«Call-box»: vers une sortie de crise ?

Après trois jours d’arrêt de travail, le syndicat regroupant les vendeurs de crédit de communication du Cameroun a décidé de lever provisoirement son mot d’ordre de grève jeudi, pour une semaine

Le Syndicat des délégués et commerciaux distributeurs des produits des télécommunications au Cameroun (Sydecdiprotec) a décidé, ce jeudi, 10 mars, de lever la grève entamée lundi. Après trois jours d’arrêt de travail, les vendeurs de crédit de communication au détail ont été appelés à reprendre leurs activités en attendant la tenue d’une prochaine réunion entre toutes les parties prenantes à cette question, dans une semaine.

«Nous sommes en voie de trouver des solutions à nos revendications», a assuré à Journalducameroun.com Dominique Doumeni, vice-président de ce syndicat. «La grève a été suspendue pour une semaine en attendant la réaction des opérateurs de téléphonie», a-t-il ajouté, soulignant que le Sydectiprotec avançait au cas par cas. De ce fait, parmi les préoccupations formulées sur les tracts annonçant la grève des «call-boxeurs et call-boxeuses» le 07 mars dernier, une question sur trois a été étudiée: l’octroi de 50% de bénéfices sur les achats de crédits de communication (contre 5% avant la grève, ndlr). Les récriminations liées aux tracasseries de la Communauté urbaine seront donc examinées «après».

La reprise du travail a été décidée à l’issue d’une réunion présidée par la ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), Minette Libom Li Likeng, d’après un communiquée par elle rendu public ce jeudi. La réunion a vu la présence de son département ministériel, de l’Agence de régulation des Télécommunications (ART), du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, des représentants des opérateurs des télécommunications (Camtel, Orange Cameroun, MTN Cameroun, Nexttel), ainsi que le Sydecdiprotec et la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun.

Négociations
La prochaine réunion, selon le communiqué du Minpostel, a été convenue pour le 16 mars prochain, en attendant «les réactions écrites des opérateurs de télécommunications aux 13 revendications présentées par les syndicats». Il a été également convenu entre les parties prenantes que les cartes SIM bloqués des call-boxeurs et livreurs, du fait de la grève, soient débloqués dans l’«immédiat».

La vente de crédit de communication au détail est une pratique très répandue au Cameroun et familière des utilisateurs de mobile. Généralement, l’usager peut acheter ici des «unités» à un montant (100 F CFA, 200, 300, etc.) n’existant pas dans les cartes prépayées proposées par les principaux opérateurs. Le mobile-money, déjà proposé par MTN et Orange Cameroun, permet cependant de régler le problème.

Le vice-président du Sydecdiprotec a indiqué à Journalducameroun.com que «près de 22 000» acteurs, pratiquant la vente du crédit de communication au détail, sont recensés dans les deux principales villes du Cameroun (Douala et Yaoundé). Parmi les doléances qui font encore l’objet de négociations, figurent: la non restriction géographique des détaillants dans l’approvisionnement en crédit de communication, pratique connue sous le nom de zoning; la détermination du statut juridique du livreur et du call boxeur.


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Yaoundé: les «call-box» en grève

Ils ont effectué un arrêt de travail lundi, 07 mars, pour exiger l’amélioration de leurs conditions de travail et leur rémunération

«Je voudrais un transfert de 1000 F CFA », demande une dame, au tenancier d’un kiosque de vente de crédit de communication, situé à moins d’une dizaine de mètres de l’entrée principale de l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale, au quartier Essos à Yaoundé. «Il n’y a pas de crédit», répond le vendeur. «Puis-je appeler Orange?» (ce qui sous-entend un abonné à Orange, l’une des compagnies privées de téléphonie mobile au Cameroun) ? renchérit la cliente. «Non!» répond le tenancier du «call-box», nom populaire des kiosques permettant d’acheter du crédit de communication en détail au Cameroun. La scène, vécue par le reporter de Journalducameroun.com, qui se déroule ce lundi matin, 07 mars 2016, n’est pas isolée. Les propriétaires de «call-box», voisins à celui que nous avons rencontré en premier, donnent spontanément la même réponse à tous les clients, certains indiquant clairement même les raisons de cette situation: «nous sommes en grève!».

