Cameroun-DGRE : Jean Pierre Robins Ghoumo remplace Léopold Maxime Eko Eko

Le président de la République Paul Biya a nommé la première personnalité à la tête de la Direction générale de la recherche extérieure. La deuxième occupait encore le poste malgré son incarcération à la prison principale de Yaoundé.

Ça bouge de part et d’autre des institutions touchées par l’affaire relative à l’assassinat de Martinez Zogo, le chef de chaîne de la radio Amplitude FM. Après les nominations au tribunal militaire le 13 décembre dernier, Paul Biya vient d’opérer un réajustement à la DGRE. La Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), est l’institution chargée de veiller à la protection du Cameroun contre les menaces internationales. Par décret N°2023/572 du 19 décembre 2023, le chef de l’Etat limoge le commissaire divisionnaire Léopold Maxime Eko Eko en service depuis 2010 et confie son poste à Jean Pierre Robins Ghoumo.

Ce dernier est un diplômé de la filière diplomatie de l’Institut des relations internationales du Cameroun. Il était conseiller technique au secrétariat général de la présidence de la République, division des affaires intérieures. L’homme a aussi été chef du secrétariat particulier du ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh. Sa première mission à la DGRE est sans doute de restaurer la crédibilité de cette institution fragilisée par son implication dans l’assassinat de Martinez Zogo. Son ancien patron du renseignement, Maxime Eko Eko arrêté le 07 février 2023, son directeur des opérations, Justin Danwe, sont écroués comme deux des principaux suspects dans l’affaire Martinez Zogo.

Pour seconder Jean Pierre Robins Ghoumo, le chef de l’Etat a nommé Mesmin Magloire Aristide Eloundou comme directeur général adjoint de la DGRE. Au moment de sa nomination, le colonel Eloundou est directeur adjoint chargé de la coordination centrale au secrétariat d’Etat à la défense et directeur de l’emploi et des structures.

La nomination des responsables à la DGRE vient une semaine après celle du nouveau juge d’instruction près le tribunal militaire de Yaoundé. Le 13 décembre 2023, un décret du chef de l’Etat nomme le lieutenant-colonel magistrat Pierrot Narcisse Nzie, juge d’instruction et vice-président du tribunal militaire de Yaoundé. Il remplace le juge d’instruction Florent Aimé Sikati II Kamwo, éclaboussé par une ordonnance de mise en liberté en faveur de Maxime Eko Eko et Jean Pierre Amougou Belinga, décision prise le 1er décembre dernier.

La Centrafrique négocie le rapatriement d’un sous-officier détenu au Cameroun

Un accord a été obtenu mardi à Yaoundé qui devrait permettre le rapatriement d’un sous-lieutenant détenu à la DGRE depuis la chute de François Bozize.

En visite au Cameroun depuis dimanche jusqu’à mercredi, le ministre centrafricain de la Défense nationale, Joseph Yakété, s’est entretenu avec son homologue camerounais Joseph Beti Assomo au sujet de la demande formulée par son gouvernement concernant le rapatriement d’un sous-lieutenant de l’armée nationale en détention au Cameroun.

Après la chute du régime de François Bozizé due à l’offensive de l’ex-alliance rebelle de la Séléka en mars 2013, une centaine de soldats loyalistes avaient fui vers le Cameroun, précisément dans la région de l’est où le chef de l’Etat déchu avait lui-même débarqué, à bord d’un hélicoptère de l’armée avant de rejoindre par voiture Yaoundé, qu’il avait quittée par la suite pour Kampala (Ouganda).

A ce jour, presque tous ces ex-membres des Forces armées centrafricaines (FACA) sont retournés dans leur pays, sauf deux d’entre eux, en détention auprès des services de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), institution camerounaise chargée du contre-espionnage, selon les informations obtenues par Xinhua auprès de sources militaires.

Parmi ces deux prisonniers dont les raisons de l’incarcération n’ont pas été révélées à Xinhua, le gouvernement centrafricain a signifié aux autorités de Yaoundé la demande de rapatriement d’un seul cas, celui d’un sous-lieutenant, un dossier pour lequel le ministre centrafricain de la Défense nationale est parvenu à conclure un accord avec son homologue camerounais mardi à Yaoundé.

