Cameroun-Assassinat Martinez Zogo : la théorie de l’épuration !

Les Camerounais qui observent l’affaire de l’assassinat de Martinez Zogo évoquent de plus en plus la théorie de l’épuration ou du grand nettoyage.

Et dans cette théorie, il y a ceux qui souhaitent qu’on profite de cette affaire pour faire un nettoyage et d’autres qui sont plus affirmatifs et disent que le nettoyage est en train de se faire. Dans un cas comme dans l’autre, l’auteur de ce nettoyage ne devrait être que le Président Paul Biya, dont on célébrait il y a quelques jours encore le 90e anniversaire.

Quand on balaie c’est pour faire de la place, pour laisser la « Maison Cameroun» propre, comme Ahidjo son prédécesseur l’a laissé, Paul Biya serait-il en train de faire ses adieux avec cette affaire ?  Compte tenu de l’implication des corps de sécurité détenant les secrets de la République et des forces de sécurité avec des armes redoutables, cette épuration ressemblera-t-elle aux opérations précédentes, telles que « épervier » ? C’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de résistance de la part des victimes des arrestations.

Aucun des accusés n’a jusqu’ici bronché, au contraire, même en prison, leur soutien au président Paul Biya a été total, acceptant l’idée d’être ses « créatures ». Mais dans le cas présent où nous approchons de la fin, les nouveaux purifiés, eux aussi « créatures », auront-ils la docilité de leurs aînés? Surtout lorsqu’ils sont convaincus de savoir qui serait leur véritable purificateur ?

Au fond, dans cette guerre des clans, impliquant les forces de sécurité, nous courons le risque d’un éclatement de ces forces et donc d’un affrontement sanglant comme celui dont Martinez Zogo a été victime. Comme dans une partie d’échecs, celui qui a décidé de jouer ce coup, que ce soit Paul Biya ou quelqu’un d’autre, doit savoir que ce qui se joue est très dangereux pour l’existence même du Cameroun, du Cameroun de Paul Biya que certains camerounais appellent de tous leurs vœux.

Pour finir avec la théorie de l’épuration, quand on pense qu’une brigade de gendarmerie n’a pas pu ouvrir ses portes à un Camerounais en danger de mort, et qu’ironiquement c’est à cette gendarmerie qu’on a confié l’enquête sur l’assassinat de Martinez Zogo, on se demande jusqu’où doit aller le nettoyage. Celui à qui l’on confie le nettoyage aujourd’hui ne devrait-il pas être nettoyé à son tour ? Si on connaît Paul Biya comme un joueur de « songo » où l’on donne pour mieux  » manger  » après, Paul Biya en joueur d’échec, on attend de voir comment il va jouer ce coup qui pourrait bien être le coup de grâce qui met fin à la partie.

L’assassinat de Martinez Zogo et l’épuration en cours pour les uns ou souhaitée pour les autres n’étant rien d’autre que le système Biya devenu une bête qui dévore ses propres enfants. La question inquiétante aujourd’hui est de savoir si les « créatures » vont se laisser dévorer ?

Cameroun : Paul Biya, qu’as-tu fait de tes 90 ans ?

Ce lundi 13 février 2023, c’est jour de fête pour les partisans du président Paul Biya. Mais a-t-il encore la mémoire pour méditer sur ses 40 ans déjà passés à la tête du Cameroun ?

Un anniversaire et une célébration avec tous les égards dus au prince. Le 90e anniversaire de Paul Biya est annoncé pour se dérouler avec faste. Ce dimanche 12 février, le président de la République s’est retiré dans le calme douillet de Mvomeka’a, son village natal, situé à près de 250 kilomètres de la capitale Yaoundé d’où ses compatriotes vont quêter, toute la journée, les traditionnelles photos de célébration, avec le somptueux gâteau de circonstance, en compagnie de son épouse Chantal et une poignée de privilégiés, invités à la table de l’homme qui dirige le Cameroun depuis bientôt 41 ans.

