Guinée: Dadis doit-il oui ou non vivre au Mali?

L’ex chef de la junte guinéenne devrait s’installer au Mali pour poursuivre sa convalescence à Sélingué, une ville proche de la frontière guinéenne

L’hebdomadaire jeune Afrique indiquait vendredi dernier dans ses colonnes, la venue prochaine de l’ancien homme fort Guinéen Moussa Dadis Camara. C’est la ville de Sélingué, située à environ 150 km de Bamako et une centaine de kilomètres de la Guinée voisine, qui accueillera Dadis. La date de son arrivée probable est prévue dans à peu près 6 mois.

Qu’en pensent les maliens?
Mahamadou Camara, journaliste malien: Je ne suis vraiment pas pour une éventuelle venue du capitaine Dadis Camara au Mali. Son séjour peut être facteur d’instabilité sociale dans notre pays, parce que cela risque d’encourager le narcotrafic. Sélingué court le risque d’être le lieu de transit de plusieurs produits stupéfiants qui ne n’augureront sur rien de bon.

Abdoulaye Coulibaly, directeur d’une entreprise privée: Je ne vois aucun inconvénient à ce que Dadis vienne au Mali. S’il a envie de venir ici, c’est simplement parce qu’il a des amis au Mali et ses compagnons d’arme de l’EMIA. En plus, la Guinée et le Mali sont deux pays voisins qui partagent les mêmes coutumes, cultures et traditions. Ce n’est pas du tout pareil qu’au Burkina Faso où il n’a aucun repère. Aucun homme sur terre n’est parfait, et tout le monde mérite une seconde chance. Dadis le mérite. Il a fait quelques erreurs c’est vrai, mais ça ne l’a pas empêché de combattre les trafiquants de drogue et d’armes et aussi, d’essayer de ramener le Guinéen sur le bon chemin. Il a beaucoup contribué à la lutte contre la corruption. Je ne pense pas qu’il constitue une menace pour le Mali. Alors là, pas du tout. Il est le bienvenu chez nous comme tous les Guinéens.

David Dougnon, fonctionnaire d’Etat [i Vous savez, le Mali est une terre d’accueil, d’hospitalité et de générosité. Tous ceux qui souhaitent venir dans notre pays, sont les bienvenus. Le capitaine Moussa Dadis Camara sera toujours le bienvenu ici. Il n’y aucune raison que sa présence chez nous, soit source de conflit ou de tension. Bien au contraire, le climat d’ici, lui permettra de ne pas se sentir dépaysé comme c’est le cas au Burkina. Que ceux qui restent septiques soient sûrs que nous ne courons aucun danger. Dadis ne sera le facteur d’aucune tension.»

Mme Sidibé Mame Camara, Professeur d’université: Très franchement, je ne suis pas pour une éventuelle venue du capitaine Dadis au Mali. Cela risque d’aiguiser beaucoup trop d’envies. Notre pays connait déjà des troubles au nord. S’il faut qu’en plus de cela, Mr Camara vienne s’installer à Sélingué qui n’est pas loin de la Guinée, il y aura des problèmes. D’abord, la zone sera sujette à des trafics de toutes sortes (drogue, armes, et même de personnes). Ensuite, certains partisans de Dadis voudront qu’il retourne au pays. Des conflits d’intérêts vont se poser et cela va créer des foyers de tension dans cette partie du pays, en plus de celui qu’on connait déjà au nord. Au regard donc de tous ces aspects, je juge inopportun, la présence de l’homme au Mali.

La prochaine venue du capitaine Dadis Camara est diversement appréciée par les maliens. Tout compte fait, si les élections guinéennes prévues pour le mois de juin prochain se déroulent comme prévues, Dadis arrivera au Mali plus de trois mois après le scrutin présidentiel.

Dadis Camara à son arrivée au Burkina
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Guinée Conakry: Vers l’organisation d’élections libres

Après des jours d’intenses tractations, le Capitaine Dadis Camara accepte de rester en exil au Burkina Faso

C’est la conclusion à laquelle sont parvenues les parties en présence impliquées dans la crise guinéenne, dont le paroxysme avait été la tentative d’assassinat de Dadis Camara. Le chef de la junte blessé par balle à la tête avait été évacué vers le Maroc où il avait reçu des soins adéquats. Ces derniers temps son retour sur la scène internationale avait réveillé les démons de l’instabilité politique à Conakry. Le médiateur Blaise Compaoré du Burkina Faso avait alors repris les rênes des négociations entre les différentes forces en présence à Ouagadougou.

