Sankara vivra pour toujours. Vive Sankara ! » lance le chanteur.

La foule quitte la maison du peuple pour rejoindre à pied la place de la Révolution, renommée à la chute de Blaise Compaoré. Poing levé pour chanter l’hymne national, Smockey du Balai citoyen. « Ça doit aller en montant, c’est pour ça qu’il était important de lancer cette idée du mémorial parce que la justice et la mémoire de Thomas Sankara, ça va ensemble », assure-t-il.

Un grand concert est venu clôturer cette journée d’hommage à Thomas Sankara. Les autorités ont indiqué que ce mémorial Thomas Sankara pourrait coûter près de cinq milliards de francs CFA. Un appel aux dons est donc lancé.

La tombe supposée de Thomas Sankara, à Ouagadougou.
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Un projet de mémorial Thomas Sankara au Burkina Faso

Un groupe pluridisciplinaire (chercheurs, artistes, cinéastes, journalistes, etc.) de plusieurs nationalités vient de lancer l’idée afin d’honorer la mémoire du père de la révolution burkinabè

Au Burkina Faso, un groupe pluridisciplinaire (chercheurs, artistes, cinéastes, journalistes, etc.) de plusieurs nationalités vient de lancer l’idée de la construction d’un mémorial et d’un mausolée Thomas Sankara. Ce projet vise à mettre en commun toutes les idées, initiatives et moyens intellectuels, matériels et financiers afin de voir naître un espace de diffusion de l’idéal prôné par le père de la révolution burkinabè.

Selon les initiateurs du projet, l’enjeu de la construction est de mettre à la disposition du public des documents, des images, des objets et de mieux expliquer les grandes idées défendues par Thomas Sankara.

« C’est toute la pensée politique de la révolution qui sera représentée dans le mémorial, explique Luc Damiba, chercheur. C’est ça qui est important. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes n’ont pas accès à toutes les informations, à tous les discours politiques, même sociaux et pédagogiques de Thomas Sankara. Donc l’idée c’est de remettre tout ça à la disposition du grand public. »

Les porteurs du projet souhaitent construire ce mémorial sur le site où le père de la révolution burkinabè a été assassiné le 15 octobre 1987.

Une idée soutenue par Tahirou Barry, le ministre burkinabè de la Culture, des Arts et du Tourisme. « La contribution du gouvernement va se manifester autour de la mise à disposition du site et bien entendu avec une contribution financière conséquente. Le mémorial s’impose et doit être un lieu de commémoration, un lieu de souvenir », estime le ministre.

Fidèle Toé, ami d’enfance et ex-ministre de Thomas Sankara se réjouit de l’idée de la construction d’un mémorial. « De tout temps, avant même qu’on cherche où se trouve la tombe de Thomas Sankara, nous avons toujours souhaité qu’il y ait un mémorial, qu’il y ait même une fondation Thomas Sankara », explique-t-il.

Le projet sera porté par un comité international dont le président d’honneur n’est autre que l’ex-président ghanéen, Jerry John Rawlings.

L’idée du mémorial est de permettre la diffusion de l’idéal prôné par le capitaine Sankara.
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Burkina Faso: l’eau revient à Ouagadougou, assurent les services

Les autorités ont mis en place un programme de distribution alternée pour faire face à la pénurie d’eau. Les robinets sont coupés pendant 12 heures sur 24

Les habitants des quartiers sud, en particulier celui de Nagrin, racontent ne pas avoir eu d’eau du tout pendant au moins quatre jours cette semaine. Barbara, commerçante, habite le quartier. Elle confie qu’elle se sent abandonnée : « Quand il n’y a pas d’eau, pas du tout d’eau, ce n’est pas marrant ! On ne peut rien faire : cuisiner, boire, même se laver, laver les habits, la lessive, la vaisselle et tout. »

Alors elle allait puiser de l’eau chez des voisins qui ont des forages. Tout le monde a fait des réserves pour tenir. Ousseni ne fait pas exception : « Chez moi, vous allez voir les bidons de 20 litres, des grands fûts qui peuvent quand même prendre près de 5 mètres d’eau. Puis les gens ont des parents à gauche, à droite qui ont un robinet qui les alimente. C’est comme ça que l’on arrive à se débrouiller et à s’en sortir. »

Cette pénurie est due à un problème technique, un problème qui n’a rien à voir avec le programme de distribution d’eau alternée, assure Isabelle Tiendrébéogo, de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) : « A l’entrée de la ville de Ouaga, nous avons une zone qui dispatche l’eau dans trois branches. C’est la branche qui va au sud qui a connu une panne de deux pompes sur trois. Le temps qu’on les répare, c’est ça qui a compliqué la situation. »

Selon l’ONEA, l’eau est désormais revenue. Mais faute d’un pompage assez puissant, l’approvisionnement reste compliqué, surtout dans les zones surélevées de ce quartier.


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Amical U20: Burkina et Cameroun font match nul (2-2)

Les Étalons du Burkina ont été tenus en échec lundi à Ouagadougou par les Lionceaux du Cameroun en match amical comptant pour les préparatifs des éliminatoires de la CAN des moins de 20 ans

Les Lionceaux du Cameroun ont fait match nul (2-2) avec les Étalons du Burkina lundi, 25 avril 2016, au Stade du 4-Août de Ouagadougou, lors d’un match amical comptant pour les préparatifs des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) des moins de 20 ans.

Les Étalons ont été les premiers à trouver le chemin des filets grâce à Zoumana Traoré, auteur d’un doublé au cours de la première mi-temps du match.

La réponse camerounaise est intervenue à la 16ème min sur une action collective, permettant au capitaine Samuel Oum Gouet, excentré côté droit, de tromper le gardien des Étalons U20 Ousmane Cissé, avec un tir croisé. Le Cameroun a égalisé grâce à Karl Ndedi, buteur sur un corner tiré par Eric Mben.

Les Lionceaux joueront leur prochain match amical contre le Zimbabwe, tandis que les Étalons U20 seront face à leurs homologues du Congo le samedi 20 mai au Stade du 4-Août de Ouagadougou.

Depuis 2007, les Étalons n’ont plus participé à une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) des moins de 20 ans. Pour cela, la Fédération burkinabè de football (FBF) fait tout pour permettre aux Étalons juniors entraînés par Moussa Sanogo dit « Falcao » de se qualifier.


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Amical: les lionceaux du Cameroun face aux U20 du Burkina

Les Etalons juniors du pays «des hommes intègres» reçoivent, lundi 25 avril au stade du 4 août, l’équipe camerounaise dans le cadre des préparatifs des éliminatoires de la CAN

Les Etalons juniors du Burkina Faso reçoivent, lundi 25 avril 2016, au stade du 4 août, les Lionceaux du Cameroun pour un match amical international comptant pour les préparatifs des éliminatoires de la CAN, a annoncé jeudi la fédération burkinabè de football (FBF).

Les Etalons juniors sont regroupés au Centre technique de la FBF et s’entrainent quotidiennement au Centre omnisport des Etalons (COMET), en attendant le match.

Les vingt équipes concernées par le premier des trois tours éliminatoires de la CAN juniors ont entamé la compétition depuis le week-end dernier et celles qui obtiendront leur qualification seront rejointes, lors de la deuxième étape, par les équipes dispensées du tour préliminaire.

Il s’agit de l’Afrique du sud, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l’Egypte, du Gabon, du Ghana, du Lesotho, de la Libye, du Malawi, du Mali, du Maroc, du Nigeria et du Sénégal.

Exemptés du tour préliminaire, les Etalons U20 entreront en compétition le 20 mai prochain face aux Diables rouges juniors du Congo à Ouagadougou.


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Terrorisme: La France appuiera le Burkina « uniquement » à sa demande (Hollande)

Cette déclaration, publiée mardi par l’Elysée, intervient deux jours après des critiques du président burkinabè

Le président français, François Hollande a déclaré, mardi à Paris, que son pays appuiera le Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme, « mais simplement à sa demande », selon un compte rendu de la rencontre qu’il a eu avec Roch Marc Christian Kaboré.

Cette déclaration de M. Hollande, publié par l’Elysée intervient deux jours après que son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a dénoncé le déploiement des gendarmes français sur son territoire, sans son avis.

« Ce sont les pays eux-mêmes, et le Burkina Faso en est parfaitement conscient, qui doivent organiser leur propre sécurité », expliqué M. Hollande, ajoutant que « nous, la France, nous devons les appuyer autant qu’il est possible, mais simplement à leur demande ».

Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a déclaré, dimanche à Bobo-Dioulasso, que son pays ne se sent pas concerné par le déploiement de gendarmes français sur le sol burkinabè, dénonçant au passage la méthode utilisée par Paris.

« Concernant le déploiement du GIGN, nous avons eu cette information comme vous sur France Inter (..). Le minimum dans cette matière, c’est d’informer les plus hautes autorités du pays et de voir s’il y a la possibilité ou non de le faire », avait-il dit

« C’est aussi le respect que nous leur devons. Efficacité ne veut pas dire dépendance. Efficacité veut dire au contraire reconnaissance par les pays eux-mêmes de l’effort qu’ils ont à faire pour leur propre sécurité et leur propre défense », a répondu François Hollande.

En janvier dernier, Ouagadougou avait été le théâtre d’une attaque djihadiste contre un restaurant et un hôtel, qui avait fait 30 morts.

M. Hollande a soutenu que « nous devons prendre conscience que le terrorisme peut frapper dans tous les pays et particulièrement dans ceux qui ont déjà connu par l’implantation de groupes terroristes dans des pays voisins et je pense au Nord Mali ».

« Nous devons donc mener, avec ce qu’on appelle les pays du G5 Sahel, une coopération exemplaire en matière de sécurité, d’échanges d’informations, de coordination du renseignement », a-t-il soutenu.

Il a conclu que « notre force Barkhane est justement à la disposition des pays qui nous en font la demande dans l’action de prévention, mais aussi d’intervention si cela est nécessaire ».

Les chefs d’Etat burkinabè et français se sont entretenus mardi, 05 avril 2016, à Paris
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Burkina Faso: le président déplore le déploiement de gendarmes français, à son insu

Roch Marc Christian Kaboré a dénoncé la méthode de Paris dimanche, indiquant qu’il avait appris la nouvelle sur RFI, comme tout le monde

Le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré a déclaré, dimanche que son pays ne se sent pas concerné par le déploiement de gendarmes français sur le sol burkinabè, dénonçant ainsi la méthode utilisée par Paris.

« Concernant le déploiement du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Burkina Faso, nous avons eu cette information comme vous sur Radio France Internationale (RFI). Nous avons considéré que nous ne nous sentons pas concernés. Le minimum dans cette matière, c’est d’informer les plus hautes autorités du pays et de voir s’il y a la possibilité ou non de le faire », a déclaré M. Kaboré lors d’un point de presse à Bobo-Dioulasso à l’occasion de ses 100 jours de pouvoir.

Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve avait annoncé au lendemain de l’attaque terroriste qui a fait une vingtaine de morts en Côte d’Ivoire, que des éléments du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) seront déployés sous peu à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, pour faire face à toute « crise de terrorisme » en Afrique de l’Ouest.

« Toute information que nous apprenons par la radio n’engage que ceux qui font leurs déclarations et ne nous engagent pas, puisque de façon officielle, nous n’avons pas été saisis sur ce déploiement », a expliqué le président burkinabè.

« Et nous avons d’ailleurs, le même jour, dit à l’ambassadeur de France tout notre mécontentement sur cette procédure », a-t-il justifié.

En janvier dernier, Ouagadougou avait été le théâtre d’une attaque djihadiste contre un restaurant et un hôtel qui avait fait 30 morts.

Pour arriver à bout du terrorisme, M. Kaboré a souligné que les pays africains sont engagés « mais nous devons également solliciter l’appui de la communauté internationale ».

« Nous l’avons déjà fait avec le Secrétaire général de l’ONU lorsqu’il était à Ouagadougou pour demander que l’ONU appuie les forces de défense et de sécurité des différents pays pour nous permettre d’assurer notre mission de sécurité et de lutte contre le terrorisme qui est un problème mondial aujourd’hui », a-t-il dit.

Roch Marc Christian Kaboré
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Guillaume Soro en séjour au Gabon

Malgré le mandat d’arrêt international émis contre lui, le président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire participe au conclave des parlementaires francophones d’Afrique

Première sortie de Guillaume Soro à l’étranger depuis le mandat d’arrêt international contre lui, émis par le Burkina Faso. Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est au Gabon où il participe à la 8ème session de l’Assemblée des parlementaires francophones d’Afrique. Guillaume Soro ne craint pas d’être arrêté par les autorités gabonaises.

Photo souvenir, poignées de main avec tous les délégués, Guillaume Soro était la grande vedette de la rencontre de Libreville. Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, parfois crispé, a bien soigné son image. Son aide de camp, dans un uniforme impeccable, ne s’est jamais éloigné de son patron et b Guy Nzouba Ndama], le président de l’Assemblée nationale du Gabon, n’a pas lâché non plus Guillaume Soro d’une semelle.

Dans les déclarations officielles, c’est le président de l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo, également président de l’Assemblée parlementaire francophone, Aubin Minaku, qui a implicitement fait allusion au mandat d’arrêt émis par le Burkina Faso contre Guillaume Soro. « Les présidents des Chambres bénéficient des diverses immunités tant en regard des différentes constitutions de nos Etats, mais aussi des instruments internationaux. Alors les parlementaires africains devraient bénéficier des avantages de tous ces instruments internationaux parce qu’il doit en être ainsi », a-t-il déclaré.

Guillaume Soro, souriant devant la presse, n’a néanmoins pas souhaité s’exprimer. Il se sentait d’ailleurs très en sécurité à Libreville où il a rencontré le président gabonais Ali Bongo Ondimba. Le Burkina Faso, qui souhaite son arrestation, l’accuse d’être complice du coup d’Etat raté du 17 septembre 2015 à Ouagadougou.

Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro.
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Ce qu’il me semble utile de dire aux Burkinabè.

Par Guy Samuel Nyoumsi, Vice-président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN)

Le rêve révolutionnaire burkinabè . toujours vivant

Le Burkina Faso vient de connaître des élections présidentielles dont le caractère exemplaire mérite d’être salué. Ces élections témoignent s’il en était besoin, de la maturité et du patriotisme du peuple Burkinabè longtemps sevré de la veine démocratique impulsée par l’idéologie révolutionnaire prônée par Thomas Sankara.

Pendant vingt-sept ans, avec l’aval et le consentement de la France qui, comme cela est de coutume, drainait dans son sillage quelques pays francophones d’Afrique de l’Ouest et de manière opportune, la Lybie de Mouammar Kadhafi, le Président du Faso, issu du coup d’état du 15 Octobre 1987, M. Blaise Compaoré a tenté d’imposer un nouveau paysage politique au peuple Burkinabè.

Tant bien que mal, il s’est employé, du moins artificiellement, à déconstruire la mémoire de Thomas Sankara dont la figure emblématique était le modèle à suivre pour une large frange de la jeunesse africaine subsaharienne.

C’est au demeurant ce qui justifie vingt-sept ans plus tôt, que de nombreux africains de tous bords aient vécu dans la douleur, l’émoi et l’exaspération, l’annonce le 15 Octobre 1987, de l’assassinat du Président du Faso, le capitaine Thomas Sankara.

« Les héros ne meurent jamais » affirme-t-on parfois de manière dilettante, sans trop y croire ; tant l’actualité envahissante, pressante et fugace concourt à l’anesthésie de la pensée et à la dérision de toute action. Toutefois, l’oppression fulgurante des médias en imposant l’instant, est-elle parvenue à tuer « le temps du souvenir » ?

Le souvenir du crime odieux perpétré il y a vingt-sept ans brisait de facto le rêve d’une génération croissante d’africains épris de liberté et acquis à l’idée que de nouveaux horizons étaient possibles. L’assassinat de l’icône de la révolution démocratique burkinabè hante vingt-sept ans après l’esprit, la mémoire et l’imaginaire tant de ceux qui ont connu le capitaine Président du Faso, que de ceux qui ont découvert la pertinence de son idéologie, la clarté de sa vision et la noblesse de ses visées révolutionnaires.

Le jeune capitaine, Président du Faso, Thomas Sankara nourrissait un grand dessein pour l’Afrique et le Burkina Faso lui servait de « Laboratoire d’expérimentation ». Peut-on lui reprocher l’impétuosité de la Jeunesse ? Admettons-le. Reconnaissons-lui cependant, une manière de générosité dans l’effort, un courage hors norme, une sagacité qui avait pour socle « la pensée et l’action révolutionnaires ». Sa capacité de mobilisation des forces vives du Faso, lorsque venait le moment de passer des concepts à leur application, résidait dans une démarche unique et probablement inégalée d’autocrédibilisation du discours révolutionnaire, démocratique et populaire, mis à la portée du plus grand nombre, grâce à son étincelante clarté pédagogique.

Saint-Exupéry ne relevait-il pas fort à propos : « La vérité c’est ce qui simplifie ». Là est, nous semble-t-il, la clé qui ouvrait au capitaine, Président du Faso, la porte des c urs de ses concitoyens Burkinabès et bien au-delà, faisait sauter les verrous arrimés aux « chaînes de l’esclavage mental et comportemental » auquel l’Occident continue de soumettre les pays africains.

Comme partout en Afrique où l’ordre colonial est indexé, dénoncé, secoué « aux fondations » ou ébranlé « aux fondements », des forces tapies à l’ombre se lèvent au mieux pour déclarer « la guerre aux mouvances nationalistes et patriotiques », au pire, pour participer activement à leur « mise à mort ». Les métamorphoses subtiles du « Code noir » dont l’esclavage et la traite négrière constituent les invariants métaphoriques, se sont affinés au fil des siècles à travers la colonisation, le néocolonialisme, les économies de rentes africaines, les pseudo-démocraties, « le tonneau des danaïdes » de la dette des pays africains, les simulacres de l’aide au développement, l’épouvantail du syndrome sécuritaire.

L’ordre, entendez « celui de la défaite », se devait d’être restauré. Il le fut le 15 octobre 1987, par l’assassinat de Thomas Sankara.

Est-il, pour autant, possible d’affirmer, de conjecturer ou de préjuger aujourd’hui que le Peuple Burkinabè ne s’est pas approprié les enseignements révolutionnaires tout comme la vision de son leader ?

Au cours des années 2014, 2015 et en ce début d’année 2016, les Burkinabès n’ont-il pas su apporter la preuve qu’au « pays des Hommes intègres », il existe un creuset de valeurs morales, civiles et patriotiques auxquelles il reste viscéralement attaché ?

Certes, vingt-sept ans durant, les Burkinabès se sont complu ou résigné à la « Rectification de la Révolution (Démocratique et Populaire) sous l’égide du Président du Faso, M. Blaise Compaoré dont il convient de rappeler qu’il fut le frère d’armes et compagnon de lutte de premier rang du « Cercle restreint » du capitaine Thomas Sankara. Vingt-sept ans au cours desquels, troquant l’uniforme de l’armée pour le costume occidental, le Président du Faso, issu du coup d’état du 15 octobre 1987, M. Blaise Compaoré, encouragé et soutenu par les institutions internationales, éperonné par la France, adoubé par quelques-uns de ses Pairs Ouest-africains, s’est ingénié à implémenter un « nouveau paysage politique » tout en s’efforçant « d’aseptiser le discours révolutionnaire de Thomas Sankara ».

