«Darfour: la guerre des pauvres», racontée par Boris Bertolt

Dans cet ouvrage, le journaliste camerounais accuse le gouvernement de Khartoum, capitale du Soudan, de ne pas suffisamment agir pour résoudre cette crise qui frappe le pays

Le journaliste camerounais Boris Bertolt vient de publier Darfour : La guerre des pauvres. Dans cet ouvrage, l’auteur analyse la situation au Darfour et accuse le gouvernement de Khartoum (capitale du Soudan) de ne pas suffisamment agir pour résoudre cette crise qui frappe le pays.

Dans son livre, Boris Bertolt se retourne vers la communauté internationale qui n’intervient pas dans ce conflit qui paralyse l’Afrique. Depuis le début de la crise en 2003, des millions d’Africains sont morts ou souffrent quotidiennement des séquelles de cette guerre, des enfants ne vont pas à l’école, des femmes sont violées, des villages sont pillées, des plantations détruites, des camps de réfugiés bombardés.

Autant d’éléments qui font dire à Boris Bertolt, que cette crise est un conflit majeur qui devrait attirer l’attention de la communauté internationale et de la pousser à agir.

Depuis 2010, le Darfour est sorti de l’agenda international. Objet d’une forte mobilisation internationale entre 2004 et 2007, cette région de l’ouest du Soudan, en proie à la plus longue guerre civile de ce premier quart du 21èmesiècle, semble abandonnée à elle-même. Des massacres collectifs, des enrôlements d’enfants dans les rangs de la rébellion et des milices se déroulent sous le regard impuissant de la MINUAD.

En décrivant le processus ayant conduit à une militarisation progressive de la région et une régionalisation de la violence, Darfour : la guerre des pauvres de Boris Bertolt, offre une synthèse particulièrement efficace des transformations plurielles au Darfour, des rapports de domination, des interactions, des jeux et enjeux dans cette région.

Boris Bertolt, journaliste camerounais.
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Soudan: 15 morts dans un crash

A l’origine de ce drame, une défaillance du moteur de l’appareil volant

Un avion militaire soudanais transportant au Darfour du personnel et du matériel s’est écrasé dimanche 07 octobre à l’ouest de Khartoum, tuant 15 de ses occupants, a annoncé l’armée. Selon l’agence de presse officielle Suna, l’appareil a subi une avarie de moteur et tentait d’effectuer un atterrissage d’urgence lorsqu’il s’est écrasé à une quarantaine de km au sud-ouest d’Omdurman, la ville jumelle de Khartoum située sur la rive opposée du Nil. Le pilote avait informé l’aéroport d’un problème sur un des moteurs, avant la chute. L’avion-cargo, un Antonov 12 de conception russe, se rendait à Al Facher, dans le Nord-Darfour, a précisé le porte-parole de l’état-major. Treize des 22 personnes présentent dans l’appareil ont été tués sur le coup et deux ont ensuite succombé des suites de leurs blessures. Al-Sawarmy Khalid Saad, porte-parole de l’armée, a annoncé l’établissement d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur la cause de la chute de l’ Antonov 12.

Les accidents d’avion sont assez fréquents au Soudan, notamment en raison d’une flotte vieillissante. Les forces armées soudanaises, qui utilisent des hélicoptères et des avions de fabrication russe, ont perdu plusieurs appareils depuis début 2011. Ces accidents aériens qu’a connu le pays ont été soumis à des sanctions américaines. Le pays éprouve des difficultés à trouver des pièces détachées pour les avions de ses compagnies. En août, 32 personnes, dont un membre du gouvernement, avaient trouvé la mort dans un accident survenu à un avion se rendant à une fête religieuse musulmane dans le Sud. Ajouté à cela, la province du Darfour, dans l’ouest du Soudan, qui est le théâtre d’une rébellion armée depuis 2003. Lesquels ont abattu un hélicoptère Mi17 en juillet dernier, tuant sept membres de l’armée.

15 morts dans un crash au Soudan (Photo épave de l’appareil)
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Diplomatie: Un camerounais en mission au Soudan

Jean Emmanuel Pondi a été désigné coordonnateur d’une équipe d’experts pour le Darfour

C’est un communiqué du ministère des relations extérieures qui a rendu publique la nouvelle. Jean-Emmanuel Pondi, aujourd’hui âgé de 51 ans, s’est réservé de tout commentaire sur la situation au Darfour et aussi sur le choix porté sur lui. Il est un expert en relations internationales, expertise acquise tout au long de sa formation académique. Titulaire d’un Ph.D. en Sciences Politiques, option relations internationales, à l’Université de Pennsylvanie aux Etats-Unis d’Amérique, le Pr. Jean Emmanuel Pondi, spécialiste des relations internationales, est actuellement le chef de département de politique internationale de l’Institut des relations internationales du Cameroun, dont il a été directeur de 1999 à 2005. Auteurs d’une dizaine d’ouvrages et de plusieurs articles scientifiques, il a été professeur invité à l’Ecole des Etudes Internationales Avancés de l’Université de Johns Hopkins à Washington D.C; au Centre d’Etude Internationales de l’Université de Cambridge; à l’Institut de Hautes Etudes Internationales de Genève; à l’Institut des Etudes Internationales et Diplomatiques de Nairobi au Kenya ; à l’Institut Chinois des Relations Internationales de Beijing ; à l’Académie Diplomatique de Gambie ; à l’Académie Diplomatique de Vienne etc. A 51 ans, il a visité une cinquantaine de pays répartis sur tous les continents du monde. Le Soudan qu’il prend en main aujourd’hui, ne lui est pas inconnu, mais se présente comme la première vraie crise majeure pour laquelle son expertise en tant que coordonnateur est requise.https://congobusinessworld.com/private/article.php?n=2
Interface de publication du JDC

