Souvenir: Il y a un an mourrait le jeune footballeur camerounais d’Arras Yannick Dago

Agé de 17 ans, il est mort sur le terrain du stade Degouve, victime d’un malaise cardiaque

Rappel des faits
Nous sommes le dimanche 24 janvier 2010. Yannick Dago, jeune footballeur camerounais de 17 ans, résidant à Sainte-Catherine-lez-Arras, s’effondre, victime d’un malaise cardiaque, sur la pelouse synthétique du stade Degouve, à l’occasion d’un match amical entre Arras (son équipe) et Anzin-Saint-Aubin dans la catégorie des U19. Un défibrillateur se trouve dans l’enceinte sportive et un ancien pompier (Pierre Doré, l’entraîneur anzinois) a pu donner les premiers secours. Les sapeurs-pompiers et le SMUR sont vite arrivés sur place. Pendant une heure, ils ont tenté de réanimer le jeune homme. En vain. Yannick Dago est décédé en fin de matinée. Le jeune homme était arrivé en septembre à Arras Football après avoir joué à l’ASPTT. Au club, c’est l’incompréhension. Tout comme au lycée Saint-Charles, à Arras, où il était scolarisé en seconde pro MS. Tout le monde pleure Yannick, mort alors qu’il jouait simplement au football. Sa passion. Son père et sa mère résidant au Cameroun, Yannick grandissait chez son oncle et sa tante, à Sainte-Catherine-lez-Arras. Yannick était arrivé en France à l’âge de 11 ans. Il est d’abord allé chez un cousin, à Nancy, pour le collège. Et puis, il est arrivé à Arras. Le foot était sa passion, son rêve, son ambition. « Il voulait être professionnel, précisait, dans nos colonnes, sa bande de copains. Il voulait faire carrière, être un grand joueur, comme son idole, Cristiano Ronaldo. et être célèbre, pour que ses parents, au Cameroun, soient fiers ! Et pour qu’il puisse les aider, leur envoyer de l’argent. »

L’hommage et la polémique
Une marche silencieuse a réuni de nombreux Arrageois le 30 janvier. Le mardi 16 février, un tournoi de football était organisé à la salle Léo-Lagrange. Près de cent vingt joueurs, répartis dans vingt-quatre équipes, de toute la communauté urbaine d’Arras et au-delà ont répondu à cette invitation. L’idée de baptiser le nouveau synthétique du stade Degouve du nom de Yannick Dago a un temps été évoquée. Mais pour l’heure, aucune démarche n’a été effectuée, précise-t-on du côté de la mairie. Un texte envoyé sur le réseau social Facebook signé par un professeur d’un lycée arrageois fait scandale quelques jours après le drame. Un texte dur, violent. Il est fait pour choquer. Il laisse entendre que le garçon ne méritait pas le respect du professeur simplement parce qu’il était décédé en plein match de foot. Une véritable bombe balancée dans un contexte d’émotion. Le professeur explique avoir « voulu dire que certaines personnes étaient plus connues par leur mort que par leur vie. Et avoir le foot en horreur. » Il dit avoir un statut assumé de provocateur. « Les gens connaissent mon mode d’expression : s’ils ne peuvent pas boire d’alcool fort, qu’ils ne viennent pas. » Il poursuit : « J’ai écrit sur Facebook. Mon profil n’est ouvert qu’à mes « amis ». C’était privé. Enfin je crois… » Quelques jours plus tard, face au tollé provoqué par de tels propos, le professeur assure qu’il « exprime ses plus profonds regrets pour ces paroles qui ont blessé des proches ou des membres de la famille du jeune homme décédé. » Il n’a jamais voulu porter atteinte à la douleur des parents ou des proches. Il présente ses excuses « pour avoir choqué, sans avoir cherché à les atteindre, des personnes dans la douleur. » Présente au moment du drame, Annie Lobbedez, adjointe aux sports, gardera à jamais l’image de ce footballeur mort sur un terrain. Pour permettre de visualiser et d’identifier les défibrillateurs présents sur les sites sportifs de la ville depuis trois ans, elle décide, peu de temps après l’accident, d’implanter de grands panneaux de communication. « Cette année, nous allons ajouter d’autres défibrillateurs à Grimaldi et Degouve car ce sont de grands espaces. Les éducateurs sportifs de la ville sont formés à l’utilisation de ces machines. Il faut que les éducateurs des clubs le soient aussi. On les a sensibilisés mais c’est difficile de les réunir tous pour organiser une séance de formation commune. Ça reste du ressort des clubs. On a aussi expliqué aux clubs qu’il fallait passer par le centre médico-sportif qui peut déceler les éventuelles malformations cardiaques. Il faut arrêter avec les certificats médicaux de complaisance. Faire ça, c’est irresponsable. »

Yannick Dago est mort à 17 ans, victime d’un malaise
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