Cameroun-Amadou Vamoulké : personne n’est à l’abri d’une insécurité judiciaire

Avant sa condamnation à 12 ans de prison ferme par le TCS, l’ancien DG de la CRTV a exprimé son sentiment de dépit et de profonde incompréhension.

Monsieur le président de la collégialité,

Madame, Messieurs les Membres de la collégialité,

Mesdames et Messieurs,

Recevez mes salutations déférentes et cordiales, et soyez remerciés d’avance pour l’attention qu’il vous plaira de m’accorder en ce moment particulièrement important de ma vie, au terme d’un voyage judiciaire anormalement long, éprouvant et surréaliste. Je crois que le temps des argumentations, juridiques, judiciaires ou simplement de logique pure est passé. Mesdames et Messieurs, le septuagénaire que je suis – j’aurais 73 ans en Février prochain – voudrait plutôt partager avec vous le sentiment qui m’habite après toutes ces péripéties que j’ai vécues comme  une véritable mise à mort – on dira à mort lente -, et je n’exagère pas.

Car si d’éminents médecins vous diagnostiquent une maladie qu’ils qualifient de sévère et vous prescrivent des soins appropriés sous peine de paralysie, et que le tribunal, sollicité, rejette votre demande de liberté provisoire avec le motif lapidaire et peut être méprisant de « demande non fondée », qu’allez-vous comprendre par-là ? Moi j’ai compris que cela veut dire : « Crève si tu veux ». Donc, la mise à mort qui est bien distincte d’une condamnation à mort fait partie des choses que le Tribunal s’autorise.

Quand j’ai reçu cette réponse catégorique, j’ai pensé à ce détenu de mon quartier dont le médecin avait demandé le transfert à Douala, pour recevoir des soins de radiothérapie, non dispensés à Yaoundé. Refus catégorique. Le détenu en question est mort. Moi, Dieu merci, je ne suis pas encore paralysé, grâce à un traitement par un tradi-praticien, mais l’insensibilité de ma plante des pieds persiste.

Le sentiment qui m’habite est un sentiment de dépit et de profonde incompréhension. Suis-je encore un authentique citoyen de ce pays ? Ou un paria sans protection que l’on peut priver de liberté parce qu’on l’a décidé et mis en œuvre en utilisant les rouages de l’Etat ?

Et cet État, est-il toujours le protecteur de tous ?

Dois-je admettre aujourd’hui que dans  mon pays, personne n’est à l’abri d’une insécurité judiciaire quelles que soient les précautions qu’il peut prendre pour mener une existence tranquille, animé par le seul désir de guider sa famille, et d’être utile à sa communauté qu’elle soit restreinte ou élargie ?

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Vous ne pouvez pas imaginer quelle épreuve humaine constitue le fait d’être projeté, brutalement, dans un tourbillon d’activités agressives, de calomnies abjectes colportées par des médias commandités, alors que vous croyiez  être à la fois un homme  honnête, et un honnête homme, les deux expressions n’étant pas équivalentes. Et quelle stupéfaction et déception de découvrir que les acteurs de ce déploiement diabolique en question sont actionnés par des personnalités insoupçonnées, des membres du Gouvernement étant du nombre.

Et lorsque, contre toute attente, vous vous retrouvez dans la destination finale de la mise en scène, la prison, vous croyez vivre  un cauchemar. La prison ? Mais pourquoi ? Je n’ai jamais eu la réputation d’un gestionnaire indélicat, au contraire. Je crois même savoir que c’est ma probité reconnue qui a été déterminante dans ma nomination à la tête de la Cameroon Radio and Television (CRTV). Les journalistes qui ont travaillé sous mon autorité quand j’étais Rédacteur en Chef de Cameroon Tribune, il y a 40 ans, peuvent se rappeler que j’étais intolérant à la pratique du « gombo », alors embryonnaire.

A l’Imprimerie Nationale, j’avais créé, d’initiative, avant même que cette pratique ne soit  imposée par l’Etat, une commission des marchés quand  il fallait  acquérir des équipements, dans laquelle j’impliquais les techniciens des autres imprimeries (CEPER, SOPECAM) pour être certain de choisir la meilleure offre. Un rapport de la Commission Financière dont le Président est aujourd’hui magistrat à la Chambre des Comptes avait ces mots pour clôturer son rapport : « On peut conclure à une gestion sereine de l’Imprimerie Nationale ».

Comme beaucoup le savent, je m’étais volontairement éloigné des emplois étatiques depuis une dizaine d’années, lorsqu’on me sollicita pour diriger la CRTV. Ce qui est peu connu, c’est que je n’ai accepté l’offre qu’après une longue hésitation, ayant une idée des difficultés immenses que traversait cette entreprise.

Cette acceptation n’avait été déterminée que par mon désir d’être utile à mon pays, et, d’avantage, par l’honneur que j’éprouvais à être choisi  par le Président de la République. Le challenge était immense : presque tous les émetteurs étaient essoufflés, les images étaient invisibles dès qu’on sortait de Douala. Les villes de Ngaoundéré, Garoua, Maroua, Yagoua, Abong-Mbang, Kribi, Ebolowa et d’autres n’étaient pas couvertes. Il n’y avait que deux (02) bancs de montage à Mballa II, moins de six (06) caméras fonctionnelles (on utilisait des caméras amateurs qu’on louait à des privés.

Les véhicules de reportage manquaient et les journalistes empruntaient des taxis, ou sollicitaient les créateurs d’événement qui leur envoyaient  une voiture. Les émissions de la télé s’arrêtaient à minuit parce qu’il n’y avait pas assez de programmes, des rediffusions étaient programmées plusieurs fois dans la semaine. Toutes tares qui faisaient de la CRTV le dernier de la classe, surtout à Douala, à force de discipline personnelle et d’implication de toutes les compétences, ont été jugulées.

Mais qui se souvient aujourd’hui de ces péripéties ? Qui se souvient des résultats probants qui ont été obtenus alors que les ressources provenant de la Redevance Audiovisuelle, qu’on me reproche d’avoir gonflées, ont diminué de 40%. C’est comme si un employé gagnant 100 000 Francs CFA par mois apprend qu’il n’a plus droit qu’à 60 000 Francs CFA. Il faut évidemment un miracle pour qu’il se nourrisse normalement, payé son loyer, ses factures, eau et électricité etc.

Eh bien, ce miracle, nous l’avons réalisé en veillant à la qualité de la dépense, en accordant la priorité à la production, en centralisant les budgets au maximum, et en nous assurant que les postes étaient occupés par ceux qui le méritaient, qui étaient choisis après appel à candidatures. C’est dans cet environnement que j’ai renoncé au salaire de Huit Millions neuf cent mille (8 900 000) Francs CFA par mois pour me contenter de Trois Millions Six Cent Mille (3 600 000) Francs CFA, avec l’accord du Chef de l’Etat, créant un tollé que je ne m’explique toujours pas.

Pour les onze (11) années que j’ai passées à la CRTV, cela fait plus de Six Cent Millions (600 0000 000) Francs CFA qui ont été ainsi économisés par l’Entreprise et qui ont probablement servi à des activités essentielles. Les budgets de production ont été substantiellement améliorés et les stocks de programmes ont permis de passer à une diffusion 24h/24. La CRTV disposait à nouveau d’émetteurs, de bancs de montage, de moyens de locomotion, tandis que la climatisation a été rétablie à Mballa II et à la Maison de la Radio où certains se mettaient torse nu pour présenter leur émission tant il faisait chaud en studio.

D’autres faits majeurs méritent d’être signalés.

L’Agence de régulation des marchés publics (ARMP) avait entrepris d’évaluer et de classer six cent (600) Maîtres d’Ouvrage, en examinant tous les marchés qu’ils ont passés. Le Directeur Général de la CRTV avait été classé 1er, et le Directeur Général de l’ARMP, Monsieur NDOUDOUMOU à l’époque, s’était déplacé  personnellement avec son staff, pour annoncer la bonne nouvelle et me remettre un beau trophée devant tout le personnel, qui apprenait de sa bouche que sur les critères de transparence, de publicité des marchés, respect des délais, etc, la CRTV était la plus conforme à leurs attentes.

