Liban: Benoît XVI en visite

Le souverain pontife effectue dès ce jour sa deuxième visite au Proche-Orient, après celle en Terre sainte en 2009

Quinze années après la venue de Jean-Paul II au Liban en 1997, les libanais accueillent ce vendredi 14 septembre 2012, le Pape Benoît XVI. A l’occasion de sa première visite dans un pays multiconfessionnel qui a connu une guerre civile destructrice de 1975 à 1990 le Pape, âgé de 85 ans, sera saluée à son arrivée par 21 salves de canons de l’armée et accueilli par le président de la République Michel Sleimane et se rendra au siège de la nonciature à Harissa. Le Souverain pontife qui arrive dans une région en ébullition, où règne des tensions politiques, religieuses et communautaires, y vient, apporter les conclusions de l’assemblée spéciale qui s’était tenue à Rome en octobre 2010 pour les chrétiens du Moyen-Orient. Mais également, réconforter les chrétiens et leur dire de ne pas quitter leur pays à cause du mauvais souvenir du printemps arabe. Durant les trois jours que durera cette visite, il se rendra à la Basilique Saint-Paul, à Harissa, au nord de Beyrouth la capitale où il va signer l’exhortation apostolique, fruit du synode sur le Moyen-Orient. Le même jour, il rencontrera au palais présidentiel les responsables politiques et religieux dont les chefs des communautés musulmanes (sunnite, chiite, alaouite et druze). Autre moment fort de cette visite, sera sa rencontre avec les jeunes, chrétiens et musulmans, dans l’après midi de demain samedi à Bkerké, siège patriarcal maronite (Eglise catholique orientale).

La visite connaitra son apothéose dimanche matin par une messe solennelle en plein air sur le front de mer, au City Center Waterfront de Beyrouth. Plus de 75.000 places assises sont prévues, mais des milliers de personnes pourront aussi assister à la messe debout. Pour la circonstance de nombreuses routes libanaises, notamment la partie du pays appelée le pays chrétien situé au nord de Beyrouth, ont été décorées de drapeaux libanais et du Vatican. Un dispositif des bougies allumées a été installé depuis jeudi soir sur les toits de maisons en hommage à sa Sainteté. Selon les organisateurs, des délégations de chrétiens palestiniens, d’Égypte, de Chypre, de la Jordanie, de l’Irak et surtout de Syrie sont attendus à Beyrouth. Côté sécurité, les autorités libanaises ont affirmé à plusieurs reprises que toutes les forces de l’ordre étaient mobilisées en coopération avec les services de renseignements étrangers pour assurer une sécurité maximale. Cette visite intervient au moment où un film américain ridiculisant le Prophète Mahomet a déclenché des manifestations violentes dans plusieurs capitales de la région et une attaque à Benghazi (Libye), qui a causé la mort de quatre Américains, dont l’ambassadeur des États-Unis en Libye. Ceci non loin du Liban.


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Nigeria: Grève généralisée et conflits ethniques sévissent

Au risque de guerre civile entre musulmans et chrétiens, s’ajoutent des violences sociales qui se sont intensifiées ce lundi 09 janvier

Une trentaine de chrétiens ont été tués dans le nord-est du Nigeria depuis le 05 janvier dans des attaques en partie revendiquées par le groupe islamiste Boko Haram. Suite à une série d’attentats antichrétiens meurtriers le jour de Noel, le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, avait pourtant décrété le 31 décembre l’état d’urgence dans des Etats du centre et du nord-est concernés par ces violences de Boko Haram. Mais les attaques se sont poursuivies depuis et même multipliées après l’expiration mercredi soir d’un ultimatum de Boko Haram ordonnant aux chrétiens vivant dans le nord du Nigeria de quitter cette partie du pays majoritairement musulmane. Boko Haram, qui exige notamment l’imposition de la charia (loi islamique) dans tout le pays, a par ailleurs revendiqué la dernière série d’attaques visant des chrétiens. La plus violente a fait 17 morts vendredi 06 janvier à Mubi, dans l’Etat d’Adamawa (nord-est), où des hommes armés ont ouvert le feu sur un rassemblement de chrétiens en deuil, selon des témoins.

La coïncidence n’aurait pas pu tomber plus mal. Au moment où le Nigeria est confronté à cet activisme sanglant des islamistes dans le Nord, il devait aussi faire face, ce lundi 09 janvier, à une grève générale illimitée ajoutant encore à l’ambiance de chaos qui règne en ce début d’année dans ce géant de l’Afrique. La fronde sociale s’est nouée autour de la fin des subventions au carburant qui a entraîné une hausse de l’essence, de 0,30 euro le litre à près de 0,66. Le président Goodluck Jonathan a justifié sa décision en répétant, non sans raison, que le coût de cette aide était devenu insupportable pour le budget de l’État. Le soutien aux prix de l’essence est estimé à 8 milliards de dollars l’an dernier. Ce que le chef de l’État ne dit pas, c’est qu’en 2010 la mesure n’avait coûté que 4 milliards, un doublement sans autre justification que la corruption délirante d’une partie des élites et la gloutonnerie des importateurs. Car c’est là l’un des nombreux paradoxes du Nigeria: second producteur de brut du continent avec 2 millions de barils par jour, il doit importer la majorité de son carburant. La faute en revient à des raffineries, des entreprises publiques et obsolètes. Le gouvernement espère que la fin des subventions les rendra plus concurrentielles. La grogne populaire était attendue, tant la question du prix de l’essence est sensible au Nigeria. Pour la population, dont 70% vivent avec moins de 2 dollars par jour, la subvention était le seul petit coup de pouce donné par l’État. Pour eux, les augmentations à la pompe signifient non seulement une flambée des prix des transports, mais aussi, par ricochet, celle de tous les produits de base.