Le sous-officier ne regagne cependant pas Bangui dans l’immédiat. Il devra encore attendre l’aboutissement de la procédure qu’exigent les règlements camerounais concernant un tel cas et qui comportent la délivrance d’autorisations de diverses administrations compétentes.

Joseph Yakété a aussi obtenu lors de sa visite un accord avec le Cameroun en vue de la restitution de l’hélicoptère des ex-FACA ayant permis à François Bozizé de s’enfuir de Bangui, de même qu’un stock d’armes individuelles et collectives y compris des munitions et des véhicules militaires récupérés aux mains de ses proches et de la centaine de soldats loyalistes réfugiés dans ce pays voisin.

Me Harissou et Aboubakar Siddiki notifiés de leurs chefs d’accusation

Une information judiciaire a été ouverte contre ces personnalités pour «hostilité contre la patrie et révolution»; «complicité d’assassinat»; «outrage au président de la République»

Me Abdoulaye Harissou et Aboubakar Sidiki, personnalités dont l’arrestation a été qualifiée par certains hommes politiques d’ «arbitraire», ont été notifiés de leur acte d’accusation hier et inculpés, rapporte le quotidien privé Le Jour dans son édition du 22 octobre. Le premier, notaire à la première charge de Maroua, et le second, président du Mouvement patriotique du Salut camerounais, vont comparaitre au tribunal militaire pour divers chefs d’accusation: «outrage au président de la République du Cameroun», «hostilité contre la patrie et révolution», «complicité d’assassinat», «port et détention illégale d’armes».

Me Harissou est par ailleurs soupçonné d’avoir recruté des rebelles au Tchad, en République centrafricaine et au Soudan pour «déstabiliser les frontières du Cameroun et les institutions camerounaises» explique le journal que dirige Haman Mana. Le quotidien privé donne par ailleurs les noms de deux de ses avocats: Me Jacques Mbuny et Me Sébastien Song.

Notaire à la première charge de Maroua pendant plus de 30 ans et président honoraire de la Chambre honoraire du Cameroun, Me Harissou a été interpellé à Maroua le 26 août dernier par les éléments de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). L’homme politique Aboubakar Sidiki, Président du Mouvement Patriotique du Salut Camerounais (MPSC), a quant à lui été arrêté à Douala le 09 août 2014.

Mgr Samuel Kleda nie sa parenté avec Guerandi Mbara

L’archevêque de Douala conteste l’article du magazine Jeune Afrique qui révéle qu’il est son «cousin»

L’archevêque de Douala, Mgr Samuel Kleda, conteste la filiation que le magazine Jeune Afrique, paru cette semaine, lui prête avec le capitaine Guérandi Mbara, un des militaires qui avaient tenté de détrôner Paul Biya par un coup d’Etat en 1984. «Je croyais que Jeune Afrique était un journal sérieux. Malheureusement, je me rends compte que tous les journaux sont des diffuseurs de mensonges. Cet homme n’est pas mon cousin ; à moins que Jeune Afrique ne crée ce nouveau lien de parenté», soutient l’archevêque de la métropole économique, dans les colonnes du journal Ouest Littoral, édition du 16 septembre 2014.

«A moins qu’à la suite de Saint Pierre, il ait décidé de renier son « cousin », qui peut penser qu’un démenti aussi clair, sorti d’une « pieuse bouche », soit en contradiction avec la pure réalité», écrit le directeur de la publication Ouest Littoral, Benjamin Zebaze. Pour ce dernier, «Les déclarations de l’homme de Dieu nous conforte dans l’idée que derrière cet article, se cache quelque chose de plus pervers que l’avenir se chargera de mettre à nu».

Dans son édition hebdomadaire, du 14 au 20 septembre 2014, l’hebdomadaire Jeune Afrique a publié une enquête sur l’enlèvement de l’ex-capitaine Guérandi Mbara, exilé au Burkina Faso depuis juin 1984, par les services de renseignements camerounais. Parti acheter des armes en Europe, selon la version que donne Jeune Afrique, Guérandi Mbara aurait été drogué puis transféré au Cameroun depuis janvier 2013. C’est le 25 janvier précisément, qu’il aurait été remis aux officiers de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE).

