Cameroun : les éléphants détruisent les cultures dans le Sud

L’information ressort d’un article produit par l’AFP.

Au Cameroun, les conflits homme-faune en lisière des forêts denses se multiplient et les cas de destructions de cultures sont principalement recensés près des réserves animalières protégées, notamment dans le Nord.

A Campo, près de la frontière avec la Guinée Equatoriale, une vingtaine de plaintes de victimes de huit villages ont été enregistrées par les services de conservation du parc national de Campo Ma’an, vaste forêt vierge de plus de 264.000 hectares, abritant notamment plus de 200 éléphants de forêt et environ 500 gorilles.

« Les éléphants qui vivaient ici n’ont plus d’endroits où aller et se retrouvent dans les champs des populations », affirme Charles Memvi, conservateur du parc.

Dans chacun des villages touchés près de Campo, « on a eu 3 à 4 hectares de plantations détruites, soit une perte financière importante pour les populations », rapporte Michel Nko’o, indiquant que « 80 à 90% » des attaques sont imputables aux éléphants, le reste aux gorilles, chimpanzés, buffles, hérissons, pangolins et porcs-épics.

Plus de 2.000 hectares de forêt dense et vierge ont ainsi été rasés au profit de la culture du palmier à huile par une entreprise agro-industrielle, CamVert, à laquelle Yaoundé avait octroyé une concession sur 60.000 hectares avant de la réduire à 39.000, sous la pression des ONG.

Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a lancé il y dix ans un projet « d’habituation » visant à familiariser un groupe de gorilles à la présence humaine afin de développer l’écotourisme.

Une partie des recettes du projet devrait échoir aux communautés locales avec le double objectif de sensibiliser les populations à la préservation des espèces tout en jugulant les conflits entre l’homme et la faune.

Cameroun : trois influenceurs défendent les forêts de l’Est

Cette activité a lieu quelques jours seulement après la célébration de la Journée internationale des peuples autochtones sur le thème « Le rôle des femmes autochtones dans la préservation et la transmission des connaissances traditionnelles ».

Betatinz, Grand Lawrenzo et Future Milliardaire, des figures bien connues du paysage des médias sociaux au Cameroun, notamment Facebook, TikTok et Instagram. La campagne a été lancée le mercredi 17 août 2022 à Yaoundé dans les bureaux de Green Development Advocate (GDA), un partenaire de Greenpeace Afrique.

À l’invitation de Greenpeace Afrique, ces trois influenceurs web camerounais seront pendant les 30 prochains jours, les ambassadeurs de la défense des droits des communautés autochtones, et de la préservation des forêts camerounaises.

En effet, depuis près de deux ans, Greenpeace Afrique et GDA font campagne contre Camvert qui s’est vu accorder une concession provisoire d’environ 40 000 hectares, extensible à 60 000 hectares, pour planter des palmiers à huile. Et sur le terrain, les effets continuent de tourmenter les communautés autochtones locales, en particulier les femmes, qui ont de plus en plus de mal à contribuer à la préservation et à la transmission des connaissances traditionnelles en raison de la disparition progressive et alarmante de la forêt.

« Cette collaboration vise à amplifier les voix des communautés forestières autochtones, dont les droits sont constamment violés par des activités à forte pression sur les forêts, telles que les concessions agro-industrielles, comme celle attribuée à Camvert », explique Ranece Jovial Ndjeudja, le responsable de la campagne forêt chez Greenpeace Afrique.

« Nous sommes tous concernés par les questions environnementales. Je suis une femme et je sais combien la situation économique est difficile pour moi en tant qu’épouse et mère au foyer. Je ne peux pas imaginer le calvaire que vivent les femmes autochtones à cause de la coupe des arbres dans la forêt, leur principale source de revenus. C’est pourquoi j’ai accepté de me joindre à cette noble cause », déclare Beta Tinz, une influenceuse web participant à la campagne.

Cameroun: Greenpeace dénonce le projet de Camvert de convertir 60 000 hectares de forêt en plantations dans le Sud

Le projet de plantations de palmiers à huile borde le parc national de Campo Ma’an, “zone cruciale pour la biodiversité” et les communautés Bagyeli, selon l’ONG

 

L’acte de déclassement et de concession, par le Premier ministre camerounais, de 60 000 hectares de forêt à la société camerounaise Cameroun Vert SA (Camvert) en novembre 2019, a été entaché de nombreuses irrégularités, selon Greenpeace.

L’ONG internationale qui milite pour la protection de l’environnement, affirme également, dans un communiqué publié le 28 septembre dernier, que l’approbation par le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières en avril d’une zone initiale de défrichage de 2500 hectares a été prise “en violation des exigences légales”.

L’ONG dénonce par ailleurs, en ce qui concerne directement Camvert, des pratiques de “corruption” et des actions menées pour “soudoyer les peuples autochtones Bagyeli avec des cadeaux tels que des tomates en conserve, des sacs de riz, du savon”.

Toujours selon Greenpeace, l’étude d’impact environnemental et social (EIES) réalisée par la société reflète “une parodie de diligence raisonnée” ne mentionnant que la présence de chimpanzés dans la zone du projet. “En plus des chimpanzés, le Parc National de Campo Ma’an contient d’autres espèces menacées à l’instar du pangolin géant, de l’éléphant d’Afrique, des gorilles, des buffles, des léopards, des mandrills et une riche diversité de la flore”, soutient l’organisation.

“La zone de Camvert borde le Parc National de Campo Ma’an, une zone cruciale pour la biodiversité”, peut-on lire dans le communiqué.

Le parc est situé dans la région du Sud, département de l’Océan. L’Unesco présente le parc de Campo Ma’an comme une zone d’une “grande diversité faunistique et floristique”

“Le projet Camvert doit être purement et simplement stoppé et les autorités chargées du contrôle de ce type d’activité sanctionnées”, souhaite Greenpeace.

Camvert est la propriété de l’exploitant forestier camerounais Aboubakar al Fatih.