Cameroun: des populations opposées à un projet de concessions forestières dans la forêt d’Ebo

Les contestataires estiment que cette forêt située dans la région du Littoral représente leur “patrimoine foncier ancestral”, qu’elles avaient dû quitter de force en 1963. Environ 150 000 hectares de forêt intacte

 

Greenpeace Afrique a relayé, au début du mois d’avril, une pétition lancée par des populations de la région du Littoral qui contestent un projet du ministère des Forêts et de la Faune d’accorder deux concessions forestières pour exploitation dans la forêt d’Ebo.

Les deux concessions prélèveraient environ 85 000 hectares sur cette forêt d’une superficie de 150 000 ha.

Selon Greenpeace Afrique, le gouvernement camerounais avait annoncé, en 2006, l’intention de transformer la forêt d’Ebo en parc national mais aucun décret dans ce sens n’a jamais été pris. Les deux concessions forestières ont quant à elles été classées le 04 février 2020.

L’ONG internationale indique que la forêt d’Ebo est une zone de biodiversité qui abrite des chimpanzés, des éléphants de forêt, des perroquets gris et d’autres espèces inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en danger et en voie d’extinction, ainsi que 12 essences d’arbres inconnues à la science. Cette forêt contient par ailleurs environ 35 millions de tonnes de carbone.

Les concessions forestières tiendraient compte du fait que les hectares ciblés ne sont ni occupés, ni exploités. Ce que contestent des populations des  villes de Yabassi, Yingui, une partie de Ngambe et une partie de Ndikiniméki qui utilisent les ressources de la forêt pour la nourriture, les médicaments, les activités culturelles.

Des représentants de ces populations estiment que ces hectares représentent des terres ancestrales qu’elles avaient dû quitter suite à un arrêté préfectoral de 1963, sous la contrainte de l’armée camerounaise de l’époque qui voulait débusquer la rébellion réfugiée dans cette forêt.

“Elles [les populations] furent alors contraintes de s´exiler vers d’autres villes camerounaises, notamment dans le département du Mungo ( Loum, Penja, Mombo), celui du wouri ( Douala et ses environs), de la Sanaga-maritime (Edéa, Dizangue, Sombengue, Pouma), du Nkam (Carrefour Bonepoupa, Kopongo, PK 12 à 30)”, peut-on lire dans la pétition.

La forêt est voisine de la plantation voisine d’huile de palme de Greenfil Palm Plantation Ltd.