De même, l’Agence Nationale des Technologies de l’Information et de la Communication (ANTIC) est venue nous attribuer un trophée pour notre site Internet, en hibernation à mon arrivée, mais qui est devenu le deuxième site le plus visité selon les dires de son Directeur Général.

Autre trophée, celui que nous avons reçu de l’Hôtel du Mont Fébé venu nous récompenser pour avoir été son meilleur client institutionnel aussi bien par les fréquentations dont nous étions à l’origine, que par le volume de recettes  encaissées à ce moment-là.  La crédibilité de la signature de la CRTV était assurée. Nos banquiers n’hésitent pas à nous accorder les facilités que nous leur demandions.

Même le Ministère des Finances, qui nous poursuit aujourd’hui, peut reconnaître ce fait majeur qui en a étonné plus d’un en son sein. De quoi s’agit-il ? Ayant obtenu du Chef de l’Etat des ressources pour des opérations précises, ces ressources n’ont pas été entièrement dépensées. Il restait environ Deux Cent Millions (200 000 000) de Francs CFA, cantonnées à la banque. Lorsqu’une autre urgence s’est signalée, au lieu de redemander un concours, j’ai juste écrit au Ministre des Finances, pour signaler l’existence du reliquat dont je sollicitais une autorisation pour  l’utiliser. Surprise !

C’est une équipe lourde qui a été envoyée, par des gens qui soupçonnaient qu’il n’y a probablement plus d’argent, et que ma démarche pouvait cacher quelque chose. Le compte d’emploi leur a été présenté, et le solde qui y apparait a été retrouvé tel quel à la banque. « Renvoyez-nous rapidement cet argent », c’était la réponse à notre sollicitation. Il faut espérer qu’on l’a destiné à un usage louable, à défaut de servir la CRTV.

Le Chef de la Mission de Vérification et du Contrôle du Conseil Supérieur de l’Etat (CONSUPE) auprès de la CRTV, après quelques semaines de séjour, s’était exclamé devant un journaliste de la CRTV qu’il connaissait et qui m’a rapporté ses propos, en ces termes : « Mais votre maison est une maison de verre ! » Et malgré ce qu’on peut faire croire au public, le CONSUPE n’a pas indexé ma gestion car ce n’est pas cette Institution qui a saisi la justice pour qu’elle m’inculpe pour des raisons n’ayant aucun rapport avec la gestion. On ne sait d’ailleurs toujours pas qui l’a saisie. Comme cela a été dit hier par un des Avocats de mon Co-accusé, le Ministre ABAH ABAH, nous sommes tous les deux, avec tant d’autres, des victimes du fameux «Rouleau Compresseur », concocté par de très hautes personnalités pour écraser ceux qu’ils désignent comme étant des ennemis à neutraliser absolument.

Ennemi ? De qui suis-je donc l’ennemi ?

A cet égard, le philosophe Julien Freund a écrit que pour être ennemi, on n’a pas besoin d’avoir commis quoi que ce soit. Car, dit-il, c’est l’ennemi qui vous choisit, « et dès qu’il vous a désigné, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d’amitié, du moment qu’il veut que vous soyez son ennemi, eh bien vous l’êtes ».

La leçon que je tire de cette histoire d’ennemis désignés malgré eux c’est que lorsque des  personnes intrinsèquement mauvaises disposent de moyens officiels leur permettant d’assouvir leurs tendances de misanthropes, c’est-à-dire de gens sans empathie, elles installent le malheur autour d’elles et créent ce genre de situation que nous déplorons tous.

Classé à Kondengui « prisonnier signalé », j’ai droit à une escorte serrée lorsque je suis extrait pour le TCS ou l’hôpital. Les bandits de grand chemin ne sont pas surveillés comme je le suis.

J’ai perdu mon frère cadet, mon principal soutien depuis mon incarcération et mon impécuniosité subséquente. Je n’ai pas été autorisé à assister à son enterrement ici à Yaoundé. Dans les  mêmes conditions, d’autres ont bénéficié de permission.

’est le règne du mal absolu, cette disposition mentale qui pour certains, selon Alain EHRENBERG, servent à agresser et à torturer leur prochain sans autre raison que la jouissance qu’ils éprouvent quand leur victime manifeste de la souffrance et de l’effroi.

Cela explique qu’on ait voulu d’incarcérer dès le lendemain de mon limogeage de la CRTV. On m’a rapporté qu’une âme bienveillante a obtenu qu’on m’accorde un sursis d’un mois. Qu’elle soit remerciée.

Qu’adviendra-t-il de moi au moment du verdict ? L’insensibilité et le cynisme que j’ai subis suffisent à me rendre sceptique quant au verdict, et je retiens  pour moi le proverbe peul qui dit : « Si vous évoluez parmi des anthropophages et que vous prétendez ne pas manger de la viande humaine, eh bien, c’est vous qui serez mangé ». Je ne sais pas s’il y a des anthropophages, mais s’il y en a, eh bien, bon appétit.

Cela ne m’empêche pas de me demander ce qui pourrait cacher la suite de l’histoire, même lorsque j’aurai été mangé. Je me console en pensant à ce qui est écrit dans la Bible que je lis parfois : « Car on vous jugera du jugement dont vous jugez et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez ». (Matthieu 7:2)

En pensant aussi au caractère imprescriptible des crimes dits Internationaux des Droits de l’Homme (DIDH), j’ose croire que mon enterrement, symbolique ou réel, aura des conséquences. Le groupe de travail des Nations Unies avait déjà émis un avis sur ma détention qui, selon lui, n’a pas de base légale, et demandé, malheureusement sans suite, ma libération immédiate.

J’espère enfin que mes compatriotes seront de plus en plus nombreux à prendre conscience des dérives d’une justice qui contribue davantage au délitement du lien social qu’à son renforcement.

Je vous remercie

Cameroun-lignes 65 et 94 : 1790 agents indexés

L’information est révélée par une correspondance du ministre des Finances, Louis Paul Motazé, signée le 30 septembre 2022.

Dans le cadre d’un audit diligenté depuis plusieurs mois par la présidence de la République, au sujet de la gestion des lignes de souveraineté 65 et 94 du budget de l’État, gérées respectivement par le ministère des Finances et le ministère de l’Économie, 1 790 agents du ministère des Finances sont invités à justifier des frais de mission perçus au cours de la période de 12 ans allant de 2010 à 2021.

Concrètement, alors que la pratique en vigueur à la Fonction publique prévoit que le nombre de jours de mission à effectuer par un agent de l’État n’excède pas 100 au cours du même exercice budgétaire, les auditeurs du Consupe ont découvert des cas où des fonctionnaires cumulent jusqu’à 600 jours de mission par an, soit six fois la norme.

Parmi ceux qui ont régulièrement perçu la totalité de leurs frais de mission du MINFI, on cite quelques patrons de médias, des chefs d’entreprises, des responsables d’instituts universitaires privés.

En rappel, la ligne 94 intitulée interventions en investissements est gérée par le Minepat et a été initiée pour gérer les imprévus dans le secteur des investissements mais aussi pour soutenir des porteurs de projets.

 Et la ligne 65 intitulée dépenses communes de fonctionnement a été mise en place pour gérer les imprévus liés au fonctionnement de l’Etat. La gestion de ces lignes alimente des soupçons au sein de l’opinion d’où l’audit qui est en cours en ce moment.

Cameroun – fonds Covid-19 : des têtes vont bientôt tomber

Les auteurs de détournements d’argent et de matériels, surfacturations devraient rendre gorge à la suite d’une enquête ouverte au ministère de la Santé publique.

Des dénonciations dans la presse, des cris au scandale de certains hommes politiques tel que le député SDF Jean Michel Nintcheu, et surtout la pression du FMI, font qu’une enquête soit ouverte pour traquer les personnes qui se sont illégalement enrichis dans le combat contre la Covid-19.

Le 29 mars 2021 le ministre d’Etat, le Secrétaire Général de la présidence de la République  (SGPR) a adressé une correspondance au ministre en Charge du Contrôle Supérieur de l’Etat, pour un audit des fonds alloués à la riposte au COVID-19. Le ministère de la Santé publique est davantage concerné par cet audit de fonds.