Dadis Camara a été débarqué à Ouagadougou pour y poursuivre sa convalescence. Pendant ce temps le Président intérimaire Sekouba Konaté y a été dépêché. Autour d’une table, ils ont discuté. La communauté internationale souhaitait ardemment le maintien en exil au Burkina de Dadis Camara. Ce qui a été obtenu. Par ailleurs le Président par intérim a été chargé d’organiser dans les six mois à venir des élections libres. Elles auraient dû se tenir en ce mois de janvier 2010 si le pays avait été stable.

Vers un retour à la paix ?
Dans six mois donc, les Guinéens devraient être convoqués pour élire un nouveau président. Le Chef de la junte déchu affirme dans une allocution avoir signé cette sortie de crise en pleine confiance tout en restant disponible pour apporter sa contribution aux acteurs de la transition. Son maintien en exil fait ainsi échec à une partie de ses lieutenants qui souhaitaient son retour en terre guinéenne. Acteur de premier plan de la transition, le Président Konaté continue son mandat. Il doit désormais procéder la plus rapidement possible à la nomination d’un Premier ministre de la transition. En effet, l’accord de Ouagadougou prévoit la création d’un conseil national de transition et la mise en place d’un gouvernement d’union dirigé par un Premier ministre, président du Conseil des ministres, issu des Forces vives (opposition, syndicats et société civile) et l’organisation d’élections «dans six mois».

Les Forces vives qui ne se sont pas toujours entendus sur un nom commun, redoutaient depuis quelques jours la proximité de Dadis Camara. La tension était montée d’un cran dans les rues de Conakry lorsqu’un collectif de militaire avait réclamé à la télévision guinéenne le retour du Capitaine déchu.

Blaise Compaoré entre Sekouba Konaté en tenue (le président par intérim) et Dadis Camara (le président déchu)
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Guinée : Moussa Dadis désormais hors-jeu ?

Cela fait bientôt 2 semaines que le capitaine Moussa Dadis Camara a été victime d’une tentative d’assassinat. Son retour au pouvoir est-il envisageable ?

Une balle dans le crâne
Dadis a reçu une balle sur la boite crânienne, ce qui n’est pas anodin et risque de laisser de lourdes séquelles. Son rétablissement prendra donc sans doute du temps. Cet épisode contribue à son effacement du jeu politique guinéen pour un moment, ce qui provoque l’interrogation suivante : qui pourra diriger la Guinée en son absence? Tout semble montrer que le nouvel homme fort du régime est le ministre de la défense et numéro 3 de la junte, le général Sékouba Konaté, devenu chef de l’Etat par intérim depuis quelques jours. Notons que ce dernier avait été l’homme clé du coup d’Etat, au lendemain de la mort du général Lansana Conté. Certains pensent même que Dadis n’a été qu’un pion dans le jeu du CNDD et qu’à long terme, il aurait été éliminé de l’échiquier politique par ses compagnons. Mais cela arrange t-il pour l’autant l’opposition qui devra maintenant s’adresser à un général populaire, réputé intelligent et qui a de nombreux faits d’armes à son actif?

Soutien International
Ancien commandant du bataillon autonome des troupes aéroportées (BATA, l’unité d’élite de l’armée guinéenne), le général Konaté est devenu le vrai patron grâce au fait que le numéro 2 de la junte, le général Mamadou Bah Toto Camara, qui devait diriger le pays en l’absence de Dadis, est sous traitement au Maroc depuis plusieurs semaines. Il est donc hors-jeu comme Dadis. A peine arrivé à la tête du pays, le général reçoit le soutien de la communauté internationale (Etats-Unis, France et certains pays africains), qui le juge plus fiable. La crédibilité du général tient au fait qu’il était absent de Conakry lors du massacre de plus de 150 opposants le 28 septembre dernier. Certaines sources expliquent que les relations entre Dadis et Konaté étaient assez froides, le général ayant reproché à Dadis de se laisser manipuler par certains membres du CNDD afin de se maintenir au pouvoir, et de ne pas respecter ses engagements de départ.