La tâche ardue de déconstruction de la mémoire de son prédécesseur à la Présidence du Faso a-t-elle été conduite à son terme ?

Rien n’est moins sûr. Car, vingt-sept ans ont paradoxalement contribué à densifier l’intérêt accordé à la disparition brutale d’une figure révolutionnaire dont la popularité au sein de la jeunesse du continent inquiétait les dirigeants des pays voisins, horripilait les thuriféraires de « la françafrique » qui veillent à ce que les régimes africains demeurent sous « coupe réglée ».

Devenu incontournable mais surtout incontrôlable du fait d’une popularité assise sur l’analyse politique lucide de la situation internationale, le jeune capitaine, Président du Faso jusqu’au 15 Octobre 1987, date fatidique de son assassinat, demeure par sa probité, son intégrité et sa clairvoyance un legs politique dont la dimension sacrificielle accroît au fil des ans l’impérieuse nécessité que les Burkinabès soient éclairés sur les circonstances de la mort de leur Leader.

L’une des constantes anthropologiques, culturelles et même cultuelles veut qu’en Afrique, lorsque disparaît un de ses fils, notamment des plus dignes, l’éclairage sur les causes véritables de « son départ » se doit d’être révélé afin que nul n’en ignore et que rassérénées, les familles puissent faire le deuil. Dans le cas d’espèce, le capitaine, Président du Faso, Thomas Sankara est un digne fils du Burkina Faso, que la vision africaine considère comme sa famille. Son assassinat est en ce sens un fratricide en ce qu’il a été perpétré par « ses frères ». Au sein de la quinzaine de personnes qui constituaient « le commando » ayant assiégé le Pavillon « Haute-Volta » du Conseil de l’Entente où se tenait une fois par semaine, le Secrétariat de la Présidence du Conseil National de la Révolution (CNR), se trouvaient indubitablement des Burkinabès. De nombreux témoignages recoupés le confirment.

Pendant vingt-sept ans, le cauchemar de « la classe politique post-Sankara » aura été « l’ormeta » imposée aux revendications visant que la lumière soit faite sur l’assassinat de leur Leader.

Or, bien que déclinée au présent, l’actualité épouse d’une certaine manière l’histoire en ce qu’elle parvient quelques fois à scénariser le passé pour ramener au « goût du jour » les évènements que l’on a maintenu « sous la chape de plomb du silence ».

La germination sous le boisseau de la révolution démocratique et populaire burkinabè

Le soulèvement populaire qui a contraint le Président Blaise Compaoré à démissionner et à s’astreindre à l’exil, a dans le même temps rappeler au souvenir du Peuple Burkinabè, sinon l’urgence, du moins la nécessité que ceux qui ont ôté la vie au capitaine Thomas Sankara, alors Président du Faso, soient jugés et répondent de leur forfait comme de l’exécution de la douzaine de personnes dont Boubakari Kaboré dit « le lion du Burkiemde » affirme, dans une interview-accordée à « Courrier confidentiel » au lendemain de la marche de Juin 2014 contre la création du Sénat : « Je sais que ce sont les prisonniers de la Maco qu’ils ont envoyés enterrer Sankara et les douze autres personnes tuées. Les enterrements ont eu lieu de 21h à l’aube. Ce n’est pas facile de creuser treize tombes ».

Les évènements troublants qui ont ébranlé la fin de la transition Burkinabè, notamment le coup d’Etat du régiment de la sécurité présidentielle, corps d’élite au Burkina-Faso et garde prétorienne de M. Blaise Compaoré, sont autant d’exactions ayant prescrit aux Burkinabès « le devoir de révolte ». Le potentiel insurrectionnel du peuple Burkinabè s’est une nouvelle fois manifesté à l’encontre « des fauteurs de trouble » et autres « nostalgiques de l’ère Compaoré ».

Le peuple est descendu, les mains nues dans la rue pour exprimer sa désapprobation et réclamer de vive voix le rétablissement de la transition qui avait en charge, l’organisation des élections libres et démocratiques au Burkina Faso. Avec bravoure et patriotisme, les Burkinabès ont démontré aux yeux du monde leur attachement à la légalité ainsi que leur ardente volonté de changement. L’armée loyaliste est venue mettre un terme à « l’imposture ».

La médiation sénégalaise qui tentait de ménager « la chèvre et le chou » à tort ou à raison, a été conspuée. Elle a cependant permis de faire espérer au Général Gilbert Diendéré et aux putschistes qu’ils seraient débarrassés de poursuites judiciaires, alors qu’à l’occasion de leur « coup de force », ils ont attenté à la vie des manifestants semant à nouveau la mort, l’effroi et la confusion. Une fois de plus, le Peuple Burkinabè a fait sienne l’apophthegme révolutionnaire Sankariste : « La patrie ou la mort, nous vaincrons ».

Vingt-sept ans après la mort de Thomas Sankara, vingt-sept ans durant lesquels Blaise Compaoré a présidé « d’une main de fer » aux destinées du Burkina Faso, vingt-sept ans au cours desquels les Burkinabés ont été muselés, bâillonnés, vingt-sept ans n’ont donc pas suffi à effacer de la conscience collective Burkinabé, la mémoire de Thomas Sankara, encore moins à anéantir l’élan insurrectionnel du Peuple Burkinabé.

« Le grain semé de la révolution démocratique et populaire a germé sous le boisseau ». Le peuple a conservé vingt-sept ans durant, sa fierté et sa dignité dans l’adversité. Il rend de ce fait, un hommage mérité à la mémoire de Thomas Sankara, pour lequel il réclame aujourd’hui que la lumière soit faite sur les circonstances de son assassinat ainsi que sur l’exécution de ceux des membres les plus influents qui ont cru sous le régime de M. Blaise Compaoré que la révolution allait continuer.

De lourdes présomptions de culpabilité pèsent sur l’ex-Président Blaise Compaoré ainsi que sur son Chef d’Etat-major particulier, Gilbert Diendéré, décoré de la légion d’honneur en mai 2008 par le Président Français de lors, Nicolas Sarkozy.

Vingt-sept ans durant, les dirigeants du Burkina Faso ont réduit au silence toute velléité d’instruction d’un procès qui, à bien des égards, eût pu déclencher la résurgence des ranc urs, des ressentiments voire, accabler M. Blaise Compaoré et sa garde rapprochée d’une kyrielle de torts dont ils sont loin d’être exempts.

« Qui ne dit mot consent » a-t-on coutume en pareilles circonstances d’entendre. Le « mutisme assourdissant » adopté par la classe dirigeante Burkinabé au sujet de l’assassinat de Thomas Sankara en dépit des pressions intérieures et extérieures réclamant justice, pourrait s’apparenter à « un aveu de culpabilité ».

Maintenant que le Peuple Burkinabè s’est opposé à la révision de la Constitution qui eut permis au Président Blaise Compaoré de candidater à une nouvelle mandature présidentielle ; maintenant qu’il a contraint ce dernier, par une mobilisation de grande envergure à se démettre de ses fonctions et à se résoudre à l’exil, maintenant qu’il s’est refusé à ce que des voix discordantes biaisent ou pervertissent « sa révolution », rattrapant le calendrier des élections législatives et présidentielles auparavant mises en péril ; voici venu le temps que justice soit rendue, afin que l’Histoire retienne et que le Peuple se souvienne.

Le devoir de mémoire commande en effet, que la vérité éclaire d’un jour nouveau les circonstances de l’assassinat de Thomas Sankara, tout comme il prescrit que soit levé un pan de voile sur l’histoire politique du Faso que l’un de ses prodigieux fils a tenté d’écrire en même temps que « ses bourreaux » d’il y a vingt-sept ans.

Faut-il rappeler au souvenir la phrase sibylline prononcée par M. Blaise Compaoré, vingt-sept ans plus tôt, lorsque sa responsabilité sur l’assassinat de « son frère d’armes », Thomas Sankara, était invoquée :

« C’était lui ou moi » ?

Thomas Sankara ne voulait pas de la mort de « ceux de son cercle » qui se destinaient à attenter à sa vie. Le Capitaine Boukari Kabore, commandant du Bataillon d’Intervention Aéroporté (BIA) de Koudougou, sous la révolution est formel. Il affirme en avoir discuté avec le Président du Faso (PF) de son vivant. Thomas Sankara soutenait en substance ceci : « les termes sont clairs : si nous arrêtions ceux qui voulaient réaliser le forfait, ce serait mal interprété. On dira que ce sont les leaders de la révolution eux-mêmes qui sont en train de tuer la révolution. Ce serait vraiment un très mauvais exemple ». Il renchérissait, un peu pour montrer sa claire détermination à l’opposé de la phrase sibylline de son numéro deux, devenu président, après le violent assassinat du leader :

« Laisse-les nous tuer ; les gens parleront de nous demain ».

La falsification de l’ADN de l’émancipation des peuples africains : une préoccupation constante de l’occident

A la question de savoir si Thomas Sankara se serait débarrassé de M. Blaise Compaoré au soir du 15 Octobre 1987 à 20 heures comme certaines thèses, y compris celle du désormais ex-Président, l’ont laissé penser pendant vingt-sept ans, la réponse milite pour la négative.

Non, il n’en avait ni l’intention, ni la conviction. Cependant, des zones d’ombre demeurent qui méritent d’être dissipées.

Le peuple Burkinabé dont le patriotisme, la vigilance et la maturité politique se sont révélés au grand jour, a le devoir de se réconcilier avec son histoire politique pour mieux se l’approprier et tracer la voie qu’arpenteront les peuples pour une Afrique qui grâce à la vérité et la justice, sait aussi accorder son pardon à ses fils.

Tel est en filigrane le point focal de ce qu’il me semble utile de dire aux Burkinabès.

Procédons avec votre permission à un exercice consistant à remonter avec délicatesse et prudence, le cours de l’histoire, pour tenter d’esquisser, et peut-être dépoussiérer ce qui, par bien des aspects, serait « la genèse du rêve révolutionnaire brisé de la jeunesse africaine ». Un rêve porté par un leader charismatique qui « dérangeait », « embarrassait » au point d’« excéder » l’oligarchie gardienne des intérêts oligopolistiques de la France en Afrique. Admettons pour cela une série d’hypothèses qui cristalliseraient l’idée que « la politique est d’une tragique cruauté », qu’elle est dépourvue de la morale universelle déclamée par les âmes bien-pensantes du monde civilisé, qu’elle pratique « l’assassinat politique » tout en stigmatisant au nom des droits de l’Homme, le crime politique, elle légitime les criminels politiques sous le prétexte qu’ils libèrent les peuples d’un péril visible à leurs seuls yeux.

Souvenons-nous pour cela que nos hypothèses pourraient relever d’un scénario de science-fiction, mais qu’elles ont leur ancrage dans le dessein tragique auquel l’occident destine l’Afrique. Elles se déclinent comme suit :

Si par une manière d’ironie dont seuls l’histoire et le destin détiennent le secret, les évènements avaient été savamment orchestrés pour interrompre brutalement, tant la révolution prônée par Thomas Sankara que le cours de l’existence de tous les lieutenants de son cercle rapproché, et, qu’une partie de ce cercle avait conçu le dessein de « ne pas disparaître au nom de la révolution » et à ce titre, s’est chargée d’accomplir « la douloureuse et ingrate besogne » d’ôter la vie à « son leader en même temps qu’à celle de ses « lieutenants » les plus irascibles » ;

Si « cette douloureuse et ingrate tâche » avait été commanditée par ceux qui ne s’accommodaient plus des idées que claironnait sous la révolution, le jeune capitaine Président du Faso et que, poussée à ses derniers retranchements, « cette partie dissidente du Cercle » ait été contrainte à l’épineux choix, soit de mettre un terme à l’effet d’entrainement que suscitait le discours véhément de Thomas Sankara, lequel semait dans les sillons de la pensée et de l’action des peuples africains les graines de la colère, de la révolte et de l’émancipation, soit alors « crever » avec lui, en même temps que son idéologie insurrectionnelle ;

Si les Institutions Financières Internationales avaient inélégamment été mises en index dans « la construction du discours sankariste » qui vouait aux gémonies les intérêts occidentaux généralement préservés par les Etats Africains, il est fort à envisager dans un tel contexte, que des voix de tous bords, outrancièrement remontées, se soient élevées pour exiger que soit exhumée la semence dont la germination au sein de la jeunesse africaine subsaharienne enracinait progressivement le discours idéologique du capitaine, Président du Faso.

S’il était permis de supputer la répétition de l’histoire, pour légitimer les hypothèses émises plus haut. Lesquelles ont par le passé prospéré, sous l’incitation, l’action et l’appui des anciennes « puissances impérialistes » qui veillaient de ce fait, au maintien du « statut quo ante » et à la permanence de la soumission de leurs anciennes colonies, auquel cas, il ne serait pas absurde d’admettre à nouveau que « l’oligarchie occidentale qui tire les ficelles du monde » ait pu tout mettre en uvre, afin que « l’ADN de l’émancipation légitime des peuples africains, soit contrarié, contrefait, contredit, défait à travers la disparition d’une icône de la jeunesse africaine ».

Et si ceux-là mêmes qui n’ont aucun intérêt à ce que l’Afrique puisse « changer le logiciel de la défaite infligée historiquement » par un savant travestissement de la dignité des hommes noirs, veillent au maintien dans l’inconscient collectif de la fatalité de l’histoire ; si ces « apories idéologiques » d’un âge d’autant plus révolu qu’elles font aujourd’hui figure de préceptes civilisationnels éculés mais prompts à asseoir auprès des Chefs d’Etat africains qui conduisent le dessein des peuples et le destin des nations africaines, le sentiment et la conviction que « rien n’est possible sans les anciens maîtres » qui, dans le cas d’espèce, ne furent et demeurent que « des prédateurs », alors, il pourrait être trouvé une explication « à l’assassinat historique » de la dignité noire que pérennise l’occident dans la conscience collective africaine.

Si, pour l’heure, il était une fois de plus question au-delà d’instruire un procès visant l’éclairage sur l’assassinat de Thomas Sankara, de « renier le caractère exemplaire du sursaut démocratique » des Burkinabés en « détricotant » à l’aide des subterfuges « de la terreur», le socle encore fragile du nouveau gouvernement mis en place par Roch Marc Christian Kaboré, président démocratiquement élu de la République du Burkina Faso ; alors quelques questions surgiraient au premier rang desquelles ;

Qui a intérêt à ce que le Peuple Burkinabé ne se réconcilie pas avec son histoire récente pour mieux la capitaliser ? La réponse coule de source : « Ceux qui se sont jurés à l’ombre des pseudo-démocraties africaines de n’en faire que des proto-démocraties ».

L’occident a-t-elle besoin de véritables démocraties en Afrique ? Non.

A l’heure des turbulences accidentelles ou provoquées, Pourquoi veille-t-on à ôter aux peuples africains dont l’hospitalité, la tolérance, l’endurance, la résilience ont traversé le temps, l’aptitude qu’ils sont aussi capables de pardon, de réconciliation des c urs et des esprits ?

N’est-ce pas poursuivre, dans une telle optique de refus, l’entreprise de sécularisation « du mensonge historique » tenace qui veut que rien de digne ne peut émaner et perdurer au sein de la race noire ?

S’il peut être jugé « trivial » de ramener le débat à la question raciale, c’est bien parce que le monde global actuel semble incapable de se départir de « l’unipolarisation de la parole et de la pensée blanches ». Sinon, comment expliquer qu’après l’inculpation du Général DIENDÉRÉ « des forces de l’ombre » puissent par des attentats terroristes, tenter de soumettre le Burkina Faso en plein c ur de sa capitale Ouagadougou à l’insécurité, à la frayeur et à la perte de ses fils ?

Le modèle révolutionnaire burkinabè : un héritage à consolider.

Notre humble avis est qu’il convient de ne pas être distrait et parachever le processus d’exemplarité de la nouvelle démocratie Burkinabè. Comment ?

Tout simplement en recontextualisant le processus démocratique Burkinabè dans la linéarité historique du sort réservé aux peuples africains qui ont vu leur rêve d’émancipation brisé et leur espoir de libération assassiné par les réseaux occidentaux ainsi que l’instrumentalisation par ces mêmes réseaux, des fils de l’Afrique astreints à devenir gardiens des intérêts occidentaux au détriment du bien-être et de la prospérité de leur peuple. Cette recontextualisation doit marquer un temps d’arrêt sur un questionnement qui nous a traversé l’esprit et qui se résume partiellement à l’idée que si d’aventure, les présumés coupables de l’assassinat de Thomas Sankara pour lequel le peuple crie « Justice », avaient historiquement épargné au Peuple Burkinabé par la mort de Thomas Sankara, le carnage, les affres de l’ingouvernabilité et de la misère destinés à le punir de l’affront causé par la remise en question des intérêts occidentaux, alors ce serait probablement ouvert le cycle infernal de la décadence et de la dégénérescence du Burkina Faso.

Cette « hypothèse catastrophe » mérite d’être examinée ou prise en considération lorsqu’on sait, de récente mémoire, le sort réservé à la Guinée de Sékou TOURE suite au Non infligé au Général de Gaule en 1958 . Les nationalistes africains, les idéologues d’une Afrique libre, les Panafricanistes de tous bords et à toutes les époques ont toujours été ainsi que leur tête de proue, des cibles à abattre.

Encore une hypothèse qui légitime « le logiciel de la défaite », me diriez-vous. Admettons. Convenons tout de même qu’elle ne justifie en aucun cas la violence inouïe et l’indécence contraires aux m urs de l’Afrique profonde, avec lesquelles les fils de l’Afrique ont pu mettre un terme à la vie de leur frère et leader admiré, jalousé peut-être pour sa popularité, trop intègre et trop sobre, à leur grand regret.

L’intégrité, la sobriété, l’honnêteté et la sincérité seraient-elles incompatibles à la politique ?

Pourquoi seuls ceux qui trahissent leur peuple, pratiquent le mensonge, pillent à tout vent, spolient les pauvres, bâillonnent leur presse, pour s’offrir servilement à l’occident et assurer ses intérêts, sont « blanchis », célébrés, légitimés par « le même maître » qui leur donne d’une main ce qu’il reprend de l’autre, le tout dans le dos du peuple opprimé, et au besoin, brutalement mis à l’écart ?

La question est assurément rhétorique puisqu’elle contient in fine sa réponse.

Nous sommes enclin et même conforté à penser que le Peuple Burkinabé est aujourd’hui en mesure d’instruire un procès exemplaire au cours duquel la vérité prévaudra sur « le mensonge occidental » et les manipulations de tous ordres. Il faut pour cela qu’il soit débarrassé des passions, des ressentiments, de l’esprit de vindicte que l’occident dans des circonstances identiques, sait susciter.