 «J’ai l’honneur de vous répercuter les très hautes directives du Chef de l’État, vous prescrivant de faire accélérer la mission portée en objet, dont le rapport faciliterait la conclusion avec le Fonds Monétaire international (FMI) d’un nouveau Programme économique et financier», écrit Ferdinand Ngoh Ngoh, le SGPR,

En effet, le Cameroun doit justifier l’utilisation de 48 milliards de FCFA, issus du premier décaissement .du FMI dans le cadre de la Facilité de crédit rapide (FCR). Ceci pour obtenir la deuxième tranche qui s’élève à 86,2 milliards de FCFA.

Cameroun : une vingtaine de personnes convoquées par le Consupe

Pour la plupart anciens et hauts cadres de l’administration publique encore en fonction, elles vont être auditionnées par le Conseil de discipline budgétaire et financière.

La ministre déléguée à la présidence de la République chargée du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) a émis, ce 9 novembre 2020, un avis de convocation en direction de 24 personnes. Pour « affaire urgente les concernant », ces personnes doivent se présenter dans les services du Consupe pour être auditionnées par le Conseil de disciple budgétaire et financière dont la ministre Mbah Acha Rose Fomundam est la présidente.

A l’observation, les personnes convoquées doivent répondre de leur implication dans des affaires supposées de faute de gestion budgétaire qui concernent plusieurs structures. Il s’agit de la Cameroon Airlines (ex-Camair Co), du Fonds de développement des filières cacao et café (Fodecc), du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, du ministère des Forêts et de la Faune, de la Commune de Messamena, de la Commune de Banyo, de la Société immobilière du Cameroun (Sic), du Chantier naval et industriel du Cameroun, et du Compte de dépôt du droit d’auteur et des droits voisins.

Parmi les responsables à auditionnées, l’on note la présence de trois anciens préfets : Mamadou Haman ex-préfet du département de la Bénoue, Tangwa Fover ex-préfet de la Mifi, Mba Bernard Marie, ex-préfet du Dja-et-Lobo. Tous impliqués dans l’affaire (Sic).

L’ex-maire de Messamena ainsi que l’ex-receveur municipal sont également convoqués. A noter la convocation du professeur Jean Calvin Aba’a Oyono de la gestion du droit d’auteur et d’Antoine Bikoro Alo’o, ancien directeur adjoint du Chantier naval.

En rappel, selon décret n° 97/047 du – 5 MARS 1997 portant organisation des Services du Contrôle supérieur de l’État, « le Conseil de Discipline budgétaire et financière est chargé de la sanction des responsabilités des ordonnateurs et gestionnaires des crédits publics et des entreprises publiques ».

Cet organe a déjà prononcé la déchéance de droits de plusieurs gestionnaires de la fortune publique, dont certains ont ensuite été poursuivis par la justice.

Cameroun : le taux de corruption se stabilise

Depuis 2017 le Cameroun est le 28e pays le plus corrompu au monde d’après l’ONG Transparency international qui vient de livrer son rapport sur l’année 2019.

Le 23 janvier 2020, Transparency International a rendu public son rapport annuel sur la lutte contre la corruption dans le monde. Logé au 152e rang sur 180 pays évalués, le Cameroun reste dans les tréfonds du classement. Le pays fait du surplace en comptabilisant 25 points sur 100 en 2019; soit autant qu’en 2017 et 2018.

Les efforts du Cameroun sont jugés peu suffisants pour éradiquer ce cancer social. « Après sa dégringolade à la 145ème place en 2016 (26/100), ce classement suggère une fois encore l’insuffisance des réformes entreprises en dépit des mécanismes d’intégrité mis en place par son gouvernement », lit-on dans la déclaration signée Me Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency Cameroun.

Pour l’ONG, le pays de Paul Biya doit trouver plus d’outils, en dehors du nouveau code pénal voté en juillet 2016, qui comporte certaines dispositions de la convention des Nations unies contre la corruption.

« Il est regrettable que de nombreux instruments manquent au dispositif de lutte contre la corruption tels que la loi anti-anticorruption, la non-ratification de la Convention de l’Union africaine contre la corruption, la non-application de l’article 66 de la Constitution sur la déclaration des biens et avoirs, l’absence d’incrimination contre l’enrichissement illicite et la protection juridique des lanceurs d’alerte, de militants anticorruption, des enquêtes et de journalistes rapportant des cas de corruption. Au-delà, la notation du Cameroun reflète une variété d’observations portant sur une manière dont le climat social, politique et économique affecte la compétitivité », explique Me Henri Njoh Manga Bell.

En rappel, l’IPC 2019 classe 180 pays selon leur niveau de perception de la corruption du secteur public d’après les experts et les hommes d’affaires sur une échelle allant de 0 (perçu comme très corrompu) à 100 (perçu comme très peu corrompu). Avec la note de 25 sur 100. et son rang de 28ème pays le plus corrompu au monde, le Cameroun est à égalité avec la Centrafrique et les Comores.

Cameroun : bilan positif à 63 milliards FCFA pour la Cnps en 2018

L’organisme, qui juge « plausible » le rapport du Consupe sur ses comptes en lecture libre sur les réseaux sociaux, vient de valider le rapport financier de l’année écoulée.

De 43 milliards FCFA en 2016 et 54 milliards en 2017, la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) a évolué à 62 milliards FCFA de « résultat consolidé net » pour l’année 2018.

C’est ce qu’il faut retenir des travaux du conseil d’administration de l’organisme en charge de la sécurité sociale au Cameroun. Conseil qui s’est tenu ce 27 mars 2019 à Yaoundé.  Les comptes de l’exercice 2018 ont été examinés et approuvés par les administrateurs.

En clair, l’organisme fait savoir que « si la Cnps avait été un établissement financier ou commercial, on dirait qu’elle a réalisé au cours de l’exercice budgétaire 2018, un bénéfice net de 62,3 milliards FCFA ».

Cette session du conseil d’administration se tenait alors que quelques heures plus tôt des informations sur une enquête du ministère délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) ont circulé sur les réseaux sociaux. Celles-ci faisaient état de ce que des responsables de la Cnps se seraient rendus coupables de fautes de gestion, assimilables à des détournements de fonds.

Lire aussi :: Cameroun : nouvelles révélations sur l’enquête du Consupe à la Cnps

A la Cnps, on reconnait qu’une mission du Consupe a en effet séjourné « il y a deux ans chez nous », souffle une source proche de la direction générale.

« Nous ne savons pas pourquoi cela sort seulement aujourd’hui […]. Nous attendons. Vous savez que lorsque le Consupe rédige ses rapports, c’est adressé au président de la République. Et la présidence vous le renvoie pour que vous apportez vos explications, dans une démarche de contradiction. C’est ce que nous attendons encore », explique notre interlocuteur.

« Si un tel rapport existe, ce qui est plausible parce qu’il y a une mission qui a séjourné ici, la procédure veut qu’on adresse le rapport à la seule personne du président de la République. Le chef de l’Etat, qui est un homme juste et légaliste, vous le renvoie. Si vous avez des éléments de contestation vous le faites. Pour l’instant on est en stand-by », conclu-t-il.

Cameroun : nouvelles révélations sur l’enquête du Consupe à la Cnps

Une mission du Contrôle supérieur de l’État préconise des interdictions de sortie du territoire pour de hauts responsables de la sécurité sociale.

Une mission spéciale d’audit et de Contrôle du ministère délégué à la présidence de la République chargé du Contrôle supérieur de l’État (Consupe) a séjourné à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), la sécurité sociale du Cameroun.

Les enquêteurs du Consupe ont relevé dans cette structure parapublique nombre d’écarts qui s’apparentent selon eux à des fautes gestion, sinon à des détournements de fonds. La période d’audit va de 2008 à 2016.

Le Consupe relève « l’encaissement de recettes en numéraires sans pièces justificatives, le vote et l’exécution des budgets additionnels à 33 milliards FCFA sans l’approbation du président de la République, le paiement de l’indemnité de surveillance générale de l’entreprise 504 000 000 de FCFA aux membres du conseil d’administration sans base légale ; ou encore le non reversement de la Tva collectée sur les 1 703 bons de commande payés sur la période 2008 à 2016 qui s’élève à plus de 900 millions FCFA , hors mis les prestations de marchés et lettres commande s’élevant à plus de 10 milliards encore en cours d’analyse ».

