Ces captifs camerounais de Boko Haram qui ont « oublié » leur identité

Christopher Fomunyoh, le directeur de l’ ONG Institut Démocratique National, s’est dit intrigué après une visite à l’orphelinat où des enfants captifs de la secte sont actuellement soignés

Environ 80 enfants, âgé de 5 à 18 ans, ont été kidnappés par Boko Haram, le 18 janvier 2015, à l’extrême-nord du Cameroun, où des militants du groupe islamiste d’origine nigériane ont commencé à mener des actes terroristes depuis quelques mois.

Après un raid mené par les forces de sécurité camerounaises, qu’un informateur avait mises sur la piste des enfants kidnappés le même jour, les secours ont découvert des jeunes hébétés dans des locaux désertés.

Christopher Fomunyoh, le directeur de l’ONG Institut Démocratique National basé aux USA mais opérant entre autres au Cameroun, a rendu visite à l’orphelinat où ces enfants sont actuellement soignés.

«Contact perdu»
Il a affirmé à la BBC que les enfants avaient passé tellement de temps avec leurs ravisseurs, avaient été tellement endoctrinés par les djihadistes, qu’ils en avaient oublié leur identité. La BBC ne précise pas combien de temps ces enfants ont été coupés de leur environnement.

«Ils ont perdu contact avec leurs parents, ils ont perdu tout contact avec les gens dans leurs villages, ils ne sont plus capables de s’exprimer clairement, d’aider à retracer leurs liens sociaux, ils ne peuvent même pas vous dire leur nom», a-t-il témoigné.

Les violences continuent au Nigeria
Parallèlement, au Nigeria, une nouvelle explosion a fait au moins sept morts mardi à Maiduguri, grande ville du nord-est déjà frappée samedi par un triple attentat attribué à Boko Haram.

Le groupe armé a rendu allégeance samedi au groupe Etat Islamique, ce que le gouvernement nigérian présente comme «un acte de désespoir». Le président Jonathan (en pleine campagne électorale) prédit l’élimination prochaine et inévitable des islamistes.

Ces derniers jours, l’armée nigériane, aidée par le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins, a réussi à reprendre un certain nombre de localités aux islamistes dans le nord-est du Nigeria.

Au total, l’insurrection islamiste a fait plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés au Nigeria depuis 2009. Un grand nombre de ces derniers ont traversé les frontières poreuses pour trouver refuge dans les pays voisins, provoquant une crise humanitaire dont la gestion est dénoncée par le CICR.

Un soldat camerounais près du village de Mabass, dans l’extrême nord du pays
Droits réservés)/n