Cultures du monde: l’Afrique peut enseigner à l’Occident

Par Vitalis Essala

Sans conteste. La race humaine provient d’Afrique. Sans équivoque. Tous les hommes ont le même degré de mélanine. Sans ambiguïté. Tout corps humain est identique quant aux fonctions physiologiques. La seule différence qui distingue l’hébreu du Malinké, le Bantou du Gaulois, ou le Pygmée de l’Indien c’est la culture.

La culture est une pure création humaine. C’est elle qui malheureusement crée des barrières entre les citoyens du monde. Mais, tous les fils des hommes ont un privilège à eux doté par le créateur : celui de choisir. Tout être pensant a un devoir envers la création : celui de respecter le choix de son semblable sans émettre de jugements carrés et sans s’orner de critiques accablantes. Tel est le lot de chaque descendant d’Adam pendant les jours de son pèlerinage sur le sol des vivants. L’Occident en a pris pleine conscience.

Depuis cinq siècles, l’Occident a développé la culture du rationalisme occidental. Le rationalisme occidental a pour principe, entre autres, l’individualisme ou le droit aux individus à s’élever au-dessus de la communauté sans l’aide de la communauté et sans comptes à rendre à la communauté. C’est ainsi que des personnes s’amassent autant de trésors que possibles – même à un degré opulent, sans scrupules, car l’on sait que la provision est disponible pour qui veut s’en approprier.

Cet individualisme intégral a créé un gap significatif entre les nantis et les moins nantis. Nantis et prolétaires se croisent chaque jour dans la rue et se font la moue à longueur de journée. Le milliardaire reproche au prolétaire d’être paresseux et indolent et le prolétaire reproche au milliardaire d’être cupide et fanfaron. Et ce procès dure depuis la nuit des temps. Aucun huissier n’a jamais été compétent pour dresser un constat équitable ; aucun magistrat n’a jamais été en mesure de trancher ce débat des siècles. Mais les grands cerveaux d’antan avaient prédit que la vraie richesse n’est pas matérielle.

Socrate disait qu’une vie non examinée n’est pas une vie digne d’être vécue. En d’autres termes la plus grande richesse est la richesse intérieure. C’est ainsi que ce géant d’Athènes a préféré la mort à la compromission. Galilée a dû renoncer à sa richesse profonde pour sauver sa vie. Jésus de Nazareth a choisi la communauté à l’individualisme sarcastique. Aussi a-t-il été mis à mort pour ses positions. L’Afrique traditionnelle, à son tour, a développé le sens de la communauté, le sens du commun et le sens d’ensemble.

Quand la terre était terre, en Afrique, nul enfant n’appelait une mère « ma mère ! » Mais tous disaient « la mère ! » Car il était très maladroit de s’approprier une mère. Aucune mère ne disait « l’enfant de ma s ur ! » Mais toutes les mères disaient « mon enfant ! » Car il était maladroit qu’une mère distingue ses enfants d’avec ceux qui sont nés d’autres femmes. Quand la terre était terre et que les valeurs ne décroissaient guère, tout enfant était bienvenu à la table du voisin. Tout père avait le droit de corriger tout enfant qui devenait irrespectueux et nulle bouche ne critiquait. Car telle était l’Afrique.

Telle était l’Afrique des Zoulous. Telle était l’Afrique des Bantous. Telle était l’Afrique des Hausa. Telle était l’Afrique des Peuls. Telle était l’Afrique !

Mais de nos jours, individualisme et critiques aigues définissent l’Afrique. Comme si la balkanisation du continent n’avait pas suffi, les pays se subdivisent encore en factions diamétrales et fratricides. Comme si les maladies chroniques et incurables ne suffisaient pas, les africains se livrent encore à des actes barbares. Mais individualisme n’est pas africain. Division n’est pas africaine. C’est pourquoi il est encore permis à l’Afrique de rêver.

Alors désormais quand vous penserez à l’Afrique, voyez un continent aux rangs resserrés, tous, autour d’une même cause. Quand vous penserez à l’Afrique, pensez à un peuple sans routes mais fier de trotter à pieds, ensemble et gaiement vers un même but. Quand vous penserez à l’Afrique, imaginez une famille qui lave le linge sale en famille, sans solliciter l’arbitrage d’un quelconque parrain. Quand vous penserez à l’Afrique, rêvez d’une nation qui a retrouvé son identité ; une contrée qui garde ses valeurs intrinsèques, et qui repousse l’influence négative des valeurs des arrivistes. N’est-ce pas ici une Afrique qui fera rêver ses fils !

N’est-ce pas ici une Afrique unie ; une Afrique au-dessus de laquelle flotte un étendard de paix, un flambeau de prospérité et un bouquet de communauté ! C’est bien ici une Afrique qui rappellera les beaux souvenirs du passé, tel que c’était au commencement. C’est ici une Afrique qui ne fait pas acception de pigmentation de la peau car elle reconnaîtra que tous les hommes sont nés égaux. C’est ainsi que l’Afrique pourra encore enseigner ses valeurs à ceux qui ont perdu les valeurs humaines. Car l’homme est un animal social. Et c’est ensemble que l’on atteint des buts individuels.


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