A cela, le Consupe ajoute le paiement des dépenses sans pièces justificatives, les pénalités de retard de plus de 2 milliards de FCFA, constatées par l’Agence de régulation des marchés publics (Armp) dans l’exécution des marchés.

Les limiers du Contrôle supérieur de l’État du Cameroun notent par ailleurs des disparités dans les chiffres « sur les prises de participation auprès des sociétés dans le portefeuille de la Cnps ». Dans ce registre, la mission d’audit souligne que contrairement aux chiffres présentés, la valeur de participations déjà constituées à date est de plus de 2 milliards FCFA, soit un écart négatif de plus d’un milliard  FCFA.

Ressources humaines

Tout comme à la Société de recouvrement des créances (Src)« des fluctuations anormales » apparaissent dans les bilans 2011, 2012 et 2013. La Src ne reconnaitrait que des avoirs de plus d’un milliard FCFA soit un écart de plus 13 milliards injustifiés.

Le Consupe croit également déceler un conflit d’intérêt entre la Cnps et la société de Btp Routd’Af. Cette dernière a en effet pour Président directeur général André Siaka, par ailleurs membre du conseil d’administration de la Cnps. Le hic vient de ce que la « Cnps a souscrit aux obligations convertibles en actions d’un milliard FCFA auprès de l’entreprise ROUTD’AF SA ».

Les ressources humaines à la Cnps ne sont pas épargnées par des soupçons de détournements de fonds. C’est ce que révèle ce constat du Consupe : « pour l’exercice 2016, la mission constate un effectif de début d’exercice de 3031 pour une masse salariale de 1 538 425 997 FCFA et un effectif de fin d’exercice de 3 011 pour une masse salariale de FCFA 3 258 509 956, soit une baisse d’effectif de 20 employés pour une augmentation de la masse salariale de 1 720 083 959 FCFA ».

Pour toutes ces observations, la mission du Consupe demande une interdiction de sortie du pays de hauts cadres de la Cnps parmi lesquels, la directrice des finances et du patrimoine, le directeur technique et le, chef du département des systèmes d’information, ou encore l’ancienne directrice du Centre hospitalier d’Essos, plus connu sous le nom d’ « hôpital de la Caisse ». 

La mission spéciale du Consupe demande cette « mesure conservatoire », car certains responsables se montrent peu coopératifs (la directrice du patrimoine notamment) avec les enquêteurs, qui notent du reste que lesdits responsables ont déjà passé à la broyeuse plusieurs documents importants pour l’audit.

Cameroun : des responsables de Camtel interdits de sortir du territoire

Le directeur général, son adjoint et le responsable du budget et des finances sont visés par les ordres de la DGSN.

La Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn) appelle les responsables des différentes portes d’entrée et de sortie du Cameroun à ne pas laisser passer quelques responsables de l’entreprise Cameroon telecommunications (Camtel), notamment : le directeur général, David Nkoto Emane, son adjoint Richard Maga Enow Kenneth Agbor, le directeur des finances Enow Kenneth Agbor.

Boris Judicael Nganou (coordonnateur du programme Mcn), Evarist Dieutoss (directeur des ressources humaines), Marcellin Tsaam Ngah (ingénieur des marchés), Benjamin Gerard Assouzo’o (chef de service des marchés), Jean Claude Mfou’ou (commissaire aux comptes), sont aussi interdits de sortir du territoire national.

Selon la correspondance de la Dgsn du 2 mars, la mesure y relative est prise en application de quelques instructions du chef de l’Etat suite à un rapport du Contrôle supérieur de l’Etat sur de présumées affaires de malversations financières opérées entre 2010 et 2015. Montant querellé : 9 milliards de francs CFA.

 

Le Consupe a prononcé des mises en débet de l’ordre de 3 milliards en 2014

Elles découlent de 36 décisions comportant des sanctions financières, arrêtées par le Conseil de discipline budgétaire et financière de L’Institution supérieure de contrôle des Finances publiques

Le Conseil de discipline budgétaire et financière du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) a prononcé des mises en débet (obligation pour le comptable public de rembourser le montant du manquement constaté dans sa gestion, ndlr) de l’ordre de près de 3,2 milliards de F CFA (3.195.818.477) et des amendes spéciales estimées à 23,7 millions de F CFA en 2014, d’après une note d’information de l’institution publiée en ce début de semaine.

Ces mises en débet et ces amendes spéciales résultent de 36 décisions comportant des sanctions financières, prises à l’encontre d’ordonnateurs de crédits publics et autres gérants de la fortune publique. D’après la note du Consupe, l’Instance disciplinaire a tenu en tout, au cours de la période allant du 22 janvier au 12 décembre, 23 sessions consacrées au traitement des affaires dont elle e a été saisies. Dans le cadre de ces sessions, le Conseil a pris cinq décisions portant «acquittement total» des mis en cause.

Dans le cadre de sa première session de l’année en cours, tenue le 10 mars 2015, le Conseil de discipline budgétaire et financière a prononcé quatre décisions comportant «des sanctions financières pour un montant total de 255.219.225 F CFA, ainsi que des amendes spéciales variant de 200.000 à 2.000.000 F CFA, soit un montant global de 2.800.000 F CFA», rapporte la note d’information. Cinq décisions acquittant des mis en cause «pour responsabilité personnelle non établie», ont également été prises au cours de la session du 10 mars 2015.

Les procédures de vérification d’urgence, récemment lancées par L’Institution supérieure de contrôle des Finances publiques du Cameroun, ouvrent la voie au «lancement de missions de recoupement spécifiques, légères et accélérées, en amont des missions spéciales d’audit proprement dites, qui ne peuvent être déclenchées qu’avec le très haut accord explicite de Monsieur le président de la République», ajoute le ministre délégué à la présidence, chargé du Consupe, Henri Eyebe Ayissi, dans cette note.


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Fonctionnaires indélicats: Le Consupe désormais ouvert aux déclarations anonymes

L’Institution supérieure de contrôle des Finances publiques du Cameroun annonce qu’elle va examiner dès cette année 2015 les dénonciations émanant de la société civile

Le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) annonce qu’il va procéder pour la première fois, en cet exercice 2015, à «l’exploitation des informations ou dénonciations émanant d’agents publics ou des membres de la société civile et parvenues aux services du Consupe, au sujet de certaines décisions ou de certains actes posés par de gestionnaires publics, au sujet de l’exécution de certains projets à financements publics ou extérieurs, relevant de sa compétence».

L’Institution supérieure de contrôle des finances publiques du Cameroun permettra désormais à toute personne physique ou morale de la saisir, [i«par le canal des correspondances écrites, y compris anonymes»], afin de dénoncer tout acte de fonctionnaires et autre agents publics ou de communiquer des «informations précises».


«L’objectif ultime de cette démarche participative est de réduire, autant que possible et en temps utile, l’impact négatif, réel ou potentiel, de tous les comportements de mal-gouvernance financière et publique, au niveau de l’ensemble des entités publiques», explique dans un communiqué, le ministre délégué à la présidence de la République en charge du Consupe, Henri Eyebe Ayissi.

L’institution indique qu’une campagne de sensibilisation sera lancée pour favoriser l’assentiment des populations vis-à-vis de ces opérations.

Ne va-t-on pas aboutir à un conflit de compétences avec les missions de la Commission nationale anti-corruption? «La Conac mène des enquêtes, nous faisons des vérifications. Elle nous donne des informations, puis nous procédons à la vérification », a expliqué ce jeudi dans le quotidien gouvernemental, le chef de division de la Formation et de la Coopération internationale au Consupe, Alfred Enoh.

Le ministre délégué à la présidence de la République en charge du Consupe, Henri Eyebe Ayissi
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Henri Eyebe Ayissi : Le fau(x)con de la République

Les secrets d’une vie d’appels qui tranche avec les lieux communs.