La dernière sortie médiatique du président Biya a laissé ses compatriotes sur la faim. Le chef de l’Etat s’est adressé ce vendredi 10 février 2023 aux jeunes à l’occasion de la célébration de la 57ème édition de la fête de la jeunesse camerounaise. Loin des préoccupations des Camerounais, suite à l’assassinat du directeur d’Amplitude FM Martinez Zogo, dans des circonstances très troubles, le président a néanmoins reconnu, dans son discours «réchauffé», les préoccupations légitimes des jeunes dans un contexte international difficile, marqué par une série de crises qui affectent presque tous les secteurs d’activités. Mais, un message qui ne restera pas dans les mémoires.

Ce que les Camerounais retiennent, c’est hélas, les images du président Biya dans une situation compromettante lors du sommet États-Unis-Afrique de décembre de l’année dernière. Le Vieux a paru déboussolé. Il est entré dans la salle de conférence sans savoir où il se trouvait ni ce qu’il était censé faire. «Wow, alors je suis devenu une célébrité ? », demande-t-il à son assistant, « Qui sont tous ces gens présents ? » Lorsque l’assistant lui dit qu’il est censé faire un discours, il dit : «Y a-t-il des personnages importants parmi eux ? » Ce fut un moment très embarrassant pour le vieil homme.

Personnalisation du pouvoir

Au regard de cette mise en scène du président Biya, l’on se demande comment un vieil homme aussi sénile parvient à garder le pouvoir depuis le 6 novembre 1982 : gagner (ou réussir à truquer) des élections, éviter des coups d’État militaires. Fonctionnaire depuis 1962, après ses études de science politique en France, l’hyper-président a su construire, grâce à la personnalisation du pouvoir, un système de gouvernance si puissant que le Cameroun n’a pas besoin de lui pour se diriger.

Dans une de ses rares interviews, il souhaitait que les Camerounais gardent de lui, l’image d’un homme qui aura apporté «la démocratie et le progrès». Pendant un certain temps, il s’est efforcé d’atteindre certains de ces objectifs. Le pays a atteint la stabilité et l’unité politique, et une transformation économique relative grâce à son “ New deal”. Il y a même eu un relâchement momentané   de l’état policier draconien.

Mais à la fin des années 1990, la libéralisation politique, la discipline budgétaire et la responsabilité du gouvernement ont été progressivement stoppées. Cela s’est produit après la tentative de coup d’Etat sanglant  de 1984 par les gardes républicains. Biya est devenu de plus en plus inflexible en matière de compromis politique. Il a d’abord purgé la faction d’Ahidjo au sein du parti au pouvoir et a fini par bloquer toute contestation sérieuse de son leadership, qu’elle vienne de l’intérieur ou de l’extérieur du parti. Mais finalement, sous la pression extérieure, il a accepté le multipartisme en 1990.

Depuis son accession au pouvoir, les élections ne sont qu’une formalité à laquelle Biya se présente sans possibilité de perdre. Par exemple, en 2004, Biya a été élu avec 70,9 % des voix. Après la révision constitutionnelle  de 2008 visant à supprimer la limitation des mandats, il a été réélu avec 78 % des voix en 2011.

En 2018, lors de l’élection présidentielle, aux résultats très contestés, il obtient 71,28 % contre son challenger, le leader de l’opposition Maurice Kamto. Biya a créé une classe politique à la recherche de rente qui non seulement fait son travail mais le maintient au pouvoir avec un minimum de résistance.

Les inégalités sont criardes

Le Cameroun est l’un des principaux exportateurs de bois en Afrique et le cinquième producteur de cacao au monde. Le pays du deuxième dirigeant le plus ancien d‘Afrique, après Obiang Nguema, a suffisamment de ressources naturelles et humaines pour réduire l’extrême pauvreté et le sous-développement.

Toutefois, en raison de la corruption, les recettes sont pillées pour maintenir un réseau clientéliste. Conséquence, malgré quelques infrastructures de base (écoles, routes, hôpitaux, universités, etc.), les Camerounais sont globalement plus pauvres qu’ils ne l’étaient en 1982. Au Cameroun, les inégalités sont criardes. Pour preuve, pendant qu’une poignée de personnes, proches du pouvoir,  vivent dans l’opulence, la moitié des Camerounais n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à l’électricité. Pire, les Camerounais connectés à ces ressources connaissent d’interminables coupures et délestages.

