Cameroun : un homme en prison, pour avoir tenté de fabriquer des explosifs

Il a été renvoyé devant le Tribunal militaire pour s’expliquer sur l’acquisition d’uranium, munitions et mèches blanches susceptibles de rentrer dans la fabrication des explosifs. Des faits qualifiés d’actes de terrorisme que le mis en cause nie.

 

Le compte rendu d’audience est fait par Kalara, journal spécialisé dans l’information juridico-judiciaire. Ecroué à la prison central de Kondengui depuis 2015, M. Ndjidda Abba Gana alias Aladji Kaka, un homme d’affaire basé à Ngaoundéré, a été renvoyé devant le Tribunal militaire de Yaoundé pour répondre des faits de non-dénonciation et tentative de financement d’acte de terrorisme. Il lui est reproché d’avoir acheté des produits susceptibles de rentrer dans la fabrication des explosifs. Il s’agit de la poudre d’uranium, des mèches blanches ainsi que des lacets des chaussures.

De plus, le mis en cause est accusé d’avoir tenté de s’approvisionner en armes et munitions par la même occasion chez un certain Yaounba, un ancien militaire retraité. Ce dernier est soupçonné d’appartenir  à la « Seleka » une coalition ethnique à coloration religieuse musulmane constituée en août 2021 de groupes rebelles pour chasser du pouvoir l’ancien président centrafricain François Bozizé.

Des accusations que l’homme d’affaires qui s’exprime exclusivement en langue Kanuri, parlée à l’Extrême-Nord du Cameroun, a rejeté en bloc le 17 septembre 2021.  Vêtu d’une tenue traditionnelle bleue, M. Ndjidda Abba Gana s’est évertué à démontrer et convaincre le tribunal de son innocence des faits qui lui sont reprochés.

De fait, le 7 décembre 2015, le mis en cause avait été arrêté par les éléments de la Direction de la recherche extérieure (DGRE) à la gare ferroviaire de Yaoundé. Il sortait de la ville de Bertoua dans la région de l’Est en direction de Douala, dans le Littoral. Le commissaire du gouvernement (procureur de la République) précise en outre que le mis en cause aurait eu des conversations téléphoniques avec des individus soupçonnés d’appartenir à la secte islamique Boko Haram qui sévit à l’Extrême Nord du Cameroun.

Le représentant du parquet souligne que pendant son interrogatoire au Secrétariat d’Etat à la défense (SED) M. Ndjidda Abba Gana a nié les faits. Et devant la barre, il a maintenu sa position le 17 septembre 2021.

Pour sa défense, l’homme d’affaires a nié avoir détenu la poudre d’uranium et les lacets. Il a clamé son innocence par rapport aux accusations selon lesquelles, il aurait tenté d’acquérir des armes et munitions et aurait eu des conversations téléphoniques avec des membres de Boko Haram.

A la question de son conseil de savoir si ces produits font partie de ses marchandises, l’homme d’affaires a étalé devant le tribunal ce qu’il dit être ses deux activités principales. La première consiste en la vente et l’échange des devises qui l’oblige à effectuer régulièrement les voyages entre Ngaoundéré et Douala.

La seconde activité, dit-il, est l’exploitation d’un site d’or situé à Abong-Mbang dont il est propriétaire à la suite d’un agrément obtenu en 2009. Le détenu explique que son chantier d’extraction d’or emploie de nombreux ouvriers. Il soutient que ses activités sont légales et reconnues par les autorités compétentes. « Mes activités ne s’apparentent pas aux actes et financement d’actes de terrorisme comme prétend l’accusation », a-t-il déclaré. Le commissaire du gouvernement, quant à lui, compte faire ses réquisitions le 6 octobre 2021 date de la prochaine audience.

Signalons que cette affaire a déjà fait l’objet d’un examen devant la même juridiction sous une première collégialité. Mais elle a pris du retard pour avoir été reprise par un second collège de juges le 19 mars 2018. Date à laquelle l’avocat de l’accusé avait contesté le fait que son client avait été auditionné au SED sans interprète alors qu’il a des difficultés à s’exprimer dans la langue française. Et  depuis lors, M. Ndjidda Abba Gana croupit en prison.

Justice: le procès de Maurice Kamto reporté au 26 février

Le Tribunal militaire de Yaoundé a renvoyé  à mardi le procès des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc).

L’audience initialement prévue jeudi dans le cadre de la procédure ouverte contre une centaine de militants du Mrc n’a pas eu lieu. Elle a coïncidé ce jour avec l’ouverture de la  rentrée judiciaire à la Cour suprême, ce qui a obligé les magistrats  du Tribunal militaire a reporté l’affaire au mardi 26 février.

Maurice Kamto et les autres membres du Mrc n’ont pas été extraits de leurs cellules à la prison centrale de Yaoundé. Ils y ont été déférés le 13 février dernier  en attendant la décision du Tribunal sur les faits qui leurs sont reprochés, Notamment,  » hostilité contre la patrie « ,   » rébellion de groupe « ,  « insurrection »,  « incitation à la révolte », et« perturbation de la circulation des personnes et des biens ».

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