Jadis un des plus jeunes ministres du gouvernement, le ministre Eyebe a aujourd’hui 59 ans. Il a mûri. Henri Eyebe Ayissi a†t†il rêvé d’être un jour ministre? Ce qui est sûr, c’est qu’il a pensé pouvoir devenir prêtre. Et son environnement familial s’y prêtait. Lui, fils de Mbélé dans la Lékié, à quelques encablures d’Obala, est issu d’une famille modeste, mais nombreuse et pieuse. Très jeune, on lui inculque le respect des aînés, de la chose d’autrui, la crainte de Dieu. Après des études primaires sans problèmes, il veut donc devenir prêtre. «Pour servir», dit†il. Le voici donc au séminaire, mais il est difficile de forcer le destin. Eyebe ne sera pas prêtre. C’était écrit. Il va à l’Université de Yaoundé, où il obtient entre autres parchemins un doctorat en droit. Au passage, il a été admis à l’Enam (Ecole nationale d’administration et de magistrature). Il en sort major en 1981 dans une promotion Administration générale en comptant des cracks.

Administrateur civil, on lui met rapidement le pied à l’étrier; très vite, il est chef. Chef de service. Son frère aîné, le journaliste de regrettée mémoire, Titus Mvondo, l’aide à éviter certains écueils administratifs. Une chose est d’être brillant à l’école, une autre d’être un bon fonctionnaire. Eyebe se montre méthodique, appliqué, consciencieux. Il travaille au Contrôle Supérieur de l’Etat sans se douter qu’un jour. A la présidence de la République où le service l’appelle, il est vite remarqué par sa hiérarchie. Au début des années 90, après moins de 10 ans de service, il est nommé ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat. Il a à peine 35 ans. Le jeune ministre a un dossier délicat à traiter: les logements des agents publics. Il y a des abus et il faut y mettre de l’ordre. Ce n’est pas un travail de tout repos ni une mission qui vous fait monter à l’applaudimètre. Eyebe n’est pas homme à se laisser dominer par des états d’âme.

Il y va donc avec entrain, soucieux de respecter les consignes de sa hiérarchie. L’affaire est d’autant plus délicate que le pays plonge dans la crise économique. L’argent est rare, mais le jeune ministre a chevillé au corps le sens de l’Etat et le refus des compromissions. Respectueux des ainés, il entend qu’on respecte aussi sa fonction. On raconte qu’un maire de son département l’a appris à ses dépens. Le droit d’aînesse aidant, il était sûr qu’Eyebé donnerait son aval pour une petite combine. Erreur, l’accord ne viendra jamais. L’aîné se fâchera, tempêtera mais rien n’y fera. Calmement, le jeune ministre lui expliquera les raisons du «niet».

Traversée du désert
Eyebe ne restera pas ministre bien longtemps. Il perdra son poste sans qu’on en sache les raisons. Mais lui, administrateur civil, comprend: «acte discrétionnaire». Il n’y a donc rien à expliquer. Commence alors une longue traversée du désert qui durera quelques 15 ans. Les amis se font rares. On a affaire à la duplicité et à l’hypocrisie des hommes. Eyebe vit tout cela et reste stoïque. Il ne maudit pas le monde entier et dans cette épreuve, il est soutenu par son épouse Odile et sa famille. Puis un jour, les choses recommencent à lui sourire. Il est nommé inspecteur général au ministère de l’Enseignement Supérieur. Il y travaille successivement avec deux ministres, avant d’être muté à l’Administration territoriale comme inspecteur général chargé des élections. Le patron d’alors est un certain Marafa Hamidou Yaya, qui n’apprécie que très modérément la présence à ses côtés d’un ancien ministre.

Peu courageux, il n’ose pas le lui dire en face. Il met Eyebe au régime du pain sec, ne consentant qu’à lui confier d’ingrates missions. Eyebe ne bronche pas. En 2007, le vent tourne complètement. Il est à nouveau ministre. Aux Relations extérieures. Un ministère de souveraineté et de «grande confiance et proximité avec le chef». Un ministère qui a besoin d’un homme à la fois dynamique et pondéré. Il faut donner du tonus à la diplomatie camerounaise sans tirer la couverture à soi, sans oublier que c’est un domaine réservé du président de la République. Eyebe s’y emploie avec entrain, méthode et tact. Il gagne toujours plus la confiance du chef de l’Etat et on le voit piloter le rapatriement des Camerounais malmenés en Guinée Equatoriale. Il réussit à obtenir de son patron les nominations des diplomates camerounais. Un dossier qu’on croyait repoussé à la Saint glin glin.

Henri Eyebe Ayissi
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Mais il y a des gens qui adorent roupiller, ronfler même, ne rien faire. Ceux†là font tout pour contrecarrer l’action du ministre. On n’arrête pas un fleuve avec les mains. Eyebe est nommé ministre du Contrôle supérieur de l’Etat à l’issue de la présidentielle de 2011. On le croit au garage. Il va donner plus de vitalité à cette structure aujourd’hui redoutée. Le Conseil de discipline budgétaire donne des insomnies aux gestionnaires indélicats. Le ministre y est sans doute pour quelque chose. Oui, il faut protéger la fortune publique des appétits gloutons de quelques†uns. D’aucuns comprennent enfin que ce ministère n’est pas un simple gadget, plutôt un précieux instrument dans la lutte contre la corruption et le faux. Et Eyebe ne se laisse pas distraire par des pêcheurs en eaux troubles. Il sait que son rôle est ingrat, un peu comme un gendarme. Chacun est content qu’on arrête le voisin mais souhaite une petite exception, une petite dérogation pour les siens et soi†même.

Homme vrai et bourreau de travail
Partout où passe Eyebe, il semble trouver plaisir à y travailler. Il ne compte pas les heures de travail et il n’a pas de week†end. Il est là tout le temps. Méticuleux, il n’est pas comme ces patrons qui se contentent de «surpiloter» les dossiers, il tente de bien comprendre les choses. Il s’impose un rythme infernal et ceux de ses collaborateurs habitués à flâner, ont du souci à se faire. Le ministre est un bulldozer d’autant plus qu’il est servi par une remarquable condition physique et une intelligence vive. Du temps de ses humanités, c’était un crack en classe, toujours en tête, le genre de camarade qui énerve les autres élèves tant tout lui semble facile. Aujourd’hui, l’homme est non seulement un haut commis de l’Etat, mais aussi un politicien.

Dans la Lékié natale, il est tête de proue du RDPC son parti, le terrain politique où tous les coups sont permis, où les amitiés sont à géomètrie variable. Eyebe Ayissi le sait mais il garde le cap : aider le président de la République, s’acquitter au mieux des missions qu’on lui confie. Il le fait avec âme et conscience sans verser dans l’hypocrisie si chère à certains politiciens d’opérette. Il pose des actes politiques et les assume. Il a des convictions fortes dont les deux principales sont soutien au chef de l’Etat et aux Institutions. Et même s’il comprend qu’on puisse ne pas être d’accord avec lui, †démocratie oblige†, il ne se reniera pas. Ce n’est pas lui qui regrettera d’avoir initié des réunions des textes pour soutenir le chef qui l’a fait prince. Simple bon sens, simple reconnaissance. Rien à voir avec la duplicité et la reconnaissance du serpent que cultivent certains. Ils rient avec le chef, en cachant derrière le dos un couteau. Eyebe reste lui†même et c’est tout à son honneur dans un univers où abondent les faux†jetons.


De son éducation et de son passage au séminaire, il a gardé un solide bon sens qui lui permet de garder les pieds sur terre. Et d’encaisser sans broncher les coups bas de ceux qui veulent le faire sortir de ses gonds. Ces derniers temps, l’adversité s’est déchaînée contre lui. Envoie -t†il des collaborateurs ici ou là pour contrôler une structure †la Conac par exemple†on y trouve à redire. Rédige†t†il un livre sur la protection de la fortune publique, on l’accable. Signe†t†il une motion de soutien, des censeurs sortent l’artillerie lourde.

