Pascal Dissock: «Les Lions sont méconnaissables à cause de l’entraîneur»

Ancien vice-président de Bamboutos de Mbouda, il est un observateur averti du football camerounais. Installé au Canada, il livre ses opinions

Qui est Pascal Dissock?
Je suis Camerounais d’origine, je viens de Mbouda du village Bamessingue. Je suis marié et père de plusieurs enfants.

Quel a été votre parcours avant l’arrivée au Canada?
J’ai passé beaucoup de temps à Bamenda où j’ai fait mes études. Après je me suis lancé dans les affaires en allant faire mes achats au Nigeria et en 1997 j’avais changé pour faire l’importation à Dubaï, aux Emirats Arabe-unis et j’ai continué vers les pays d’Europe et aux États-Unis. En 1999 j’ai quitté Bamenda pour m’installer à Douala et en 2007 je suis arrivé au Canada après une semaine en Belgique.

Pourquoi votre choix s’est-il porté sur le Canada, qu’est-ce qui vous a motivé?
Ce n’est pas un problème de choix mais les circonstances sont personnelles.

Comment avez-vous bravé les difficultés d’adaptation et d’installation dans ce pays?
Je suis un habitué des voyages et en collaboration avec la diaspora, je connaissais un certain nombre de choses. Bref, je suis quelqu’un qui s’adapte trop vite. Quant on sait bien faire usage de ses sens, c’est-à-dire bien voir, bien écouter et bien parler et que l’on a un peu de moyens financiers, alors on peut vivre même dans l’eau. Je n’ai pas eu des grandes difficultés pour m’adapter. Cependant, ma famille et mes amis me manquent.

Quelle est la première chose qui vous a frappé quand vous êtes arrivé au Canada?
C’est le développement économique. Le réseau routier qui reste n°1 dans le monde pour moi; la sympathie des Canadiens, toujours prêts à aider autrui. L’honnêteté et la parfaite communion entre toutes les races et un pays où tous jouissent d’une franche liberté. C’est le pays de tout le monde mais pas pour les paresseux. Quant on veut ici on peut.

Vous sentez-vous intégré dans la société canadienne?
Je pense être parfaitement intégré étant donné que je suis le président des Camerounais ici. Ils sont environs 4000 camerounais à l’ALCA (alliance des Camerounais du Canada) et je suis le coordinateur de l’équipe de football des Camerounais ici et coach d’un petit club des Canadiens de ma commune. Brampton Eagles. En plus, j’ai pu mettre sur pied mon entreprise et j’ai mon boulot en temps plein dans une grande société du Canada. Je dois bientôt rentrer à l école pour une formation.

Quelques mots sur l’association des camerounais du Canada à Toronto
Parlant de l’association des Camerounais, je me suis donné pour mission l’unité de tous les Camerounais ici qui étaient presque tous dispersés avant mon arrivée. Nous avons pu faire une action en faveur des Haïtiens victimes du tremblement de terre avec presque 8000 Dollars. Tous les Camerounais se sont réunis pour soutenir Haïti à travers la Croix rouge et établir des partenariats avec d’autres associations des Camerounais de Montréal et d’Ottawa. J’ai aussi entrepris une tournée dans les associations régionales des Camerounais pour les écouter, leur parler afin qu’ensemble nous trouvions un chemin d’épanouissement et d’aide au Cameroun dans le processus du développement.

En cette période de Coupe du Monde, quelle est la température des uns et des autres?
Nous ne jurons qu’au nom du football parce que sans le football, le Cameroun serait presque inconnu dans le monde. Au regard des nombreuses sollicitations qui m’ont été adressées, j’étais obligé de cibler des endroits où se trouvent les Camerounais et y diriger les journalistes pour qu’ils partagent l’ambiance du football pendant que le Cameroun joue. J’avais déjà fait l’expérience pour la Can. Un mois avant le début de la coupe du monde, dès que les Camerounais se retrouvaient ensemble, ils ne parlaient que football et des Lions. J’ai même commandé les tricots et les drapeaux pour soutenir les Lions et presque tous ont un drapeau sur leur voiture.

Il se dit que Pascal Dissock a été dirigeant d’un club de football Camerounais?
J’ai été vice-président national de Bamboutos de Mbouda. Je travaille dur ici et suis près à aider encore ce club que j’aime beaucoup. Je profite pour remercier le maire Kuete Martin Milord qui a encore affilié l’équipe après la tragédie de 2007. Je dois m’associer pour qu’ensemble nous trouvions les voies et moyens de retrouver la première division. Je dois négocier des partenariats avec les équipes d’Europe et d’Amérique du nord où je me trouve. J’avais commencé avec FC Bruxelles malheureusement, au moment de leur déplacement pour le Cameroun leur club était mal positionné et il fallait d’abord sauver l’équipe de la relégation. Depuis mon arrivée, je suis en contact avec Toronto FC. J’ai de bons souvenirs de Bamboutos, la montée en D1 et la coupe de L’unifac.

