Lettre ouverte à Ni John Fru Ndi pour dire « non » à sa candidature en 2018

Par Jean-Claude Ndjamen, Journaliste/Ecrivain

Monsieur le Président, il me paraît juste et équitable comme c’est le v u que nous formulons pour la marche des affaires de notre pays dans les années et siècles qui viennent si Dieu le veut, de vous déconseiller de vous porter candidat à l’élection présidentielle en 2018.

Je serai très bref pour permettre à vos traducteurs de vous rendre l’intégralité de mon raisonnement dans de brefs délais si tant est que tout vous remonte comme dans les organisations politiques qui fonctionnement normalement dans un monde moderne.

Vous devez le savoir, autant mon espoir est l’échec de Paul Biya à qui je ne peux oser de tel conseil, son goût prononcé pour le pouvoir étant désormais plus qu’avéré, le verrou constitutionnel levé est un exemple qui ne demande pas à être amplifié par d’autres agissements, autant je puis vous dire qu’en tant que leader de l’opposition, l’homme qui suscita l’espoir et permis aux Camerounais de caresser l’espoir de vivre une démocratie effective, en 25 ans vous avez également témoigné par la gestion très approximative et autoritaire de votre parti votre peu d’estime pour la démocratie. Mais je ne vous jugerais pas sur vos ambitions personnelles c’est votre droit très légitime comme celui de bien d’autres.

Toutefois sachez-le. Si l’on juge Paul Biya de plus en plus, c’est sur son bilan qui ne trompe personne. On avait des bornes fontaines dans les années 70/80 dans des villes comme Douala, Yaoundé, Nkongsamba, etc. On y buvait alors de l’eau potable. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. C’est vrai pour ce qui concerne l’électricité et l’électrification des villes et zones rurales, l’agriculture avec des sociétés comme l’ONCPB qui encourageait les planteurs. On a participé à plusieurs coupes du monde pourtant notre stade de référence demeure le stade Amadou Ahidjo construit il y a belles lurettes. Qu’est ce qui peut nous rappeler ces trente-deux ans de règne? Peut-être l’aéroport de Nsimalen, ce qui ne surprendrait personne car le Chef de l’Etat est un grand voyageur, il lui fallait un instrument à sa convenance.

Je serais rappelé à l’ordre par quelques lecteurs qui pourfendent souvent mes idées mais auxquels je ne réponds jamais par souci de ne pas personnaliser le débat. Là encore pour préciser que tout n’est pas bon et tout n’est pas mauvais chez Paul Biya encore moins chez vous.

Or qu’est-ce que la démocratie? Qu’est-ce qu’un parti politique? A quoi sert-il? Quel est son rôle auprès des citoyens? Que vaut une élection? Pourquoi choisit-on un parti plutôt qu’un autre? Un candidat plutôt qu’un autre?

C’est justement en répondant à ces questions que l’on peut comprendre que si j’ai évoqué Paul Biya alors que c’est à vous que j’adresse cette lettre, il ne s’agit pas d’une digression mais d’une construction volontaire d’éléments de similitude qui repose sur deux faits sérieux en matière électorale: Le bilan du candidat et/ou son projet. Il peut s’agir de l’un, de l’autre ou des deux.

Dans la lucarne qui est la mienne dans ce développement, si je parle de Biya c’est pour évoquer son bilan plus que son projet car il a fait montre de son incapacité à le mettre en oeuvre,s ouvent alors très bon sur papier(Cf Pour le libéralisme communautaire, les Grandes Ambitions, les Grandes Réalisations de façon cumulée pendant 32 ans, il n’en ressort pas grand-chose).

Alors s’agissant de vous, votre bilan en tant que leader de l’opposition camerounaise n’est pas non plus brillant. Si avec Paul Biya le Cameroun ne peut pas se targuer d’être un pays démocratique, « le chien aboie la caravane passe » on le constate, ça renvoie au mépris du citoyen et suppose sa capacité à «  »être élu » j’allais dire à être président même sans le peuple, alors avec vous Ni John Fru Ndi votre formation politique non plus ne connaît pas la démocratie. Vous avez le même procédé que le président de la république doué d’une finesse telle la vôtre pour éloigner toute velléité de contrôle du parti et de votre pouvoir. Vous arrivez également à être président sans les militants de votre parti. Je vous vois pour ainsi dire mal placé pour opposer à Paul BIYA lors des élections des arguments sur votre aptitude à la démocratie, vous avez une longévité à la tête de votre parti qui ne plaide pas en faveur du renouvellement de la classe politique que la jeunesse plus majoritaire est en droit de réclamer à votre génération.

Je mets de côté ces considérations personnelles, quel est votre bilan, celui du SDF dans la formation des camerounais à l’esprit civique, à l’acquisition de la capacité électorale etc. Ces rôles sont aussi dévolus aux partis politiques. Quel projet efficient, cohérent proposez-vous? Quelle est la ligne politique du SDF, son projet, son programme d’application de ce projet, ses estimations budgétaires, ses astuces pour redonner confiance au pays, combattre la corruption, conduire à l’innovation, au développement etc. Je crains d’en saisir peu de choses sinon les rafistolages avant chaque élection et après chaque élection pour les mêmes résultats.

Une formation politique digne de ce nom, ancien comme le vôtre travaille à temps plein à son implantation effective mais surtout à la connaissance de tous les problèmes sur le terrain laquelle permet alors l’édification d’un programme politique réaliste. Je ne vois rien de tout cela et je ne pense pas que l’anti-biyaisme peut suffire à gagner dans un pays où l’électorat ne se préoccupe que du présent aussi parce que l’opposition a raté sa mission première: sa formation. Comme chef de l’opposition vous êtes encore plus doublement responsable que d’autres partis, c’est pourquoi je vous conseille de laisser la jeunesse prendre ses responsabilités en organisant des primaires véritablement justes sans être candidat au sein du SDF. Vous aurez alors montré une belle voie et tourné une belle page.

J’ai l’honneur de vous demander de considérer ma lettre comme une contribution et rien que comme telle pour la vitalité de cette démocratie dont nous sommes si avides.
Respectueusement.


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