La coopération au développement est-elle efficace ?

Le gouvernement et les partenaires techniques et financiers du Cameroun se retrouvent au cours d’un symposium national ouvert ce jour pour évaluer leurs actions

L’aide ne marche pas ! C’est la proposition radicale d’une auteure dont le livre publié en 2009 a été un bestseller aux Etats-Unis. Publiant « l’aide fatale », Dambisa Moyo, économiste zambienne a relevé que de 1960 à 2010, plus de deux mille milliards de dollars d’aide étrangère ont été transférés des pays riches vers les pays pauvres, l’Afrique étant de loin la principale bénéficiaire de cette manne. Elle a servi, selon l’auteure, à rendre plus riche les dirigeants en paupérisant davantage la population.

L’Afrique subsaharienne (45 pays sur les 54 du continent) est par exemple toujours citée dans les rapports du FMI comme la région la plus à la traîne dans le monde. Pour Dambisa Moyo l’aide crée la dépendance en voyant le destin d’un pays organisé par des étrangers. Pour des économistes du développement comme Christian Comeliau, auteur de « Mythes et espoirs du tiersmondisme », la coopération au développement, pour être efficace, devrait prendre en compte le caractère politique, les choix internes des stratégies de développement en se bornant à un appui strictement technique à l’exécution de ces choix.

C’est ce qu’aurait apporté le Forum de Busan dont les partenaires techniques du Cameroun évaluent dès ce 18 mars à Yaoundé jusqu’au 20 mars 2014, l’implémentation au niveau national ainsi que la volonté du pays « de poursuivre ses efforts vers un développement efficace ».

Le deuxième symposium national rassemble divers partenaires techniques et financiers comme ONU Femmes, le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (Unicef), l’ambassade de France au Cameroun, la Coopération allemande, l’Union européenne, l’agence sud-coréenne pour la coopération internationale (Koica), la Banque africaine de développement (BAD), le Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud).

D’après un rapport d’évaluation de la coopération entre le Cameroun et l’Union européenne, présenté à Yaoundé en début février 2014, le pays est présenté comme une économie à revenu intermédiaire, ayant par ailleurs une faible dépendance à l’aide au développement, qui constitue moins de 3% de son Produit intérieur brut. Contrairement à des pays comme le Rwanda où cette aide représente plus de 40% du budget de fonctionnement du pays.

Parler d’ « efficacité du développement » et non plus d’ « efficacité de l’aide ». Tel est le changement de vision majeure qu’a apporté le quatrième Forum de haut-niveau sur l’efficacité de l’aide qui s’est tenue à Busan en Corée du Sud en décembre 2011. Une dizaine d’indicateurs ont par la suite été conçus, au plan international pour apprécier les avancées du Forum de Busan : rôle du secteur privé et de la société civile, coopération Sud-Sud, transparence dans la gestion, etc.

A Busan en 2011, les décideurs ont les bailleurs de fonds ont décidé d’encourager des mesures plus inclusives
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Un premier symposium pour l’évaluation des indicateurs du Forum de Busan au Cameroun qui a eu lieu en mai 2012 a permis d’élaborer des recommandations portant sur divers points : Importance de la bonne gouvernance, coordination des acteurs du développement, transparence et rôle de la société civile pour assurer un suivi indépendant. Dernier et non le moindre, le premier symposium entre le Cameroun et ses partenaires au développement a permis d’évaluer la pertinence des programmes par rapport aux orientations élaborées dans le Document de stratégie pour la Croissance et l’emploi (Dsce), boussole du gouvernement en matière de politiques macroéconomiques.

Cette concertation entre les partenaires du Cameroun, le gouvernement et les représentants de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Ceeac) va permettre de préparer la réunion ministérielle qui aura lieu au Mexique en avril 2014. Ici, on évaluera les progrès éventuels des 160 pays qui ont adhéré au « Partenariat mondial pour une coopération efficace au service du développement », élaboré en 2011 à Busan.

Le deuxième symposium national entre le gouvernement et les partenaires techniques et financiers vise à apprécier les efforts du Cameroun sur la voie du développement
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