Cameroun : la désindustrialisation en continu

Il y a 35 ans, le Cameroun avait 188 entreprises publiques. Elles ont fermé les unes après les autres au point où le pays ne compte plus qu’une quinzaine d’entreprises en bonne santé.

 Une douzaine d’autres continue de fonctionner mais, sous la perfusion de l’État. Par exemple, la Sonara, la Camtel, le PAD, la Semry, Camer-co, ADC, etc., sont des entreprises normalement en faillite depuis plus de cinq ans pour certaines et qui n’existent que parce que l’État s’endette pour les faire fonctionner. Ce sont les entreprises publiques les plus endettées du Cameroun. En dehors de la mauvaise gestion, deux raisons majeures expliquent la faillite des entreprises camerounaises du public comme du privé :

 La perte en compétitivité. Le Cameroun s’est ouvert anarchiquement il y a 32 ans à l’économie du marché. Le pays n’a pas fait le choix de protéger son tissu économique. Il n’a pas fait les réformes structurelles nécessaires pour renforcer son avantage comparatif. Le pays subit la concurrence déloyale des entreprises étrangères. Le pays n’est plus qu’un simple comptoir commercial.

 Pourtant, le libre marché n’est pas synonyme du mercantilisme que nous observons de nos jours c’est-à-dire d’un système d’échange à sens unique. Si les océans de protectionnisme que l’on observe à travers le monde ne s’assèchent pas, alors le Cameroun devra aussi fermer ses frontières le temps de préparer ses entreprises à la libre compétition. C’est le principe de la réciprocité en vigueur dans les relations internationales et que notre gouvernement n’est pas assez courageux pour l’appliquer.

 La perte en attractivité. Le monde rural n’est plus attractif. Le pays a affronté un exode rural sans précédent. Pire, le pays n’est plus attractif pour ses propres citoyens. Chaque citoyen actif détient son projet d’émigration (clandestine). La force de production locale est partie ailleurs et le peu qui restait au pays continue de partir. Le pays forme des jeunes qui vont produire et créer la richesse ailleurs.

 Près de 20% des immigrés africains sont hautement qualifiés. La fuite des cerveaux est très préjudiciable pour le continent. Cela veut dire que les jeunes camerounais en particulier ne vont pas forcément à l’étranger pour étudier ; ils y vont pour travailler. Le pays dépense pour former la main d’oeuvre pour les entreprises étrangères, ce qui est une double perte. Les défis de la production nationale que nous défendons sont donc nombreux. Il convient de rendre le pays compétitif et attractif si l’on veut réussir.