L’homme est resté flegmatique, presque philosophe. L’ancien séminariste se souvient sans doute de ces paroles bibliques: «ceux à qui on aura plus donné, on leur demandera toujours plus». Lui qui est un redoutable débatteur ne cède pas à la tentation de descendre dans l’arène pour ferrailler avec ses contradicteurs. Il sait pourtant se montrer cinglant dans le propos. Personne n’a oublié que ministre des Relations extérieures, il avait dit leur fait aux diplomates européens venus promouvoir chez nous l’homosexualité. Aujourd’hui, personne n’ose leur tenir un tel discours pourtant frappé du sceau du bon sens, autres temps, autres moeurs. La moindre des qualités du ministre du Contrôle supérieur de l’Etat n’est pas son humanisme. Certes, il n’est pas crésus, mais que de gens aidés! Il n’en voudrait sans doute de le dire ici, lui qui a de ses études de philo retenu que les bienfaits cachés sont les plus admirables.


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Le Consupe enquête sur l’exécution du BIP dans le Nord

Les missions mobiles de vérification de l’institution ont entamé, depuis le 16 juillet, le contrôle de l’exécution de certains projets inscrits au BIP 2010 et 2011

Le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) enquête, depuis le 16 juillet 2014, sur l’utilisation de 39,6 milliards de FCFA affectés à certains projets dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun. Ces projets, 714 au total, dont 417 pour l’Extrême-Nord et 287 pour le Nord, sont inscrits au Budget d’investissement public (BIP) sur les exercices budgétaires 2010 et 2011.

Dans une note d’information afférente à ces missions sur le terrain, publiée par le Consupe hier, on apprend que cette opération rentre dans le cadre de l’exécution de la feuille de route 2014 de l’institution «dûment approuvée par Monsieur le président de la République». Le contrôle de l’exécution du BIP 2010 et 2011 dans les régions du Nord et de l’Extrême Nord fait suite au contrôle initié depuis le 22 juillet 2013 dans les régions du Centre, de l’Est et du Sud, relève le ministre délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat.

Henri Eyebe Ayissi rappelle que les responsables des administrations publiques impliquées dans l’exécution du BIP au niveau des structures étatiques ainsi qu’au niveau des collectivités territoriales décentralisées, s’exposent aux poursuites et sanctions disciplinaires. Ceci, dans le cadre avéré d’une mauvaise utilisation des ressources publiques destinées à la réalisation des infrastructures nationales et des équipements collectifs.

Le Consupe veut ainsi donner du contenu à une observation du chef de l’Etat, formulée lors de son «discours à la Nation» du 31 décembre 2013. Paul Biya s’interrogeait alors: «Comment expliquer qu’aucune région de notre territoire ne puisse afficher un taux d’exécution du budget d’investissement public supérieur à 50 % ?», décriant les lenteurs de l’administration dans l’exécution des projets.

Le Consupe évalue l’utilisation des ressources destinées à la réalisation d’équipements collectifs
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De nouvelles sanctions du Contrôle Supérieur de l’Etat

Le maire de la commune de Moloundou à l’Est sommé de rembourser 308 millions de F et de payer une amende de 2 millions pour sa gestion de la mairie de 2002 à 2008

Le Contrôle Supérieur de l’Etat (Consupe) a sanctionné onze gestionnaires de la fortune publique sur les sessions tenues par l’institution du 18 janvier au 03 juillet 2014, a communiqué Henri Eyebe Ayissi, le ministre délégué à la présidence en charge de cette institution, hier.

Le maire de la commune de Moloundou à l’Est du Cameroun occupe la tête de ces gestionnaires indélicats. Le Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe a retenu contre celui qui a dirigé la commune, de 2002 à 2008, 10 fautes de gestion dont sept assorties d’un préjudice financier. Jean-Jacques Epando, puisque qu’il s’agit de lui, a été reconnu débiteur envers la commune d’une dette de 308 millions de F CFA et sommé par le Consupe de payer une amende spéciale de 2 millions de F pour l’ensemble des fautes de gestion commises par lui dans le cadre de cette affaire.

Parmi les 10 autres décisions rendues par le Consupe, les charges les plus lourdes pèsent sur :
– L’ingénieur de suivi et de Contrôle à l’ex délégation provinciale des Domaines et des Affaires foncières du Nord, reconnu débiteur à l’Etat de 13,99 millions de F avec une amende spéciale de 500.000 FCFA pour sa faute de gestion de 2002 à 2007;
– l’ex-chef de la subdivision des Travaux publics à Abong-Mbang, région de l’Est, reconnu débiteur envers l’Etat de la somme de 3,58 millions de F CFA avec une amende spéciale de 300.000 F CFA pour une faute de gestion de 2002 à 2007 ;
– Le chef de Bureau de la Construction à la subdivision des Travaux publics de Betaré Oya à l’Est, reconnu débiteur à l’Etat de 4,41 millions de F CFA et d’une amende de 300.000 F CFA pour sa gestion de 2009 à 2012.

Les autres ordonnateurs de crédit et gérants de la fortune publique épinglés par le Consupe ont été reconnus débiteurs envers l’Etat des sommes allant de 1,14 millions de F à 151.000 FCFA dans les rapports des missions de contrôle, d’audit ou de vérification établis par les inspecteurs d’Etat.

Le président du Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe, Henri Eyebe Ayissi
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Il faut que la honte commence à tuer chez nous

Par Shanda Tonme

1 -Depuis deux ans, nous étions mobilisés par plusieurs sources sur des pratiques managériales peu orthodoxes instaurées à la Commission nationale anti corruption par ses dirigeants. Ces pratiques allaient des dépenses exorbitantes de fonctionnement, des recrutements sectaires, des séminaires et autres activités de pure distraction de fonds, des salaires et indemnités scandaleux, une mauvaise interprétation des missions de l’institution, à une arrogance de ses membres à diverses occasions.

2 – Par exemple lors de la présentation du rapport annuel, le président fait attendre les ambassadeurs et les membres du gouvernement, impose ou s’octroie une solennité digne de chef d’Etat. Les membres du corps diplomatique ont souvent dénoncé en sourdine cette boulimie et d’autres ont souvent quitté précipitamment les lieux en signe de vexation, pendant que d’autres encore s’épargnaient ce spectacle en renonçant à honorer l’invitation.

3 – Les rapports de la CONAC en la forme, sont pitoyables, de très mauvaise fabrication et impression, alors que la SOPECAM aurait pu s’en occuper pour un meilleur produit. Il est probable que l’affaire est un marché dans le genre biaisé, pour aider une relation. Pire encore, on nous fait savoir, en pleine salle, qu’il faut remercier tel ambassade, pour avoir financé l’impression du rapport, une injure de trop à notre pays, car nous ne manquons par l’argent pour une telle bricole. De qui tiennent-ils l’autorisation d’aller quémander pour si peu?

4 – En dépit de tous ces travers, nous avions maintenu des relations de travail avec la CONAC, par souci d’associer et d’unir les forces, dans un élan exemplaire de patriotisme pour combattre les fléaux de la corruption et des atteintes à la fortune publique.

5 – Au fur et à mesure que la CONAC a évolué, les maux suscités se sont aggravés, transformant la maison en une autre caverne d’Ali baba où les abus administratifs et fautes de gestion, sont les mêmes qui écrasent le peuple camerounais partout, ruinent la réputation internationale du pays et découragent les investisseurs locaux et étrangers.

6 – Depuis deux mois, il es apparu au grand jour, que dans le cadre des missions permanentes de contrôle et de vérification de la gestion des organismes publics, effectués par qui de droit avec les pouvoirs règlementaires à cet effet, les citoyens et citoyennes camerounais ont été exposés à la réalité de la galaxie malfaisante de la CONAC.

7 – Le 26 juin 2014, usant d’un droit de réponse qui n’en n’est pas un, et qui dénote au contraire la panique, la honte et la désolation, monsieur le président de la CONAC a ameuté la presse pour une conférence de presse, doublée d’un autre exercice où des liasses de billets sont distribuées à des rédactions pour porter immanquablement et correctement la bonne nouvelle au public. « LA CONAC CONTRE ATTAQUE ». Combien a coûté cette manchette ?

