Cameroun-expropriation des terres : les chefs douala en colère contre l’administration

Dans un communiqué, le chef supérieur du canton Bell exprime son indignation face à l’expropriation des terres à son peuple.

 

 

« Trop c’est trop », « Je le répète trop c’est trop ». L’expropriation des terres suivie des casses successives que les populations subissent dans le canton Bell à Douala, provoque la colère et l’indignation du chef supérieur. Dans un communiqué, Sa Majesté Jean Yves Eboumbou Douala Manga Bell en solidarité avec son peuple,  exprime son indignation.

En effet, déclare-t-il, « sans respect des droits humains et dans le déni des engagements qui avaient été pris, les populations de Dikolo, dans le canton Bell, viennent de subir des violences inadmissibles, sous le prétexte fallacieux du développement économique ».

C’est que, la mobilisation de la chefferie, des populations et tous les soutiens politiques n’ont pas réussi à empêcher l’expropriation. Ainsi, « Malgré tous nos efforts, nos démarches ont été contrecarrées par de multiples rebondissements concernant le statut de ce terrain qui est devenu en dernier lieu, et par la malice de l’administration, un terrain relevant désormais du domaine privé de l’Etat », explique le chef supérieur.

Selon l’autorité traditionnelle, le cas de Dikolo en est un de trop. Il s’inscrit désormais dans la longue liste des terres soustraites par l’administration à la population. New Bell, Nkongmondo, Essengue, Ngangue l’ont précédé. Risquent de le suivre, les terres de Youpwe ou de Dinde, malgré le combat que mène la chefferie depuis 2015, pour tenter de sauvegarder ces terres au profit du peuple.

Mais, en dépit des démarches entreprises, le canton a perdu plus de 4 hectares de terrain à Besseke quartier Bali au profit de l’hôtel Hilton Douala. Plus de 2 hectares ont encore été déclarés d’utilité publique en 2018 dans le même quartier, plus de deux hectares en 2020.

Pour le chef, les actes d’expropriation entraînent plusieurs conséquences sur la chefferie. C’est le cas de l’affaiblissement de la chefferie du canton Bell, l’effacement des villages, l’assassinat d’une culture, la fabrication de l’implosion du peuple et son éparpillement, l’effacement d’une tradition… C’est pourquoi face à cette « barbarie », à cette « prédation », ou à cette « injustice », il ne peut pas rester sans réagir.

De ce fait, le seuil de l’inadmissible étant atteint, il interpelle dans ce communiqué, « toute l’administration jusqu’au plus haut sommet de l’Etat pour lui dire que trop c’est trop ».

Ouest-Cameroun: Adrien Sonkoué intronisé Roi de Batcham à 13 ans

Sa majesté Djeutsa Sonkoué Adrien est l’un des plus jeunes rois du monde. Il a été intronisé le 18 janvier par les notables de la chefferie

La chefferie Batcham à l’Ouest du Cameroun a un nouveau chef. Ce jeune roi remplace son père, sa majesté Sonkoué Tatang, mort il y a plus de huit ans.

« Le choix porté sur lui lors de la séance des consultations des notables, a été effectué lors de la clôture de la cérémonie des obsèques officielles du défunt chef », le 18 janvier 2016.

Malgré son jeune âge, le destin du groupement Batcham repose désormais sur ses épaules. L’un des princes de la cour Batcham informe que c’est quand le jeune roi va atteindre l’âge de la maturité « et pénétrer au la’akam qu’il va entrer pleinement en possession de tout son pouvoir ».

Une fois que le roi va devenir mûr, il aura l’obligation de suivre les traces de son défunt père, sa majesté Sonkoué Tatang Francis Hervé qui a conduit à la destinée du groupement Batcham pendant six ans de règne. Il va s’appuyer sur le comité de sages pour amener à bon port son peuple.

La cérémonie de son intronisation a été vécue par le président du Sénat et plusieurs autres dignitaires de la région de l’Ouest. Adrien qui est devenu le 14e monarque de la dynastie Batcham, était un élève de la classe de 3e dans un établissement de la capitale économique, Douala.


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Ouest: Incendie à la chefferie Bandjoun

L’incendie déclenché dimanche en début d’après-midi a consumé une douzaine de maisons

L’entrée de la chefferie Bandjoun, du nom du chef-lieu du département du Koung Khi dans la région de l’Ouest, a été ravagée par les flammes dimanche en début d’après-midi.

Le musée royal et les appartements privés du roi des Bandjoun, Sa majesté Honoré Djomo Kamga, n’ont pas été atteints par les flammes ; mais une douzaine de maisons ont été consumées, rapporte la presse publique ce lundi.