Konaté laissera-t-il Dadis revenir ?
Vu les tensions existant entre les deux hommes, et l’aura dont bénéficie Konaté, de nombreux observateurs se demandent si ce dernier rendra le pouvoir à Dadis. Mercredi 9 septembre, il a effectué une tournée générale dans tous les camps militaires de la capitale Conakry, en demandant aux soldats de se ressaisir et de revenir à toute discipline requise. «L’armée est indivisible, nous sommes une famille », a t-il martelé aux soldats. Le général semble maitriser la situation dans un pays sous haute tension et il jouit d’une certaine stature qui le ferait respecter des hommes de la junte, à l’inverse d’un Dadis, colérique et imprévisible.


Jacques Leclerc)/n

Guinée : Le CNDD accuse la France de tentative de coup d’Etat

Le porte-parole du CNDD, Chérif Idriss accuse les services Français de tentative de coup d’Etat contre Dadis Camara La junte suspend les négotiations à Ouagadougou.

Les arguments d’Idriss Chérif
Chérif Idriss, porte-parole du gouvernement Guinéen, a ouvertement accusé le ministre Français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et des Services français d’avoir tenté un coup de force contre la junte guinéenne. Il affirme qu’il y a quatre jours, Bernard Kouchner a reçu l’opposant guinéen Alpha Condé. Ensemble, ils ont appelé le président de la commission de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas (ce dernier avait en fin de semaine, demandé un isolement pur et simple de la junte maintenant que Dadis ne constitue plus d’obstacle). Ils lui ont demandé de faire des déclarations et essayer de prendre contact avec des gens au pays afin de préparer un coup d’Etat en l’absence de Dadis.

Le ministre a par ailleurs réaffirmé que la tentative d’assassinat du lieutenant et aide de camp Toumba Diakité, était une tentative de coup d’Etat. Et d’ajouter que « des services français seraient impliqués ». Le ministre dit tenir ces informations des personnes arrêtées suite à l’agression du chef de la junte. Il affirme que ce n’était pas juste un attentat mais, un coup d’Etat manqué. Il informe également nous allons faire passer les individus arrêtés, à la télévision et ils vont expliquer comment tout ceci a été organisé. Signalons que Bernard Kouchner (ministre français des affaires étrangères) avait déjà eu affaire aux militaires guinéens lorsque Dadis lui disait que la guinée n’est pas une sous-préfecture de la France , après les avoir désavoué publiquement après les massacres de 28 septembre.

La France dément
Suite aux déclarations du ministre guinéen, le porte parole du Quai d’Orsay Bernard Valéro a déclaré la France dément énergiquement ces rumeurs absurdes et rappelle la priorité de la tenue d’élections. Il n’y a pas de temps à perdre en polémique stérile. Selon un habitant de Conakry, les militaires font des fouilles et descentes quotidiennes dans les coins et recoins, dans l’espoir de retrouver le lieutenant Toumba Diakité toujours en fuite. La semaine dernière, des militaires guinéens auraient tiré sur un marabout, arrêté un Imam, un coiffeur et mis un nombre important de personnes sous les verrous. Ces derniers dont les familles n’ont pas été vues depuis lors, sont accusés de complicité avec l’aide de camp Toumba Diakité.

La junte suspend les négociations de sortie de crise
Le conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), suspend toute négociation sur les négociations de sortie de crise se déroulant à Ouaga (Burkina Faso). Il informe ne retourner à la table des négociations que, lorsque leur chef Dadis sera de retour. Dans cette annonce faite hier à la RTG, la télévision nationale, le colonel Moussa Keita du CNDD, informe : La junte attendra le temps nécessaire au retour de Moussa Dadis Camara avant de revenir dans le processus même si le retour aux affaires doit prendre un certain temps.