«Au Cameroun, seule sa famille, dont son cousin, Samuel Kléda, l’archevêque de Douala, ose pleurer cet homme obnubilé par le pouvoir», écrit Jeune Afrique à la fin de cette enquête. Ce que le concerné réfute.

Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala
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Comment les services de renseignements ont capturé le capitaine Guerandi Mbara

Selon une enquête publiée dans Jeune Afrique, l’ex-putschiste a été drogué et transféré au Cameroun lors d’une transaction qu’il croyait destinée à l’achat d’armes

Selon une enquête publiée dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, édition du 14 au 20 septembre 2014 et intitulée «Cameroun: Enquête sur une affaire d’Etat», Guérandi Mbara – l’un des cerveaux du putsch manqué de 1984 contre Paul Biya et l’un des derniers survivants de ce coup d’Etat – est, depuis janvier 2013, aux mains des services de renseignement camerounais. Mort ou encore en vie, le magazine ne répond pas toutefois à la question.

Pour l’hebdomadaire qui n’utilise pas le conditionnel dans son enquête, Guerandi est parti de l’aéroport de Sofia en Bulgarie le 25 janvier 2013 à bord d’un petit avion conduit par des pilotes macédoniens, croyant se rendre en Russie pour rencontrer un vendeur d’armes. C’est que l’ex-capitaine de l’armée camerounaise, exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1984, nourrissait toujours le désir de voir partir Paul Biya du pouvoir, par les armes. A bord de l’avion, il sera plutôt drogué avec un sédatif et conduit.à l’aéroport international de Douala par ses convoyeurs. Arrivé le 26 janvier au matin, il a été remis à une équipe de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), «dirigée par le commissaire James Elong Lobé], quelque part sur la route entre Edéa et Pouma», précise Jeune Afrique. Et depuis, plus de nouvelles de l’opposant.

A l’origine du traquenard
Militaire et fils de militaire Kirdi, Guérandi Mbara est issu de la promotion 1974 de l’Ecole militaire interarmées (EMIA) de Yaoundé avec Thomas Sankara et Blaise Compaoré. C’est ce dernier, président de la République du Burkina Faso, qui consentira à accueillir ce capitaine âgé de 30 ans à l’époque, le 5 juin 1984, après le putsch manqué d’avril de la même année, lequel putsch avait vu de nombreux militaires fusillés par la suite. Au Burkina Faso, Guerandi Mbara développe sereinement ses relations, se rendant en Occident à sa guise. Il obtiendra même un doctorat en Sciences politiques en France, à l’Université Paris-Descartes, en 1997.

Le début de la fin pour cet opposant de Paul Biya jusqu’à la moelle, intervient en 2012 lorsqu’il rentre en contact, à Paris, avec Georges Starckmann. Un dealer d’armes qui a mené quelques activités sur le continent: notamment en Côte d’Ivoire, au Biafra et même au Cameroun. «Devant Starckman donc, Guérandi Mbara se vante. Il dit disposer de 2000 hommes prêts à renverser Paul Biya et assure qu’il a un plan d’attaque détaillé. Une vidéo de la conversation serait parvenue aux services camerounais», écrit Jeune Afrique.

Starckman décide de revendre l’information au Cameroun, contre une prime de 500.000 euros. L’objectif est d’amadouer Guerandi pour le remettre aux autorités camerounaises. Après avoir perçu 350.000 euros, il recommande, pour la besogne, de s’attacher les services d’un colonel portugais, José Alberto Fernando Abrantes. Ancien de la sécurité de l’ambassade du Portugal en Côte d’Ivoire, ce colonel installé au Cameroun est en relation à cette époque avec la DGRE pour des «services».


C’est donc lui qui va exécuter la mission. «En dix mois, une trentaine de voyages et de rencontres seront nécessaires pour approcher, mettre en confiance et neutraliser l’opposant camerounais», poursuit Jeune Afrique. La première fois, le 14 janvier 2013, Guérandi accepte de rendre à Porto pour rencontrer Abrantes lequel devait officiellement le conduire en Russie pour son besoin.