L’équipe d’experts dont le Pr. Jean Emmanuel Pondi a la charge est compétente dans les domaines des droits de l’Homme, de l’obligation de rendre compte et de la réconciliation. Composée de six membres originaires de l’Egypte, de Djibouti, du Sénégal, du Malawi, de la Zambie, et du Cameroun, elle devra appuyer le Groupe indépendant de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour. Un Groupe dont la création a été entérinée par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, lors de sa 12ème session ordinaire tenue du 1er au 03 février dernier à Addis-Abeba en Ethiopie, à l’initiative du Conseil de Paix et de sécurité. Ce groupe, dirigé par Thabo Mbeki, l’ancien président Sud africain est constitué, entre autres imminentes personnalités, des anciens présidents Abdusalam Abubakar du Nigeria et Pierre Buyoya du Burundi. Il est chargé d’examiner la situation au Darfour, de façon approfondie, depuis le début du conflit actuel, en particulier en ce qui concerne les violations et les abus des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. Sensé être indépendant, le groupe a eu sa réunion inaugurale les 18 et 19 mars derniers à Addis-Abeba.

Mais la tâche n’est pas aisée car le travail que le camerounais est appelé à coordonner le placera au c ur même du conflit soudanais et des intrigues des plus complexes qui le caractérise. Il a certes une bonne connaissance du Darfour mais là il sera plongé en plein face à la réalité. En clair Le Pr. Jean Emmanuel Pondi et son équipe devront travailler en étroite collaboration avec Groupe indépendant de haut niveau de l’Union africaine sur le Darfour. Le rôle, très technique de cette équipe, sera donc d’une extrême et délicate importance. Ses membres devront effectuer les études demandées par le Groupe sur les développements les plus récents s’agissant des directives internationales et des meilleures pratiques sur la question de l’obligation de rendre compte et de la réconciliation ; examiner les rapports sur le Soudan et le Darfour, en particulier, établis par des sources officielles et officieuses, et préparer des dossiers à étudier par le Groupe etc. Le Pr. Jean Emmanuel Pondi et son équipe accompagneront, le cas échéant, le Groupe de Thabo Mbeki dans ses missions qui le conduira, autant de fois qu’il jugera nécessaire, au Soudan et dans d’autres pays pour rencontrer toutes les parties prenantes présentant un intérêt pour son travail.

Pr. Jean Emmanuel Pondi
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Omar El Béchir peut être désormais arrêté à tout moment !

La cour pénale internationale a finalement lancé un mandat d’arrêt international contre le président du Soudan

C’est un véritable coup de théâtre. Un chef d’Etat en fonction devra désormais vivre comme un captif. Parce qu’il peut-être arrêté à tout moment. C’est le sort qui est désormais celui de Omar El-Béchir, président du Soudan. La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre lui pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. La CPI n’a pas retenu l’accusation de génocide, a annoncé mercredi la porte-parole de la cour Laurence Blairon. « Aujourdhui, la chambre préliminaire 1 (…) a émis un mandat d’arrêt contre le président du Soudan Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », a déclaré la porte-parole de la CPI, lors d’une conférence de presse dans les locaux de la CPI à La Haye. Il s’agit du premier mandat d’arrêt contre un chef d’Etat lancé par la CPI, en fonction depuis 2002.

Le président soudanais quand à lui a toujours montré qu’il minimiser l’action judiciaire qui pourrait être déclenchée contre lui. Le mardi 3 mars, il affirmait : « toute décision de la CPI n’aura aucune valeur pour nous…Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite », en inaugurant un barrage à Méroé, à environ 500 km au nord de Khartoum. Pourtant, le procureur de la cour, Louis Moreno Ocampo est formel. « Nous avons de lourdes preuves contre Béchir ». « Nous avons plus de 30 différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé » a t-il récemment déclaré.

Toute décision de la CPI n’aura aucune valeur pour nous… Elle ne vaudra pas l’encre avec laquelle elle aura été écrite.
Omar El Béchir, président soudanais

Omar el-Béchir, 65 ans, est accusé pour des crimes commis au Darfour, une région de l’ouest du Soudan déchirée depuis 2003 par une guerre civile qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés selon l’ONU. Khartoum parle de 10.000 morts.
Il s’agit là d’un redoutable précédent pour les chefs d’Etat africains qui s’accrochent généralement à leurs fauteuils pour échapper à de telles inculpations. Si le pays d’Omar El Béchir ne reconnaît pas la compétence de la CPI, il faut dire que l’actuel président soudanais pourra être interpellé dans d’autres pays. Avec ce mandat d’arrêt, plusieurs observateurs s’inquiètent des risques d’explosion de la violence dans le Darfour.