La littérature du siècle antérieur de même que celle de ce début de 21ème siècle, regorgent à foison d’exemples de « Présidents africains d’opérette marionettisés par l’occident » pour servir ses intérêts pendant quelques décennies et, le temps d’après, vouer ceux-là mêmes qu’il adulait, « à la vindicte populaire ».

L’Afrique doit dire non à « cette instrumentalisation éhontée de ses fils », non, à leur condamnation sans appel ni recours, non à leur exil qui prive l’Afrique à la fois de « leur part de vérité » et de « leur devoir de « battre leur coulpe », et recevoir de leur peuple le « pardon ».

On n’est pas politicien impunément. Tout politicien est confronté à la cruauté de sa fonction, à la nécessité au détriment de la morale, au pragmatisme au détriment d’un quelconque angélisme, ou d’un idéalisme apparenté à la faiblesse.

Le peuple Burkinabé n’est pas dupe. Il n’ignore pas que les minerais de son sous-sol au premier rang desquels, l’or, générerait, selon les évaluations faites par le régime de M. Blaise Compaoré, 700 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires. Il n’ignore pas que ces minerais constituent l’enjeu majeur qui guide les intérêts de la France au Burkina Faso.

Il sait pertinemment que ce sous-sol, pendant vingt-sept ans, n’a contribué qu’à enrichir « l’élite kleptocrate » du Faso, « la bourgeoisie administrative disetteuse », aux rênes de l’appareil d’Etat du Burkina, à accroître les privilèges exorbitants de « la féodalité Burkinabè », « à alimenter le trésor de la France et de ses multinationales prédatrices » ; à tolérer le pillage des richesses du pays par le Président du Faso et son entourage familial.

Toutes choses qui sous la révolution de Thomas Sankara eurent été impensables, en tout cas, rendues impossibles. Dans sa clairvoyance, le Jeune Capitaine, Président du Faso, avait privilégié dès 1983, « la bataille agricole pour la sécurité et l’autosuffisance alimentaire, comme la priorité des priorités dans le programme de développement burkinabè ». Il confiait à ce sujet au cours d’une interview accordée au Journal « El-Moudjahid » le 12 mars 1985 :

« Nous avons, en matière d’agriculture, trois stades à atteindre : la sécurité alimentaire, l’autosuffisance alimentaire et enfin la puissance alimentaire. Au premier stade, il s’agit de faire en sorte que chaque Burkinabé puisse avoir quelque chose à manger, quelle que soit l’origine de cette production alimentaire. Nous avons invité nos compatriotes à cultiver des champs et à réaliser des magasins pour stocker leur production céréalière, ce que nous appelons ici des banques céréalières. Concernant l’autosuffisance alimentaire, nous sommes en train de retenir le maximum d’eau de ce pays. Tout ce qui tombe comme goutte d’eau au Burkina est recueilli pour être utilisé. L’eau est précieuse, plus précieuse ici qu’ailleurs, c’est pourquoi nous avons lancé la construction de 250 petits barrages. Ces retenues d’eau sont sans prétention en comparaison de ce qui se fait ailleurs comme barrages. Les paysans, mains nues font des excavations, amènent de la terre des cailloux pour retenir l’eau pluviale qui peut servir trois à cinq mois dans l’année. Pour les grands projets nationaux d’aménagement de terres, tels ceux du Sourou, du Kompienga, Bagri, nous essayons de valoriser des surfaces cultivables autour des grandes retenues d’eau.

Pour la troisième étape relative à la puissance alimentaire, définie dans notre plan, quinquennal, nous comptons développer la production d’engrais de manière à régénérer nos terres, en vue d’en assurer un objectif : subvenir à nos bassins, faire fonctionner nos petites industries de transformation et exporter nos produits. Faire de la purée et du concentré de tomate, réaliser des jus de fruits et conserver les haricots verts. Tout cela exige que nous puissions produire suffisamment pour justifier l’installation d’unités industrielles ».

Ce long passage est à lui-seul édifiant de la formule itérative scandée par le Président du Faso sous la révolution : « compter sur nous-mêmes ». Formule libératrice, formule incitative de toute action pragmatique assise sur l’appropriation des moyens existants, et l’efficacité vérifiable des résultats. Formule progressiste dont « l’effet de halo » a été salvateur, à l’occasion de divers chantiers ouverts sous la révolution, de divers projets conduits sous l’égide des Comités de Défense de la Révolution (CDR), de nombreuses initiatives ayant mobilisé dans la ferveur, les populations burkinabés.

Qui pouvait dès lors présumer que la libération du peuple Burkinabé serait hypothéquée par les privilèges de la féodalité confisquant les terres, une fois qu’elles ont été régénérées par les paysans ; que cette libération serait remise en cause par la fronde ouverte de l’intelligentsia, « petite bourgeoisie, jalouse de son bien-être privé », qu’elle serait contestée par la bourgeoisie bureaucratique, corrompue et vénale ? Le duo du quatuor à la tête de l’Armée Burkinabè et qui fera défection, sera lui-même partagé entre les idéaux lointains et exigeants de la révolution et la jouissance immédiate de la rente du pouvoir. Pourtant, aux yeux de Thomas SANKARA, l’armée avait besoin à sa tête d’une conscientisation révolutionnaire plus accrue, inspirée de sa propre « austérité ».

Les guerres suscitées aux frontières du Mali, sous le Président Moussa Traoré, les malentendus orchestrés entre le Président du Faso et le Général Jerry Rawlings, la brouille devenue acrimonieuse entre le leader incontesté de « la Françafrique » en Afrique de l’Ouest, le Président de la Côte d’Ivoire de lors, Houphouët Boigny, la désaffection provoquée auprès des voisins Ouest Africains, tels Lansana Conté de la Guinée Conakry et Abdou Diouf du Sénégal qui voyaient d’un mauvais il, les jugements et condamnations de leurs compatriotes rendus coupables de malversations financières et détournements par les Tribunaux Populaires de la Révolution (TPR), sont autant de faits, actions et man uvres visant à ébranler la révolution, à la briser, ou à la retourner contre son instigateur.

Chaque fois, le peuple Burkinabè en qui Thomas Sankara avait mis toute sa confiance et qu’il avait promis de libérer, s’est spontanément mobilisé en première ligne pour défendre la Révolution et éviter que s’étende le péril.

Le 05 juillet 1987, soit trois mois et dix jours avant sa mort, l’opiniâtreté, la foi de Sankara tout comme sa lucidité sont intactes, lorsque répondant à la question d’Ivoire dimanche venu sans doute s’enquérir de l’effet et de l’affect qu’ont pu avoir sur le Président du Faso, « les coups et l’ire de l’hydre impérialiste déchaîné » pour lui faire mordre la poussière : « Peut-on vraiment être révolutionnaire dans un pays aussi pauvre que le vôtre ? » « Oui » dira Thomas Sankara « surtout dans un pays aussi pauvre que le mien ». Renchérira-t-il.

Et à la question : « . la Révolution dans les pays pauvres, notamment africains, sera alimentaire ou elle ne sera pas.

Qu’en pensez-vous ? »

Sans coup férir le Président du Faso, sous la révolution aura cette réponse :
« Ce sont des visions sentimentalistes de la Révolution. La Révolution n’est pas qu’alimentaire. Car, qu’est-ce que l’aliment ? C’est le produit d’un travail. Nous n’arrivons pas à produire suffisamment pour nous nourrir parce que nos terres, de plus en plus pauvres, n’arrivent pas à être régénérées et parce que nous ne sommes pas bien organisés. Pour bien nous organiser, nous devons lutter contre les règles qui régissent la terre aujourd’hui, nous devons briser le carcan des méthodes archaïques pour acquérir la bonne technologie et toutes les méthodes modernes. Regardez le coton chez nous, le café et le cacao chez vous (en côte d’ivoire) : des milliards ont été consacrés à l’étude de ces produits parce qu’ils sont exportés. En revanche, la banane, le manioc et le riz n’ont jamais fait l’objet d’autant d’attention, parce qu’ils n’intéressent pas les autres.

Est-ce que le producteur ivoirien de maïs est aussi assuré d’écouler son produit que le sont les éleveurs hollandais de vaches ou les producteurs français de blé ? Donc, que l’on commence la Révolution par le côté alimentaire ou par autre chose. l’essentiel est qu’il faut poser les problèmes des rapports entre les éléments de la Société. A qui profite telle ou telle politique. ? »

Pourquoi nous attardons nous sur ce qui, par bien des aspects, pourrait paraître superfétatoire et peu révélateur de l’ensemble de la vision, tout comme de la profondeur de la visée de la Révolution burkinabé ?

La raison du choix de ces quelques « morceaux d’architecture » de la Révolution burkinabé tient à l’intuition quasi-prophétique de Thomas Sankara quant au rôle primordial que l’agro-alimentaire pourrait jouer dans la libération des peuples africains si, mieux organisés, soucieux de produire suffisamment pour se nourrir, pour transformer, pour exporter, ces peuples devenaient « le grenier du Monde », du fait de la disponibilité des terres, de la volonté politique, de l’investissement des moyens humains, techniques et financier dans l’agriculture.

Nous nous attardons sur cet aspect spécifique parce que le potentiel existe. Restent les politiques agraires, restent les politiques agricoles, reste la volonté concertée des peuples africains guidés en cela par leurs leaders qui définiraient par strates successives, les objectifs quantitatifs et qualitatifs mesurables et les moyens de tous ordres à investir pour les atteindre. L’agro-industrie au service d’une alimentation saine et dépourvue de toute manipulation génétique et de tout intrant chimique, est à la portée de l’Afrique qui doit se nourrir, se protéger du « poison » des OGM, et sauver le monde de l’hérésie consumériste qui aveugle les pays développés au point de constituer une menace artificielle d’extension de la faim dans « nos pays africains», devenus pour l’occasion, « les poubelles des toxines » du monde industriel.

Cette longue digression ne vise qu’une préoccupation qui nous hante, en tant que Vice-Président du Conseil Représentatif des Associations Noires de France, chargé des relations avec l’Afrique et les affaires internationales : Comment le peuple du Burkina Faso, héritier d’une Révolution dont la graine a germé et dont les racines se sont profondément enfouies en terre africaine, comment disions-nous, ce peuple peut-il vingt-sept ans après, essaimer par l’exemple, ce qui constituera pour l’Afrique le modèle de lutte, d’endurance, de persévérance et de foi en la patrie, contre, malgré et envers toutes les disgrâces ?

Le Burkina Faso à l’heure des enjeux cruciaux qui engagent l’Afrique

Nous pensons que l’un des éléments de réponse réside dans la manière dont Thomas Sankara définissait sa religion : « Ma religion. la Foi. La foi dans ce qu’elle a d’irrationnel, de profond et d’inexpliqué chez l’Homme. La foi m’habite. Je crois en quelque chose. J’y crois d’une manière passionnée, d’une manière si forte que je ne peux pas tenter d’expliquer de façon cartésienne, cela, c’est ma religion. Je crois en l’Homme, en la justice. Je crois en l’amour de la liberté. Je crois en l’amour de la liberté comme moyen pour les hommes, pour une société de vivre dans l’harmonie et le bonheur. D’autres façons de croire en l’homme aussi profondément, existent et sont également des religions. Elles ont d’autres noms ».

Nous invitons le Peuple Burkinabè à méditer « cette profession de foi en l’Homme » du héros de la Révolution, pour mieux comprendre pourquoi, le Président du Faso, Thomas Sankara s’est livré à ses frères en sacrifice propitiatoire pour que sa foi en l’homme et en la Révolution Burkinabé lui survivent. Suicide ? Oui ! confirme le Capitaine Boubakari Kaboré qui s’est entretenu avec Thomas Sankara la veille du coup d’Etat alors qu’il était entendu, que pour prendre de court les conspirateurs, en l’occurrence M. Blaise Compaoré, il annoncerait le 14 octobre 1987, sa démission à partir de Koudougou, où l’auteur de ce propos siégeait comme Commandant du BIA.

Il se veut plus précis quand il martèle : « Il savait qu’on allait le tuer et il a accepté de mourir. Donc c’est un suicide. Ce que je vous dis c’est du vécu, nous en avons discuté ; ses proches savaient très bien qu’on allait le tuer ».

Le Peuple Burkinabè, pour avoir été enseigné, renseigné et édifié sait que la Vème République Française, dans ses rapports avec l’Afrique en général et l’Afrique Francophone, en particulier, est une « Métaphore filée de la France Impérialiste ». En quête d’espace vital au XIXème siècle, la France en plein XXIème siècle, impose à ses anciens « comptoirs français d’Afrique », une « Communauté Financière Africaine » à travers un sigle CFA révélateur de la « Communauté Française d’Afrique ».

Où est donc la prétendue souveraineté des pays africains ? « La réalité saute aux yeux comme le nez au milieu de la figure. ».
La réalité politique, économique, historique et subliminale veut que les anciennes colonies ne soient par essence que des « comptoirs français », des « marchés vitaux d’écoulement des produits de France, des biens et services produits en France, ou produits par la France en Afrique, destinés pour ce faire à la consommation locale africaine ». Droit de préemption, de propriété exclusive, la France va plus loin, elle se donne, par un maillage d’actions pluriformes, masquées, parsemées de bonnes intentions et teintées de bienveillante attention, le statut proclamé « du Pays des droits de l’Homme et de la Démocratie » qui, sous le couvert de l’intérêt des peuples à se libérer du délire des tyrans africains insensés ou assoiffés de pouvoir, entend en réalité, faire main basse sur les économies africaines et les richesses du sous-sol africain. L’injustice et l’hypocrisie caractérisées qui sous-tendent ce crédo de la politique africaine de la France ont des conséquences désastreuses ; la déstabilisation, la perte des repères et des points de croissance, le déchaînement de la violence, parfois, et le Burkina en a fait l’expérience, l’assassinat du leader d’une politique jugée incompatible avec les intérêts de la France.

Au nom de l’Afrique, le Burkina Faso doit se souvenir

Le peuple Burkinabè doit se souvenir de ce continuum historique. Il doit recontextualiser historiquement ce que le Président du Faso, sous la Révolution disait de l’impérialisme : « . c’est dans la pratique que j’ai vu que l’impérialisme est un monstre, un monstre qui a des griffes, qui a des cornes, qui a des crocs, qui mord, qui a du venin, qui est sans pitié. Et un discours ne suffit pas pour le faire trembler. Non, il est déterminé, il n’a pas de conscience, il n’a pas de c ur. ».

Cette vision anthropomorphique de l’impérialisme datée du 17 mars 1985 a été illustrée par le Chantre de la Révolution Burkinabè au cours de l’entretien accordé à Ernest Harsh de l’Intercontinental Press. Il ressort de cette peinture de l’Impérialisme des traits de sous-catégorisation qui relèvent du champ sémantique de la monstruosité dans ce qu’elle a de belliqueux, de dangereux, d’immoral et d’impitoyable. Ce que nous voulons en retenir c’est l’absence de « conscience » et de « c ur ».

Le Capitaine Thomas Sankara, alors Président du Faso affirmait dans la pratique avoir « vu le monstre » qu’était « l’Impérialisme » et se disait déterminé à le combattre : « Plus nous avons découvert cet Impérialisme comme étant un ennemi dangereux, plus nous avons été déterminés à nous battre et à le combattre. Et nous trouvons à chaque fois des forces nouvelles pour y faire face ».

Le Peuple Burkinabè doit savoir que le Président Blaise Compaoré, lui aussi n’ignorait pas qui était « ce monstre », il ne l’a donc pas seulement « vu », il l’a vécu.

Si voir c’est savoir, vivre c’est expérimenter le savoir. Il a expérimenté ce monstre dont « l’étreinte n’est faite que de griffes, de cornes, de crocs et de venin l’a impitoyablement « vidé de tout son suc, de toute son énergie, de toute sa vitalité patriotique ».

Notre supputation qui pourrait s’apparenter à une simple conjecture tente de camper la douleur et l’extrême affliction qui ont pu habiter pendant vingt-sept ans le subconscient du frère d’armes, ami intime et compagnon de la Révolution de Thomas Sankara.

Faut-il que le Peuple Burkinabè s’en souvienne ?

En évoquant l’amitié qui liait les capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara, il était possible de dire comme Michel Aequem de Montaigne, de son ami La Boëtie, dans ses Essais : « C’était comme si c’était lui, c’était comme si c’était moi ». Se référant aux deux têtes de proue de la Révolution démocratique et populaire Burkinabé, il est en effet avéré que l’amitié qui liait Thomas Sankara à Blaise Compaoré transcendait la fraternité de sang pour toucher aux cimes de la fraternité d’élection, celle qui relève du choix du c ur.

Chaque être étant unique, il est clair que les personnalités des deux jeunes capitaines à la tête de la Révolution Burkinabè étaient différentes. Le Capitaine, Président du Faso était réputé très intègre, très sobre, très honnête, très indépendant au point d’en être agaçant ; pourtant, il vouait une confiance aveugle à son « frère » et ami, Blaise Compaoré qui faut-il le souligner, avait joué, à l’entame de la Révolution confrontée aux « réactions des réseaux françafricains », un rôle prééminent dans la libération de son ami Thomas Sankara, mis aux arrêts sans mandat, le 17 Mai 1983 alors qu’il était Premier Ministre de la Haute-Volta, sous le Président Jean-Baptiste Ouédraogo et qu’il avait ordonné «que le feu ne soit pas ouvert » par ses gardes sur les personnes en charge de son arrestation. Sa détention à Ouahigouya, le même jour s’est soldé, durant la première nuit de captivité par un attentat à l’arme à feu que l’on voulut faire passer pour un incident, alors que des instructions avaient été données avec « ordre de tirer ; si le détenu bougeait ».

Il confiera au Magazine « Afrique-Asie » après sa libération et « le coup d’Etat du 04 août 1983 » réclamé par le Conseil de Salut du Peuple (CSP) : « Coïncidence curieuse, l’auteur du coup de feu était le seul soldat étranger à l’unité ». Dans le même interview il reconnaissait que « l’honnêteté excessive. en politique se nomme purement et simplement de la naïveté . » « Autant nous pensions que les engagements pris d’un commun accord avec ceux qui n’étaient pas sur le même axe politique que nous devaient être respectés, autant nos adversaires et partenaires à l’époque acceptaient froidement et de manière machiavélique de mettre à exécution certains projets criminels. Nous avons été naïfs et leur avons donné les moyens de nous arrêter ». Thomas Sankara désignait par nous : le Capitaine Henri ZONGO, qu’il savait vivant mais en état de siège avec ses Hommes, le Commandant Lingani, détenu à Dori, le Capitaine Blaise Compaoré dont il était sans nouvelles et dont il dira : « j’étais fondé à interpréter ce silence comme l’aveu d’un assassinat. J’avoue avoir été moralement atteint, d’autant plus qu’au même moment, des civils étaient arrêtés en mon nom. ».

Les entraves, obstacles et traques orchestrés contre la Révolution Voltaïque ne faibliront pas, depuis l’époque du Conseil de Salut Public sous les Chefs d’Etat de Haute-Volta, Jean-Baptiste Ouédrago et Saye Zerbo, jusqu’au Conseil National de la Révolution, sous le Capitaine, Président du Faso, Thomas Sankara. De fait, plus la révolution Burkinabè essaimait au-delà des frontières du Burkina Faso, plus l’adversité, les complots, les conspirations des « meilleurs amis » de la France et des réseaux qui veillent aux intérêts de la France se multipliaient.