Le plan de vol initial d’Abrantes est de droguer l’opposant à l’aide d’un sédatif pour le conduire à l’aéroport de Bafoussam en toute «discrétion». Les pilotes macédoniens de l’aéronef rejetteront l’idée au motif que ce n’est pas un aéroport international, leurs licences pouvant ainsi être compromises. Après des négociations et tergiversations, Abrantes va se résoudre à mettre le cap sur l’aéroport international de Douala après un transit par Sofia en Bulgarie. Pour faire passer son colis, arrivé le 26 janvier au matin à l’aéroport international de Douala, sans attirer le regard des curieux, Abrantes va être aidé en cela par «Thierry André Mathé, le commissaire de l’aéroport. Il leur trouve une porte discrète de sortie», indique Jeune Afrique. C’est sous l’effet du sédatif que Guérandi sera remis à une équipe de la DGRE, «quelque part sur la route entre Edéa et Pouma dans la région du Littoral», précise Abrantes à Jeune Afrique.

Le contractuel portugais, qui a livré les détails de cette opération au magazine, indique qu’il parle parce qu’il n’a pas été payé. Personne n’a les nouvelles de Guérandi Mbara depuis ce jour, ni même son cousin, Samuel Kleda, archevêque de Douala, que cite Jeune Afrique.

Guérandi Mbara était exilé au Burkina Faso depuis le 5 juin 1984
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Crise dans le renseignement au Cameroun: Le patron de la DGRE s’explique!

La réaction de Maxime Eko Eko suite à la publication d’une enquête du journal Intégration

Lundi 26 mai 2014. Il est 11h37 à notre montre. Un numéro inhabituel (22 50 99 22 51) s’affiche sur le téléphone de travail du directeur de publication de votre journal. «Puis†je parler à M. Thierry Ndong?» interroge l’interlocuteur à l’autre bout du fil, qui ne manque pas de se présenter. Il s’agit de Léopold Maxime Eko Eko. L’entretien démarre sans les règles de politesse d’usage. Léopold Maxime Eko Eko, directeur général de la DGRE, est un brin irrité par notre article publié à la grande une de l’édition en kiosque ce lundi 26 mai. Il s’étonne de ce que l’enquêteur de service n’a pas essayé de prendre sa version des faits. Le patron de la DGRE y voit une envie malveillante de nuire à sa personne. Pendant une dizaine de minutes, le commissaire divisionnaire justifie, critique, sermonne et accuse. Ci†contre le discours unilatéral de M. Eko Eko. Nous y annexons une note de la rédaction et republions l’article querellé, pour une information complète de nos lecteurs. Nous ne saurions finir sans réitérer notre bonne foi dans cette production éditoriale. Pour nous, il n’a jamais été question de règlement de comptes ou d’argent. Ô grand jamais.

I-Relations avec les patrons de la police et de l’armée
«Vous dites que je suis en froid avec le Délégué général à la Sûreté nationale. Vous savez comment on s’appelle? Il m’appelle «Mon fils»; et je l’appelle «Mon père». Comment un fils peut†il ne pas porter son père dans son c ur? Vous connaissez le nombre de services que je rends au DGSN, Martin Mbarga Nguelé?» «Vous dites que je ne vais pas au ministère de la défense. Êtes†vous au courant que le week†end dernier (ndlr 24†25 mai), à la demande des chefs d’Etat camerounais et tchadien, j’étais en séance de travail au Mindef avec le ministre tchadien de la Défense! Et cette rencontre de travail était supervisée par le ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o.»

II-Missions de la DGRE
«Vous dites que le renseignement n’est plus partagé entre les différents chefs. Sachez que les textes organiques de la DGRE donnent la primeur de nos informations au chef de l’Etat. C’est à lui de décider de ce qu’il faut en faire». «Je suis un pur produit de la DGRE. En 30 ans de carrière, j’ai travaillé pendant 26 ans ici à la DGRE. C’est une maison que je connais par conséquent très bien». «Je suis fils de paysan. Et je suis chrétien. Dieu seul me guide et me protège. Lorsqu’on me nommait à la tête de la DGRE, beaucoup de personnes ne me donnaient pas six mois, mais aujourd’hui j’en suis à ma quatrième année, grâce à Dieu».

