Afrique: les villes durables peinent à trouver des investisseurs

Au Cameroun, Paul Njanjo a lancé le projet Dibamba Beach: une ville nouvelle de 1 000 hectares, à 20 km de Douala qui pourrait accueillir 100 000 âmes. Coût, 105 milliards F

Les rencontres Africa 2016 se sont achevées vendredi soir à Paris. Il s’agissait de la première édition d’un forum d’affaires entre entreprises françaises et africaines. 800 sociétés étaient présentes. Parmi les opportunités d’affaires évoquées durant ces rencontres : l’urbanisation du continent. Dans 10 ans, 600 millions d’Africains habiteront dans des villes. Les capitales du continent grandissent de manière anarchique, alors qu’un développement urbain contrôlé pourrait offrir des perspectives de croissance économique.

Le taux d’urbanisation en Afrique est de 40 %. C’est le plus élevé au monde mais cette croissance se fait en toute anarchie. « Cela entraîne l’insalubrité, l’insécurité… » Se désole Paul Njanjo promoteur immobilier au Cameroun. « En l’absence de terrains urbanisés, les gens sont obligés parfois d’occuper des bas-fonds inondables ce qui a des conséquences terribles. En saison des pluies, de juin à septembre, tous les ans on décompte des morts à Douala lors d’inondations. Aujourd’hui il faut restructurer tout ça. »

Paul Njanjo a lancé le projet Dibamba Beach : une ville nouvelle de 1 000 hectares, à 20 kilomètres de Douala qui pourrait accueillir 100 000 âmes. « A mon sens, c’est la seule solution. Il faut des villes nouvelles, intégrant tous les équipements nécessaires à de bonnes conditions de vie. » Le coût du projet s’élève à 105 milliards de francs CFA (plus de 160 millions d’euros). Pour le financer, Paul Njanjo compte d’abord sur le produit de la vente d’environ 40 % des terrains de sa ville nouvelle. Il recherche également des investisseurs privés mais à grande peine.

Ville africaine cherche investisseurs
Le combat est le même pour les agglomérations qui désirent réhabiliter les quartiers développés sans planification. Les maires doivent se battre sur tous les fronts pour rassembler les financements de ces chantiers titanesques. « D’abord dans le cadre du dialogue avec les pouvoirs publics, il faut savoir quelles seront les ressources transférées en même temps que les compétences ; et surtout s’assurer que ces fonds seront bien collectés »,explique Noël Akossi Bendjo, maire d’Abidjan plateau. « Ensuite il faut trouver une fenêtre avec les bailleurs de fonds pour que les études et les formations soient payées. Mais il faut surtout que nous développions les partenariats public-privés pour que les entreprises privées investissent dans nos communes. Pour cela, il s’agit pour nous d’avoir des projets structurants et surtout de créer les conditions pour que les investissements soient rentables. »

Cadre des affaires
Et c’est là que le bât blesse. Bien que l’urbanisation africaine offre des possibilités, le cadre des affaires n’incite par les entreprises à investir. Jean Sébastien Decaux, gère les activités en Afrique du groupe JC Decaux. Le numéro un français de la publicité urbaine est installé dans une centaine de villes africaines, à travers 16 pays. « Nous avons beaucoup de projets en Afrique francophone et australe mais les choses prennent du temps car les cadres de loi souvent n’existent pas. Si on veut que notre investissement soit rémunérateur à moyen ou long terme, il nous faut une stabilité juridique, un modèle économique viable et surtout des règles du jeu claires. »

D’après les Nations unies, les villes africaines ont aujourd’hui besoin de 40 milliards de dollars pour se développer durablement.


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