Il fallait, dans le cas spécifique du Faso « Pays dont l’aura faisait école, mettre un terme à l’aventure révolutionnaire ». Ni le Peuple Burkinabè, ni les Peuples de la Sous-région ouest-africaine qui adulaient « l’icône de la Révolution Burkinabè », encore moins ceux de l’Afrique subsaharienne qui partageaient largement l’idéologie libératrice prônée par Thomas SANKARA, ne pouvaient donner leur aval ou cautionner une telle forfaiture. C’est à l’échelle des Chefs d’Etat coptés par « l’hydre impérialiste » désigné sous le vocable « Françafrique », que sera mis un coup d’arrêt à la Révolution Burkinabé.

Dans l’ouvrage de Bruno Jaffré, intitulé Biographie de Thomas Sankara, la Patrie ou la mort. paru à l’Harmattan en octobre 2007, on peut lire : « la Françafrique définit une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisée sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système, autodégradant, se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie. Le terme (Françafrique) évoque aussi la confusion, une familiarité domestique louchant vers la primauté ». Cette définition de la « françafrique » est de François Xavier Verschave, cité dans la Biographie sus évoquée de Thomas SANKARA, et signée par Bruno Jaffré.

Elle souligne à l’envi, « le destin mis sous scellés des anciennes colonies françaises ».

Burkina Faso : l’opportunité historique d’une réconciliation propitiatoire.

Aux Burkinabès qui liront ces lignes, nous avons cru utile de dire que la contingence historique voulue par les intérêts oligopolistiques de la France en particulier et de l’Occident en général, font l’objet d’une veille de tous les instants, et ne s’embarrassent pas de la criminalisation des systèmes politiques, économiques et militaires mis en place, pour mieux s’accaparer les rentes qui eussent pu revenir aux peuples des pays africains, pris en étau dans « l’ il du cyclone » occidental.

Nous disions que les tenants et aboutissants de « cette contingence historique » ne s’accommodaient pas de la démocratie. Ils ont simplement besoin d’espace vital, de marchés vitaux, de ressources humaines implantées dans leurs anciennes colonies et formées, disons-le « formatées » pour garantir, assurer, pérenniser leurs intérêts. C’est pourquoi, leur sagacité, leur perspicacité, leur relative efficacité résident dans l’analyse politique, géostratégique, ethnique, anthropologique, culturelle, économique, sociale, sociétale de nos pays, pour y déceler des failles susceptibles par « une manière d’hypertrophie du réel », à rentrer brutalement sur « la scène politique » des Pays africains et leur « imposer un scénario au cours duquel, les actes ne reproduiraient qu’un jeu fixé à l’avance et dont le dénouement au final, serait toujours le même ; à savoir : la prise en otage des peuples et « la soumission de leurs chefs », préalablement instruits du rôle qu’ils seraient appelés à jouer, et parfois initiés des conséquences encourues, s’ils venaient à se démarquer de la ligne tracée ».

Que le Peuple Burkinabè ait présent à la mémoire quand viendra le moment d’invoquer la lumière, la vérité sur « l’assassinat de Thomas Sankara », qu’il s’agira certes de faire un procès dont le Chef d’accusation, vieux de plus de vingt sept ans, porte sur ses fils qui auraient violemment et indignement assassiné leurs frères (SANKARA et les douze autres), mais encore, mais surtout, d’initier un procès exemplaire, juste et équitable d’une tranche de l’histoire du Burkina Faso qui passe de loin, les vingt-sept ans qu’a duré la Présidence de M. Blaise Compaoré à la tête du Faso.

Nous l’affirmons et le soutenons, les fils de l’Afrique, rendus coupables de compromission avec « l’ennemi commun », au point de trahir leur pays, de briser le rêve de développement et d’épanouissement de leur peuple ; ces fils qui ont commis des exactions et crimes innommables, allant même jusqu’à assassiner comme c’est le cas, il y a plus de vingt-sept ans, l’icône adulée de la Révolution Burkinabè ; ces fils de l’Afrique méritent d’être jugés en se souvenant qu’ils sont « nos fils », qu’ils sont « nos frères », qu’ils ont subi la « morsure du monstre », qui les a du jour au lendemain, transformés en « ennemis de leur peuple ».

Cette part de vérité, cette reconstitution de « la tranche de vie » subvertie, pervertie par « la cruauté et la nécessité des pouvoirs africains contrôlés de trop près par les réseaux impérialistes » se doit d’être révélée par nos dirigeants africains, indexés, jetés en pâture, à la vindicte de leur peuple, contraints de force à l’exil.

Nous sommes convaincus, pour l’avoir intuitivement perçu lors de notre séjour au Burkina Faso, quelques jours avant la démission du Président Blaise Compaoré, que ce dernier était blasé, fatigué du rôle qu’il lui avait été donné de jouer, pendant vingt-sept ans ; exténué par « le cri strident du peuple » qui réclamait son départ et se refusait à « la Révision de la Constitution Burkinabè ».

Thomas Sankara.
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En effet, à l’occasion de l’audience du 22 octobre 2014 qu’il avait plu au Président Blaise Compaoré d’accorder au Conseil Représentatif des Associations Noires de France et du déjeuner qui s’en est suivi le 23 octobre du même mois, nous avons échangé « à bâtons rompus » sur la Révision de la constitution, les manifestations qui s’étaient déroulées depuis lors, les ressentiments du Peuple Burkinabè sur la gestion du pouvoir pendant vingt-sept ans, et bien sûr, les modalités de l’implantation du CRAN au Burkina Faso.

En tant que Vice-Président du CRAN, chargé des relations avec l’Afrique et des Affaires Internationales, il m’a été donné de recueillir des confidences au cours desquelles, désabusé, le Président Blaise Compaoré, me faisait part de son dépit au sujet de l’attribution d’un marché de construction du chemin de fer destiné à acheminer via la Côte d’Ivoire, des minerais destinés à l’exportation, eu égard à l’enclavement du Burkina Faso. Ce marché sera attribué à une Entreprise asiatique, suite au désintérêt exprimé par le groupe Bolloré, sollicité pour ce faire. Le même groupe français revenu à la charge, insistera que soient révisés les termes du marché ainsi attribué.

Il a par conséquent été convenu, qu’une partie du tronçon serait exécutée par l’entreprise asiatique adjudicataire et l’autre, confiée au Groupe Bolloré.

Après que l’entreprise asiatique eut achevé la part dont elle avait la charge, le Groupe Bolloré ne se pressait pas d’exécuter le tronçon pour lequel il avait reçu mandat et financements y afférents. Privé d’une réalisation qui lui tenait à c ur et qu’il aurait pu faire valoir, le Président Blaise Compaoré, dépité par ceux-là mêmes qui l’avaient instrumentalisé, en le propulsant comme médiateur de tous les conflits en Afrique de l’Ouest, Patron du règlement des différends au sein des Etats Ouest-africains, ceux-là aujourd’hui, le frustraient, le privaient de l’un des nombreux projets-phares dont il aurait eu la fierté, parmi tant d’autres non exécutés, de se prévaloir auprès de son peuple.

N’est-ce pas pour cela qu’il déclinera le Secrétariat Général de la Francophonie qui lui était proposé par ses mentors, après qu’il se serait retiré de la « tête du Burkina Faso » ?

Nous n’évoquons cette anecdote, que pour avoir eu le privilège d’être là, au moment où s’écrivait une page capitale de l’histoire du Burkina Faso.

Nous évoquons cette anecdote soucieux de l’importance que revêt à notre entendement, la nécessité que s’estompe « la tapisserie de Pénélope » de l’histoire des Peuples Noirs d’Afrique Francophone « tissée et défaite » par « la métropole » quand vient le moment de reconstituer « les motifs et nuances de la toile». La toile de l’histoire récente du Burkina Faso se défile, tant que l’une de ses pièces majeures manque au « métier à tisser ».

Les Burkinabès me comprennent bien. Eux qui sont coutumiers du « coton », « du métier à tisser » et des toiles dont les motifs et la texture furent célébrés et valorisées par le Président Thomas Sankara.

Qu’il leur plaise de comprendre, d’admettre et d’accepter que le Président Blaise Compaoré est leur fils, leur frère, ou simplement un être humain qui a ses faiblesses, ses travers, qui leur a peut-être fait subir des atrocités, des injustices et autres calamités à l’instar de l’enrichissement démesuré des dirigeants, la gabegie insultante de l’entourage et des comparses du régime, mais il reste et demeure celui qui, s’étant hissé certes par la force à la tête du Faso, a conduit pendant vingt-sept ans le pays. A défaut de jouir d’une indulgence imméritée s’il se défilait, le Président Blaise Compaoré doit, devant le peuple Burkinabé, user de son droit de réponse, du droit de dire sa vérité, du droit de libérer « les monstres qui lacèrent sa conscience ».

Toutes les autres man uvres et subterfuges identitaires sont une insulte à la sagesse et à la capacité de résilience des Burkinabès, comme des peuples de l’Afrique profonde.

Le Président de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara a « le devoir citoyen africain » de poser l’acte primordial qui permettra avec son homologue, le Président Marc Roch Christian Kaboré de faciliter « le retour au Burkina Faso » de la pièce maîtresse qui autorisera que soit possible une réconciliation du Peuple Burkinabè avec son histoire.

C’est d’un devoir historique qu’il s’agit. Un devoir de reconsidération de nos fautes, de nos erreurs, de notre pacte avec la « savante instrumentalisation de la mémoire des peuples, qui ne retiennent des régimes de leurs fils que la misère, le sang, l’horreur, le deuil » ; jamais la responsabilité des véritables commanditaires.

Lorsque revenu de la Mission du CRAN au Burkina Faso et dans l’attente du rendez-vous pris à Paris en décembre 2014, avec le Président Blaise Compaoré, nous apprenons, effarés, que sous la pression du Peuple, il venait de démissionner, nous nous sommes précipités, pour avoir des proches du Président, la primeur de ce qui devait suivre. Nos interlocuteurs se sont contentés de nous dire « que le Président Blaise Compaoré a donné l’ordre au Régiment de la Sécurité Présidentielle de ne pas ouvrir le feu sur le peuple » qui convergeait vers le Palais. »

Le Reste est connu. Avait-il abdiqué ? -Assurément. Avait-il été lâché ? -Indubitablement. Avait-il été auparavant trompé ? -Incontestablement.

Au passé Président du Faso, Blaise Compaoré

Je voudrais humblement dire ceci : je ne prétends pas être de ces spécialistes de l’Afrique à la Direction du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) de France, encore moins une égérie d’un quelconque mandataire africain, chargé « de revivifier le lustre terni » de quelque figure d’envergure. je ne suis qu’un fils de « L’Afrique Eternelle » que nos ancêtres africains nommaient « Kâma » et que les Grecs de l’Antiquité désignaient sous l’appellation « Ethiopos ». « Les hommes à la Peau brûlée». C’est en tant que fils de « cette Afrique-là » que j’implore de tous mes v ux qu’il ne soit plus permis que « l’omniniant crachat » qu’évoquait Aimé Césaire dans le « Cahier d’un Retour au Pays Natal » poursuive tel « un remords inexorcissable » les fils de l’Afrique ayant adhéré par opportunité, nécessité ou fatalité au « Pacte occulte de l’impérialisme ». Mon analyse ne fait pas fi du rapport des forces en présence, mais plonge profondément dans les racines séculaires de l’anthropologie et de la culture africaines pour souligner que l’Occident, la France, la Communauté Internationale affectent un mépris souverain des dirigeants à la tête de nos Etats africains, lorsque ceux-ci ont fini de « jouer la partition », jadis écrite, prescrite ou imposée par leurs soins ».

Sur l’échiquier des enjeux économiques, politiques et financiers internationaux, les fils de l’Afrique à la tête de nos Etats sont assimilables à « des pions » déplacés en fonction des intérêts, des besoins, des appétits, de « l’ogre impérialiste ». Lorsqu’au fil du temps, l’insatiabilité de « l’ogre » rencontre la réticence « du pion » à se laisser déplacer, manipuler, vider de son « essence » et de « son existence», alors, s’ébranle la machine infernale, une manière de « Deus ex Machina » qui vient mettre un terme à l’aventure au pouvoir du dirigeant.

Afin que cesse «la danse macabre et burlesque des dirigeants africains dont le pas, le rythme, les actions sont conçus pour s’achever en « fin cocasse de polichinelle des temps modernes », il est indispensable que le passé Président du Burkina Faso que vous êtes et demeurez, par « un coup de théâtre », porte un « revers significatif à l’Hydre qui veille à ce que votre séjour de vingt-sept ans à la tête du Burkina Faso, ne soit qu’une triste parenthèse. Un fait divers. ».

Non. J’ai la ferme conviction que votre « Retour au Faso » n’est redouté que par « ceux-là mêmes qui n’ont aucun intérêt à ce qu’il soit donné un contenu aux vingt-sept ans passés à la tête du Burkina Faso ». La médiatisation de votre nationalité ivoirienne acquise quelques semaines après votre exil en Côte d’Ivoire, est encore une instrumentalisation visant à asseoir « le refus de comparaître de l’enfant terrible de Zignaré » devant les Juridictions du Pays dont il a, pendant vingt-sept ans, présidé aux destinées.

Pourquoi l’acquisition de la nationalité française, canadienne, américaine ou italienne par les Africains n’émeut personne ?

Ceux de mes frères Burkinabés qui liront ces lignes argueraient avec aplomb et pertinence, que tout africain est libre d’acquérir la nationalité de quelque autre pays africain de son élection, mais un Chef d’Etat qui le ferait pour échapper à la justice de son pays alors qu’un mandat d’arrêt international est lancé à son encontre est un opprobre, une trahison, une perfidie. Je l’entends, j’y consens. Je l’approuve. J’estime cependant, ainsi que je l’ai fait partager dans l’adresse au Peuple Burkinabè, qu’il est important de recontextualiser « le Retour au Faso du Président Blaise Compaoré » dans une historicité dépassant stricto-sensu le cadre géopolitique du Burkina Faso pour mieux l’inscrire dans ce qui sera tout à la fois « le procès d’un fils de l’Afrique » et « le Procès de l’Histoire récente de l’Afrique à la croisée des chemins ».

Nul n’ignore que c’est pour flatter une réputation « démonétisée » par les soins de « l’Hydre impérialiste » que des esprits retors vous poussent à porter « une auréole affublée de déshonneur ».

Le Président de la République Centrafricaine Jean Bedel Bokassa a comparu devant la Justice de son pays, a dit sa part de vérité, a été entendu par son peuple et est mort libre. Le Président du Mali, Moussa Traoré, jugé, condamné mène sa retraite libre.

Je ne serai pas surpris qu’un accueil triomphal soit réservé par le Peuple Burkinabé, à l’annonce du retour au Faso du Président Blaise Compaoré, venu prendre rendez-vous avec l’histoire, venu répondre aux faits qui lui sont reprochés, venu apporter « sa part de vérité ».

Le devoir citoyen africain commande l’affranchissement, la rupture des chaînes de la « psychomécanique impérialiste » qui distille, entretient l’effacement des pans entiers de l’histoire dans la mémoire de nos peuples.

Sans haine, ni ressentiments destinés à exhumer les ranc urs et le souffle sulfureux de la vindicte populaire, le Peuple Burkinabé est capable d’accorder son pardon à son Président, au simple motif qu’il a comparu devant la justice de son Pays.

Les Apôtres et autres prescripteurs de la fuite, de l’esquive, des « arlequinades de la couardise », et stratagèmes de l’impunité, savent bien qu’ils ne contribuent qu’à priver le Peuple Burkinabè de la vérité, de la Réconciliation, mais surtout de sa capacité à donner l’exemple aux africains, qu’il existe une justice africaine qui transcende « la loi du talion » et s’inscrit dans le sillage de la dignité que confère le pardon, pour qui sait l’accorder.

Je réitère ma conviction au Président du Faso, au nom de l’Afrique dont il est un fils et du Burkina Faso qu’il a dirigé : votre comparution sera en elle-même une victoire, une libération, une réinsertion dans l’histoire dont vous êtes comptable autant que l’est, le Peuple que vous avez pendant vingt-sept ans, conduit. Je sais l’affection que vous portez à votre fille unique, je sais votre part d’humanité, de regrets. Je sais que vous serez utile au Peuple Burkinabè, au Gouvernement mis en place par l’actuel Président du Faso, Marc Roch Christian Kaboré, à la Jeune, fragile mais exemplaire démocratie Burkinabé. Ne la privez pas de votre expertise avérée, de votre connaissance des enjeux ouest-africains, de votre vaste expérience de la fréquentation du « Monstre » et de « ses morsures ».

C’est d’un rendez-vous historique qu’il s’agit. Un rendez-vous de la réhabilitation, un rendez-vous de la rupture, un rendez-vous visant à exorciser les calentures qui brouillent la lisibilité, la visibilité et la restauration au Peuple Burkinabè de la part de vérité que vous détenez, part de vérité occultée par « le fameux devoir de Réserve » auquel vous contraint les hautes inhérent aux hautes fonctions exercées.

L’histoire doit s’écrire de la manière la plus noble, de la manière qui honore ceux que l’histoire déshonore, dans le but de perpétuer le déshonneur des Peuples Noirs et d’ériger en « fatalité historique » l’incapacité de ces mêmes peuples à s’affranchir du « mensonge occidental ». Là est l’enjeu et pas ailleurs.

Au Peuple fier et valeureux du Burkina Faso, nous disons :

« La patrie ou la mort, nous vaincrons » !

L’ancien président Blaise Compaoré serrant la main au Vice-président du CRAN.
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Burkina Faso: arrestation du président de l’ancien parti au pouvoir

Soupçonné d’avoir participé au coup d’Etat de septembre dernier, Eddie Komboigo, rentré à Ouagadougou, a été mis aux arrêts

Soupçonné d’avoir participé au coup d’Etat de septembre dernier, Eddie Komboigo, président de l’ancien parti dirigeant, qui avait quitté le pays, est rentré vendredi à Ouagadougou et a été aussitôt arrêté par la gendarmerie samedi.

Parti répondre à une convocation au lendemain de son retour à Ouagadougou après plusieurs mois d’absence, Eddie Komboigo a été immédiatement gardé dans les locaux de la gendarmerie. Selon un responsable du parti, il sera auditionné avant d’être présenté à un juge d’instruction. Et c’est ce lundi que ses proches et camarades de parti pourront lui rendre visite.

Le président de l’ancien parti au pouvoir fait partie des personnes recherchées dans le cadre de l’enquête sur le coup d’Etat de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Dans son rapport, la commission d’enquête sur le putsch révèle, après ses investigations et auditions de témoins, qu’il aurait participé au coup d’Etat.

Il avait pris la tête du parti après l’insurrection populaire et la chute de l’ancien président Blaise Compaoré.