III-Intrigues et délations à la DGRE
«La cérémonie des v ux n’a pas eu lieu cette année à la DGRE. Parce que nous avons inauguré en juillet de l’année dernière de nouveaux bâtiments. A l’occasion, nous avions eu à faire le point général avec le personnel de la DGRE. En ma qualité de manager, j’ai jugé utile de ne plus organiser une cérémonie de v ux, puisqu’il n’y avait pas eu de grandes évolutions entre juillet et décembre.» «Vous m’accusez d’empêcher à mon adjoint d’être à l’aéroport lorsque je suis indisponible pour accueillir le chef de l’Etat. Sachez que la Direction de la sécurité présidentielle octroie des invitations nominatives à tous ceux qui doivent être à l’aéroport pour les événements du chef de l’Etat. Mon invitation ne saurait donc servir à quelqu’un d’autre».

IV-Accusations gratuites de M. Eko Eko contre le journaliste rédacteur de l’article
«Je n’ai pas pris votre femme. Je n’ai pas pris votre maison ou votre voiture, je n’ai pas pris votre argent. Je ne vous connais pas. Mais je suis victime d’une méchanceté gratuite de votre part. Pour cela, je vais prier pendant neuf jours devant le tabernacle, en prononçant votre nom». «Vous êtes au service de l’argent. Vous avez pris de l’argent pour écrire contre moi. Vous avez pris fait et cause pour les forces d’argent».

Note de la rédaction
Nous ne ferons pas de commentaire à cette sortie du patron de la DGRE. Pour éviter de brouiller son message et pour montrer que nous n’avons pas de parti pris. L’enquête que nous republions ci†contre est partie d’une concertation au sein de la rédaction de votre journal. Nous avons recoupé à plusieurs sources. Nous avons produit un travail équilibré. Personne ne nous a donné le moindre sou pour régler quelque compte. Nous sommes dans une posture éditoriale républicaine. Et cette enquête doit être comprise comme notre contribution à la lutte contre Boko Haram. Nous maintenons tout ce qui est dit dans cette enquête. Car nous n’avons rien inventé. Pour les menaces à peine voilées (prière devant le tabernacle en prononçant le nom du journaliste†rédacteur), Dieu est celui de tout le monde. Il voit nos c urs et connaît nos intentions. C’est pour cela que nous sommes plus que sereins au journal INTEGRATION. Néanmoins, nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale, au cas où quelque chose de fâcheux nous arrive.


Comment le Cameroun perd la bataille du Renseignement contre Boko Haram

De grosses lacunes et limites des forces camerounaises de défense face aux activités de la secte islamiste. L’enquête d’Intégration

1- Armée, gendarmerie, police et Dgre à couteaux tirés
La guerre des chefs fait rage dans le dispositif sécuritaire du Cameroun. Maxime Eko Eko et
Edgar Alain Mebe Ngo’o ne se parlent plus depuis au moins deux ans. Le directeur général à
la Recherche extérieur (DGRE) et le ministre de la Défense (Mindef) ne se côtoient pas, même en public pour sauver les apparences. Les deux personnalités se connaissent pourtant très bien. Mebe Ngo’o, alors délégué général à la sûreté nationale, avait fait nommer Eko Eko directeur des renseignements généraux à la police. Le commissaire de police divisionnaire Eko Eko rebondissait ainsi après une longue disgrâce dans les services centraux de la DGRE, où il était en complément d’effectifs après un retour d’affectation en Russie. Plus tard, les connaisseurs ont vu la main de l’actuel Mindef dans la promotion de Maxime Eko Eko au stratégique poste de directeur général de la DGRE. Mbarga Nguelé ne porte pas non plus Eko Eko dans son coeur. L’actuel patron de la police et son homologue des renseignements sont en froid. Et ne s’en cachent pas, malgré leur point commun, à savoir le grade de commissaire de police divisionnaire. Les relations ne sont guère meilleures entre le patriarche Mbarga Nguelé et le jeune premier Mebe Ngo’o. Entre le premier flic du pays et le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, le courant ne passe pas. Et cela s’est souvent observé à l’occasion des réunions de sécurité. En effet, le rapport desdites réunions a toujours divisé les patrons de la police et de l’armée. Simplement parce que l’une des parties (en l’occurrence le patron de la police) ne se reconnait presque jamais dans les comptes rendus jugés volontairement en faveur du ministre de la Défense. Celui†ci est accusé d’en tirer avantage auprès de la haute hiérarchie. La suspicion installée a fini par faire des réunions de sécurité de simples rendez†vous de façade, où l’hypocrisie le dispute à l’intrigue permanente. Le Conseil national de la sécurité ne s’est jamais réuni à peu près pour les mêmes raisons. Des indiscrétions laissent croire que son patron, Atanga Nji, essuierait la fronde des autres membres, «qui ne lui reconnaitraient aucune compétence en matière de sécurité».Ces conflits
larvés font dire à des observateurs avertis que l’une des plus grandes faiblesses du Cameroun
dans la guerre déclarée contre Boko Haram est l’animosité entre ses services de défense, de sécurité et de renseignement. «Le Renseignement n’est plus partagé entre les différents chefs, qui se regardent désormais en chiens de faïence», indique cet observateur. Une autre source confirme: «l’équation personnelle, l’opportunisme et les petits calculs ont pris le pas sur la dynamique d’ensemble».