Manifestants du Nigeria Labour Congress contre la suppression des subventions aux carburants
Reuters)/n

Lundi, le chef de l’État a encore haussé le ton menaçant les complices de Boko Haram au sein de l’appareil d’État, de l’armée et de la police et faisant un parallèle entre le Nigeria d’aujourd’hui et celui du début des années 1960 avant la guerre civile du Biafra qui fit plus d’un million de morts. Le Pape et Barack Obama avaient vivement condamné ces crimes. De son côté, Nicolas Sarkozy a adressé une lettre à son homologue lui assurant de tout son soutien. À chaque fois, les attaques ont été revendiquées par la secte islamiste, devenue l’ennemi numéro un du Nigeria. Ces dernières années, le groupe, fondé en 2002, s’est divisé en au moins trois branches et s’est radicalisé. L’une des factions aurait, selon les services secrets algériens, noué des liens avec al-Qaida, au Maghreb islamique. Pour l’heure, l’escalade est surtout verbale. Les cibles Boko Haram se trouvent toutes dans le nord du pays, surtout dans son fief de Borno, et dans la capitale, Abuja, majoritairement musulmane. Le Sud, chrétien, et Lagos sont épargnés. S’ils devaient être touchés, les chrétiens qui dénoncent déjà, non sans raison, un nettoyage ethnique ont promis de répliquer.

Les zones religieuses du Nigéria
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Nigeria: Après le Nord, le Sud est en proie aux violences

Après la tristesse qui a suivi les attentats contre des églises à Noël dans le Nord, la colère des Nigérians grimpe avec la hausse des prix du carburant à la pompe

Alors que les attentats contre des églises le jour de Noël, revendiqués par la secte Boko Haram, et qui ont fait une cinquantaine de morts sont encore douloureux, c’est maintenant la colère des Nigérians qui monte avec la hausse des prix du carburant à la pompe. Elle est suivie de la fin immédiate d’une subvention destinée à maintenir les prix à la pompe autour de 65 nairas par litre décidée par le gouvernement le 31 décembre 2011. Pendant ce temps, de nombreuses stations vendaient déjà l’essence à 140 nairas le litre, plus du double, le lundi 2 janvier. Nous allons travailler avec d’autres groupes pour paralyser totalement le gouvernement et rendre le pays ingouvernable, a promis le Congrès des syndicats nigérians, qui menace d’appeler à une grève générale dans les prochains jours.

Par ailleurs, au moins 50 personnes ont perdu la vie dans l’État d’Ebonyi, dans le sud-est, selon le porte-parole du gouverneur local. Tandis que le président nigérian Goodluck Jonathan a proclamé samedi 30 décembre 2011 l’état d’urgence dans le nord du pays, les conflits territoriaux entre les ethnies Ezza et Ezilo seraient responsables de ces nouveaux affrontements, a précisé la même source, ajoutant qu’ils n’ont rien à voir avec les violences entre musulmans et chrétiens dans le nord-est du pays. Les violences liées à des conflits fonciers seraient fréquentes au Nigeria, particulièrement entre éleveurs et cultivateurs.

Quant aux attaques perpétrés par Boko Haram, le président a montré sa détermination combattre cette secte islamiste. Dans un discours télévisé samedi 30 décembre 2011, Jonathan Goodluck a annoncé la fermeture de certains tronçons de la frontière avec le Niger, le Tchad et le Cameroun. Le président, critiqué pour la lenteur de sa réaction, a ajouté qu’il avait donné l’ordre à l’état-major de prendre toutes les mesures appropriées, y compris la mise sur pied d’une force de lutte contre les terroristes, qu’il s’est engagé à écraser. La crise a pris une dimension terroriste, a déclaré le chef de l’État. Je demande par conséquent aux dirigeants politiques des États du Nord de coopérer au maximum pour faire en sorte que l’on contrôle la situation.

S’achemine-t-on vers une guerre de religions?
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C’est maintenant la peur d’une guerre de religions au Nigeria qui s’accentue après l’ultimatum de trois jours aux chrétiens pour quitter le nord du pays, lancé par Boko Haram par l’intermédiaire d’Abou Qaeqa, un de ses porte-parole, qui a également affirmé qu’ils étaient prêts à affronter l’armée. La secte répond ainsi au président Goodluck Jonathan qui, dans son discours, a juré d’écraser Boko Haram après avoir décrété l’état d’urgence dans les zones touchées par les violences. De son côté, l’association des chrétiens du Nigeria (CAN) a promis de répondre de manière appropriée en cas de nouvelle attaque; mais la CAN n’a pas souhaité s’expliquer davantage au sujet du mode de «réponse» en question. Boko Haram n’ayant pas de signes distinctifs, il y a le risque, en voulant répliquer aux attaques de la secte, de frapper des symboles ou des adeptes de la religion musulmane dont certains ne partageraient pas la vision des illuminés de Boko Haram. Ces derniers vont certainement à leur tour y répondre et on risquerait d’assister à une escalade des violences religieuses dans le pays, pire à une guerre de religions.

Le découpage religieux aux Nigéria
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