La grève a été annoncée dans des tracts remis aux tenanciers de «call-box» et autres vendeurs ambulants de crédit de communication. «Le gouvernement ayant sollicité un report de trois semaines de la grève prévue le 10 février 2016 pour donner réponse à nos revendications et notre situation ne s’étant pas améliorée, nous sommes tous invités à un arrêt de travail en restant chez nous le lundi 07 mars 2016 jusqu’à ce que Camtel, Orange, MTN et Nexttel (tous opérateurs de téléphonie au Cameroun) améliorent nos conditions de travail et de rémunération», écrit le «Syndicat des call-boxeurs, call-boxeuses et livreurs» (Sydecdiprotec).

Et de préciser: « c’est-à-dire 50% des bénéfices sur les achats de crédits de communication, la capacité d’exercer sans être dérangé par la Communauté urbaine (Awara); les solutions pour la récupération de nos crédits volés et soutirés dans nos comptes…»

Un « call-box » à Yaoundé. Ici, on fait la grève!
Journalducameroun.com / Eugène C. Shema)/n

Grève à deux vitesses
Les revendications auraient été posées par le Sydecdiprotec depuis le 17 novembre 2015. La grève du 07 mars résulte d’une autre, fixée au 10 février 2016 et reportée.

«Vendre 10 000 F CFA de crédit pour avoir un bénéfice de 500 F CFA, c’est ridicule», explique un propriétaire de call-box pour, lui aussi, cautionner cette grève.

Tous n’ont pourtant pas suivi l’arrêt de travail spontanément. Le reporter de Journalducameroun a pu effectuer l’achat de crédit d’une valeur de 500 F CFA de l’opérateur Orange, auprès d’un «call-boxeur» qui, tout en affirmant être au courant du mot du syndicat, a justifié son acte en questionnant : «Je fais quoi du crédit acheté (auprès d’un livreur) et que je dois rembourser?». Un autre indique qu’il suit le mouvement malgré lui parce que les livreurs qui ravitaillent les call-box ont eux-mêmes «décidé de rester à la maison». «J’avais 5000 F CFA en matinée, j’ai tout vendu. Malheureusement le livreur est en grève», affirme-t-il.

Le tract distribué aux « call-boxeurs » et « call-boxeuses » sur la grève du 07 mars 2016
Journalducameroun.com / Eugène C. Shema)/n

Call box: L’ART revoie les règles du marché

L’organe en charge de ce domaine, après une descente sur le terrain a pris des mesures afin d’aboutir à des baisses directes des tarifs

L’Agence de régulation des télécommunications (ART) dans un communiqué paru dans le quotidien national Cameroon-tribune, a clarifié les rôles des call-box et des concessionnaires de téléphonie mobile au sujet des bonus d’appels. En effet dans le cadre du suivi des segments du marché des télécommunications au Cameroun, l’ART a relevé plusieurs dysfonctionnements Les communications téléphoniques passées dans les call-box sont désormais facturées aux tarifs des offres de base destinées aux clients prépayés des concessionnaires de téléphonie mobile. L’agence a aussi relevé que les détaillants proposent des tarifs inférieurs à ceux proposés par les opérateurs à leurs clients directs. Ils jouent sur leurs bonus et sur leurs marges bénéficiaires et relève légèrement les tarifs. Il y a aussi le fait que la redistribution des bonus à leurs clients par les tenanciers de call-box et considéré par les opérateurs de téléphonie mobile comme étant de la concurrence déloyale.

Néanmoins, l’ART rassure que le phénomène observé dans les call-box ne constitue pas une hausse des tarifs publics de communication mais une fluctuation de la répartition des marges bénéficiaires dans la chaîne de distribution du trafic téléphonique. Et que l’agence n’adhère pas à la pratique des bonus dans les cabines téléphoniques. Au contraire elle a toujours fortement recommandé que la baisse des tarifs ne soit pas diluée dans ces bonus afin de permettre à tous les consommateurs de tirer profit des effets positifs du marché. Un texte réglementaire pour toutes les activités de revente ainsi que les relations entre acteurs a été proposé dans le but d’aboutir à des baisses directes des tarifs sans tenir compte des bonus pratiqués par les opérateurs.