Le clan Bamoun en minorité à l’ex-Cener
Au sein des forces de défense et de renseignement, les querelles intestines sécrètent l’inertie et
l’inefficacité. A la DGRE, le climat est délétère dans les rangs. Le directeur général et son adjoint s’affrontent au quotidien. La querelle entre les deux hommes aurait atteint son paroxysme, puisque Maxime Eko Eko n’autorise plus son adjoint à le représenter dans certains événements protocolaires. «En mission à l’étranger, son adjoint sieur Pounouko n’a pas été aperçu à l’aéroport de Yaounde†Nsimalen autant à l’aller qu’au retour du président de la République au sommet de Paris sur Boko Haram». Avant cet épisode, l’on ne manque pas de signaler la cérémonie manquée des voeux de début d’année à la DGRE. «Elle n’a jamais eu lieu en 2014, parce que le DG ne veut pas entendre et voir son adjoint programmé pour parler au nom du personnel», renseigne une source. Un tract de dénonciation du management à la DGRE a circulé. Il était signé d’un certain collectif de personnels de l’institution. Depuis, «c’est la chasse aux sorcières à la DGRE», lit†on dans une fiche confidentielle. Le personnel d’origine du Noun se dit désormais à l’étroit. Le temps où les Bamoun dictaient la loi au Cener (aujourd’hui DGRE) sous Jean Fochivé est bien loin. Dans l’armée, l’ambiance n’est guère meilleure. L’épisode des nominations de Mebe Ngo’o à la gendarmerie continue à faire des gorges chaudes. Profitant de l’absence du secrétaire d’Etat à la gendarmerie, en évacuation sanitaire en Europe, le Mindef avait opéré une redistribution des cartes mal acceptée par les gendarmes. Dans la foulée, ce n’est pas la grande sérénité entre les officiers généraux du Cameroun et leur ministre de tutelle. Au c ur du malaise, la gestion des budgets du ministère de la Défense. Toutes choses qui conduisent à un constat évident: le Cameroun va en rangs dispersés dans sa croisade contre la secte islamique Boko Haram.

2- Les populations du grand nord font la moue
La guerre asymétrique se gagne par le renseignement. Dans le grand nord en général et singulièrement dans la région de l’Extreme†nord, l’information est détenue par les leaders locaux d’opinion. Malheureusement, il y a comme une frilosité observée chez les populations de cette partie du pays, qui dédaignent actuellement la collaboration des forces de défense et de sécurité. Décryptage d’un agent de renseignement: «les chefs traditionnels sont un maillon
incontournable dans le renseignement. Généralement, ils préfèrent donner les informations de première main à leurs élites de la haute administration. Aujourd’hui, ces élites ont décidé de se taire, après les accusations portées contre elles au sujet des rançons et des enlèvements d’otage». Le malaise couve et les récents échecs essuyés par l’armée camerounaise face à Boko Haram peuvent trouver un début d’explication dans cet attentisme de la population. La crise de confiance des populations s’aiguise davantage avec le handicap de la langue et de la culture dont souffrent par exemple les forces de défense et de renseignement sur le terrain. «A la DGRE, les fils du grand nord susceptibles d’obtenir des résultats sur le terrain du renseignement ont été éloignés des services centraux. Ils sont en affectation à l’étranger», regrette une source introduite. Tactiquement, le Cameroun n’est pas à son avantage dans la quête du renseignement nécessaire à la lutte contre Boko Haram. Par ailleurs, les populations du septentrion stigmatisent la corruption et le laxisme des autorités administratives et sécuritaires. Les contrôles routiers n’existent que pour délester financièrement les populations. Il en est de même pour les rafles. Les dénonciations contre les présumés adeptes de Boko Haram permettent aux policiers véreux de s’en mettre plein les poches. A Maroua, policiers et gendarmes monnaient, contre des espaces sonnants et trébuchants, la liberté des adeptes de Boko Haram. A Kousséri, l’attaque récente d’une brigade de gendarmerie est la résultante d’un deal financier inabouti entre le commandant de brigade et les membres de la secte islamique. Le patron de la brigade exigeait 15 millions de F Cfa pour libérer un haut dignitaire de la secte islamique. La partie d’en face en proposait 10 millions. Au final, l’affaire s’est terminée en eau de boudin.