Notons que ces déclarations ne réjouissent guère les forces vives de Guinée qui espéraient une participation du CNDD à la rencontre du dimanche à Ouaga. Surtout qu’ils clament depuis longtemps le départ du capitaine Dadis. Le colonel précise qu’ils demanderont un report de cette réunion puisque, la junte suspend juste les négociations, ce n’est pas pour autant qu’elle est contre.

Moussa Dadis Camara et le médiateur Blaide Compaoré
Rfi.fr)/n

Yerim Seck à Dadis: « Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur! »

Le journaliste sénégalais du magazine « Jeune Afrique » répond aux accusations d’extorsion de fonds au chef de la Junte guinéenne

M. le président autoproclamé.

J’avais pris sur moi, la première fois où vous m’aviez consacré un violent épisode du « Dadis Show », de ne pas répondre à vos insultes. Par égard pour les millions de Guinéens que vous incarnez aujourd’hui – malheureusement de la plus piètre des manières -, je m’étais résolu à laisser passer.

Mais vous avez récidivé, sans doute parce que vous avez senti l’inefficacité de vos premières accusations. Le 1er octobre, jour du 51ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, vous m’avez fait l’honneur, dès que vous avez fini de déposer la gerbe de fleurs sur la Place des martyrs, de passer 15 minutes à parler de moi, en guise d’adresse aux Guinéens.

Je vous remercie, M. le président autoproclamé, d’accorder autant d’importance à ma modeste personne et de me faire une aussi grande publicité. Je ne puis toutefois pas, cette fois-ci, passer sous silence vos accusations et vos attaques ô combien violentes. Vous prétendez que je vous ai proposé de vendre les mines de Guinée à des Iraniens, en contrepartie d’une commission que vous et moi allions nous partager. Ce mensonge est d’une désarmante grossièreté. Je n’ai jamais connu un Iranien de ma vie. Je ne me suis jamais rendu en Iran – ce qui, dans le contexte du monde actuel, se vérifie aisément. Je me suis retrouvé une seule fois en présence d’une personne de nationalité iranienne : c’était à l’occasion d’une réunion de rédaction à Jeune Afrique à laquelle était convié un réfugié politique qui venait nous parler de son pays.

Pour donner du crédit à vos élucubrations, vous avez ajouté : « Je connais bien Yérim Seck. Il a étudié à l’université de Conakry. » Vous ne me connaissez pas, M. le président autoproclamé. Pour votre information, je suis arrivé en Guinée pour la première fois en septembre 1995. Expert-juriste de la représentation guinéenne du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), j’ai participé à la conception et à la rédaction de nombre de textes relatifs aux questions de démocratie et de droits de l’homme. En 1998, par exemple, en qualité de conseiller juridique pour le compte du PNUD, j’ai rédigé le premier draft du texte régissant le Haut conseil aux affaires électorales (HCE), la structure qui a supervisé et conduit le processus menant à l’élection présidentielle de décembre 1998. En 2000, pour combler un vide qui était durement ressenti par les chercheurs et les praticiens du droit, mais également par les bailleurs de fonds et par tous ceux qui s’intéressent aux questions relatives aux droits de l’homme et à la démocratie dans votre pays, j’ai coécrit, avec le très compétent magistrat Yaya Boiro, La justice en Guinée, une uvre de doctrine juridique qui fait jusqu’aujourd’hui office de référence sur la question. Presque toutes les universités américaines et européennes comptent au moins un exemplaire de cet ouvrage dans leur rayon « Droit comparé ».

Parallèlement à ces activités scientifiques, je collaborais avec un avocat d’affaires réputé de Conakry et dispensais des cours de Libertés publiques au Centre de formation des magistrats et de Droit administratif à l’université Gamal Abdel Nasser. Je suis très fier d’avoir participé à la formation de milliers de jeunes Guinéens que je croise aujourd’hui un peu partout dans le monde. Certains d’entre eux sont aujourd’hui à des positions importantes. Il y a quelques jours, j’en ai rencontré un, qui est devenu conseiller juridique dans une grande banque française.

M. le président autoproclamé, pendant que vous trafiquiez avec le carburant de l’armée guinéenne (je reviendrai dans ce blog sur toutes vos magouilles à l’intendance militaire, preuves à l’appui), j’essayais de contribuer à faire avancer le droit dans votre pays.