Sa candidature avait été invalidée pour la présidentielle et les législatives de novembre dernier par le Conseil constitutionnel, suite à l’application du nouveau code électoral. Un code qui exclut tous ceux qui ont participé activement au projet de modification de la Constitution ayant conduit à l’insurrection populaire.

Eddie Komboïgo, le 10 mai 2015 lors du congrès du CDP.
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Burkina Faso: Paul Kaba Thieba au poste de Premier ministre

L’économiste de 55 ans a été nommé par le président Roch Marc Christian Kaboré. Il va diriger le premier gouvernement post-transition démocratique

Le Burkina Faso a désormais un Premier ministre : l’économiste Paul Kaba Thieba, 55 ans, a été nommé par le président Roch Marc Christian Kaboré. Il va diriger le premier gouvernement post-transition démocratique.

Le nouveau Premier ministre burkinabè assurait avant sa nomination la gestion administrative et financière du fonds de stabilité financière de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Auparavant, il fut conseiller du directeur général des opérations de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et à ce titre, il a participé à la définition et la mise en uvre des politiques de la BCEAO dans les activités bancaires et le financement des économies.

Méconnu du grand public, cet économiste-banquier, qui a fait l’essentiel de sa carrière à la BCEAO, est titulaire d’un doctorat de 3e cycle en monnaie, finance et banque de l’université de Grenoble II. Paul Kaba Thieba a participé à la supervision du groupe d’experts commis pour réaliser les études et procéder au démarrage de la bourse des valeurs d’Abidjan alors qu’il était fondé de pouvoirs au service marché monétaire de la BCEAO.

Priorité à l’économie
Nommé une semaine après l’investiture de Roch Marc Christian Kaboré, l’économiste Paul Kaba Thieba, 55 ans, n’est pas connu dans le sérail politique burkinabè.

Il est chargé de diriger le premier gouvernement démocratique après une période de transition consécutive au renversement du président Blaise Compaoré en octobre 2014. Sa nomination traduit l’option prise par le nouveau président de faire de la reprise économique, l’une des priorités de son mandat. Marié et père de trois enfants, le nouveau Premier ministre burkinabè s’exprime aussi bien en français qu’en anglais.

Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, lors de son investiture, le 29 décembre 2015.
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Burkina Faso: Salif Diallo élu à la tête du Parlement

Au cours de son élection, il a obtenu 78 voix contre 43 pour son adversaire Adama Sossou de l’Union pour le progrès et le changement

Après l’installation du nouveau chef de l’Etat au Burkina Faso, le Parlement a élu son président. Salif Diallo a donc été choisi ce mercredi. C’est un proche de Roch Marc Christian Kaboré, ancien bras droit du président déchu Blaise Compaoré. Et devant l’Assemblée, il a tenu un discours volontariste.

C’est Salif Diallo, premier vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès, le parti présidentiel, qui prend la tête du Parlement burkinabè. Dès son élection, il a annoncé les couleurs en s’adressant aux députés : « Je voudrais vous rappeler que la représentation nationale que nous sommes, aujourd’hui, est un des piliers dans un régime démocratique. Nous devons mener ce travail en collant au plus près possible des aspirations populaires. Si notre auguste Assemblée venait à se démarquer des intérêts populaires, nous connaîtrons un sort plus triste que nos devanciers ».

Salif Diallo a exhorté les députés à pousser l’action gouvernementale vers la satisfaction des intérêts supérieurs des populations : « Et ces intérêts se conjuguent à la création d’emplois pour la jeunesse, en l’eau potable pour les paysans, à la liberté économique pour les femmes et surtout aux soins de santé pour l’ensemble de notre pays. Nous devons être intransigeants contre les contre-valeurs que sont la corruption, le népotisme ».

Au cours de son élection, Salif Diallo a obtenu 78 voix contre 43 pour son adversaire Adama Sossou de l’Union pour le progrès et le changement.

Salif Diallo, le nouveau président du Parlement burkinabè, le 03 décembre 2015.
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Affaire Sankara: mandat d’arrêt international contre Compaoré

La justice militaire burkinabè a lancé un mandat d’arrêt international contre l’ancien chef d’Etat Blaise Compaoré, pour son implication présumée dans la mort de Thomas Sankara

La justice militaire burkinabè a lancé un mandat d’arrêt international contre l’ancien chef d’Etat Blaise Compaoré, pour son implication présumée dans la mort de Thomas Sankara. Ce dernier avait été assassiné en 1987 lors du Coup d’Etat qui avait porté Compaoré au pouvoir.

Un mandat d’arrêt international contre l’ex-président Blaise Compaoré a été établi, selon une source proche du dossier, dans le cadre de l’affaire de l’assassinat de Thomas Sankara. Il a été émis depuis le 4 décembre 2015 et transmis aux autorités ivoiriennes qui n’ont pas encore réagi à la demande de la justice burkinabè.

Selon l’avocat des accusés, ce mandat figure déjà dans le dossier judiciaire. Les principaux inculpés dans cette affaire, dont le général Gilbert Diendéré, qui fut l’homme de confiance de Compaoré, sont poursuivis pour « assassinat, attentat et recel de cadavre ». L’ancien président Blaise Compaoré est visé par les mêmes chefs d’accusation.

Le président ivoirien Alassane Ouattara est attendu à Ouagadougou pour la cérémonie d’investiture du président Roch Marc Christian Kaboré. Il y a de fortes chances pour que ce dossier soit abordé par les deux hommes, ainsi que celui des écoutes téléphoniques. Le directeur de la justice militaire a prévu une conférence de presse mercredi prochain.

« Je pense que c’est l’avancée la plus notable dans l’instruction du dossier Thomas Sankara », a estimé Prospère Farama, l’un des avocats de la famille.

Selon lui, Blaise Compaoré a [i « clairement dit à certaines occasions que [le soir de l’assassinat], il était question de l’arrêter personnellement et que ses éléments à lui avaient pris les devants. »]

Vingt-sept ans d’attente
Ces soir-là, le jeudi 15 octobre 1987, le capitaine Thomas Sankara est en réunion avec des ministres, lorsqu’un commando prend d’assaut le bâtiment du Conseil de l’Entente, le siège du gouvernement. Le capitaine Thomas Sankara et douze responsables sont tués.

Sur le coup, aucune enquête n’est menée. Officiellement, les autorités concluent à « une mort naturelle ». Quelques jours plus tard, Blaise Compaoré, le bras droit de Thomas Sankara, le remplace à la tête de l’Etat.

Il a fallu attendre 27 ans et le départ de Blaise Compaoré pour qu’une enquête soit ouverte, en mars 2015. Car jusque-là, les circonstances de la mort de Sankara restaient un sujet tabou.

Depuis, les restes du corps présumé du capitaine Thomas Sankara ont été exhumés. L’autopsie a révélé que la dépouille était « criblée de balles ». Et ces dernières semaines, la machine judiciaire semble avoir pris un coup d’accélérateur.

L’ancien chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré.
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Les tests ADN ne donnent rien
Concernant les analyses pratiquées sur la dépouille présumée de Thomas Sankara, les résultats de ses tests ont été portés lundi à la connaissance des familles. Mais ils n’ont pas permis de détecter un ADN et de confirmer que ces restes appartiennent bien à l’ancien président burkinabè.

L’atmosphère était tendue au tribunal militaire de Ouagadougou ce lundi. A la sortie de l’audience, aucun membre des familles n’a souhaité réagir aux résultats des tests ADN pratiqués sur les dépouilles présumées de l’ancien chef de l’Etat burkinabè Thomas Sankara et de ses compagnons. « Je suis tellement fâchée que je ne peux pas vous parler », a lâché la fille d’une victime.

Pendant que les autres proches quittaient le palais au pas de course, certains avocats ont tout simplement lancé un laconique « les résultats n’ont rien donné », avant de s’éclipser. « Le laboratoire national de police de Marseille a effectué trois essais, pour emprunter un jargon scientifique », a expliqué l’un des avocats de la famille Sankara. « Les premier et deuxième niveaux confortent les résultats de l’autopsie. Mais au troisième niveau, l’expertise scientifique conclue qu’il n y a pas d’ADN détectable » a poursuivi Me Benewendé Stanislas Sankara.

En d’autres termes, l’état des dépouilles exhumées en mai dernier ne permettaient pas au laboratoire de certifier l’existence d’ADN. Les résultats d’expertise ne confirment donc pas que les restes retrouvés dans les tombes sont ceux du capitaine Thomas Sankara et des douze personnes à ses côtés au moment de sa mort. Les familles devront donc se contenter des résultats d’autopsie et des objets retrouvés après les exhumations.

Les inculpés dans le dossier ont assisté à la présentation des résultats. Détenus à la maison d’arrêt et de correction des armées, le général Gilbert Diendéré et les autres sont arrivés ensemble, dans un fourgon sous très haute surveillance. « Les inculpés n’ont pas été entendus. Ils sont venus juste pour la présentation des résultats », a indiqué Me Mathieu Somé, l’avocat du général Diendéré.

L’ancien président du Burkina FasoThomas Sankara, assassiné en 1987.
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Mort de Sankara: les réactions à l’inculpation du général Diendéré

L’enquête sur l’assassinat du premier président du Burkina Faso avait été relancée par le gouvernement de transition après l’insurrection populaire d’octobre 2014

Au Burkina Faso, le général Diendéré a été inculpé de complicité dans l’assassinat du président Thomas Sankara lors du coup d’Etat du 15 octobre 1987. Auteur de la tentative de putsch en septembre, Gilbert Diendéré est déjà incarcéré. Une dizaine de personnes, dont plusieurs soldats de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, ont été inculpées pour leur implication présumée dans l’affaire Sankara. L’enquête sur l’assassinat du premier président du Burkina Faso avait été relancée par le gouvernement de transition après l’insurrection populaire d’octobre 2014.

C’était l’une des grandes promesses de la transition : faire la lumière sur la mort de Thomas Sankara. Le Premier ministre Isaac Zida avait annoncé peu après sa prise de fonction que « la poursuite des présumés coupables serait entreprise et que justice serait rendue ».

Avec l’inculpation, hier, du général Diendéré, cette promesse prend la voie d’être tenue.

Mariam Sankara, la veuve du président, n’a pas souhaité s’exprimer. Mais elle rappelait en septembre dernier sur RFI que Gilbert Diendéré avait été cité plusieurs fois dans le dossier. « Il semble impliqué. Il était responsable des militaires qui ont été cités dans cette affaire », précisait-elle.

En 1987, le général Diendéré dirigeait en effet régiment des commandos para de Po. C’est lui, le 15 octobre de cette année-là, qui a supervisé l’arrestation du président. En mai dernier, le corps de Thomas Sankara a été exhumé pour tenter d’établir les circonstances de son assassinat. Les rapports d’autopsie font état de plusieurs impacts de balles sur le corps du capitaine. Mais la famille Sankara et leurs avocats attendent toujours les résultats des tests ADN effectués sur les restes retrouvés dans la supposée tombe de Thomas Sankara.

« Pour nous, sankaristes, cela dénote réellement que notre combat depuis 27 ans n’a pas été un combat vain. Donc pour nous, c’est une joie d’avoir le début de solutionnement et de la vérité sur le dossier Thomas Sankara », se réjouit Nestor Bassière, vice-président du parti sankariste UNIR/PS pour lequel cette inculpation n’est qu’un début : [i « aujourd’hui, avec l’inculpation du général Diendéré, nous avons l’inculpation officielle de Blaise Compaoré. Nous voulons tous connaître la vérité sur ce qui s’est réellement passé le 15 octobre 1987. Nous avons demandé aux nouvelles autorités de conduire le dossier jusqu’à terme. Nous attendons du président Roch une justice au service du peuple, une justice où le coupable, quelque soit son rang, doit être puni conformément à la loi. »

Une première étape vers la vérité, c’est également le sentiment d’Alexandre Sankara, secrétaire national chargé de la communication de l’UNIR : « Nous sommes satisfaits de cette inculpation que nous attendions parce que le général Gilbert Diendéré a joué un rôle d’orchestre dans l’assassinat du président Thomas Sankara. Le commando qui a exécuté froidement le président Thomas Sankara était sous les ordres du général Diendéré. Donc c’est une victoire d’étape pour la famille sankariste pour le peuple burkinabè qui attendait depuis 27 ans que la lumière soit faite sur cet assassinat crapuleux. Si le général Diendéré est inculpé, beaucoup de choses au cours du procès seront dites, et on connaîtra enfin ce qui s’est passé avant, pendant et après le 15 octobre. »

Le général Gilbert Diendéré, à Ouagadougou, le 25 juillet 2014.
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Elections dimanche, résultat lundi, apprenons du Faso. C’est en Afrique!

Par Abdelaziz Mounde

Elections dimanche. Résultat lundi ! Ce n’est pas en France. C’est chez nous…Nous, Camerounais, passons le temps à faire la leçon aux Africains. Perdons un temps fou à justifier l’injustifiable pour maintenir au pouvoir nos éternels dirigeants.

Nous, au Cameroun, consumons de l’énergie à traiter d’opposants, d’activistes, d’ennemis et que sais-je encore dans le vocabulaire fleuri du président, ceux qui expliquent calmement qu’on peut organiser une élection dimanche et proclamer les résultats lundi. A quelques kilomètres de nous, le Burkina Faso en a fait l’éclatante démonstration.
La Commission électorale nationale indépendante que nous refusons effrontément, a distillé de façon régulière, au fil de l’eau, dans la nuit, sur son site Internet, les résultats provenant des bureaux de vote, sur l’ensemble du territoire.

Chez nous, la fibre optique sert à faire les titres du grand quotidien national, inaugurer les chrysanthèmes et garnir les comptes de quelques ministres et hommes d’affaires écran. Avec au gratin, les nems de la coopération chinoise.

Les techniques ont évolué au point où, il n’est plus besoin de ce décorum, de ces flonflons, de ce lourd appareillage, voile de la fraude et des tractations de minuit pour proclamer des résultats au bout d’un mois. Plus aucun pays ne le fait. Même en Birmanie, chez les fieffés despotes du régime militaire de Rangoon, les choses se décantent progressivement.

Avec nos conservatismes, ces techniques éventées et l’art de la ruse, le risque est clair : le Cameroun, sous ses dehors de  » démocratie apaisée « , deviendra le fossile d’Afrique comme le reflet des peintures rupestres, d’il y’a quelques millénaires, de nos ancêtres des Rhumsiki.


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Burkina Faso: Kaboré élu président dès le premier tour

La nouvelle est tombée vers 1h du matin ce mardi 1er décembre. Le candidat à la présidentielle burkinabè Zéphirin Diabré a reconnu sa défaite face à son rival Roch Marc Christian Kaboré

La nouvelle est tombée vers 1h du matin ce mardi 1er décembre. Le candidat à la présidentielle burkinabè Zéphirin Diabré a reconnu sa défaite face à son rival Roch Marc Christian Kaboré. Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) remporte cette élection présidentielle historique dès le premier tour avec 53,49 % des voix, contre 29,65 % pour le candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), selon des résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Tout s’est accéléré vers minuit au siège de l’UPC, le parti de Zéphirin Diabré, lorsque celui-ci est sorti pour annoncer aux journalistes présents qu’il se rendait chez son adversaire, au siège du MPP, le parti de Roch Marc Christian Kaboré, pour le féliciter de sa victoire, en toute logique et en toute bonne entente.

Il est arrivé vers 1h du matin au siège de son opposant dans une cohue indescriptible, où il s’est entretenu avec le vainqueur de cette élection présidentielle. Zéphirin Diabré, dans un geste de respect, a immédiatement reconnu sa défaite et mis fin au suspens. « Il n’y a pas de contestation à ce scrutin », a-t-il déclaré.

Kaboré acclamé
Acclamé par plusieurs milliers de personnes réunies devant le siège de son parti, M. Kaboré a déclaré à ses partisans: « Nous devons nous mettre au travail immédiatement. C’est tous ensemble que nous devons servir le pays ». Le nouveau président élu a également promis aux Burkinabè sa « détermination pour ouvrir des opportunités de lendemains meilleurs », adressant ses « chaleureuses félicitations aux organes de la transition » mis en place après la chute du régime de Compaoré et qui ont organisé le scrutin.

La Céni a ensuite révélé les résultats provisoires de l’élection : 53,49 % (1 668 169 voix) pour M. Kaboré contre 29,65 % (924 811 voix) pour M. Diabré. Le scrutin de cette élection historique au Burkina Faso a donc été remporté dès le premier tour par Roch Marc Christian Kaboré.

Victoire attendue
Cette victoire du candidat du MPP était largement attendue, depuis qu’un institut de sondage le donnait en tête la semaine dernière et possiblement vainqueur dès le premier tour. C’était un peu un pari fou que s’était fixé le MPP : remporter cette élection « un coup K.O. », comme on dit en Afrique de l’Ouest. Et c’est un pari réussi, à la grande surprise d’ailleurs des observateurs politiques qui tablaient sur un second tour entre Kaboré et Diabré.

Roch Marc Christian Kaboré a en tout cas bénéficié d’une véritable « machine de guerre » qu’est devenu son parti, le MPP, qui avait récupéré au fil des mois beaucoup d’anciens cadres du président déchu Blaise Compaoré. Il s’est manifestement servi de leur expérience pour se hisser jusqu’au fauteuil présidentiel.

Résultats nationaux provisoires
– Roch Marc Christian Kaboré, MPP – Mouvement du peuple pour le progrès, déclaré vainqueur dès le 1er tour avec 53,49 %
– Zéphirin Diabré, UPC – Union pour le progrès et le changement : 29,65 %
– Tahirou Barry – Paren : 3,09%
– Benewende Sankara – UNIR-PS : 2,77%
– Ablasse Ouedraogo – Faso Autrement : 1,93%
– Saran Sereme – PDC : 1,73%
– Victorien Tougouma – MAP : 1,63%
– Jean-Baptiste Natama – indépendant : 1,36%
– Issaka Zampaligre – indépendant : 1,22 %
– Adama Kanazoe – AJIR : 1,21%
– Ram Ouedraogo – RDEBF : 0,68%
– Salvador Maurice Yameogo – RDF : 0,49%
Boukaré Ouédraogo – indépendant : 0,48%
– Françoise Toe : 0,26%

Roch Marc Christian Kaboré, au QG de son parti, le 1er décembre 2015, après l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle au Burkina Faso.
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En observant le Burkina, le peuple est la plus puissante et la plus efficace des armées

Par Shanda Tonme

La date du 1er octobre (2015, ndlr) marquera à jamais l’histoire des peuples africains, comme celle qui a consacré des enseignements forts pour les aspirations légitimes à la liberté, à la démocratie et à l’expression de capacités propres des citoyens à se débarrasser du joug de l’oppression.

Premièrement, un peuple déterminé est en mesure de renverser la dictature, y compris la plus rusée, la plus soutenue de l’étranger et la plus barbare

Deuxièmement, l’attachement aux grands principes avec des objectifs précis et une orientation claire, est suffisant pour déjouer toutes les tentatives de récupération du soulèvement populaire. Le rejet retentissant du plan initial de la CEDEAO porte le témoignage.

