Liu Fang: «L’agence de presse Chine Nouvelle se fait de plus en plus connaître au Cameroun»

La responsable Cameroun de ce média international chinois a accepté d’en parler à l’occasion de la célébration du 80ème anniversaire de sa création

L’agence de presse chinoise Chine nouvelle (Xinhua) a célébré il y’a quelques jours ses quatre-vingts ans. Qu’est-ce que cela représente pour vous, membre de son équipe, de vivre ces instants?
C’est pour moi d’abord un sentiment de fierté, puis une conscience de défi. Une fierté parce que les 80 ans de l’histoire de Chine Nouvelle (Xinhua) lui a permis de figurer parmi les grandes agences de presse modernes dans le monde. Elle publie chaque jour, 24h/24, des informations écrites, photographiques et vidéo dans les langues chinoise, anglaise, française, espagnole, arabe, russe, portugaise et japonaise. Je me réjouis de cette réussite. C’est un sentiment partagé par tous mes collègues chinois et nos collaborateurs locaux dans environs 170 bureaux hors de la Chine. Comme je l’ai souligné par ailleurs, il s’agit aussi de relever le défi de la performance, parce que 80 ans de gloire nous appellent à déployer davantage d’efforts pour mieux nous adapter à la tendance du développement des médias internationaux, de transformer notre institution de presse traditionnelle en une agence multimédia moderne, en utilisant les technologies avancées de l’information pour améliorer les capacités de communication internationale. Pour l’équipe de Yaoundé qui couvre 4 pays d’Afrique centrale (Cameroun, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad), nous avons réussi à améliorer la fourniture des produits d’info en écriture, en photo et en vidéo. Nous avons aussi réaffirmé notre présence et consolidé la collaboration dans les pays hôtes. De meilleurs résultats sont en attente de notre part.

Comment s’est célébré cet anniversaire au Cameroun ? Est-ce qu’il y a eu des événements particuliers?
Une expositon de photos sera organisée bientôt pour présenter la saga des 80 ans de Xinhua et sa forte présence en Afrique.

Le grand public de Yaoundé découvre l’agence un peu plus, surtout depuis l’exposition photo effectuée dans le jardin public de cette ville. Mais peu de gens comprennent ce que représente Xinhua, alors au Cameroun que représente cette agence de presse, comment la présenteriez-vous?
Il faut dire que les gens connaissent de mieux en mieux Chine Nouvelle. Des institutions et des gens que notre équipe rencontrent sont ouverts parce qu’ils connaissent Chine Nouvelle. Etant une agence de presse, nous fournissons des infos journalistiques aux abonnés (médias, institutions, entreprises, etc.) qui souhaitent avoir des infos en temps réel. Par exemple, le bureau de Yaoundé publie des reportages concernant les grands événements politiques, économiques, sociaux, culturels dans la région, sous forme de papiers écrits et photos pour les abonnés presse écrite, sous forme de vidéo pour les abonnés des chaînes de télévision, sous forme des infos commandées pour les institutions et les entreprises. Dans la langue qu’ils souhaitent recevoir. On voit des articles publiés par les journaux camerounais portant parfois « source : Xinhua », c’est-à-dire que ces journaux exploitent les infos fournies par Xinhua. Ceci signifie une particularité d’une agence de presse, la rapidité. Pour que notre info soit reprise par un abonné, nous devons l’annoncer le plus rapidement possible. Le feedback qui nous parvient est très encourageant et nous conforte encore dans notre souci de professionnalisme.

Quelle est l’importance que représente le Cameroun aux yeux de l’agence?
Le desk Cameroun se compose d’un représentant chinois, d’un chef de desk info camerounais, d’un caméraman camerounais (ça fait trois permanents) et un ou deux correspondants locaux dans les 3 autres pays de notre zone de couverture. Le bureau produit des infos écrites, photos et vidéo, sur 4 pays. Si le bureau se trouve à Yaoundé, c’est parce qu’à l’époque où Chine Nouvelle s’est installée dans cette région, le Cameroun, par rapport aux pays voisins, disposait des conditions telles que la stabilité et la facilité de transport, etc. Bien sûr, une trentaine d’années de présence dans ce pays hôte ont permis à l’agence d’établir de bonnes relations avec nos partenaires camerounais, ce qui est important pour l’Agence. En Afrique sub-saharienne, l’agence dispose de 26 bureaux et dans chaque bureau le même travail se fait avec une structure pareille. Ceci démontre l’importance que Chine Nouvelle attache aux pays africains en général. En tant qu’agence de presse mondiale, nous sommes dans notre rôle et notre ambition d’être présents aux quatre coins du monde.

Très souvent dans les discussions, des personnes se demandent si l’Afrique en général est si intéressante pour l’opinion publique chinoise, ce qui implique la question de savoir quel est le premier public cible de votre agence, le public africain ou le public chinois?
Une agence internationale cible un public international et diversifié. Nous traitons des événements d’impact régional ou international, tout en nous intéressant en même temps aux phénomènes moins « grandioses » ayant un intérêt pour un certain groupe de public. Par exemple, une enquête sur l’opposition camerounaise, écrite en français, n’est pas pour être publiée par les journaux chinois. Elle est reprise par les médias journaux ou sites internet des pays africains. Une vidéo qui résume les rites de funérailles dans l’Ouest du Cameroun n’est pas pour les chaînes de télévision en Afrique, elle satisfait les envies de découverte des Asiatiques. Ainsi également des reportages sur des manifestations culturelles telles que la grande fête traditionnelle Sawa, le Ngondo à Douala, ou encore du festival Medumba à Bangangté.