L’ART revoie les règles du marché
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Commerce: Les Call box envahissent les rues du Cameroun

L’activité qui connait un essor remarquable contribue à la lutte contre le chômage

C’est à cause du chômage que je fais ce métier, le monde de l’emploi est tellement difficile surtout que tu peux travailler pour quelqu’un aujourd’hui et demain il te met à la porte ou alors l’entreprise peut faire faillite. Ici je suis ma propre patronne et je ne me plains pas.
Liliane, une Call boxeuse

Parmi les activités du secteur informel les plus en vue actuellement au Cameroun figurent en bonne place les Call box. Cette activité occupe de milliers de jeunes. Le moins que l’on puisse dire est que les Call box ont le vent en poupe. Les Call boxeurs et Call boxeuses rencontrés ce matin dans les rues de la capitale camerounaise, disent gagner dignement leur vie grâce à ce métier.
Pour Liliane, une Call boxeuse, « c’est à cause du chômage que je fais ce métier, le monde de l’emploi est tellement difficile surtout que tu peux travailler pour quelqu’un aujourd’hui et demain il te met à la porte ou alors l’entreprise peut faire faillite. Ici je suis ma propre patronne et je ne me plains pas ». Pour monter sa petite entreprise il lui a fallu trouver une somme de 100.000francs CFA une table, un tabouret et un banc pour ses clients, deux téléphones portables ayant chacun une puce commerciale de l’un des opérateurs de mobile en activité au Cameroun. A cela il faut ajouter un crédit de communication d’au moins 30.000 francs CFA. Liliane a également un cahier pour noter les différents appels émis par les clients et le montant payé par ceux-ci. Si au départ les coûts des appels étaient fixés à 150 francs, ces prix ont été revus à la baisse. Aujourd’hui un appel émis (de 0 à 59 secondes) coûte 100 francs CFA voire 75 francs CFA. Ces prix subissent des mutations à cause de la concurrence.
Pour mener à bien son busness Liliane doit payer aux services de la communauté urbaine une somme de 2000 francs CFA par mois pour « l’occupation temporaire de la voie publique, OTVP». Visiblement l’activité du Call box nourrit son homme. Pour Flore une autre Call boxeuse qui travaille à côté de l’immeuble T Bella en face du ministère de la communication, « chaque jour je peux faire un bénéfice de 2000 francs ce qui revient à 60000 francs CFA par mois ». Certains Call boxeurs, les plus futés vendent également d’autres accessoires comme les cigarettes, les bonbons, les arachides, les caramels etc.


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A Yaoundé les Call box sont plus présents dans les grands centres urbains, les entrées des marchés, les centres commerciaux, les hôtels etc. Mais il faut dire que les exploitants des Call box font face à de nombreuses difficultés. Il s’agit des intempéries, notamment le climat avec ses caprices. Quand il pleut, le parasol n’est pas assez suffisant pour contenir la pluie, conséquence il faut tout emballer. Liliane et flore parlent aussi des agressions, de la circulation de la fausse monnaie et surtout « la malhonnêteté des clients dont les appels tombent au répondeur et refusent de payer » se plaint flore. En plus, selon elle, certains transferts de crédit de communication effectués tardent à parvenir au destinataire. Et celui-ci n’est pas toujours honnête pour revenir payer. En fin elle parle des problèmes de réseau qui mettent parfois l’activité au ralenti.

Il faut dire que cette activité prend son envol au Cameroun pour des raisons économiques. Le téléphone portable qui venait d’arriver au Cameroun n’était pas à la portée de tout le monde et les communications étaient encore plus chères. En palliant à cette situation par les Call box, les opérateurs économiques en ont fait tout un métier, qui nourrit aujourd’hui de nombreuses familles Camerounaises.


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