Au cours de mon séjour en Guinée, j’ai rencontré Fanta Konaté, issue d’une grande famille de Siguiri, que j’ai épousée en 1997. Elle m’a donné une fille et un garçon qui ont la double nationalité guinéenne et sénégalaise. Je porte la Guinée dans ma chair et dans mon sang. Voila pourquoi je ne peux, pour ne pas faire honte à ma descendance, agir comme les plumes et les voix que vous avez achetées. J’ai honte pour toute la lignée de ces personnages qui, au soir du jour où vous avez fait tuer des centaines de Guinéens, ont pris la parole dans des médias étrangers pour faire leur beurre sur le sang de leurs compatriotes.

M. le président autoproclamé,

Les graves erreurs factuelles dont regorgent vos attaques haineuses contre moi ôtent toute crédibilité à celles-ci. Je peux vous raconter jusque dans le détail ce qui s’est passé dans cette réunion au cours de laquelle un de vos conseillers a dit : « A la guerre comme à la guerre. Yérim Seck vous a sali, il faut le salir. Je vais dire que vous lui avez donné des milliers de dollars. » Je suis d’autant moins sensible à ce type d’argument qu’il en est devenu usé à force d’être galvaudé. J’aurais été multimillionnaire en dollars si j’avais reçu les sommes que ceux que mes articles gênent estiment que j’ai encaissées. Cette rengaine ne me désarçonnera point, et ne m’empêchera jamais de piquer la plume dans la plaie, de révéler ce que l’on cache, de montrer, au-delà des diatribes enflammées, le Dadis affairiste qui est en train de piller la Guinée avec des proches issus de sa famille et de son ethnie.

M. le président autoproclamé,

Vous m’avez accusé d’être un mendiant. Vous êtes le plus grand et le plus illustre des mendiants. Vous êtes mendiant jusqu’à la caricature. Au point d’implorer un ancien Premier ministre guinéen, dès le lendemain de votre coup d’Etat, de vous introduire auprès de Mouammar Kaddafi pour qu’il vous « aide ». Vous tendez la main à tout le monde, de Mouhamed VI à Abdoulaye Wade, en passant par les hommes d’affaires guinéens et tous les investisseurs étrangers qui vous rencontrent.

Vous m’avez accusé d’être un prostitué. Vous êtes au monde le pire des prostitués. Vous êtes prostitué au point de vous faire payer pour brader les intérêts stratégiques de votre pays. Un exemple : dès votre arrivée aux affaires, vous avez durement critiqué l’attribution du marché du terminal à conteneurs du port de Conakry à Getma International et promis d’y revenir. Avant de vous raviser : contre une grasse rétribution, vous avez avalisé ce marché ô combien scandaleux. Je vais revenir dans ce blog sur les détails de cette affaire que je ne veux pas laisser parasiter ce droit de réponse.

M. le président autoproclamé,

Vous n’êtes pas qu’un prostitué et un mendiant. Vous êtes un menteur. Vous n’avez pas menti que sur mon compte. Vous avez menti à tous les Guinéens à qui vous aviez promis de « nettoyer la maison » avant d’organiser une élection transparente à laquelle vous ne seriez pas candidat. Vous êtes également un voleur. J’ai toutes les preuves pour étayer ce que j’avance. Dans les jours à venir, je publierai dans ce blog le décompte exact de tout l’argent que vous avez décaissé de la Banque centrale et du trésor public guinéens depuis votre putsch. Je vais également décortiquer, pièces et témoignages à l’appui, votre gestion du carburant de l’armée. Les Guinéens ne seront pas surpris, qui ont vu la grosse maison que vous possédiez dans le quartier de Lambanyi avant votre accession au pouvoir, et que cent ans de votre salaire de capitaine cumulés n’auraient pas pu vous offrir.