Troisièmement, le peuple est la première, la plus forte, la plus puissante et la plus efficace des armées. Aucune garde prétorienne, aucune milice, aucune force spéciale fut-elle armée de missiles nucléaires, n’est en mesure de triompher de la volonté d’un peuple déterminé. La déconfiture du Régiment spécial présidentiel, horde de criminels voués à la garde du pouvoir de Compaoré porte le témoignage.

Quatrièmement, les peuples africains comprennent aujourd’hui que l’Occident est mal placée pour donner des leçons de tolérance, elle qui continue de rechercher, de poursuivre, de juger et de condamner les criminels de la deuxième guerre mondiale et du génocide des Juifs. En effet l’Occident est, souligne Aimé Césaire, dans «discours sur le colonialisme», comptable devant l’humanité du plus haut tas de cadavres de l’histoire». Cet Occident qui continue de bombardé en Irak, en Syrie, au Yemen, et en Afghanistan, cette Occident qui a créé toutes les guerres et toutes les souffrances, soutenu et soutien les pires dictatures à travers le monde, est mal placée pour conseiller la tolérance à l’endroit des auteurs des crimes de sang au Burkina Faso.

Cinquièmement, l’ultime enseignement qui nous vient de cette tentative de briser l’élan révolutionnaire du peuple Burkinabé par des salopards et des vers malpropres en treillis et leurs suppôts en civil du genre Bassolé Djibril, c’est que dans la confrontation des intérêts sur la base des oppositions sur les principes, le châtiment doit être radical, sans pitié, sans concession, sans retard, et sans remords. L’enseignement vaut pour tous les regroupements humains, dès lors que s’engage ouvertement la lutte. Le destin collectif n’est pas négociable avec des traitres dès lors qu’ils sont convaincus d’avoir pris des libertés avec les principes consacrés et sacrés, que ce soit dans le contexte d’une nation, d’une famille, d’une association ou d’un simple cercle opportuniste.

Sixièmement, On ne saurait faire une bonne sauce avec de la viande avariée ou des condiments pourris. Ceux qui soutiennent les dictatures, orchestrent des embrigadements des populations et croient tromper la société avec des actes, des gestes, des déclarations contraires à la vérité, devraient être disposés à assumer les conséquences inévitables pour eux et leurs familles, leurs descendances, à long terme. Ce n’est ni de l’exclusion, ni de la discrimination que de débarrasser les peuples de rapaces politiques et financiers qui ont uvré à compromettre le destin de l’Afrique.

Septièmement, L’idée ambiante qui voudrait que l’Afrique soit le continent des palabres douces et des arrangements familiaux non contentieux qui pardonne tout, oublie tout et tait les querelles procède d’un discours faux, raciste et infantilisante. Toutes les sociétés humaines sans distinction sont gouvernées par des luttes des classes, des rapports des forces qui déterminent des situations de pouvoir, de domination, de subordination, de gouvernance, d’exploitation, de richesse, de maître et d’esclave.
Huitièmement, chaque peuple porte en ses entrailles, toutes les ressources nécessaires pour sa dignité, son indépendance, son bonheur, sa respectabilité par les autres peuples et son rayonnement./.

Yaoundé, le 02 octobre 2015


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Burkina Faso: les militaires putschistes libèrent le président

Michel Kafando, retenu depuis mercredi, a été libéré vendredi par les hommes du régiment de sécurité présidentiel (RSP), qui retiennent toujours le premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida

Les putschistes du régiment de sécurité présidentiel (RSP) ont annoncé, vendredi 18 septembre, la libération du président intérimaire, Michel Kafando, qu’ils retenaient depuis mercredi. Le premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, est, lui, toujours aux mains des militaires.

Ces derniers quadrillent la capitale, Ouagadougou, où le couvre-feu instauré entre 19 heures et 6 heures a été globalement respecté. De nombreux magasins restaient toutefois fermés et, d’après des journalistes sur place, des rassemblements avaient été dispersés dans le centre-ville.

Les putschistes ont également annoncé vendredi à midi la réouverture des frontières terrestres et aériennes du pays. Les militaires avaient décidé jeudi de les fermer jusqu’à nouvel ordre.

Jeudi, les soldats de l’unité d’élite à l’origine du coup d’Etat avaient violemment réprimé les manifestations des associations. Les heurts ont fait au moins trois morts, selon une source du principal hôpital de Ouagadougou. Le studio d’enregistrement du rappeur Smockey, un des fers de lance du collectif Balai citoyen, a été en partie incendié par des hommes qui ont tiré sur la porte au lance-roquettes, d’après sa femme.

D’autres rassemblements organisés malgré le couvre-feu dans plusieurs villes de province, notamment Bobo-Dioulasso, dans le Sud-Ouest, se sont déroulés sans incidents, les forces de l’ordre n’ayant pas cherché à intervenir. L’armée, la police et la gendarmerie sont d’ailleurs restées très discrètes depuis le putsch.

«Nous n’avons pas l’intention de nous éterniser»
Nommé jeudi à la tête du Conseil national pour la démocratie (CND), l’émanation politique des putschistes, le général Gilbert Diendéré, ancien bras droit du président déchu, Blaise Compaoré, s’est engagé à organiser «rapidement» des élections.

«Dans tous les cas, nous n’avons pas l’intention de nous éterniser, nous n’avons pas l’intention de rester.»

Un scrutin présidentiel et des élections législatives étaient prévus en octobre pour tourner la page d’un an de transition. Les fidèles de Blaise Compaoré, qui dirigea le Burkina pendant vingt-sept ans, avaient été exclus par la Commission électorale, en vertu d’un nouveau code électoral controversé. «Il faut revoir les conditions, de façon à permettre à tous ceux qui souhaitent participer de pouvoir le faire», a insisté le général Diendéré.

Le nouvel homme fort du pays, qui s’est entretenu jeudi avec le représentant spécial de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest, Mohamed Ibn Chambas, doit recevoir dans la journée le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), et son homologue béninois, Thomas Boni Yayi. Les deux hommes espèrent lancer une médiation. «L’objectif est de parvenir à un retour à une vie constitutionnelle normale, à la libération du président et du premier ministre qui sont otages, et à la libération de tous les ministres», selon le chef de la diplomatie béninoise.

La communauté internationale a vivement condamné le coup d’Etat, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU se disant même «prêts à envisager des mesures supplémentaires si nécessaire». Selon des diplomates, la France, soutenue notamment par le Tchad, a plaidé en faveur de sanctions si le pouvoir légal n’était pas rétabli.

Lire aussi Burkina Faso: le point sur le coup d’Etat

Les putschistes du RSP.
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Burkina Faso: le point sur le coup d’Etat

Les putschistes du RSP, avec à leur tête le général Dienderé, ancien chef d’état-major de l’ex-président Compaoré, ont pris le pouvoir depuis mercredi, instituant un couvre-feu dans le pays jeudi soir

Un calme précaire régnait cette nuit de jeudi 17 à vendredi 18 septembre 2015, au Burkina Faso. Après l’annonce officielle, la veille, de la prise de pouvoir par les putschistes du régiment de sécurité présidentiel (RSP), constitués en un Conseil national pour la démocratie. A leur tête, le général Dienderé, ancien chef d’état-major particulier de l’ex-président Compaoré. Depuis, tentatives de mobilisation, couvre-feu, condamnations internationales s’enchaînent alors que l’ex-président Michel Kafando et le chef du gouvernement sont toujours retenus en otage.

La première raison invoquée par le nouvel homme fort pour justifier son coup d’Etat:
les élections programmée le 11 octobre «n’auraient pas été bien organisées». Alors que l’exécutif burkinabè, dont le président Kafando et son premier ministre, sont toujours détenus par les putschistes. Le président de l’Assemblée de transition, de nombreux partis politiques, la société civile et les syndicats ont appelé à la mobilisation populaire. Mais les militaires du RSP ont jusqu’à présent empêché tout rassemblement dans la capitale.

Les principales déclarations de l’édition spéciale de RFI diffusée vendredi 18 septembre:
Saran Sérémé. Elle se présentait sous les couleurs du Parti pour le développement et le changement (PDC) pour les élections présidentielles prévues le 11 octobre prochain au Burkina Faso. «Il faut se battre pour son bien-être, pour la justice. Le peuple burkinabè est prêt à se défendre coûte que coûte. Nous déplorons cette situation. Nous ne sommes pas prêts à courber l’échine. Vous avez remarquez comment les jeunes sont sortis?»

Emile Kaboré. L’ancien membre fondateur du CDP est actuellement président d’un petit parti allié, le Rassemblement pour un sursaut républicain. Il soutient le coup d’Etat qu’il justifie ainsi: «Nous n’avons eu de cesse de dénoncer la pratique de l’exclusion qui s’est installée au départ et par la suite.» Il fait référence à l’exclusion des candidats du CDP pour l’élection présidentielle d’octobre. Pour lui, le gouvernement de transition a fait une erreur. Il rappelle que la communauté internationale avait stipulé sur la charte que «les élections devaient être inclusives.»

A cela, Saran Saramé lui a alors rétorqué: «L’inclusion ne signifie pas l’impunité. Nous avons des lois, un corpus juridique qui prévoient la gestion de l’Etat. Il faut remplir des conditions. Personne n’est au-dessus des lois.»

Dragoss Ouedraogo. Pour cet anthropologue burkinabè, spécialiste des luttes sociales, interviewé depuis Bordeaux, ce coup d’Etat était prévisible. «Il n’y a pas de surprise. Il y avait des signes avant-coureurs: comme empêcher la tenue des conseils des ministres,- le Premier ministre avait même dû fuir- ou encore les radios de la presse saccagées par le régiment de sécurité présidentiel.» Il ajoute que l’histoire et les antécédents de ce régiment ne pouvaient qu’alerter: «Ce régiment est tristement célèbre. Il est impliqué dans tous les crimes de sang connus du pays.»

Fadel Barro, du mouvement «Y’en en marre». En ligne de Dakar, il fait part de son exaspération et demande de la fermeté face aux putschistes. Il veut croire et soutenir la résistance du peuple burkinabè: «La société civile s’organise déjà. La jeunesse est en train de s’organiser. Elle n’acceptera pas cette énième forfaiture».

Pour Fadel Barro, le Burkina Faso vit la suite du premier soulèvement d’octobre 2014: «Nous avons les mêmes marges de man uvre qu’il y a à peu près un an. Ce régime était déjà là pendant la révolution et le peuple burkinabè avait fait face. J’ai l’impression que c’est une suite. C’est comme s’il avait décidé de poursuivre et sanctionner les manifestations d’octobre dernier. On va continuer la mobilisation, sans armes, on reste non violent. C’est une résistance pacifique. Si on ne le fait pas, tout ce qu’on a fait sera remis en cause.»

Ces dernières 24 heures, à de multiples reprises, des habitants ont tenté de se rassembler pour dénoncer le coup d’Etat, d’ériger des barricades pour bloquer les patrouilles du RSP. Mais les éléments putschistes ont traqué sans relâche tout contestataire potentiel.

De source médicale, au moins 6 personnes auraient été tuées, jeudi, et une soixantaine blessées dans la capitale. Les leaders des mouvements citoyens ont dû entrer dans la clandestinité. Plusieurs d’entre eux ont été menacés, à leur domicile, par d’éléments du RSP. Le studio de musique de Smockey, l’un des leaders du Balai citoyen a été attaqué.

En province en revanche, où l’armée et la police se sont faites discrètes, des mobilisations ont pu avoir lieu: manifestations à Bobo Dioulasso, opération ville morte à Pô, au sud du pays, barricades dressées à Banfora, près de la frontière ivoirienne. Une mobilisation globalement sans incident, excepté à Yako, la ville natale du général Diendéré, où plusieurs maisons dont celle du chef des putschistes ont été incendiées.

Le général Gilbert Diendéré, au palais présidentiel de Ouagadougou, ce jeudi 17 septembre.
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Burkina Faso: la garde présidentielle annonce la dissolution du gouvernement

Un militaire s’est présenté au nom d’un Conseil national pour la démocratie. Il a annoncé ce jeudi la démission du président Kafando et la dissolution du gouvernement et du Parlement de transition

Les militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) du Burkina Faso ont annoncé jeudi s’emparer du pouvoir, mettre en place une instance dénommée « Conseil national pour la démocratie (CND) » et démettre le président de la transition Michel Kafando de ses fonctions de chef de l’Etat.

Dans une déclaration télévisée, le CND dit avoir dissous le gouvernement de et le Conseil national de transition (CNT-Parlement intérimaire).

Les militaires ont justifié leurs actes par le fait que le gouvernement de transition s’est écarté des objectifs de refondation et a taillé un code électoral sur mesure en exclusion des Burkinabé des élections.

Appelant les patriotes « sincères » à se joindre à eux pour l’ uvre de l’approfondissement de la démocratie, le CND a annoncé une large concertation pour la mise en place d’un gouvernement de large ouverture.

Des organisations de la société civile ont appelé leurs militants à manifester, ce jeudi, pour barrer la route à cette forfaiture alors que l’Unité d’Action syndicale (UAS) a lancé un mot d’ordre de grève générale illimitée sur toute l’étendue du territoire national.

Les gouvernements français, américains et l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont condamné cette quatrième exaction du RSP, l’ex-garde de Blaise Compaoré.

Mercredi soir, le président du Conseil national de la transition (CNT, Parlement intérimaire), a appelé « tous les patriotes à se mobiliser pour défendre la mère patrie », ajoutant que « le devoir nous appelle, car la nation burkinabè est en danger ».

Ce nouveau coup de force de la garde prétorienne de l’ex-président Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir, a brusquement plongé dans l’incertitude ce pays sahélien enclavé, où les élections présidentielle et législatives du 11 octobre sont censées mettre un terme à la transition.

La France rapatrie deux de ses soldats soupçonnés de pédophilie au Burkina Faso

Les deux militaires ont été placés en garde à vue jeudi 02 juillet. Ils sont soupçonnés d’avoir commis des attouchements sur deux fillettes âgées de 3 et 5 ans, dans la piscine d’un hôtel

Deux militaires français soupçonnés d’agressions sexuelles sur mineurs au Burkina Faso ont été rapatriés en France, jeudi 2 juillet, et immédiatement placés en garde à vue, a confirmé au Monde le parquet de Paris. Mercredi, ils avaient été entendus par les gendarmeries française et burkinabé à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Les deux hommes, âgés de 36 et 38 ans, sont soupçonnés d’avoir commis dimanche des attouchements sur deux fillettes âgées de 3 et 5 ans, dans la piscine d’un hôtel de Ouagadougou. Les agressions auraient été découvertes grâce à une la vidéo trouvée par la mère des victimes sur une caméra oubliée sur place par les soldats. D’après la radio RTL, c’est le père de la victime qui aurait porté plainte après avoir visionné les images.

A la suite du signalement du ministère de la défense, le parquet de Paris avait ouvert mardi une enquête de flagrance, qui permet de prendre des mesures coercitives juste après les faits. Mercredi, le porte-parole du gouvernement a indiqué que les deux enfants étaient françaises ou binationales. Les deux soldats ont quant à eux été suspendus dès mardi, a annoncé le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian.

Il y a deux mois, le parquet de Paris avait déjà ouvert une information judiciaire contre X sur des soupçons de viols de mineurs par des soldats français en Centrafrique commis entre décembre 2013 et juin 2014.


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Le Cameroun s’offre le Burkina Faso, dans la douleur

En match amical de préparation aux éliminatoires de la Can 2017, les Lions sont difficilement venus à bout des Etalons 3-2, samedi au stade de Colombes en France

L’équipe expérimentale de Volke Finke a souffert face au Burkina Faso samedi, 06 juin à Colombes, en France. Les hommes de Gernot Rohr, mieux organisés et plus cohérents, ont dominé presque toute la partie. Le portier Ndy Assembé a repoussé une chaude alerte des Burkinabé dès la deuxième minute. Le Cameroun a réagi deux minutes plus tard. Mais Kweukeu a trop écrasé son tir.

Sur une autre offensive des Etalons, Gérôme Guihota a sauvé la chaude alerte sur la ligne, à la 11ème minute. Profitant des espaces libres dans la charnière centrale, constituée de Nicolas Nkoulou et Yaya Banana, les Etalons vont en profiter pour se créer d’autres occasions. Ndy Assembé va repousser une tentative enroulée de Charles Kaboré, à la 14ème minute. Mais deux minutes plus tard, il va s’incliner devant Prejuce Nacoulma, qui saura profiter du mauvais positionnement des défenseurs camerounais.

Piqués au vif, les hommes de Volke Finke vont essayer de réagir. Mais Bengono va se mêler les pédales à l’entrée de la surface. Les accélérations et dribles chaloupés de Clinton Njié, mettent un peu de baume au c ur des supporters des Lions, qui sont visiblement plus nombreux que les Burkinabé dans les travées du stade Yves du Manoir de Colombes.

Il faudra attendre la 35ème minute pour voir les Camerounais exulter véritablement. Vincent Aboubakar, sur une frappe en pivot aussi soudaine qu’efficace des 25 mètres, trouve la lucarne. Mais peu avant la pause, la poreuse défense des Camerounais va offrir un deuxième but aux Burkinabé. Le véloce Arisdite Bancé ne s’est pas fait prier pour donner l’avantage aux siens.

Pendant la pause, Volker Finke va procéder à deux changements qui vont s’avérer fructueux. Le très peu talentueux Yaya Banana cède sa place à Gweni Ndasi, le sociétaire de l’Unisport du Haut Nkam. Et au milieu de terrain, Christian Zock, transparent, va laisser sa place au très jeune Fêlix Eboa, de la réserve du PSG. Mais ce sont les Burkinabé qui vont de nouveau se montrer dangereux. Un tir puissant d’Aristide Bancé va échouer sa course sur la barre, à la 48ème minute. Progressivement les Camerounais vont monter en puissance. En développant un jeu plus conquérant, ils cèdent de moins en moins des espaces aux Burkinabé. Grâce à la virtuosité de Karl Toko et aux éclairs de génie de Clinton Njié, (85ème et 90ème minute), le Cameroun va finir par remporter la partie 3-2.

Lors de cette soirée parisienne très ensoleillée, les Camerounais quitteront le stade sous le rythme très endiablé de Waka Waka (Zangalewa) des Golden Sounds. Les Lions indomptables sont attendus en Belgique pour un autre match amical, ce mardi, contre les Léopards de RD Congo. Volker Finke devra encore faire tourner son effectif. Il est question lors de ces rencontres de préparation de se rassurer avant d’affronter la Mauritanie, dimanche 14 juin, pour le compte du premier match éliminatoire de la CAN 2017.

Une phase de jeu entre le Cameroun et le Burkina Faso, samedi, 06 juin, à Colombes en France
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Amical: le Cameroun se frotte au Burkina Faso le 06 juin à Paris

L’information a été publiée par la fédération camerounaise de football sur son compte twitter

Le Cameroun, quatre fois champion d’Afrique affrontera le Burkina Faso en match amical le 06 juin à Paris (France), a annoncé mardi, la fédération camerounaise de football (Fécafoot) sur son compte twitter.

