Le premier suspect interpellé dans l’assassinat de la secrétaire de Marafa est libre

La justice enquête désormais sur ceux qui ont vendu le téléphone de Christiane Soppo à Victor Muvandimwe, jeune rwandais réfugié à Yaoundé

Victor Muvandimwe a retrouvé le domicile familial depuis le 04 octobre dernier, après avoir passé quatre mois en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé à Kondengui, rapporte le quotidien Le Jour dans son édition de ce 07 octobre. Le jeune réfugié rwandais avait été arrêté au début du mois de juin dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de la secrétaire de Marafa Hamidou Yaya, en possession du téléphone de la défunte.

Le tribunal de grande instance de Yaoundé et la police judiciaire ont pris en considération la déclaration du jeune homme qui a affirmé avoir acheté le téléphone litigieux à l’Avenue Kennedy de Yaoundé et qu’il saurait reconnaitre les personnes le lui ayant vendu. On sait qu’au cours de la descente effectuée à la mi-septembre dans ce marché, la police a pu mettre la main sur une demi-dizaine de personnes qui sont en train d’être exploités pour retrouver l’auteur ou les auteurs du crime survenu le 26 janvier 2014.

Du fond de sa cellule, Marafa Hamidou Yaya a ravivé la polémique sur l’assassinat de sa secrétaire, dans une interview accordée à Jeune Afrique, édition du 28 septembre 2014. Interrogé sur l’état de l’enquête, l’ex-secrétaire général de la présidence de la République a répondu: «Un Rwandais, réfugié au Cameroun, aurait été arrêté. Mais je maintiens que ce meurtre est un odieux assassinat politique. Le pouvoir s’honorerait à traduire les vrais meurtriers devant la justice. En attendant de mettre la main sur «les vrais meurtriers», Victor Muvandimwe, qui a passé son baccalauréat série D cette année peut pour sa part, envisager désormais de poursuivre sereinement ses études au cycle supérieur, après avoir manqué l’examen de la Faculté de médecine de Yaoundé du fait de sa détention.


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Assassinat de la secrétaire de Marafa: Trois autres personnes interpellées

Deux vendeurs de téléphone à l’avenue Kennedy et un agent de la voirie municipale de Yaoundé ont été appréhendés les 18 et 24 septembre dernier

Trois autres suspects ont été appréhendés au cours du mois de septembre par la police judiciaire de Yaoundé dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Christiane Soppo, la secrétaire de l’ex ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya. Après Victor Muvandimwe, jeune réfugié rwandais de 21 ans arrêté le 09 juin dernier en possession du téléphone de la défunte, la police a pu mettre la main sur deux vendeurs de téléphones de l’Avenue Kennedy et un agent de la voirie municipale de Yaoundé en rapport avec cette enquête, rapporte le quotidien Le Jour dans son édition de mardi.

Le jeune réfugié rwandais avait été considéré au moment de son interpellation comme le suspect numéro 1 de l’assassinat de Christiane Soppo, acte survenu le 26 janvier 2014. Seulement, ce dernier, actuellement détenu à Kondengui, a clamé son innocence avouant avoir acheté le téléphone litigieux chez des vendeurs de l’Avenue Kennedy à Yaoundé et qu’il était capable d’identifier ces derniers. Selon le récit présenté par le quotidien Le Jour, Le tribunal de grande instance du Mfoundi a enfin a enfin ordonné une descente à l’Avenue Kennedy de Yaoundé, le 18 septembre, en compagnie du jeune homme pour identifier les personnes qui lui avaient vendu le téléphone. Dans un plan bien exécuté, des policiers en civil ont accompagné Victor Muvandimwe au lieu-dit «Chefferie», à côté de l’ancien poste de police de l’Avenue Kennedy, près de l’ancien immeuble Shell pour simuler l’achat d’un nouveau téléphone à l’image de l’ancien. Les vendeurs qui s’en sont souvenus ont par la suite été arrêtés et conduits à la délégation régionale de la police judiciaire du Centre.