L’incendie n’a pas causé de pertes en vie humaines grâce à l’intervention des sapeurs-pompiers, aidés en cela par les camions incendies de l’aéroport de Bafoussam. Les causes exactes de l’incendie n’ont pas encore été déterminées.

D’après le quotidien gouvernemental camerounais, il s’agit là du «quatrième incendie qui consume ainsi des maisons dans cette chefferie après ceux de 1953, 1958 et janvier 2004».

C’est le quatrième incendie à la chefferie de Bandjoun après ceux de 1953, 1958 et 2004
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Une statue de la chefferie Bangwa dans la région Ouest du Cameroun vendue à Paris

L’ uvre camerounaise à été adjugée à plus d’un million d’euros

Une figure d’ancêtre royal masculin Bangwa dans l’Ouest du Cameroun s’est vendue aux enchères à Paris à plus d’un million d’euros. L’ uvre selon les experts serait considéré comme le compagnon de la célèbre « Reine » Bangwa, aujourd’hui dans les collections du musée Dapper à Paris. Chez les Bangwa, ce sont des statues commémoratives. Bien souvent, elles rappellent aux vivants les honneurs à rendre aux défunts. Rare et importante, cette sculpture Bangwa représente un monarque assis sur son trône. Il dégage une certaine force avec la pliure accentué du tronc qui entraine un mouvement dynamique des épaules vers l’avant.

L’expression du visage est caractéristique de l’art local. Les deux parties du visage sont légèrement asymétriques. La bouche grande ouverte montre des dents triangulaires. La courbe du nez rend plus expressifs les grands yeux en amende et le front protubérant. Le cou est orné d’un collier de perles et de dents de léopards. D’autres accessoires ornent ses bras et ses chevilles et permettent, en général, de distinguer des personnes de haut rang. Si par leur spécificité, les parures peuvent marquer la différence des genres, il arrive parfois qu’un objet soit porté par les deux sexes, signe d’honneurs et symbole des Lefem : groupes de notables riches et puissants dans la chefferie des Bangwa.

Un art riche et inconnu
Adjugé au cours d’une vente d’art primitifs, le « Roi » était une uvre commandée par un souverain pour représenter un personnage spécifique. Réalisée par un sculpteur au talent incontesté, la statuette date du XIXème siècle. Elle a été acquise au Cameroun, entre 1898 et 1899, par Gustav Conrau, premier explorateur européen à pénétrer sur le territoire Bangwa. Grâce à un échange d’objet d’art en 1926, elle passe du monde muséal, au marché de l’art. Depuis lors sa valeur n’a cessé d’augmenter. Les uvres ainsi travaillées pour les notables de la « chefferie » Bangwa sont considérées comme les plus impressionnantes et expressives de « l’art tribal africain ».

Les arts premiers ont le vent en poupe ces derniers temps. L’art africain est particulièrement visé par les collectionneurs et autres pilleurs. La renommée de l’art Bangwa tient ainsi au fait que les uvres majeures représentent des sculptures commémoratives des rois des reines, des princes et princesses et des serviteurs, ainsi que des parents de jumeaux. Dans l’ensemble, ce sont des pièces rares comme les sont, le « Roi » ou la « Reine » Bangwa. Leur captation légale ou frauduleuse représente un chiffre annuel évalué à des milliards d’euros. Le phénomène va en s’accentuant et porte atteinte à une part de l’histoire des peuples. En effet, une fois sortis de leur contexte et séparés de l’ensemble auquel ils appartenaient, ces objets sont désincarnés, désacralisés et bien souvent disparaissent. Détourné de la mémoire et des yeux de leur ayants droits, la vie sociale s’en trouve désorganisée. Les commémorations sont réduites et parfois disparaissent.

Or malgré la prise de conscience récente, et la mise sur pieds des moyens de lutte contre « le détournement de la mémoire d’un continent », les pièces rares et restées dans des collections privées font grimper les enchères. A l’exemple de cette figure masculine d’ancêtre Bangwa (lot 130), vendue à Paris parmi d’autres uvres d’art primitifs africains. Cette sculpture royale, uvre liée aux arts de cour et patrimoine de l’humanité fait partie des chefs d’ uvre naissant libres et égaux. Il appartient donc aux Etats de prendre des mesures et de mettre en place des dispositifs et moyens de préservation et de conservation de cette mémoire. Cela commence par une certaine pédagogie du goût et de l’appréciation du patrimoine local.

Statue royale Bagwa
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