8 – La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination qui a pris connaissance de la substance des déclarations du président de la CONAC, observe avec peine, pitié, colère et révolte,
-Que le président de la CONAC ne réfute pas les faits de mauvaise gestion et d’atteinte à la fortune publique.
-Que le président de la CONAC informe l’opinion publique, qu’il a reçu mandat du chef de l’Etat pour se donner à lui et à ses collaborateurs, les salaires et indemnités qui leur plaisent, en toute discrétion, en toute liberté et en toute souveraineté.
-Que le président de la CONAC confirme implicitement qu’il a un salaire mensuel de 7.000.000 (sept millions) de Fracs CFA.
-Que le président de la CONAC se réfugie derrière des exemples pris ailleurs, fallacieusement, pour justifier un intolérable gaspillage, le vol de l’argent public sous le couvert de protection contre d’imaginaires tentations. « On abuse aussi dans tel ou tel pays, et c’est pourquoi j’abuse aussi ici. Mon salaire est grand pour m’empêcher de voler ou d’être corrompu, sinon je vais me lâcher et m’offrir en prostitution ». Une véritable démonstration par l’absurde, pire qu’un argumentaire de déséquilibré.

9 – La Commission indépendante rappelle que monsieur Massi Gam’s touche un autre salaire pas loin de 2.000.000 (deux millions) de Francs CFA à Elécam dont il est membre, et un autre presque du même montant à la Commission nationale des droits de l’Homme, dont il est aussi membre, le tout majoré des indemnités et libéralités multiples partout. Dieu est-il au courant? En tout cas nous au COMICODI, nous le sommes.

10 – La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination considère comme un crime intolérable, une telle facilité d’appropriation de l’argent public, au moment où des enseignants sortis de l’école normale sont sans salaires, où des professeurs d’université et des médecins touchent à peine 300.000 (trois cent mille) Francs CFA et ont du mal à assumer leur rôle et statut social, où il manque de l’alcool et des compresses dans les hôpitaux, où des milliers de familles vivent avec moins de 1000 (mille) Francs CFA par jour.

11 – Voici un haut citoyen pétri semble-t-il de spiritualité, nanti de la confiance du chef de l’Etat, qui s’ouvre un boulevard de dépenses et de traitements, sans se soucier du niveau de vie de ses compatriotes, au nom de la lutte d’une corruption qui n’a fait que s’épandre et se porte plutôt mieux avec la CONAC. Avez-vous un c ur et une dignité, monsieur le président de la CONAC, sinon avez-vous pitié de votre pays, de tout ce qui se dit de lui dehors?

12 – La Commission rappelle que la CONAC n’a pas une mission de police ni de justice ni d’inquisition et d’intrigues. La mission de la CONAC c’est la prévention, par la formation, l’information et la sensibilisation de l’opinion ? Le reste relève d’une boulimie qui a conduit le pays au bord de l’anarchie caractérisée par la liberté pour chaque bénéficiaire d’un décret du chef de l’Etat, de s’octroyer des pouvoirs exorbitants au plan administratif et budgétaire, de se faire suivre par un gendarme ou un policier qui porte son sac, arrange son fauteuil, gère les rendez-vous avec ses maîtresses, va chercher son billet de première classe à Air France, et intimide ses visiteurs, amis et membres de famille. On retrouve tout cela à la CONAC, institution où les citoyens espéraient voir régner l’humilité.

13 – La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination s’élève contre les man uvres de diversion en cours, sous l’impulsion de certains réseaux de presse bien payés, qui voudraient tromper l’opinion en parlant tantôt de guerre entre des organismes, tantôt de dénigrement commandée, tantôt de jalousie, le tout en associant des noms de personnalités.

14 – La Commission élève une protestation énergique contre la gestion scandaleuse de la CONAC, ainsi que de tous les autres organismes crées précipitamment, dans le cadre de la lutte contre les fléaux de la corruption, du blanchiment d’argent et des violations des droits de l’homme. Ces choses ont aggravé les maux et contribué à enrichir des individus sans foi ni loi. Il est urgent de les dissoudre.

15 – La Commission estime que le président de la CONAC, homme d’église se trouve dans une situation bien plus inconfortable, laquelle non seulement lui enlève toute crédibilité pour continuer dans ses fonctions, mais également lui impose de demander pardon aux Camerounais et de présenter sa démission au chef de l’Etat.

16 – Il faut que la honte commence à tuer chez nous. Il n’y avait pas lieu de donner une conférence de presse face à des fautes aussi graves, et face à une dérive morale et éthique aussi cruelle. Hélas, parce que chacun sous nos cieux, y compris les ministres du culte, ne réfèrent plus à la morale, à la peur de la sanction et au risque de l’opprobre, il a osé, exactement comme un ministre en fonction accusé de détournement et inculpé, qui s’apprête à apposer sa signature teintée de souillures, sur les diplômes d’innocents gamins.

17 – La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination estime qu’elle a pris ses responsabilités, ses justes et légitimes responsabilités, en cessant toute collaboration avec la CONAC, en appelant au chef de l’Etat pour procéder à la dissolution de cet organisme et la traduction de ses dirigeants devant le Tribunal Criminel Spécial.

18 – La Commission rappelle que c’est aux citoyens et citoyennes et à eux seuls, qu’il revient de faire changer le destin de leur pays, de le préparer positivement, en dénonçant vigoureusement les actes de mauvaise gouvernance à l’instar de ceux de la CONAC, qui s’assimilent à de la haute trahison.

19 – Dans cette logique, le courage, l’honnêteté, la lucidité, la détermination et l’engagement débarrassé de tout calcul opportuniste et de tout subjectivisme, sont nécessaires. Il est temps que les Camerounais aient pitié de leur pays, parce que nous n’avons qu’un seul pays, et parce que nous ne pouvons pas continuer ainsi, à le détruire chaque jour qui passe.

20 – Si on doit nommer un président de la CONAC pour qu’il se fixe lui-même un salaire mensuel de plusieurs millions de Francs CFA pendant que nous quémandons aux Japonais pour construire des salles de classe, nous préférons qu’il n’existe pas de CONAC du tout. Nous préférons nous en remettre à Dieu, qui saura comment sauver le Cameroun et les Camerounais quand il aura déjà suffisamment eu pitié de notre délabrement, de notre perdition, et de nos souffrances./.

Fait à Yaoundé, le 28 Juin 2014
Le Président de la Commission, Shanda Tonme, Médiateur universel


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Les inspecteurs d’Etat du Consupe aux trousses de la Conac

Le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption a donné un point de presse sur l’enquête dans ses services. Le Consupe parle d’une instruction ordonnée « en haut lieu »

Il n’y a pas le feu dans la demeure, a rassuré le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac) Dieudonné Massi Gams hier, le 26 juin 2014, au cours d’un point de presse visant à contester les allégations de certains journaux qui font état de malversations financières dans la structure qu’il dirige. En effet depuis un mois environ, des inspecteurs du Contrôle Supérieur de l’Etat (Consupe) ont établi leurs quartiers au siège de la Conac à Yaoundé.

De nombreux journaux, qui auraient eu certaines conclusions du Consupe, ont révélé que la Commission fonctionne dans une gabegie financière ainsi qu’une perception de sommes indues par les dirigeants et le personnel. Dieudonné Massi Gams s’est dit étonné du fait que des médias allèguent avoir des informations du Consupe alors que cette institution n’a pas encore terminé sa mission d’inspection dont les conclusions sont transmises en premier chef au Président de la République.

Le revérend Dieudonné Massi Gams n’a rien dit sur la question des rémunérations, à part donner des indications sur les salaires d’autres présidents d’organe en charge de la lutte contre la corruption en Afrique. Au Gabon, son homologue toucherait 5,2 millions de F CFA tandis qu’à l’Ile Maurice ce salaire se situerait autour de 8 millions de F CFA. Les journaux qui ont fait état des rémunérations à problème à la Conac et d’autres avantages particuliers, à l’instar du Quotidien de l’Economie du 26 juin, avancent que le personnel de cette Commission se fait traiter comme «les fonctionnaires des Nations-Unies.»

Du côté du Consupe qui a vu hier, la prestation de serment, à la Cour suprême, de 24 nouveaux inspecteurs, on se dit victime d’une campagne de dénigrement. Comme pour envoyer un message à la Conac, le secrétaire permanent du Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe, Marc Mendouga Alima, explique que la présidence s’intéresse de près aux comptes de la Conac.