Les deux suspects interpellés et placés en garde à vue ont par la suite confessé que le téléphone de la secrétaire de Marafa Hamidou Yaya leur a été vendu par un agent de la voirie municipale de Yaoundé. Ce dernier a été interpellé au quartier Minboman le 24 septembre 2014, relate Le Jour. Il est comme les deux autres en garde en vue dans les locaux de la Police judiciaire.

Grâce à la collaboration des compagnies de téléphonie mobile, la police a pu reconstituer le listing des appels émis par le téléphone de Mme Soppo depuis son décès. Un quatrième suspect qui a mis le premier sa puce dans le téléphone, le 28 janvier (soit trois jours après la découverte du corps inanimé de la secrétaire) est actuellement recherché, explique le reporter du quotidien Le Jour.


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Assassinat de la secrétaire de Marafa: Un réfugié rwandais interpellé

Victor Muvandimwe, 21 ans, a été arrêté le 09 juin dernier en possession du téléphone de Christiane Soppo. Accusé d’assassinat, il a été placé en détention provisoire

Victor Muvandimwe, 21 ans de nationalité rwandaise dont la famille est réfugiée au Cameroun, se trouve depuis une semaine dans les geôles, dans le cadre de l’enquête ouverte suite à l’assassinat de Christiane Soppo, la secrétaire de Marafa Hamidou Yaya. L’information a été rendue publique hier par l’hebdomadaire judiciaire Kalara dans son édition du 16 juin 2014. Le jeune rwandais a été arrêté le 09 juin dernier par des éléments de la Délégation régionale de la police judiciaire de Yaoundé à cause du téléphone portable dont il était le détenteur, un Samsung Galaxy S2, et qui aurait appartenu à la secrétaire de Marafa Hamidou Yaya, retrouvée morte chez elle le 26 janvier 2014. Le téléphone a été suivi grâce à son numéro Imei qui était connu des enquêteurs.

Le 13 juin 2014, Victor Muvandimwe a été présenté à la justice sur réquisitoire du procureur de la République qui a retenu contre lui l’infraction d’assassinat. Il a été inculpé et placé en détention provisoire à la prison centrale de Yaoundé à Nkondengui. Le père de Victor, Gafaranga Félix, avait été également interpellé avant d’être relâché plus tard, le procureur n’ayant pas relevé assez d’indices contre lui. Il a utilisé de façon ponctuelle le téléphone lorsque le sien s’est déchargé.

Avenue Kennedy
Selon la version des parents, Victor serait victime d’un coup du sort. Leur fils a acquis ce téléphone en occasion, à 45.000 F CFA, à l’Avenue Kennedy de Yaoundé, place commerciale de la capitale où on peut trouver des appareils de tout genre. Il a acheté ce Samsung Galaxy il y a six mois après avoir reçu 100 dollars de la part d’un oncle vivant au Canada et qui s’était rendu au Cameroun pour assister aux obsèques de son grand-père maternel. Au collège Vogt de Yaoundé, où Victor a fréquenté ces trois dernières années jusqu’en terminale, le reporter du Quotidien Le Jour affirme que le garçon y est considéré comme un élève sans histoires, aucun blâme en trois ans. «La justice est allé un peu vite», commente un responsable du collège cité par le Quotidien Le Jour.

Etant réfugiée au Cameroun, la famille de Victor compte sur le soutien de la Représentation camerounaise du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) pour se tirer de cette affaire qualifiée à l’époque des faits par Marafa Hamidou Yaya d’ «assassinat politique». Le 24 mars 2014 en effet, parlant de sa secrétaire retrouvée morte chez elles avec des traces de violences sur le corps, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République écrivait : « Je répète encore : Assassinat politique [.] Les commanditaires et les exécutants plongent notre nation dans un avenir de méfiance et de peur, comme l’y plonge l’Etat en ne disant rien de ce meurtre et en ne faisant rien pour combattre le système piloté ». Malgré lui, selon l’hebdomadaire Kalara, le jeune réfugié rwandais Victor Muvandimwe est devenu le suspect n°1 de l’enquête et est accusé d’ores et déjà d’assassinat et non de recel.