La crise anglophone et la guerre contre Boko Haram  ont également permis à Biya de détourner l’attention de sa mauvaise gestion. Un autre facteur est la concentration du pouvoir au Cameroun. Rien de substantiel ne peut être fait sans l’aval du président ou de sa «haute instruction». Aucune branche du gouvernement ou entité de l’État n’échappe à cette politique, y compris le système judiciaire : les juges sont nommés directement par le président.

En d’autres termes, il n’y a aucun secteur de la vie publique qui ne soit pas touché par le régime Biya. Le mandat du président s’achève en 2025, année à laquelle il aura 92 ans. Bien qu’il n’ait montré aucun signe d’abandon de la scène, l’idée d’une ère post-Biya fait son chemin.

Bien que le RDPC parti au pouvoir n’ait pas tenu de congrès depuis 2011, empêchant ainsi le débat sur la transition, il y a de temps en temps une réorganisation interne du parti. Le président s’en est servi pour contrôler les menaces potentielles à sa suprématie, d’où les nombreux ex-ministres et directeurs généraux en prison, victimes de l’opération Epervier. Mais deux clans (Bulu et Nanga) se livrent une bataille féroce pour sa succession.

Le système de Biya a fait son temps. Sa longévité repose sur son caractère impitoyable et sa perspicacité politique. Malheur à celui qui s’aventurera dans son camp à prononcer sa candidature à la présidence de la République, avant l’heure, excepté son fils Franck. Joyeux anniversaire Mr le président Paul Biya.

La bataille des clans se poursuit à la Fécavolley

Une assemblée générale organisée samedi par la partie fidèle au président Serges Abouem a été interrompue par les forces de l’ordre

Le malaise se poursuit à la Fédération camerounaise de volleyball (Fécavolley). Les membres de cette fédération qui étaient réunis le samedi 23 mai 2015 à l’hôtel Djeuga Palace à Yaoundé, dans le cadre d’une assemblée générale, ont quitté précipitamment la salle.

La réunion destinée à la révision des textes de la fédération a été interrompue par les forces de l’ordre «sur décision des autorités administratives», au moment où les délégués venus des quatre coins du pays, consultaient lesdits textes.

D’après les éléments de la police arrivés sur les lieux, la réunion de la Fécavolley n’était pas autorisée. Ils ont présenté une décision du sous-préfet de Yaoundé 1er interdisant cette assise sous les «ordre du gouverneur de la région du Centre». Une décision qui surprend plus d’un à la Fécavolley.

«Hier tard dans la nuit (vendredi, ndlr), nous avons appris que le ministère des Sports et de l’Education physique avait annulé notre réunion. Mais vérification faite, ce n’était pas vrai car le document qui nous a été remis était un faux», a confié un membre de la Fécavolley. «Ce samedi, nous nous sommes donc réunis normalement avant l’intervention de la police. Mais nous avons appris que certains membres de la Fédération estiment cette assemblée générale illégale, d’où ces man uvres de leur part», a-t-il ajouté.

L’assemblée a quitté l’hôtel Djeuga palace sans avoir pu tenir ses travaux. Cette réunion devait, dans un second temps, être consacrée à l’examen du bilan à mi-mandat du président de la Fécavolley, Serges Abouem.

L’annulation de cette rencontre par l’autorité la région du Centre fait suite à une requête de Antoine Biyag, demandant l’interdiction de la tenue de cette assemblée générale convoquée par Serges Abouem. Elu lors d’une assemblée générale de la Ligue du Littoral tenue le 9 avril 2015 à Nkongsamba, le président général du club Litto team, n’avait pas été reconnu par Serges Abouem.

Le président de la Fécavolley, Serges Anouem lit les nouveaux textes
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Cette crise est née du cumul de fonctions de Bourdanne Bello, alors président de la Ligue du Littoral et vice-président national. Voyant cela, Serge Abouem lui a demandé de renoncer au poste de président. Ce qu’il a refusé de faire. Le président Abouem, las, a décidé en contradiction avec les textes, de nommer un président à la tête de la Ligue régionale. Pendant ce temps, Bello a démissionné, laissant le soin à ses dauphins élus d’organiser de nouvelles élections. Des élections qui ont porté Antoine Biyag, un des vice-présidents de Bello à la tête de la Ligue régionale.