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Depuis sa création en 2002, la CPI est devenue une partie intégrante des relations politiques internationales et des systèmes des droits de la personne. En juillet 2008, 108 États parties avaient ratifié le Statut de Rome et le Procureur de la CPI s’était saisi des cas de quatre pays dont le Soudan.

Nous avons de lourdes preuves contre Béchir. Nous avons plus de 30 différents témoins qui diront comment il a tout dirigé et contrôlé.
Louis Moreno Ocampo, procureur de la CPI

Le Soudan est jusqu’à maintenant le seul pays faisant l’objet enquête qui n’a pas demandé l’intervention de la Cour. En mars 2005, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 1593 déférant à la CPI la situation au Darfour. Le Procureur a donc ouvert une enquête en juin 2005 et délivré des mandats d’arrêt contre d’Ahmad Harun (ancien ministre d’État chargé de l’Intérieur) et Ali Kushayb (ancien chef de milice) en avril 2007 pour leurs multiples crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ces mandats n’ont toujours pas été exécutés, car le gouvernement du Soudan n’est pas un État partie au Statut de Rome et ne reconnaît pas la compétence de la CPI comme nous le relevions plus haut. Depuis la délivrance des mandats, Ahmad Harun a même été nommé coprésident du comité national chargé de l’enquête sur les présumées violations des droits de la personne au Darfour alors qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre lui.

Mais il faut dire que d’autres pays sont dans la ligne de mire de la CPI. Bien que les enquêtes n’aient pas encore commencé, le Procureur de la CPI surveille les situations dans plusieurs autres pays : Côte d’Ivoire, Colombie, Afghanistan, Tchad, Géorgie et Kenya.


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Adam Ahmed Hoziafa : Seul au monde, seul à Mfou

Ce soudanais emprisonné depuis un mois dit avoir perdu tous les membres de sa famille dans la guerre du Darfour.

« Ahmed »! A l’appel de ce nom par un autre détenu, un homme mince et barbue se lève machinalement, le regard furetant celui qui peut bien l’appeler. Sans doute ne l’a-t-on jamais appelé ou du moins, de la sorte. Aussi, se dirige t-il rapidement vers le journaliste, à la fois émue et surpris. « Il n’entend, ni ne parle que l’anglais », prévient Mme Mbah, l’intendante. Sur les raisons de sa présence dans ce lieu peu recommandé, Adam Ahmed Hoziafa raconte  » On m’a arrêté et conduit ici parce que les soudanais m’ont vendu un faux passeport Irlandais. J’ai été arrêté il y a un mois à l’aéroport, le 19 novembre ». Il dit avoir 30 ans, mais on lui donnerait bien plus. Originaire de la région du Darfour, le jeune homme était étudiant en informatique et faisait du commerce selon ses dires. Seulement, avec la guerre, l’école a fermé. Les affaires sont tombées à l’eau. Les membres de sa famille ont été décimés.  » Personne ne sait que je suis ici. Je ne sais même pas si ma s ur est encore vivante. J’ai dû donner beaucoup d’argent pour sortir du pays et à présent, j’ai perdu tout ce que j’avais », ajoute t-il.

Aujourd’hui, Ahmed est seul au monde et seul dans la prison principale de Mfou. Son quotidien se résume à des sorties dans la cour et des retours dans son lit. Il a très peu d’amis avec qui bavarder, la quasi-totalité des détenus étant francophones. Mêmes les livres de la bibliothèque sont en français. En attendant, il s’habitue petit à petit à entendre le français. « La vie ici est très vraiment difficile pour moi. Ils nous donnent à manger une fois par jour, et la quantité n’est pas suffisante » signale le soudanais. Mais il affirme qu’il le ferait encore si c’était à refaire. « Je ne sais pas si c’était une bonne ou une mauvaise idée de venir au Cameroun. Parce que si j’étais resté, je serais mort à l’heure actuelle. Il fallait fuir la guerre. Surtout que j’ai eu des problèmes avec les Janjawids et le gouvernement » précise t-il. Mais il déplore l’abandon dont il fait l’objet de la part du Haut commissariat aux réfugiés. « J’ai demandé à entrer en contact avec le Hcr en vain. J’ai tout perdu dans ma vie. J’aimerais que le Hcr me vienne en aide, que je devienne réfugié et reste au Cameroun », implore t-il. N’ayant pas encore été jugé, il ne sait pas combien de temps il fera au bagne. De ce fait, il ne peut alors rien envisager pour sa vie. Vers 16h 30 ce samedi, une foule de prisonniers se bousculent pour recevoir leur repas du jour. Ahmed, lui, est assis au loin. « Tu vois, c’est comme ça qu’on mange ici. Je préfère attendre qu’ils aient fini de bousculer avant de venir prendre ma part », dit le jeune musulman.

Adam Ahmed Hoziafa, prisonnier soudanais
Journal du Cameroun)/n