«Dans le cas des contrôles qui se déroulent en ce moment, il s’agit des missions spéciales. C’est-à-dire que c’est la très haute hiérarchie qui demande qu’il y ait un contrôle. Alors, dans les textes organiques de la Conac, je dois préciser que la Conac est soumise aux organes spécialisés du contrôle supérieur de l’Etat », a-t-il expliqué dans les colonnes du quotidien gouvernemental.

«Les textes sont clairs. Les administrations publiques sont soumises aux services spécialisés de l’Etat et le Consupe est un service spécialisé de l’Etat [.] Le Contrôle supérieur de l’Etat est une institution supérieure de contrôle des finances publiques. Selon les normes internationales, il n’y a qu’une institution de contrôle des finances publiques dans le monde [.] Nombre de gestionnaires de deniers publics savent que le travail sui sera fait dans leurs services conduira à leur responsabilité. Par conséquent, certaines personnes disposant de moyens essaient de contourner, ou de s’opposer à ce travail des contrôles. C’est pratiquement la guerre entre les contrôleurs et ces personnes-là », a déploré le secrétaire permanent du Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe.

Il faudra attendre la copie des Inspecteurs d’Etat qui examinent les comptes de la Conac pour savoir si le Revérend Dr. Dieudonné Massi Gams – l’ «homme de Dieu» à qui Paul Biya a confié l’organe en charge de la lutte contre la corruption – a les mains et les poches propres. Le Consupe sait également que l’enquête doit être rigoureuse parce qu’au moindre doute, ses conclusions pourront être contestées et accusées de partialité en rapport avec quelques précédents.

Le 25 août 2010 par exemple, le ministre délégué chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Siegfried Etamè Massoma, avait rendu public quatre décisions infligeant à chacun des inspecteurs d’Etat impliqués dans le procès du Port Autonome de Douala – dont la Cour suprême a prononcé la décision le 30 avril 2014 – un blâme et une suspension de toute enquête et de toute mission de vérification pendant une période d’un an. Motifs invoqués à cette époque: «violation des principes déontologiques liés au déroulement des missions du Consupe dans le cadre de l’expertise judiciaire et la collaboration avec le parquet effectuées au Pad pendant la période 2006 – 2009».

Rev. Dr. Dieudonné Massi Gams, président de la Conac
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La Cour Suprême accorde la liberté au colonel Edouard Etonde Ekotto

Après près de sept ans d’emprisonnement, l’ancien délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala a été innocenté par la Haute juridiction le 30 avril 2014. Retour sur l’affaire

La Cour suprême du Cameroun a cassé l’arrêt de la cour d’appel du Littoral rendu en 2009 contre Edouard Etonde Ekotto, qui le condamnait à 15 ans d’emprisonnement, dans le cadre d’une affaire de détournement de deniers publics présumés au Port autonome de Douala (PAD). L’ancien délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala (CUD), et par ailleurs ancien président du conseil d’administration du PAD, a été fixé sur son sort aux premières heures du mercredi 30 avril 2014. La Cour suprême lui a accordé la relaxe en même temps qu’elle confirme la condamnation de Alphonse Siyam Siwé, ancien directeur général du PAD et ancien ministre de l’Eau et de l’Energie, à 25 ans de prison. François Marie Siéwé Nitcheu, ingénieur du marché d’industrialisation du PAD a été condamné à 20 ans de prison. Hormis ces deux personnalités, Edouard Etonde Ekotto et toutes les autres personnes poursuivies (10) ont été acquittés. Ils devaient répondre de plus de 21 chefs d’inculpation au début de l’affaire pour un détournement, en coaction, de plus de 40 milliards de F CFA au PAD.

On se souvient que les déboires de l’ancien délégué du gouvernement auprès de la CUD de Douala ont commencé en 2007, après une enquête du Contrôle supérieur de l’Etat faisant Etat de malversations financières au PAD. L’enquête menée en 2003 avait été complétée par un rapport d’expertise d’inspecteurs d’Etat en juin 2006. Etaient alors concernés : Edouard Etonde Ekotto (ancien PCA du PAD), Siyam Siwé (ancien DG du PAD), François Marie Siéwé Nitcheu, directeur des infrastructures portuaires au PAD et 10 autres personnes. Saisi de l’affaire, le tribunal de grande instance du Wouri à Douala prononce les premières peines les 12 et 13 décembre 2007. Edouard Etonde Ekotto écope de 10 ans d’emprisonnement ferme. Siyam Siéwé, 30 ans.

Les avocats de ces personnalités de l’affaire PAD décident de faire appel. A rebours de l’allègement des sanctions espéré par les avocats, la cour d’appel du Littoral inflige des peines encore plus sévères. L’ancien PCA voit sa peine de 10 ans rallongée à 15 ans d’emprisonnement ; tandis que l’ex-DG écope de la prison à vie en remplacement des 30 ans d’emprisonnement infligés par le TGI du Wouri. C’est à la suite de ces différentes condamnations que les avocats de ces anciens dirigeants du PAD avaient décidé de se pourvoir en cassation à la Cour Suprême. La section spécialisée de cette Haute juridiction a décidé d’acquitter Edouard Etonde Ekotto, en ramenant par ailleurs la peine de Siyam Siwé d’une prison à vie à 25 ans d’emprisonnement.

La décision rendue par la Cour suprême n’est pas surprenante au regard des péripéties de cette affaire. Le rapport d’expertise des inspecteurs d’Etat, rapport qui avait servi aux condamnations, avait été vivement contesté par les accusés de l’Affaire PAD. Le 25 août 2010, le ministre délégué chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Siegfried Etamè Massoma, avait corroboré à ces accusations en rendant public quatre décisions qui infligeaient à chacun des inspecteurs d’Etat impliqués dans le procès du Pad un blâme et une suspension de toute enquête et de toute mission de vérification pendant une période d’un an. Motifs invoqués : «violation des principes déontologiques liés au déroulement des missions du Consupe dans le cadre de l’expertise judiciaire et la collaboration avec le parquet effectuées au Pad pendant la période 2006 – 2009 ».

Avec la libération de Edouard Etonde Ekotto, les avocats de l’Ex-PCA du PAD viennent ainsi d’enregistrer une autre victoire, après une précédente de 2012. L’ancien délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala avait déjà été innocenté dans une autre affaire (affaire CUD-Finances) concernant des détournements de deniers publics à la communauté urbaine de Douala. En octobre 2012, le TGI du Wouri avait acquitté Edouard Etonde Ekotto ainsi que d’autres coaccusés des charges de coaction de détournement de deniers publics de près de 5,5 milliards de F CFA. Certains comités de soutien, créés pour soutenir la libération d’Edouard Etonde Ekotto mettent en exergue, depuis ce 30 avril 2014, le fait que l’ex-PCA du PAD aura passé 2310 jours en prison. Edouard Etonde Ekonto quitte les cellules de la prison centrale de New Bell à Douala à 77 ans.


Le Contrôle supérieur de l’Etat convoque des paysans insolvables

Une liste de 34 personnes a été publiée ce jour par le Consupe après une mission de contrôle effectuée à l’Irad. 62 entreprises sont aussi interpellées

Le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe) a publié ce 17 avril 2014 une liste de personnes convoquées dans les locaux de l’institution, sise en face du parquet administratif de Yaoundé « pour affaire urgente les concernant ». Il s’agit de 29 personnes physiques et cinq personnes morales (principalement des Groupements d’initiatives communautaires) qui ont bénéficié des ressources du Fonds d’appui et de soutien aux paysans du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation, au cours de la période allant de 2005 à 2013.

Le Consupe convoque ces personnes après des travaux de vérification et de contrôle auprès de l’Institut de Recherche agricole pour le développement (Irad) qui hébergeait ce fonds. L’institution supérieure de contrôle des finances publiques au Cameroun a constaté de nombreuses irrégularités à l’Irad en convoquant également 62 prestataires de services qui y ont gagné des marchés entre 2005 et 2012.

Les personnes interpellés ont bénéficié du Fonds d’appui et de soutien aux paysans du Minresi
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