Ce que les Guinéens ne savent pas, par contre, c’est votre passé obscur, votre côté violent, votre personnalité déséquilibrée. Beaucoup de vos compatriotes ignorent, par exemple, qu’étudiant à l’université de Conakry, vous avez sauvagement battu votre copine qui est tombée dans un coma profond. Recherché, vous avez fui à Nzérékoré où vous êtes entré un bon moment dans la clandestinité. Le traitement que vos affidés ont infligé aux femmes le 28 septembre sont conformes à vos méthodes. Tous ceux qui sont informés, à commencer par les chancelleries occidentales en poste à Conakry, savent que votre épouse a fui pour se réfugier au Maroc. Quelques jours avant son départ, vous l’avez mise au piquet, à genoux pendant des heures en guise de punition. Vous traînez un déséquilibre que trahissent votre gestuelle, vos mimiques, vos colères intempestives. « Allahaa La Guinée rataanga ! » Que Dieu protège la Guinée contre le dangereux dégénéré que vous êtes !

Cheikh Yérim Seck
http://www.yerimseck.com)/n

M. le président autoproclamé,

Une question m’intrigue : quel dossier vous concernant le général Diarra Camara détient-il ? Sait-il quelque chose qui justifie que vous l’ayez traité avec autant de brutalité dès le lendemain de votre putsch ? Dans l’intérêt de la transparence, ce qu’il sait mérite d’être connu. D’autant que vous avez décidé de briguer la magistrature suprême. Il est essentiel, pour que les Guinéens soient éclairés avant de faire leur choix, que tous ces aspects de votre personnalité et de votre histoire soient connus. Exercer le pouvoir n’est pas une simple sinécure, une manière de se faire plaisir, de se positionner pour s’accaparer de privilèges et d’honneurs. C’est beaucoup plus sérieux que cela. Il y va de l’avenir de millions d’hommes et de femmes dont l’histoire et la géographie ont fait des Guinéens.

M. le président autoproclamé,

Pour conférer du crédit à vos accusations, vous avez l’habitude de débiter que j’ai commencé à faire des articles d’une tonalité positive sur vous avant de changer de ligne. Vous avez raison de faire ce constat. J’assume totalement le choix que j’avais fait au début de vous accompagner. La raison de mon engagement était simple : dans l’intimité de votre bureau, vous m’avez demandé de vous aider à conduire une transition vers une vraie démocratie en Guinée. Je vous ai donné ma parole, que j’ai retirée par la suite non sans vous en avoir averti. Pourquoi ? Parce que, piqué par le virus du pouvoir, vous avez totalement dévié de votre ligne de départ.

Malgré tout, je me suis abstenu, pendant plusieurs mois, d’écrire sur vous ou de parler de la Guinée. Les choses avaient commencé à tourner au grotesque, et je ne suis pas amateur de cirque. Surtout s’il fait peser de si gros risques sur une chose aussi sérieuse que la nation guinéenne.

Mais, les dérives allant en s’amplifiant, la rédaction de Jeune Afrique m’a demandé d’écrire pour alerter. Voila pourquoi vous avez fait rire tout le monde lorsque vous avez appelé au siège de J.A. pour dire que j’ai écrit pour vous faire chanter.

Si l’article « L’incroyable capitaine Dadis » n’a pas été mon initiative, mais celle d’un de mes rédacteurs en chef, j’en ai tiré une grande satisfaction. C’est du journalisme comme j’aime en faire. Une journaliste réputée de France 24 m’a rempli de fierté, en me lançant sur son plateau : « Vous avez vu juste. Une semaine avant le massacre des Guinéens, vous avez écrit pour dire qu’il y avait danger. » Elle n’est pas la seule. Après le carnage du 28 septembre, les plus prestigieux journaux du monde ont cité mon article et reconnu son caractère prémonitoire. Dans un article intitulé « Dadis, le Ubu roi de la Guinée », le renommé hebdomadaire français L’Express a renvoyé à « L’incroyable capitaine Dadis » et recommandé sa lecture.

Je terminais mon texte par ces deux phrases : « [Dadis] avait promis la rupture avec les usages du passé. C’est l’équilibre de la Guinée qu’il risque de rompre. » L’obscur capitaine aujourd’hui gagné par le vertige du pouvoir a commencé, quelques jours plus tard, à rompre dans le sang l’équilibre de la Guinée.

