Le Secrétaire Général de Cinepress parle de l’organisation de la 8ème édition des Rencontres du film court du Cameroun
Ce lundi débute la 8e édition des Rencontres Internationales du Film Court du Cameroun. Quelles sont les grandes articulations de cette année?
C’est un moment toujours émouvant pour le comité d’organisation. Nous avons pris la résolution à chacune de nos éditions, d’apporter un brin en plus pour rendre notre festival intéressant, à la hauteur des espérances du public et de notre satisfaction. Pour ce qui est de cette édition, nous réitérons la marche sur tapis Rouge, notre dernière trouvaille depuis l’édition précédente. Nous avons un village du festival au centre culturel Savanah où se dérouleront des animations musicales et des projections cinématographiques. Nous faisons un gros plan sur le cinéma allemand et une séance hommage à quelques amis de notre festival, je fais référence à Stéphane Tchakam, Jacques Bessala Manga et à Martin Likeng qui nous ont malheureusement quitté cette année et, qui avaient toujours contribué au développement de notre projet. Evidemment, Martin Likeng à travers son documentaire Bonamoussadi, le cimetière des bacheliers avait reçu le prix du documentaire à la première édition du festival Yaoundé-tout-court en 2003. Il y aura aussi ce débat autour du thème central Cinéma national et identité culturelle qui réunira des spécialistes et les professionnels autour d’une table dans l’objectif de donner au public et aux jeunes cinéastes des instruments de lecture nécessaires à la compréhension des enjeux d’une telle réflexion. C’est d’ailleurs l’une des nouvelles options que nous voulons faire de notre festival, un instant de fête, de glamour et des pépites de réflexion sur des thèmes profonds et structurants pour notre jeune cinéma.
Qu’est ce qui justifie le choix du thème de cette année : « Cinéma national et identité culturelle?
Dans tous les pays du monde, il existe un cinéma national qui s’inspire de notre vaste patrimoine culturel pour s’exprimer. Nous sommes partis de ce postulat pour poser la question. Y a -t-il un cinéma camerounais ? Entre la résurgence obsessionnelle du Callywood (la version camerounaise de Nollywood) dans la partie anglophone du Cameroun, les productions urbaines, les séries diffusées dans les télévisions locales etc, il y a lieu de mener des réflexions autour de ces productions. A quoi pensent les cinéastes émergents ? L’autre aspect, c’est d’attirer l’attention des politiques sur les singularités de notre identité dans la diversité culturelle que nous impose le monde. L’écrivain congolais Henri Lopez disait chacun porte seul son monde immense. Comment cela se perçoit-t-il à travers le cinéma court au Cameroun?
Quel bilan faites-vous de l’atelier de formation sur la production qui s’est tenue à l’IFC Yaoundé en rapport avec ce festival?
Je crois que nous sommes sur une véritable pente ascendante. Nous avons pour ambition d’apporter une réelle contribution dans la formation des cinéastes nouveaux. Cela passe par une formation de qualité et des personnes qui aimeraient chacune à son niveau, apporter un plus important à notre cinéma. Avec le producteur Gérard Désiré Nguélé, l’animateur, nous avons sélectionné les participants qui répondaient à ce profil. Les modules sur la production dans un système « D » initié l’année dernière a eu un aspect plus théorique et une sortie sur le terrain. En réalité, nous souhaitons que dans une cinématographie paradoxale comme la nôtre, que des jeunes qui ont parfois la chance d’obtenir du soutien venant des amis, des parents puissent maximiser leurs chances en travaillant sur des projets sérieux et sentis. Cela commence par le « Pitch » et la qualité de la ressource humaine avant d’en appeler aux qualités managériales indispensables à tout jeune producteur. Nous sommes satisfaits pour le moment. Les instituts français et allemand nous apportent amplement leurs soutiens dans ce sens.
Un mot sur les films retenus cette année
C’est des films complexes venant de plusieurs horizons culturels. Ils sont à la fois des documentaires, des fictions et des films d’animations. Les thèmes sont divers mais répondant majoritairement aux préoccupations du monde. Beaucoup nous viennent des écoles.
Y a t-il des courts métrages étrangers?
Nous faisons une introspection dans le cinéma allemand avec plusieurs films. Avec une journée qui leur est consacrée mais à côté, on peut compter des films danois, français, etc.
Depuis 7 éditions, avez-vous l’impression que la qualité des productions évolue?
C’est la grande inquiétude pour notre jeune cinéma local. Les films locaux souffrent de cette approximation dans la perception cinématographique. On en parle assez régulièrement mais les oreilles ont du mal à intégrer la rigueur qu’il faut pour des films de qualité. Nous avons imposé la rubrique « Regard Off » pour justement essayer de palier à ces différences. Les films venus d’ailleurs nous surprennent chaque année. Avec Gérard Désiré Nguélé, le producteur, nous avons essayé d’étudier des modules capables d’aider nos jeunes cinéastes à avoir des uvres de qualité à moindre coût. Nous espérons que nos jeunes cinéastes s’amélioreront pour la suite.
Un mot sur vos partenaires
De plus en plus, nous intégrons les diffuseurs comme partenaires du festival afin de contribuer davantage à la promotion du jeune cinéma. C’est houleux dans la compréhension mais nous avons espoir. Le ministère camerounais des Arts et de la Culture nous sollicitent de plus en plus et nous accorde son soutien. D’ailleurs cette édition est patronnée par la ministre Ama Tutu Muna. L’association Camerounaise des journalistes et critique de cinéma du Cameroun (Cinepress) rentre aussi dans l’organisation en s’occupant du Prix de la Presse de notre palmarès. Avec le centre de formation professionnelle de l’audiovisuelle de la CRTV, nous avons entamé cette année un partenariat pratique pour les ateliers. Mais le gros de notre soutien nous vient de la coopération française et allemande à travers les instituts Français et Goethe. Nous ne saurons oublier les médias véritablement présents à chacune de nos éditions.
Pour terminer, pouvez-vous nous présenter l’association Sud Plateau?
Notre association existe depuis 1998, nous avons décidé de travailler dans le domaine du cinéma, la vidéo et la télévision. C’est un regroupement des étudiants, des critiques, des cinéastes et autres journalistes et bénévoles au service de la promotion du cinéma au Cameroun. Nous publiions un magazine éponyme qui a cessé sa parution depuis 2005, faute de moyens financiers. Depuis lors, nous nous sommes consacrés au festival Yaoundé-tout-court qui est aujourd’hui le premier festival de films courts dans notre pays. C’est un travail houleux, qui se fait bénévolement mais produit malgré tout des résultats.