Marafa Hamidou Yaya avait qualifié le décès de sa cecrétaire d’ « assassinat politique »
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Huitième lettre de Marafa Hamidou Yaya au président de la République, Paul Biya

L’ancien Secrétaire général de la présidence, détenu au SED, parle du meurtre de sa secrétaire et demande de protéger ses avocats

Lettre ouverte à Monsieur le président de la République

Monsieur le président de la République,
Madame Christiane Soppo, qui fut mon assistante pendant plus de vingt ans, a été retrouvée assassinée chez elle le 26 janvier 2014, portant la marque d’atroces tortures. Je n’ai pas voulu m’exprimer immédiatement pour ne pas ajouter à l’émotion et laisser les enquêteurs faire leur travail ; mais deux mois après, je suis obligé de constater que l’Etat reste d’un silence absolu. Je ne m’adresse pas à vous pour vous dire l’effroi, la peine et la colère que je ressens et que partagent tant de Camerounais – dont vous-même je veux le croire. Mes pensées pour Madame Soppo et pour sa famille resteront privées. Ce qu’en revanche je dois publiquement à la mémoire de Madame Soppo, c’est de mettre l’Etat face à sa responsabilité d’élucider cet assassinat politique et d’y répliquer par tous les moyens. Je dis bien assassinat politique, car Madame Soppo a été prise pour cible uniquement parce qu’elle m’était restée fidèle après mon emprisonnement.

Cette conviction, tous ceux dont elle a été l’interlocutrice fréquente et respectée la partagent : nombre de vos ministres, de membres de votre cabinet et de votre sécurité, de députés, de sénateurs, de responsables de partis politiques, mais aussi de diplomates étrangers et de dirigeants de grands groupes industriels internationaux. Tous, qui l’ont vue remplir à mes côtés sa mission au service de la nation avec une intégrité parfaite, savent que sa seule « faute » ne pouvait être que sa proximité avec moi et les visites qu’elle continuait à me rendre régulièrement. C’est justement parce qu’elle avait la conscience tranquille qu’elle avait choisi d’ignorer les menaces qui lui étaient relayées depuis des semaines et qui sont une preuve du caractère prémédité, planifié, de cet acte. Je répète assassinat politique, car ne vous y trompez pas : après l’instrumentalisation des tribunaux, rendant des condamnations sans preuves, le martyre de Madame Soppo représente une étape supplémentaire, l’émergence d’une justice parallèle, extrajudiciaire, aux mains de groupes d’individus qui en fonction de leurs intérêts, prononcent des sentences de mort secrètes exécutées par des hommes de sac et de corde. Nos compatriotes en sont à se demander si le seul moyen de bénéficier de la protection de l’Etat contre les emprisonnements et les exécutions arbitraires est d’avoir un passeport étranger.

Je répète encore assassinat politique, car la mort de cette «simple» Camerounaise, qui non seulement n’avait rien à se reprocher mais incarnait les meilleures qualités de notre peuple, l’effort dans les études et le travail, l’attachement à l’éducation des enfants, la loyauté, représente un pas de plus vers l’ « ensauvagement » de notre société dont parle Achille Mbembé. Les commanditaires et les exécutants plongent notre nation dans un avenir de méfiance et de peur, comme l’y plonge l’Etat en ne disant rien de ce meurtre et en ne faisant rien pour combattre le système qui l’a piloté.

Marafa Hamidou Yaya
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Monsieur le Président de la République, il est de notre devoir, il est du devoir de l’Etat, de prendre immédiatement les mesures suivantes: Mettre toutes les ressources publiques utiles à rechercher et punir les responsables de cet acte barbare, les commanditaires comme les exécutants, ainsi qu’à exposer leurs motifs. Assurer la protection de mes proches et particulièrement de mes avocats, et faire le nécessaire pour que l’action menée contre moi, toute injuste qu’elle est, continue à prendre place sur le terrain du droit et de la justice réguliers. De nouveaux innocents ne doivent pas tomber sous les coups de la machette. Ces gestes et ces signaux forts ne sont pas seulement dus à la mémoire d’une Camerounaise à la fois typique et exemplaire, ils sont indispensables pour que la nation ne sombre pas dans une crainte généralisée de tous envers tous, et en premier lieu envers un Etat de plus en plus otage d’intérêts privés et destructeurs.

Yaoundé le 24 mars 2014