Monsieur le président autoproclamé,

Vous me taxez d’escroc international ? Je ne sais pas ce que ce concept veut exactement dire. Je vous rétorque toutefois que vous êtes un criminel international. Ce que vous avez fait le 28 septembre est l’exemple-type du crime international. Le carnage que vous avez ordonné répond à la définition exacte du crime contre l’humanité. Tribaliste jusqu’au bout des ongles, vous avez orchestré cette forfaiture avec des membres de votre famille, des jeunes de votre ethnie recrutés de fraiche date, et des ex-rebelles libériens et sierra-léonais dont vous vous sentez proches du fait de la proximité de votre région d’origine avec leurs pays respectifs.

Votre procès ne sera pas celui de l’armée guinéenne. Les actes perpétrés contre les femmes par vos mercenaires encagoulés ne sont pas guinéens. Au-delà des viols, des manifestants ont été égorgés. Des cadavres sans tête ont traumatisé les médecins de l’hôpital de Donka. Dans la nuit du 28 au 29 septembre, les corps ramassés par vos tueurs ont été rassemblés au camp Samory-Touré. Ils ont pu remplir trois gros camions qui ont quitté nuitamment le centre-ville pour une destination inconnue. Voici autant de questions auxquelles devra s’intéresser un grand avocat français qui est en train de préparer une plainte destinée à la Cour pénale internationale. Tragique destin que celui qui est le vôtre ! Vous auriez pu être un Amadou Toumani Touré guinéen. Vous êtes devenu un paria, vomi par ses compatriotes, rejeté par ses frères d’armes, mis en quarantaine par la communauté internationale. Vous auriez pu entrer dans l’Histoire. Vous allez en sortir par la petite porte. Vous auriez pu devenir une autorité morale importante en Afrique, impliquée dans le règlement des conflits. Vous risquez de finir derrière le prétoire de la Cour pénale internationale, comme Charles Taylor, un criminel de votre acabit dont vous avez recruté les tueurs.

Vous n’êtes pas à la hauteur du défi historique que votre arrivée aux affaires posait à la Guinée. Les « Dadis Show » que vous me consacrez traduisent votre manque de retenue et de hauteur dont je parlais dans mon article. J’ai eu raison d’écrire que vos « épaules sont très étroites pour le manteau de chef d’Etat. » Mais je ne cracherai pas sur le succès grandissant que vous me construisez en parlant de moi. J’attends avec impatience votre prochaine sortie. Vous aurez d’ailleurs une bonne occasion de refaire un nouvel épisode de « Dadis Show » lundi, quand vous finirez de lire le numéro de Jeune Afrique qui paraît ce jour. J’y reconstitue minute par minute le film de cette répression sauvage que vous avez lâchement infligée à des Guinéens désarmés et sans défense.

En attendant de vous entendre à nouveau, je vous transmets, M. le président autoproclamé, mes salutations.

Moussa dadis Camara
Jerome Delay/AP)/n

La Guinée Conakry suspendue au sein de l’Union Africaine

L’annonce a été faite le 29 décembre 2008. Elle fait suite au coup d’Etat militaire!

La réaction de l’Union Africaine intervient une semaine après le coup d’Etat militaire du 23 décembre 2008, mené après le décès de Lansana Conté. C’est au cours de la 165e réunion du conseil de paix et de sécurité de l’Ua que les membres de cette organisation panafricaine ont décidé de suspendre la participation de la Guinée Conakry aux activités de l’organisation jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Dans la déclaration rendue publique après la réunion tenue à Addis Abeba, au siège de l’UA, cette sanction a été prise «en conformité avec les dispositions applicables à l’acte constitutif de l’UA et de la Déclaration de Lomé de juillet 2000 sur des changements anticonstitutionnels de gouvernement », précise t’elle. L’UA s’en tient ainsi à sa politique de ne pas reconnaître les régimes issus de coups d’Etat parmi ses 53 membres.


Jacques Leclerc)/n

Le coup d’Etat militaire de la Guinée Conakry s’est fait le 23 décembre sans effusion de sang. Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte s’était alors autoproclamé Chef de l’Etat. Après le putsch, l’UA a tenu une réunion le 24 décembre sur la situation en Guinée. Rencontre au cours de laquelle les membres avaient annoncé des sanctions « fermes » si le coup d’Etat venait à être consommé. Coup d’Etat finalement réussi, car tous les membres du gouvernement dissout n’ont pas réagit. Ils ont tout simplement obéit à leur nouveau maître.