Cette rencontre face aux Etalons, éliminés eux aussi au premier tour de la CAN 2015 en Guinée Equatoriale, permettra aux joueurs de Volker Finke de répéter leurs gammes avant le premier match des éliminatoires de la CAN 2017 à la maison contre la Mauritanie le 12 juin prochain.

En mars dernier, les Lions indomptables avaient déjà effectué une tournée asiatique marquée par deux victoires respectives contre l’Indonésie (1-0) et la Thaïlande (3-2).

Une équipe des Lions indomptables
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Au Burkina Faso, le peuple a chassé Blaise Compaoré: et maintenant, à qui le tour ?

Par Aurélie Ganga, citoyenne africaine

Le discours de La Baule prononcé par le président de la République française François Mitterrand en 1990 a amené les mouvements de démocratisation en Afrique.

Des conférences nationales ont vu le jour et tout le continent s’est mis à rêver. Éviter les violences était devenu le maître-mot. Mais à force de compromis, voire de compromissions, les avancées démocratiques ont fait « pschitt ».

Or, aujourd’hui, les peuples d’Afrique veulent l’édification d’un nouveau monde avec notamment plus de justice. Ainsi dans un univers hyper connecté les yeux doivent s’ouvrir. Car le peuple burkinabé a fait partir Blaise Compaoré: à qui le tour ?

Peu importe le débat
En effet, Blaise Compaoré a démissionné sous la pression de la rue, bien que le changement constitutionnel n’ait pas eu lieu.

Au contraire, l’actualité vient conforter ceux qui maintiennent les constitutions et ceux qui les empêchent d’évoluer. Mais à y regarder de près, on se demande si ce débat sur la transformation constitutionnelle n’est pas un mythe supplémentaire dont l’objectif est finalement de duper les peuples africains.

On s’interroge également sur les enjeux liés à cette absence de changement constitutionnel : entre autres, ce manque répond-il chez ces peuples africains à des impératifs surprenants ?

À cette interrogation, il faut répondre par la négative. Ces v ux populaires, loin d’être spontanés, traversent l’histoire : ils sont universels. Et l’actualité corrobore tellement notre vérité que l’on cherche avec ironie à connaître celui qui succédera à Blaise Compaoré : un postiche, son alter-ego, un morceau de bois ?

Les Burkinabés sont dubitatifs
En fait, le peuple burkinabé a du mal à croire qu’un homme politique omnipotent et providentiel puisse solutionner par un miracle démocratique et soudain les problèmes auxquels il est confronté au quotidien.

En somme, bien que le maintien ou le changement de la constitution soient des éléments déterminants pour le destin d’une nation, le peuple burkinabé vit loin de ces considérations d’ordre conceptuel. Ce que ce peuple désire, il l’expérimente dans sa chair.

Ses préoccupations, comme tout peuple africain, sont simples : combattre la corruption rampante et l’opulence arrogante d’une minorité ; réduire la pauvreté et la misère ; répartir avec plus d’intelligence les richesses ; protéger les femmes, les mineurs et les vulnérables ; accentuer l’égalité, la solidarité, la liberté ; augmenter l’accès à la santé, à l’éducation, à l’emploi ; accroître la sécurité ; solutionner le problème de l’usage de l’eau et de l’électricité ; etc.

Les leaders burkinabés ont une lourde responsabilité
Par conséquent, ce que le peuple burkinabé ne souhaite pas, ce sont des effets d’annonce et des réformes cosmétiques. La révision constitutionnelle aussi légitime soit-elle ne doit pas être une vitrine publicitaire qui vise à la perpétuation d’un pouvoir déconnecté des réalités.

À contrario, toute volonté étatique du Burkina en charge de transformer le réel social et politique doit s’inscrire dans la durée et se tenir informée des mentalités du pays. Et il n’est pas de nation qui ne puisse honorer sa mission de rendre heureux son peuple sans un travail de rationalisation.

D’une part, en effet, se doter de véritables structures institutionnelles, c’est maximiser l’efficacité de la gouvernance. D’autre part, se pencher avec force sur le caractère inviolable et sacré des droits les plus élémentaires, c’est proposer à son peuple les conditions qui réalisent son bonheur.

Cependant, les leaders africains, burkinabés notamment, capables d’accomplir cette mission, ont une lourde responsabilité politique, juridique et morale. S’ils passent un contrat avec le peuple, cela signifie qu’ils représentent ce même peuple. Or, en toute logique, on ne peut confier le pouvoir et la destinée d’une nation : ni entre les mains d’amateurs inexpérimentés dont les stratégies à court terme et les compétences ruinent tout espoir de changement ; ni entre les mains de ceux qui contestent sans réflexion aucune et mécaniquement tout exercice de gouvernance ; ni entre les mains de ceux qui usent du pouvoir non pour améliorer la vie du peuple mais pour assurer leur carrière personnelle.

Ces leaders africains, par ailleurs, peuvent éclore de tous horizons sociaux, culturels, historiques, etc. On peut également les recruter parmi les plus volontaires de ceux qui actuellement siègent au pouvoir.

Nous devons affronter notre destinée
Un invariant demeure cependant.

Que les gouvernants faillissent au serment républicain qu’ils prononcent en prenant le pouvoir, et le peuple assoiffé de justice manifestera sa colère et son besoin de vengeance. Aussi, que la sagesse des dirigeants soit le guide permanent qui maîtrise l’aveuglement et l’égoïsme de tous. Car l’histoire se répète.

En Tunisie, le printemps arabe s’est muté en un hiver. En Égypte, le changement a donné vie à des ogres liberticides. En Libye, les espoirs se sont noyés dans un chaos orchestré par certains pouvoirs occidentaux. Au Mali, la paix réclamée a laissé le champ libre à des groupuscules comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique et à des Boko Haram.

Il revient donc aux Burkinabés et aux Africains de faire preuve de circonspection en analysant le discours peu nuancé des donneurs de leçon d’ici et ailleurs. Cesser d’être excessifs et tranchants lorsque l’on condamne hâtivement des hommes aux pouvoirs.

Cesser de croire aux illusions magiques qui promettent un bonheur aussi rapide que peut l’être un changement de constitution et de gouvernement. Inversement, donner la chance à tous ceux, sans discriminations, qui croient au bonheur du Burkina et de l’Afrique, c’est insuffler et accroître l’esprit citoyen.

Donner ce goût de l’ambition partagée des changements efficaces et visibles, c’est édifier un Burkina et une Afrique à la hauteur de ce que sont les peuples du continent : forts, joyeux, talentueux.

Par conséquent, deux options : soit, nous Africains, continuons à bâtir encore et toujours des barrières mentales infantiles, sources de blocages sociaux, politiques, économiques et culturels ; soit, nous affrontons notre destinée en tant que sujets responsables et nous misons sur des changements présents et futurs, concrets et durables, à notre rythme.

La tête haute, j’affirme que la seconde option est celle que le Burkina et l’Afrique doivent prendre.

Le 31 octobre, Blaise Compaoré a quitté la présidence du Burkina Faso.
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Gare à l’instrumentalisation du nationalisme en Afrique!

Par Louis Marie Kakdeu

Dans la plupart des pays africains, les épreuves historiques de l’esclavage, de la colonisation et de la décolonisation ont laissé un sentiment profond de dépossession, d’oppression, de persécution et de bannissement qui crée et entretient l’élan émotionnel de la recherche de l’unité et de la solidarité nationale. Nous parlons donc de nationalisme en référence à ce mouvement d’idées et d’émotions exaltant l’appartenance à sa nation par opposition aux autres, injectant une logique de « Nous contre eux ».

En Guinée ou au Mali, les présidents Alpha Condé ou Ibrahim Boubacar Keita ont surfé avec succès sur cette idée de priorité nationale pour se faire élire. Mais de nos jours, la mise en uvre de leurs slogans « La Guinée d’abord » ou « Le Mali d’abord » reste très discutable. Dès le début, le nationalisme en Afrique était écartelé entre les idéologies socialistes, communistes ou révolutionnaires. De nos jours, les exigences du « vivre ensemble » nous invitent à recevoir les discours nationalistes avec discernement. La question n’est pas de savoir si ce mouvement est légitime ou non mais, de savoir comment exprimer ses convictions en accord avec les exigences des libertés individuelles. En clair, l’instrumentalisation du nationalisme ou les dérives idéologiques ne sont-elles pas un danger pour la construction de l’Afrique ?

L’instrumentalisation de l’idée de souveraineté nationale pousse certains idéologues africains à envisager la vie en autarcie et la fermeture totale des frontières aux partenaires étrangers. Surfant sur la nécessité de rompre avec les structures coloniales de l’économie, d’aucuns prônent même la nationalisation des entreprises étrangères et la limitation totale des importations sans tenir compte de l’impact d’une part, sur le fonctionnement de l’économie et d’autre part, sur les libertés et droits individuels. Par exemple, suite à la politique de confiscation des fermes détenues par des Blancs, et la politique hostile à l’investissement étranger, l’hyperinflation a frappé le Zimbabwé atteignant jusqu’à 231 millions de pourcent par an en juillet 2008. Pour le malheur des populations affamées, un pain coûtait entre 7000 et 10 000 dollars zimbabwéens (entre 27 et 43 euros).

Ces mesures conservatoires n’ont eu aussi que des effets pervers en RDC (ex-Zaïre) où la politique du Président Mobutu de « zaïrianiser [décoloniser]» l’économie et la culture a plutôt accru la dépendance du pays à l’extérieur. Selon le rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre Solidaire) du 29 mars 2007sur les « Biens-mal-acquis » en RDC (Ex-Zaïre), la dette publique du pays avait atteint 13 milliards de dollars. On a parlé de « kleptocratie » en référence à un gouvernement par le vol ou par l’expropriation. Aussi, Mobutu avait lancé en 1971, la révolution culturelle à travers, entre autres, l’obligation de porter « l’abacost [à bas le costume occidental] ». Paradoxalement, les ex-Zaïrois (Congolais) sont devenus plus tard des promoteurs de l’idéologie de la « SAPE [réforme du costume occidental]» et du décapage de la peau qui sont une passion pour l’Occident.

Loin de cette conception politisée, le nationalisme démocratique serait plutôt la défense de la dignité et des droits des citoyens africains dans la perspective d’un monde plus juste et égalitaire. Il encouragerait plutôt l’émancipation des Africains qui doivent par la force de la légitimité démocratique faire entendre leurs voix sur la scène internationale. Par exemple, l’Afrique a besoin de sa liberté de déterminer ses politiques budgétaire, monétaire et fiscale pour définir librement ses priorités et le choix de ses partenaires sans pressions extérieures. Mais, cela ne doit pas sombrer dans des dérives extrémistes qui conduisent aux expropriations ou à la vandalisation des intérêts étrangers (attaques aux droits de propriété).

Le nationalisme est aussi utilisé par certains dirigeants indélicats comme un fallacieux prétexte pour légitimer leur gestion (néo)patrimoniale et leur culte de la personnalité. On entend dire que des présidents comme Paul Biya du Cameroun (32 ans au pouvoir), Dénis Sassou-Nguesso du Congo (30 ans de pouvoir non-consécutif), Obiang Nguéma de la Guinée équatoriale (35 ans au pouvoir), José Eduardo Dos Santos de l’Angola (35 ans au pouvoir), Robert Mugabé du Zimbabwé (27 ans au pouvoir), Yoweri Museveni de l’Ouganda (28 ans au pouvoir), etc., doivent continuer de rester au pouvoir pour des raisons nationalistes. Il semblerait qu’en lieu et place de la libre compétition, il faudrait les soutenir pour garantir la paix et la stabilité. Entre temps, ces présidents sont cités dans des affaires de « biens-mal-acquis » qui trahissent leurs volontés réelles. Certains d’entre eux entrent maladroitement, aux côtés des chefs d’entreprise qui produisent de la valeur, dans le classement Forbes des meilleures fortunes du monde alors qu’ils sont à la tête des pays pauvres et très endettés. Il semblerait que ce soit le prix à payer par leurs peuples pour continuer de bénéficier de leurs « compétences idéologiques ».

Au Sénégal, le Président Abdoulaye Wade défendait sans perturbation jusqu’en 2010 l’idée selon laquelle son fils Karim Wade était le seul citoyen compétent susceptible d’assurer la continuité de l’action gouvernementale. Au Zimbabwé, le Président Robert Mugabé semble dire jusqu’à nos jours qu’il n’y a aucun citoyen capable d’assurer valablement sa relève. Cette dérive idéologique conduit à la gestion patrimoniale de l’Afrique en décalage avec les aspirations des peuples à une vie meilleure. L’Afrique doit certes lutter contre l’impérialisme et la françafrique, mais elle doit aussi et surtout promouvoir les libertés économiques pour contrecarrer la mainmise sur l’exploitation de ses ressources naturelles et de son marché. L’Afrique doit certes limiter les ingérences politiques mais, elle doit favoriser les échanges économiques pour atteindre son idéal de l’intégration économique. Pour protéger l’emploi au niveau local, elle pourrait encourager la production locale et exiger le transfert des technologies mais, elle doit éviter de sombrer dans des dérives extrémistes qui cultivent la haine des peuples.

En conclusion, on peut dire qu’il faudrait se méfier de la récupération politicienne qui est faite de l’aspiration des Africains à la liberté, à l’égalité, à la justice, et à l’autonomie. Aussi, les Africains eux-mêmes devraient s’engager sur le chemin de la souveraineté et de la liberté sans représenter des menaces pour celles des étrangers.

Louis Marie Kakdeu
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Ma génération peut-elle reconstruire le Cameroun?

Par le Père Ludovic Lado

Depuis que les Burkinabé ont réussi là où les Camerounais ont échoué ces dernières décennies, précipiter la fin d’un long règne, ils sont nombreux à rêver de la réplique au Cameroun. Mais en cette matière, le copier-coller marche rarement. Le problème du Cameroun aujourd’hui n’est pas seulement l’impopulaire régime Biya, mais aussi une génération de Camerounais un peu trop hédoniste et égoïste pour sacrifier les intérêts personnels à une cause collective. Et pour ne pas se faire d’illusions sur l’après-Biya, cette génération doit se regarder dans le miroir et faire son examen de conscience.

Ces jours-ci, Alain Foka de RFI revisite la mémoire d’Um Nyobe, une figure spéciale du nationalisme Camerounais. Ce héros fait partie du panthéon de Camerounais qui ont sacrifié leur vie pour que notre génération commence sa marche vers la liberté, qui ont préféré la mort à la servitude coloniale, qui ont donné leur vie pour que notre génération vive mieux. Mais les colons leur ont préféré l’espèce Ahidjo-Biya fabriquée de toutes pièces par eux pour poursuivre leur uvre. C’est ainsi que les logiques de la rupture radicale prônée par les Um Nyobé ont cédé le pas à celles de la continuité, celles de la colonisation par procuration. La génération Ahidjo-Biya est celle des traîtres de la cause nationaliste qui ont préféré une servitude dorée à la vraie liberté. De ce point de vue, Ahidjo et Biya c’est la même chose !

Puis a soufflé le vent de la démocratie à partir des années 1990, et le Cameroun a conçu une démocratie qu’il n’a pas encore pu enfanter. Les Fru Ndi et autres tribuns ont fait irruption dans l’espace politique et les mouvements de foules agrémentés de révoltes estudiantines ont suivi. Quelques intellectuels ont fait front, du sang a coulé, mais Biya s’est maintenu parce que les Fru Ndi n’ont pas tardé à trahir la cause des aspirations camerounaises à la démocratie. Depuis que Fru Ndi s’est trouvé une nouvelle vocation, celle d’homme d’affaires, la politique est désormais pour lui une simple distraction. L’apathie politique au Cameroun aujourd’hui n’est que le fruit de cette autre traîtrise.

Au Burkina Faso, Il a suffi qu’un semblant de front uni de l’ « opposition » émerge et prenne les devants des manifestations pour que les populations sortent de leurs maisons et que Blaise Compaoré finisse par démissionner. Ils ont su taire leurs intérêts particuliers pour viser l’objectif commun : faire partir Blaise Compaoré. Maintenant les différents protagonistes peuvent reprendre leur souveraineté en vue de la compétition pour le siège présidentiel qui s’annonce rude et qui nous l’espérons sera démocratique. C’est un défi que l’opposition camerounaise n’a jamais réussi à relever à cause du primat des intérêts particuliers, ce qui en partie explique la longévité du régime Biya. Il n’y a plus rien à attendre de cette classe politique. Il faudra bien que la génération suivante prenne la relève, mais quelle relève ?

Biya va laisser un Cameroun mal en point à une génération mal en point, parce que divisée, égoïste et hédoniste. Nous aimons trop les plaisirs de cette vie pour embrasser l’austérité qu’exige toute vie de dissident, pour préférer les caves et les forêts auxquels étaient contraints les Um Nyobe aux bars et aux circuits. C’est pourquoi tant d’ « intellectuels » ont succombé à la prostitution politique au Cameroun. Et quand la prétention et l’orgueil s’en mêlent, c’est le règne de l’hubris, le déchainement des passions qui se manifeste régulièrement par l’insulte facile. On en vient même à se demander si une révolution à la Burkinabé ne tournerait pas facilement en boucherie interethnique au Cameroun.

Cette génération, c’est la mienne ! A l’intérieur comme à l’extérieur du Cameroun, nous nous sommes montrés incapables de faire passer les intérêts particuliers après l’intérêt général, d’unir nos forces pour faire advenir le changement tant souhaité par les Camerounais. C’est une génération bavarde, voire bruiteuse, mais politiquement impuissante, absente sur le terrain de l’action. Elle a, elle aussi, trahi la cause camerounaise. Nous sommes tous des traîtres, des Judas de la cause camerounaise, prêts à vendre notre pays pour quelques sous. Notre égo passe avant le Cameroun, voilà la racine de nos problèmes.

Si ma génération veut faire mieux que celle de Biya, elle doit faire son examen de conscience. Si on rate ce diagnostic, on va vers la reproduction du passé. Au moment où le Cameroun envisage une période de transition politique incertaine, il ne suffit pas de souhaiter que le régime Biya prenne fin. Il faut encore que la relève soit de qualité. Il faut la préparer ! On a vu ailleurs les opposants d’hier faire pire que leurs prédécesseurs. Il y a sûrement des Camerounais qui peuvent faire mieux que Ahidjo et Biya, mais saurons-nous, aveuglés par tant de passions, distinguer le bon grain de l’ivraie. Je ne crois pas au messianisme politique. Nous aurons toujours les dirigeants que nous méritons, c’est-à-dire à la mesure des sacrifices que nous sommes prêts à faire pour être libres. Même en politique, on ne récolte que ce qu’on a semé.

Père Ludovic Lado
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De l’attitude de la France au Burkina Faso et d’autres questions

Par Magaye Gaye

1. l’attitude de la France dans le conflit
Contrairement à beaucoup d’Analystes politiques occidentaux qui considèrent le courrier adressé début octobre par la France à Monsieur COMPAORE, le conseillant amicalement de ne pas modifier la constitution, comme une manifestation de la fin de la Françafrique, notre Cabinet estime une telle attitude bien ambigüe. En effet, si ce courrier était rendu public à la date de son émission, il aurait pu avoir plus d’effets dissuasifs sur Blaise COMPAORE et permettre ainsi d’éviter les émeutes notées et ses conséquences macabres. Assurément le Cabinet GMC parie fort que si la situation était à l’avantage de Monsieur COMPAORE, une telle lettre n’aurait jamais été publiée. La France a appliqué sur le cas du Burkina « une diplomatie de la loterie ». L’enlisement de la situation en défaveur du Président COMPAORE a objectivement conduit l’Hexagone à se justifier pour éviter des conséquences néfastes sur ses ressortissants et redorer son blason diplomatique. Le coeur de la France était assurément «compaoriste».