Resté vice-président de la Fédération, Bourdanne Bello quant à lui s’est retourné contre son président Serges Abouem pour soutenir Antoine Biyag. Bourdanne Bello et Antoine Abouem se sont donc associés pour empêcher à la fraction à Serges Abouem de réviser les textes qui auraient limité leurs actions dans les activités de la Fécavolley. Pour obtenir l’annulation l’assemblé générale de samedi, les deux hommes tête de file de quelques contestataires ont présenté au gouverneur l’argument de trouble à l’ordre public et une «fausse» lettre du ministère des Sports annulant cette assemblée générale.

On n’a frôlé le pire samedi dernier à l’Hôtel Djeuga Palace
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Michel Zoah: «Il y avait des guerres des clans entre les joueurs»

Interpellé par les députés sur l’échec des Lions indomptables en Afrique du sud, le ministre a accusé la division dans l’équipe

L’équipe a été sabotée par les guerres de clans et les pratiques ésotériques
Le ministre Michel Zoah en charge des sports qui avait conduit la délégation des Lions indomptables en Afrique du sud a reconnu pour la première fois l’existence d’un climat de désordre dans l’équipe nationale. Le ministre répondait à une interpellation, qui a été annoncé, depuis 5 jours. Dans la grande salle de l’Assemblée nationale, la question a créé une grosse animation. Pouvez-vous nous dire pourquoi l’équipe nationale de football malgré tous les moyens mis à sa disposition est revenue au Cameroun sur un échec jamais connu?, a demandé un député. Michel Zouah a dit qu’il y avait eu des «erreurs de management». Mais dans son propos, il a surtout indiqué comme cause principale de l’échec des Lions l’existence de guerre de clans et de pratiques ésotériques. La débâcle est venue alors que le gouvernement a mis tous les moyens en jeu pour que l’équipe soit dans les meilleures conditions, a affirmé le ministre. Mais l’échec est venu de l’existence de conflits d’une part entre les joueurs et les encadreurs, mais aussi et surtout des conflits entre les joueurs eux-mêmes a ajouté le ministre. Il est entré dans des détails non encore évoqués officiellement jusqu’à ce jour. Les multiples rencontres avec les joueurs nous ont permis de constater qu’il y avait des anciens qui ne s’entendaient pas avec les plus jeunes, il régnait un climat de conflits, mais aussi de jalousie. Certains joueurs n’admettent pas le talent de leur coéquipier a dit le ministre Zoah.

Des déclarations qui entretiendront la polémique
L’intervention du ministre ne manquera pas de faire l’objet de nombreux commentaires durant le week-end. Pour les spécialistes de la communication politique, pour une fois le gouvernement a joué la carte de la franchise. Le ministre n’a pas abordé les questions liées à la responsabilité de la fédération qui est le véritable dirigeant du football camerounais. Des sanctions comme en France ou au Nigéria n’ont pas été envisagées. Michel Zouah a annoncé que d’importantes mesures seraient prises pour améliorer les performances de l’équipe nationale de football. Très attendus lors de cette coupe du monde sud-africaine, les Lions indomptables ont brillé en dehors des terrains. Malgré une nette évolution au niveau de la qualité de jeu, les Camerounais ont réalisé leur pire participation à une phase finale de coupe du monde. L’équipe est rentrée avec trois défaites et zéro point marqué. Durant la compétition, de nombreux médias avaient rapporté l’existence de ces conflits. Le ministre dans un point de presse en Afrique du sud avait écarté cette position, préférant parler de légères incompréhensions. L’opinion publique camerounaise se serait attendue à ce que tous les dirigeants du sport camerounais passent devant une commission comme cela a été le cas en France. Difficile de savoir si Iya Mohamed le président de la fédération est prêt à démissionner. Paul Le Guen jugé selon une bonne partie de l’opinion comme le principal responsable n’a pas fait l’objet de commentaires négatifs de la part du ministre. Difficile en effet pour Michel Zouah de dire que l’entraineur qu’il a choisi a été incompétent, sans reconnaitre par là même qu’il a été incompétent dans sa mission de trouver un entraineur au Cameroun.

Le ministre Zoah Michel et l’entraineur Paul Le Guen
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