La course aux alliances est lancée pour un deuxième tour entre Wade et Macky Sall, avec au centre de nombreuses inconnues
Alors que l’hypothèse d’un second tour à l’élection présidentielle sénégalaise s’est confirmée, les deux candidats en course, le président sortant Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre Macky Sall, se sont engagés dans une course aux alliances politiques. Elle dure jusqu’au 18 mars, date légale du scrutin. Dans la perspective d’un second tour, le Parti démocratique sénégalais (PDS) va naturellement explorer toutes les possibilités d’entente avec d’autres forces politiques selon des modalités à convenir ensemble, déclarait Abdoulaye Wade au cours d’une conférence de presse, deux jours après le scrutin du 26 février. Le président sortant est pourtant arrivé en tête avec 34,8 % des voix. Son challenger, Macky Sall, candidat de l’Alliance pour la République, obtient quant à lui 26,5 % des suffrages. En troisième position, Moustapha Niasse, candidat de la coalition Bennoo Siggil Sénégal, décroche un peu plus de 13 % des voix. À en croire nombre d’observateurs et de politologues, trouver des alliances risque de s’avérer très compliqué pour le président sortant. Je ne suis pas sûr qu’il ait une grande réserve de voix, commente Pierre Cherruau, rédacteur en chef de « Slate Afrique ». En face, la plupart des autres candidats ont passé ces derniers mois, voire ces dernières années, à dire qu’il ne fallait pas que Wade se représente. C’est compliqué pour eux de s’allier maintenant à lui. Selon des propos attribués à certains experts, trouver une alliance risque d’être assez difficile. Wade va avoir du mal à trouver des alliances fortes chez les 12 autres candidats qui se sont présentés contre lui au premier tour. Il faut toutefois attendre de voir ce que vont décider les Sénégalais. Ils ne vont pas forcément suivre les mots d’ordre de leurs candidats, mais j’ai l’impression que la modification constitutionnelle qui a permis à Wade de se présenter pour un troisième mandat consécutif (ndlr) leur est resté en travers de la gorge et que l’âge du «Vieux» joue aussi contre lui a déclaré Philippe Hugon, spécialiste du Sénégal à l’Institut de recherche internationale et stratégique (IRIS) de Paris, dans un reportage de la chaine française France 24
Il reste difficile de savoir qui des deux hommes va l’emporter. Même si de nombreux médias français notamment choisissent de ne voir dans ces élections que le côté violence, il a quand même connu un taux de participation de 66% moins que ce qu’on l’on espérait, au regard des troubles qui ont précédé le vote et des menaces de boycott de celui-ci par le M23. Dans le camp d’Abdoulaye Wade, on reste optimiste. Le président sortant joue notamment sur les 43% des électeurs qui se sont abstenus et qui pourraient faire la différence. Dans l’opposition on a déjà sorti la calculatrice, mais les comptes ne sont pas faciles à faire. Moustapha Niasse apparait comme le faiseur de président avec ses 18% et quelques voix au premier tour. Mais il a fait savoir qu’il ne lui revenait pas seul de décider à qui on devrait porter le soutien. Son parti fait en effet partie de ce qu’on a appelé le groupe des 21. Il devra se concerter avec les autres d’abord, a-t-il fait savoir. Autre carte importante, Idrissa Seck qui a obtenu 8% des voix lors du premier tour. Lui aussi a été premier ministre sous Wade et avait justement été remplacé par Macky Sall. Des observateurs sénégalais affirment qu’entre lui et Seck Idrissa, l’entente ne serait pas des plus cordiales et ses 8% de voix feraient le plus grand bien à Wade qui de justesse pourrait passer. Il y a enfin les autres petits partis dont on ignore pour qui ils roulent vraiment. Une des leçons du premier tour que peu de personne accepte de voir, c’est que si Abdoulaye Wade à une côte de popularité basse, ses adversaires eux ne font pas mieux. Le deuxième tour risque de sortir des surprises de part et d’autre.