Liu Fang, responsable Cameroun de Xinhua

Toujours relativement à la place de l’Afrique, lorsqu’on va sur le site en français de Xinhua, on constate que le continent est traité tout seul dans le cadre de toute une rubrique, alors que généralement l’Afrique est une sous-rubrique dans les médias internationaux non africains, comment comprendre cette attention si particulière?
Beaucoup d’autres médias internationaux non africains ont aussi toute une rubrique pour l’Afrique. Ce qu’il convient de noter néanmoins est que l’Afrique pour nous est un continent qui bouge, un continent qui n’a pas encore révélé toutes ses capacités aux autres, un monde en devenir. Et si vous vous y prêtez bien attention, nous nous efforçons de le présenter sous ses différentes facettes, d’accompagner les aspirations de développement de ses populations en nous faisant l’écho des efforts qui sont entrepris de part et d’autre avec l’objectif pour cette Afrique de mieux s’affirmer sur la scène internationale.

Lorsqu’on sait que dans le monde entier les médias ont un rôle fondamental de partage des valeurs, quelles sont les valeurs que Chine Nouvelle cherche à partager chaque jour à travers sa manière de restituer et de gérer l’information?
Il y a des valeurs générales du journalisme à respecter, c’est-à-dire l’authenticité, la neutralité, l’objectivité et surtout la rapidité pour une agence. Etant une agence officielle soutenue par le gouvernement chinois, nous nous inscrivons aussi dans l’observance des principes de respect de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internes en matière de traitement des sujets concernant des pays hôtes. Nous avons l’obligation de contribuer à la promotion de la compréhension mutuelle et de l’amitié entre les peuples chinois et les peuples africains. Pour cela, nous ne nous limitons pas à une couverture des événements qui attirent les regards, tels que les conflits, la famine, etc. Nous nous efforçons de présenter, d’une façon positive, une Afrique en marche vers un meilleur avenir, au lieu d’un tableau sombre d’une Afrique de pauvreté et de maladies.

Une dernière question qui vous concerne, comment trouvez-vous l’univers de la presse au Cameroun et avez-vous des formes de collaboration avec elle?
La presse camerounaise est multiforme, avec une liberté d’expression. Nous avons des collaborations avec plusieurs journaux et chaînes de télévision, sous forme d’échanges d’informations. Notre équipe entretient de bonnes relations avec les confrères. Il convient d’ailleurs de mentionner que la SOPECAM, un partenaire de plus de 30 ans de Chine Nouvelle, a adressé un message de félicitations au DG de Chine Nouvelle pour le 80ème anniversaire. Chaque année, le bureau recommande des experts, des journalistes pour des fora, des voyages d’échanges en Chine organisés par Xinhua ou des institutions chinoises de partenariat. Le bureau régional pour l’Afrique, qui se trouve à Nairobi, organise chaque année également des formations pour nos confrères photographes et caméramen.

L’equipe Xinhua (Chine Nouvelle) de Yaoundé lors d’une interview

L’agence de presse Xinhua célèbre son 80e anniversaire

Ce lundi 7 novembre est jour de fête pour les 11 000 employés dans 162 bureaux que compte l’agence dans le monde

Un grand rassemblement pour célébrer le 80e anniversaire de l’établissement de l’agence de presse Xinhua (Chine nouvelle) s’est tenu ce lundi matin au Grand Palais du Peuple, dans le centre-ville de Beijing. L’agence de presse Xinhua, dont le siège se trouve à Beijing, a été établie le 7 novembre 1931 dans la ville de Ruijin (province du Jiangxi, est), l’un des berceaux de la révolution, sous le nom d' »agence de presse Chine rouge ». Elle a changé son nom en 1937. En chinois, Xinhua signifie littéralement « Chine nouvelle ». Li Changchun, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), a demandé à Xinhua de s’ériger en agence de presse modernisée et figurant parmi les meilleures et les plus influentes au monde.

« Xinhua doit se transformer d’une institution de presse traditionnelle en agence multimédia moderne, afin de mieux concurrencer les autres agences de presse mondiales », a souligné Li Changchun. Xinhua doit utiliser les technologies avancées de l’information pour améliorer ses capacités de communication internationale, a ajouté le haut responsable. Li Congjun, président de l’agence Xinhua, a passé en revue, dans son discours, les 80 ans de l’histoire de l’agence, appelant ses employés à déployer davantage d’efforts pour permettre à l’agence de mieux s’adapter à la tendance du développement des médias internationaux.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis la création, en novembre 1931, de l’agence, d’abord baptisée « Red China », puis « Chine nouvelle » en 1937, après la Longue marche de Mao. Elle compte aujourd’hui 162 bureaux dans le monde et prévoit d’en avoir au total 200, vers 2020. L’agence, qui diffuse des informations en huit langues (chinois, anglais, français, russe, espagnol, arabe, portugais, japonais) a plus de 11.000 employés, dont environ 5.000 journalistes. Elle a lancé en juillet 2010 une chaîne d’informations en continu télévisée, CNC World, construite sur le modèle de l’américaine CNN et de la Britannique BBC et qui doit couvrir une centaine de pays, et elle s’est développée dans les produits multimédias avec des partenariats.

Le président de l’Agence chinoise lors de la célébration
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