Le haut commandement interpellé!
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3- Le renseignement, otage des lobbies
Le chef des armées est†il très bien renseigné sur le Cameroun? La question peut paraitre paradoxale, voire provocante. Mais, elle reste d’actualité, au vu des dénonciations relatives aux manipulations des informations soumises au président Paul Biya. La DGRE est par exemple présentée comme «un lieu où les individus sans étoffe viennent régler des comptes à travers des notes orientées pour discréditer les talents moyennant finances». Ces griefs sont aussi valables pour les autres services de renseignement, notamment la sécurité militaire, la direction des services généraux de la DGSN et les services spécialisés du secrétariat d’Etat à la défense (Sed). Tous ces instruments sont «accusés d’être à la solde des lobbies et chapelles spirituelles, qui généralement s’affrontent». Conséquences immédiates: les bulletins quotidiens de sécurité ou des fiches spéciales sont truffés d’informations fausses. Ces documents confidentiels soumis à la «Haute information du chef de l’Etat» finissent souvent par s’avérer comme des tissus de rumeur. Toutes les «batailles d’argent» autour de la libération des otages de Boko Haram dans la partie septentrionale Cameroun sont l’une des faces visibles de l’instrumentalisation du renseignement par les réseaux. M. Biya s’en serait rendu compte, avec l’aide des services de renseignement français mobilisés dans le cadre de la libération de la famille Moulin – Fournier et du prêtre Georges Vandenbeusch.

4- Pistes pour redorer le renseignement au Cameroun
Boko Haram est une nébuleuse, une force asymétrique qui utilise les méthodes non conventionnelles avec les moyens conventionnels. «A méthodes non conventionnelles, riposte non conventionnelle. L’armée devrait se fondre dans la population», suggère un cadre de la DGRE. Il continue en proposant d’accorder le primat à la discrétion, avec un maximum d’hommes en civil. Pour lui, les forces de sécurité devraient s’appuyer sur la gent féminine. Et de rappeler qu’au plus fort de la guerre d’indépendance du Cameroun, les femmes étaient imbattables dans le renseignement des guerriers nationalistes de l’Union des populations du Cameroun. Notre source propose par ailleurs la remise en selle de tous ceux qui ont fait la force du Renseignement au Cameroun. «Les réseaux Fochivé et Obelabout existent encore. Il faut les réactiver, car plus on est vieux, plus on a de l’expérience». Paul Biya, selon nos informations, utilise toujours l’ex†patron de la DGRE. Bienvenu Obelabout continue de renseigner Paul Biya. Le président de la République n’hésite plus à le mettre régulièrement en mission à l’étranger. La réconciliation des différentes forces (sécurité, défense et renseignement) est par ailleurs conseillée. Cette réconciliation est attendue à deux niveaux: d’une part entre les différents services, et d’autre part entre ces services et la population. La nouvelle donne va indubitablement de pair avec une redistribution des cartes. «La crise du Renseignement commence à perdurer. Il faut un nouveau souffle, de nouveaux responsables avec de nouveaux défis», conclue notre force de propositions. Le chef des armées et non moins chef de l’Etat du Cameroun est face à ses responsabilités.