Même si le capitaine dit ne pas vouloir s’éterniser au pouvoir, et qu’il a l’intention d’organiser des élections libres et transparentes en 2010, les membres de l’Ua restent sur leur position. Pour l’instant, les guinéens espèrent que les différentes idées du président Daidis Camara vont se matérialiser.
Avec une population de 9,56 millions, la Guinée Conakry est un pays d’une superficie de 245.857 km2, dirigé pendant 24 ans par le président Lansana Conté. Ce pays est connu pour ses réserves riches en mines.

Moussa Dadis Camara, nouveau président de la Guinée
Lepoint.fr)/n

Guinée Conakry: Moussa Dadis Camara, le nouveau président

Le nouveau président autoproclamé reste encore inconnu des populations.

Et voici donc le nouvel homme fort de la Guinée Conakry. Moussa Dadis Camara s’est autoproclamé président de la République de Guinée au nom du Comité national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), mardi dernier. En remplacement de Lansana Conté, décédé après 24 ans de règne à la tête de la Guinée Conakry. Au cours de la toute première conférence de presse tenue en tant que président de la république, celui-ci s’est auto glorifié. Il n’a pas manqué de montrer le rôle joué dans les conflits qui ont touché son pays.

Dans un français jugé approximatif par les journalistes, le président de la junte vante ses mérites. « Je vous le dis, je ne suis pas parvenu au pouvoir par hasard, c’est par rapport à beaucoup de qualités, je suis un patriote (…) Il y a eu trois événements successifs qui se sont passés, et c’est bien moi, le capitaine Dadis, qui ai calmé ces événements ». Sans toutefois être très précis, il a évoqué « des moments de vacance du pouvoir », ainsi que « la première grève » des soldats. Le capitaine n’a pas manqué d4encenser ses propres qualités de « générosité », de désintéressement vis-à-vis « du matériel et de l’argent ».

Moussa Dadis Camara, autoproclamé président de la République de Guinée
Lepoint.fr)/n

Le nouveau commandant des armées Guinéennes est connu comme le meneur de la révolte des soldats au printemps 2007, qui réclamaient le paiement d’arriérés de soldes et une augmentation de leur traitement. Les violences avaient fait au moins huit morts.
Il a également participé de manière active aux mutineries de mai. Des soldats mécontents réclamèrent, avec succès, le paiement de primes promises et la libération de militaires détenus. Des affrontements entre policiers et militaires avaient alors fait une dizaine de morts.
Réputé « très ambitieux » Moussa Dadis dit ne pas être un assoiffé du pouvoir. C’est un homme toujours entouré. Au camp Alfa Yaya Diallo, Quartier Général de la junte, il apparaît toujours avec des hommes de la troupe, vêtus comme lui d’une tenue de camouflage. C’est d’ailleurs sous cette tenue qu’il est apparu ces derniers temps sur les écrans des chaînes de télévisions nationales et étrangères, coiffé d’un béret rouge.

Né d’un père paysan, le nouveau chef d’Etat qui porte le prénom de ce dernier est originaire de Kouré, village situé dans la région de N’Zérékoré (1.000 km au sud-est de Conakry.
Dans son parcours scolaire, il n’est pas réputé être un brillant élève. C’est en 1990, qu’il fait son entrée dans les forces armées, six ans après le coup d’Etat ayant porté au pouvoir Lansana Conté.
Par la suite, il va faire carrière à l’intendance comme « chef de section carburant » d’abord, puis comme directeur général des hydrocarbures de l’armée, gérant alors des milliards de francs guinéens. A en croire le commandant Facinet Camara, qui dit avoir été son instructeur, il est issu depuis peu de « la dernière promotion du cours d’état-major » en Guinée et a « fait des stages à l’étranger, notamment en Allemagne ».

A l’heure actuelle, il reçoit déjà les éloges d’un président de la république. Jeudi, il a convoqué les membres de son gouvernement ainsi que le Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré au camp militaire. Et dès son arrivée, tous l’ont appelé « Monsieur le président ».


Jacques Leclerc)/n