Aucune manifestation particulière n’a été organisée au Cameroun, pourtant la protection de l’enfance y reste un défi
Une journée pour la protection des droits des enfants
Le vendredi 20 novembre dernier se célébrait à travers le monde, la journée internationale de l’enfance, et avec elle le 20ème anniversaire de la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE). Une célébration qui concernait aussi le Cameroun. Le 20 novembre 1989, Les Nations Unies ont adopté la CDE, Le premier instrument international ayant force obligatoire a incorporer l’ensemble des droits de l’homme pour les enfants. Dans 54 articles et deux Protocoles facultatifs, la Convention énonce clairement les droits fondamentaux de l’homme qui s’appliquent aux enfants partout dans le monde: les droits à la survie, à la santé, la protection, l’éducation et la participation à part entière à la vie familiale, culturelle et sociale. En septembre 2000, à l’occasion du Sommet du Millénaire, des dirigeants politiques du monde entier sont convenus de huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ils vont de la réduction de moitié de l’extrême pauvreté à l’éducation primaire pour tous, en passant par l’arrêt de la propagation du VIH/sida, et ce à l’horizon 2015. Six des huit objectifs concernent directement les enfants et en atteignant les deux autres, on améliorera aussi leur vie de manière considérable.
Un arsenal juridique remarquable
La journée est passée presque sous silence au Cameroun. Les dirigeants tout comme les instruments juridiques du pays sont rattachés aux objectifs internationaux de protection de l’enfant. Le Cameroun a par ailleurs ratifié la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant et le président camerounais Paul Biya a promulgué le 29 décembre 2005 une loi relative à la lutte contre le trafic et la traite des enfants. Du fait de l’engagement des autorités camerounaises, plus d’enfants survivent aujourd’hui, plus d’enfants vont à l’école, plus d’enfants ont accès à de l’eau saine et plus d’enfants sont protégés contre les maladies mortelles. Selon les observateurs, la plus grande avancée est la scolarisation massive de la jeune fille. Enfin l’Etat a favorisé l’implantation de nombreuses ONG, dont les vocations sont soit la protection, soit la garantie des droits de l’enfant.
Les nombreux efforts du gouvernement camerounais
Un effort est en train d’être fait, notamment avec les fonds PPTE (liés à l’initiative pays pauvres et très endettés de la Banque mondiale) pour plus d’infrastructures sanitaires et d’écoles pour permettre à un plus grand nombre d’enfants d’accéder à la santé et à l’éducation ». En 2007, le gouvernement a construit près de 3.000 salles de classe et recruté près de 19.000 enseignants. Un recrutement de 10.000 autres vient d’être lancé. A l’occasion de la dernière édition de la Journée de l’enfant africaine le 16 juin dernier, la ministre des Affaires sociales, Catherine Bakang Mbock, a fait état de 52.000 orphelins du SIDA et autres enfants vulnérables pris en charge en 2008, sur 198.000 recensés dans le cadre d’un programme gouvernemental. Avec l’aide des fonds de l’initiative de l’allègement de la dette multilatérale (IADM) accordés au Cameroun, ce ministère a mis en uvre un projet qui a permis l’identification d’un nombre important d’enfants de la rue et d’enfants issues des minorités pygmées.
De nombreux objectifs encore à atteindre
Pour autant, beaucoup de défis restent à relever avant que tous les droits pour tous les enfants ne soient réalisés au Cameroun. Une position qui se dégage d’un récent rapport de la Commission Nationale des Droits et des Libertés (CNDL). « Bénéficiant d’un dispositif spécial textuel et institutionnel au Cameroun, la protection des droits des enfants souffre encore de nombreux problèmes », peut on y lire. Dans un contexte socio économique où certaines familles vivent avec moins de 700 FCFA par jour, il n’est pas toujours évident de respecter et de garantir les droits des enfants. De nombreux enfants sont encore exploités dans le cadre du travail, parfois avec la complicité passive des autorités. La gratuité des enseignements de base promulguée par le chef de l’Etat se heurte à d’autres préoccupations (frais associatifs et autres). Dans le nord du Cameroun, la scolarisation de la jeune fille reste une préoccupation constante. Lors de son voyage au Cameroun l’actrice américaine Mia Farrow, ambassadrice UNICEF, a souligné l’importance de la malnutrition des enfants dans la région du Nord, principalement au sein de nombreuses populations refugiées. Enfin, le principe international qui classe dans la catégorie d’enfance les individus de 0 à 18 ans, est très relativisé dans les campagnes camerounaises. De nombreux jeunes, entre 15 t 18 ans sont parfois incités à devoir subvenir aux besoins des familles.

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