La récente déclaration de Monsieur HOLLANDE au Canada, informant la communauté internationale que la France a aidé le Président déchu à s’exfiltrer, en est une preuve éloquente. Une déclaration inopportune voir irresponsable compte tenu de l’évolution critique de la situation au Burkina, mais sans doute adressée aux Chefs d’Etats africains en exercice pour les encourager à coopérer avec la France pour bénéficier des mêmes faveurs en cas de situations compliquées. Une déclaration qui aussi fait penser objectivement le Cabinet GMC que la France, hélas, a aujourd’hui a sa tête des dirigeants peu préparés à l’exercice du Pouvoir d’Etat. La très faible popularité historique de François HOLLANDE attestée par tous les sondages ainsi que la cacophonie indescriptible notée dans la Gauche française nous confortent dans notre analyse. IL est clair que la CPI, sous l’influence de la France ne s’intéressera jamais au cas COMPAORE.

2. L’inertie de la Communauté internationale
Mis à part le Etats Unis dont la déclaration hostile au changement de la constitution burkinabé était claire et sans équivoque, la communauté internationale aura beaucoup manqué de courage dans la prévention du conflit. Les organisations internationales comme l’ONU, l’Union Africaine, l’UEMOA ou la CEDEAO, passives depuis le début, ont opté pour la solution du « médecin après la mort » en voulant s’ériger comme des acteurs incontournables dans la résolution de la crise, ce qui est paradoxal et malhonnête. Dans un monde globalisé où les exigences démocratiques vont grandissantes, de plus en plus de Puissances internationales n’agissent plus directement pour défendre leurs intérêts de manière bilatérale. La nouvelle stratégie consiste à « noyauter » les organisations internationales qui deviennent ainsi des machins téléguidés à distance. Le Cabinet GMC propose à l’ONU, au regard des risques importants que font peser les enjeux de pouvoirs dans la stabilité mondiale, deux pistes : (1) la création au sein de l’ONU d’une Organisation Mondiale des Elections (OME) (ii) l’adoption d’une directive internationale de limitation des mandats présidentiels à 2 avec une durée cumulée maximum de 10 ans.

3. Des précautions à pendre par le peuple burkinabé
L’absence d’autonomie des organisations internationales évoquée ci-dessus ainsi qu’une volonté de certaines Puissances de voir accéder à la tête du Burkina une personnalité influençable, doivent amener le peuple burkinabé à être très vigilant sur la qualité intrinsèque des dirigeants à choisir dans la transition. A priori, toutes les personnalités qui ont servi dans l’ancien régime devraient être écartées. De même que Monsieur ZEPHIRIN DIABRE, le Chef de file de l’opposition qui a été longtemps employé par Le Groupe français AREVA.

4. L’impact du cas burkinabé sur les projets de révision de constitution en Afrique
De manière quasiment unanime, les médias et analystes internationaux estiment que le cas burkinabé fera école. Notre Cabinet n’est pas de cet avis. Bien au contraire cette situation amène maintenant les Chefs d’Etat qui veulent « tripatouiller » leurs constitutions pour perdurer au Pouvoir à s’inspirer de l’expérience du Burkina Faso pour trouver des solutions novatrices plus accommodantes. Les plus téméraires vont « jouer » sur 2 logiques en leur faveur : l’indifférence et le manque de courage de la communauté internationale, et l’attitude d’ un peuple insuffisamment déterminé. Ils feront tout pour interdire les manifestations et limiter ainsi des pertes humaines. A titre de simulation pour tester les capacités de résistance des peuples avant la date butoir du changement constitutionnel, il n’est pas exclu que ces Pouvoirs s’exercent à autoriser des manifestations de manière à tester les dispositifs de gestion de situations de crise. IL n’est pas non plus exclu d’assister à de grandes manifestations non naturelles de soutien au Chef de l’Etat. Ces dirigeants vont par la suite en cas de succès, former des gouvernements d’union nationale pour apaiser tous les acteurs. Ce scénario, en cas d’échec ouvrira grandement la porte à l’instabilité institutionnelle et placera en pole position les armées nationales. Le 2 ème groupe formé par les plus ingénieux parmi ces Chefs d’Etats qui veulent modifier leur constitution va s’inspirer de l’exemple russe « POUTINE/MEDVEDEV /POUTINE » ce que nous appelons par la technique du PMP.

5. L’après Blaise Compaoré
Les Analyses semblent conjuguer Monsieur Blaise COMPAORE au passé. Quelle erreur !! Extradé par la France, accueilli avec le rang de Chef d’Etat, en Côte d’Ivoire, exilé dans un pays limitrophe, homme de réseau au carnet d’adresse respectable dans un Continent en proie à une situation sécuritaire incertaine, il peut encore être utile pour la Françafrique en général et les intérêts de la France en Afrique de l’Ouest en particulier. Il pourrait être utilisé pour tirer les ficèles dans l’ombre et conseiller utilement l’ancienne Puissance coloniale. Au plan intérieur au Burkina Faso, compte tenu d’une situation prépondérante qu’il a entretenue sur l’armée Burkinabe pendant 27 ans, il peut être un facteur de trouble pour la stabilité institutionnelle du pays. Reste une question importante : qui, pour jouer un nouveau rôle de médiateur dans la sous-région ? La France assurément, dans le cadre d’une démarche géopolitique misait sur 2 miliaires pour stabiliser et maintenir son influence économique et culturelle en Afrique : Blaise COMPAORE en Afrique de l’Ouest et le Président Idriss DEBY en Afrique Centrale. Le Cabinet GMC anticipe l’ère du passage du statut de médiateur individuel à un statut de pool de médiateurs comme semble l’annoncer l’envoi de la troïka formée des Présidents du Nigéria du Sénégal et du Ghana dans le cadre de la médiation de sortie de crise au Burkina Faso.


noorinfo.com)/n

Blaise Compaoré, le balayeur balayé

Ancien militaire putschiste, le président burkinabè Blaise Compaoré, 63 ans, a été à son tour victime d’un coup d’Etat

Ancien militaire putschiste, le président burkinabè Blaise Compaoré, 63 ans, a été à son tour victime d’un coup d’Etat jeudi, l’armée prenant le pouvoir au Burkina Faso après une journée d’émeutes contre le régime.

En 27 ans de règne, Blaise Compaoré s’est imposé comme un incontournable médiateur dans les crises africaines, mais il n’a pas su gérer la contestation populaire dans son propre pays, restant silencieux jusqu’à ce que l’armée annonce la dissolution des institutions et la mise en place d’un régime de transition.

Fidèle à sa réputation d’homme secret, M. Compaoré a longtemps tardé à dévoiler ses intentions, mais l’annonce d’un projet de révision constitutionnelle qui lui permettrait de se représenter à la présidentielle en 2015 a jeté des centaines de milliers de Burkinabè refusant un « président à vie » dans la rue. En octobre encore, le président français François Hollande proposait pourtant de le soutenir pour un poste international s’il renonçait à ce projet, en vain. Mais Blaise Compaoré se jugeait « trop jeune pour ce genre de job ».

« Je n’ai pas envie d’assister à l’effondrement de mon pays pendant que je me repose ou parcours le monde », avançait-il dans un entretien en juillet à l’hebdomadaire Jeune Afrique: il s’y montrait peu empressé de prendre sa retraite, se posant en garant de la stabilité de ce pays sahélien très pauvre.

Né le 3 février 1951 à Ouagadougou, appartenant à l’ethnie mossi, la plus importante du pays, le « beau Blaise », ex-capitaine au physique avantageux, a 36 ans lorsqu’il prend le pouvoir en 1987 par un coup d’Etat, le troisième auquel il participe. Au cours de ce putsch est tué son frère d’armes et ami d’enfance, le capitaine Thomas Sankara, père de la « révolution démocratique et populaire ».

Après la « rectification » au début de son règne, destinée à tourner la page des années Sankara et marquée par l’élimination d’opposants, Blaise Compaoré quitte l’uniforme et, en 1991, rétablit le multipartisme. Cela ne l’empêche pas de modifier deux fois l’article 37 de la Constitution définissant le nombre de mandats présidentiels et leur durée.

En 1991, la Loi fondamentale instaure l’élection du président pour sept ans, renouvelable une fois. L’expression « une fois » est supprimée en 1997, permettant un exercice du pouvoir à vie. Mais « l’affaire Zongo », du nom d’un journaliste retrouvé mort, avec trois autres personnes, alors qu’il enquêtait sur un meurtre impliquant le frère du président, provoque une grave crise politique peu après sa réélection en 1998.

Médiateur de crises ouest-africaines
En 2000, la Constitution est amendée: le septennat devient quinquennat, renouvelable une fois. Le Conseil constitutionnel autorise toutefois la candidature de Blaise Compaoré en 2005, au nom de la non-rétroactivité d’une révision de la Loi fondamentale.

M. Compaoré devait terminer en 2015 son deuxième quinquennat, après avoir effectué deux septennats (1992-2005). Le projet de loi qui a enflammé le Burkina prévoyait de faire passer de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels. Selon ses détracteurs, ce changement aurait permis au président du « pays des hommes intègres » d’ajouter 15 ans de plus aux 28 qu’il aura déjà vécus au sommet de l’Etat.

Blaise Compaoré, qui figurait en sixième position des présidents africains en terme de longévité, est crédité d’avoir placé son petit pays enclavé au c ur de la diplomatie africaine, en s’imposant comme l’un des grands médiateurs dans les crises qui agitent le continent.

Il dispose d’une solide image à l’étranger, notamment en France, malgré des trafics d’armes et de diamants avec les insurrections angolaise et sierra-léonaise épinglés par l’ONU ou sa proximité avec le défunt « Guide » libyen Mouammar Kadhafi et le dictateur libérien Charles Taylor. Il fait actuellement office de médiateur au Mali.

C’est surtout en interne que le pouvoir du dirigeant burkinabè a été le plus sérieusement contesté. De mars à juin 2011, la quasi-totalité des casernes, y compris la garde prétorienne du chef de l’Etat, s’étaient mutinées, parallèlement à des manifestations populaires, ébranlant le régime et forçant le président à quitter momentanément la capitale.

« Lui et son entourage lisent très mal les mutations psychologiques et sociales de la population. Ils continuent à penser que les choses sont comme dans le passé et qu’il est toujours assez fort. Mais en réalité, la confiance, le soutien dont il bénéficiait se sont estompés », estime Siaka Coulibaly, politologue plutôt proche de l’opposition.

Au Burkina, où 60% des 17 millions d’habitants ont moins de 25 ans et n’ont jamais connu d’autre régime, une grande partie de la jeunesse, surtout dans les villes, refuse une perpétuation de son pouvoir. Blaise Compaoré était par ailleurs impopulaire auprès de nombreux Burkinabé et pan-africanistes pour l’exécution, qu’il a toujours nié, de Thomas Sankara, père du Burkina Faso et égérie de la lutte contre le néocolonialisme.

Blaise Compaoré en 2010
Wikimedia Commons/ Damien Halleux Radermecker)/n

Burkina Faso: Il faut arrêter le Capitaine Compaoré!

Par Tene Sop, Secretaire Général du Conseil National pour la Résistance – Mouvement Umnyobiste (CNR-MUN)

Suite à la décision du Capitaine Blaise Compaoré de re-modifier l’article 37 de la constitution afin de se garantir un pouvoir à vie, l’opposition Burkinabè et les mouvements de la société Civile ont appelé à la résistance générale en lançant une campagne de désobéissance civile et une série de manifestations populaires qui ont commencé ce 28 Octobre à Ouagadougou. Les mouvements de protestation qui ont rassemblé plus d’un million de personnes, montrent bien le rejet par le peuple du Burkina, des projets sordides du Capitaine-Président-dictateur Blaise Compaoré.

Monsieur Compaoré en tirera-a-t-il toutes les conséquences ou s’entêtera-t-il à aller au bout de son projet de modification de l’article 37, au risque de plonger son pays dans la guerre civile?

On peut ruser avec le peuple une fois, mais tout le temps!
En 1999-2000, une insurrection populaire faillit emporter de justesse le Capitaine Compaoré, suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, adulé et chouchouté par le peuple Burkinabè. Ce mouvement porté par le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques encore appelé le Collectif National contre l’Impunité, composé de partis politiques de Gauche et des Organisations des Droits Humains avait contraint Blaise Compaoré à des réformes politiques (limitation des mandats presidentiels par l’article 37, nouveau code électoral garantissant la proportionnelle, indemnisations des victimes de la répression d’Etat depuis 1960 et le « grand pardon national » de Compaoré les larmes au yeux, au peuple Burkinabè, pour ses « erreurs »)! Ces réformettes eurent néanmoins le mérite de fragiliser l’unité du Collectif National contre l’Impunité et tuèrent l’élan de mobilisation. Mais la vigilance des forces démocratiques est restée de mise. Depuis 2 ans, elles ont repris la rue, devant les manoeuvres du Capitaine Compaoré visant à rester au pouvoir au dela de son mandat en 2015, ou à opérer une succession de type monarchique au profit de son frère.

En 2015, Monsieur Compaoré devra au terme de l’accord national de 2000, quitter le pouvoir, mais il s’y refuse et tient visiblement à s’accrocher au pouvoir par tous les moyens.

Pourquoi donc cet entêtement à rester au pouvoir? Tout simplement parce que la liste des crimes du Capitaine Compaoré contre le peuple Burkinabè, en 27 ans de pouvoir, est tellement longue que le Capitaine-Président, craint légitimement de se retrouver à la MACO (prison), une fois qu’il aurait quitté le Palais Kossyam en 2015. Et ce, en dépit d’une loi d’amnistie, taillée sur mesure, « pour les anciens Présidents de la République » que Compaoré a fait voter par le Parlement et et dont il est le seul et unique bénéficiaire!


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Il faut mettre fin à la logique du coup d’état permanent du Capitaine Blaise Compaoré!

Les deux déterminations en présence: celle du peuple Burkinabè à faire respecter l’article 37 de la constitution et celle du Capitaine putschiste de se maintenir au pouvoir vaille que vaille, laisse penser qu’on va vers un affrontement inéluctable à Ouagadougou entre les forces en présence. Il faut protéger le peuple Burkinabè contre les prochaines tueries du Capitaine Compaoré. L’entêtement du Capitaine Compaoré à vouloir modifier l’article 37 n’est plus ni moins qu’un coup d’état, qui doit être considéré et traité comme tel par les Institutions Africaines et Internationales. Le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, doit très rapidement prendre des sanctions contre Monsieur Compaoré afin de l’empêcher d’aller au bout de ses funestes desseins. Il faut agir vite, le temps presse.

Considérant la situation politique actuelle au Burkina Faso, le Conseil National pour la Résistance – Mouvement Umnyobiste (CNR-MUN):

1. Apporte son soutien sans faille et celui de tout le peuple Camerounais, au vaillant peuple Burkinabè, à sa société Civile et à ses organisations d’avant-garde

2. Salue le rôle essentiel joué par les Organisations de Gauche que sont PDS/METBA, l’UNIR/PS, PCRV… dans la mobilisation courante

3. Demande à la Gauche Africaine de soutenir massivement la révolte du peuple Burkinabè contre le régime tyrannique du Capitaine Compaoré

4. Invite le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine à prendre des sanctions contre le régime Burkinabè afin d’empêcher énième coup d’état du Capitaine Compaoré, en cours à Ouagadougou.

5. Appelle le Capitaine putschiste Blaise Compaoré à tirer toutes les conséquences de l’immense mobilisation du peuple Burkinabè contre le tripatouillage de l’article 37 et à quitter pacifiquement le pouvoir.

6. Décide de rester informé sur la situation explosive au Burkina qui, en plus des terroristes de Boko Haram et des Djihadistes du Sahel, fait peser de sérieuses menaces sur la stabilité de la sous région Ouest-Africaine.

La lutte continue,

Pour la Patrie et l’Afrique, nous vaincrons
Fait à Berlin, ce 28 Octobre 2014


DR)/n

Disparition de Guerandi: le CODE reçu à l’Ambassade du Burkina Faso

Par le C.O.D.E.

Une délégation des membres du CODE (Collectif Démocratique et Patriotique des Camerounais de la Diaspora) a été reçue à leur demande le jeudi 23 octobre à l’Ambassade du Burkina Faso à Bruxelles. L’objet de cette audience était de parler de vive voix avec frères Burkinabé de la disparition du Capitaine Guerandi Mbara.

La délégation du CODE était composée du Secrétaire National à l’Organisation Marcel Tchangue, du secrétaire général Simplice Kameni et du secrétaire à la Communication Roufaou Oumarou. Ils ont été reçus par Monsieur le Ministre Conseiller Dieudonné Kere du Service Politique et Madame Nebie du Service Consulaire.

Au cours de l’audience, les représentants du CODE ont eu des échanges très fructueux avec deux hauts responsables de l’Ambassade du Burkina auprès du Royaume de Belgique. Ils ont expliqué de vive voix aux frères Burkinabé la préoccupation de l’opinion publique camerounaise suite à la disparition du Dr. Guerandi Mbara ainsi que les actions politiques et diplomatiques entreprises pour faire la lumière sur cette disparition, sans oublier de préciser ce qu’ils espèrent de l’Etat Burkinabé.

Le Capitaine Guérandi Mbara était le seul survivant parmi les principaux auteurs du coup d’Etat manqué du 6 avril 1984 contre le Président camerounais Paul Biya. Après avoir échappé à la répression, il s’était réfugié au Burkina Faso où il vécut pendant plus de 28 ans, jusqu’à sa disparition début 2013.

Dans son édition n°2801 du 14 au 20 septembre 2014, le Journal Jeune Afrique, après des enquêtes journalistiques menées au Cameroun et en Europe apprend à l’opinion publique que l’e- membre des forces armées camerounaises et opposant en exil au Président Paul Biya a été enlevé le 25 janvier 2013 à Sofia en Bulgarie puis drogué et ramené de force au Cameroun, vers Douala notamment, pour être livré aux services spéciaux camerounais entre les localités de Puma et d’Édéa. Il aurait été par la suite sommairement exécuté et inhumé clandestinement.
Depuis la publication de cette information le CODE travaille méthodiquement au Cameroun et à l’étranger pour apporter la lumière sur le sort du Capitaine Guérandi et livrer à la Justice ceux qui seraient responsables de son enlèvement et de son assassinat.

Dans les semaines à venir le CODE, qui sera également reçu à la Commission et au Parlement Européen, mènera en collaboration avec ses partenaires locaux des actions et enquêtes sur le terrain dans les différents pays européens cités dans l’article de Jeune Afrique.

La Cellule de Communication du Code


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