Que pensez-vous du football camerounais aujourd’hui?
Le foot Camerounais a beaucoup évolué car aujourd’hui nous avons un championnat D2 et le football féminin qui se jouent. Mais beaucoup reste à faire surtout au niveau des infrastructures et de l’encouragement des clubs. Il faut faire fonctionner toutes les ligues. Il faut respecter les présidents des clubs de football au Cameroun. Ils se sacrifient beaucoup juste pour l’amour du sport mais pas pour le profit. Au niveau national je pense qu’il est temps que nous cessons de jeter de l’argent aux entraineurs étrangers et de faire confiance à nos frères. Si nous ne leur faisons pas confiance à cause de la corruption nous avons parmi eux certains qui ne sont pas à ces petits millions près et qui peuvent faire le bon boulot. Je peux citer Mboma, Omam et bien d’autres. Nous avons fait confiance une fois à Jean Paul Akono et il nous a donné ce qu’aucun avait rêvé et Nyonga également. Un bon entraineur a la liberté de sélection et surtout le coup d’ il pendant les rencontres. Si nous les non-avertis constatons qu’il faut remplacer un joueur avant l’entraineur vraiment cela ne faut pas la peine.

Pascal Dissock, supporter des Lions
Journalducameroun.com)/n

Et comment jugez-vous la prestation des Lions au Mondial 2010?
Les Lions au mondial sont méconnaissables à cause de l’entraineur. Il ne connaît pas exploiter ses gars. Mais, je pense que les Lions se sont réveillés malheureusement très tard. Si on avait le même classement et position (2ème match) dans le stade contre le Japon on ne perdait pas le match. Il ne maîtrise pas sa défense. Il y avait des joueurs en défense qui avaient déjà prouvé qu’ils n’étaient pas au niveau. Les Camerounais avaient raison de se plaindre que l’entraineur jusqu’au dernier jour cherchait encore une équipe. Donc tout était prévisible. Il faut qu’on trouve un entraineur juste après le mondial et qu’il se mette rapidement au travail. Les gars ne doivent pas se décourager. Il y a d’autres échéances à venir et il faut commencer le travail maintenant et non attendre les dernières minutes pour lutter pour la qualification. Il faut qu’on commence par remporter la Can et ensuite la coupe du monde.

Des conseils?
Je pense qu’il faut d’abord faire confiance à un coach Camerounais qui ma foi maîtrise toutes les réalités du football Camerounais. Tendre la main vers les sponsors et les investisseurs étrangers et gérer rationnellement les retombées de la publicité et des grandes compétitions comme la coupe du monde; encourager les écoles de football, le championnat et les infrastructures, et faire également fonctionner toutes les ligues. Un grand pays de foot comme le Cameroun n’a pas de stade de football. Ce n’est pas possible!

Comment appréciez-vous le football canadien?
Le foot Canadien a un niveau bas mais, d’ici 5 à 10 ans, on parlera du foot dans le monde avec le Canada. Car dès le bas âge on forme les enfants et la volonté des parents. Ils s’intéressent plus au baseball, hockey et le fameux football et non au soccer. Mais, pendant les grandes vacances tous les stades sont occupés par des centaines d’enfants qui s’entraînent au soccer. Le gouvernement et les parents mettent tous les moyens dans ce domaine.

Envisagez-vous de revenir au Cameroun?
J’adore le Cameroun et le destin a voulu que je me retrouve ici. Je ne pense pas encore à ce sujet mais, si je dois retourner au pays ce sera pour une mission destinée à aider les jeunes. J’ai constaté que les jeunes pouvaient beaucoup faire pour le Cameroun et pour eux-mêmes mais, il y a une exploitation des jeunes par les gros poissons et il est grand temps que ca cesse. Je travaille d’ailleurs sur un petit bouquin à ce sujet depuis 4 ans.

Qu’est-ce qui vous manque de ce pays qui est le vôtre?
Toutes mes relations, l’ambiance politique et sportive me manquent et je ne cesse de soutenir toutes les actions au pays par mes conseils et mes petits moyens financiers. Je capte la CRTV et Canal 2 et j’ai les informations du pays à tout moment. Des personnes sur place m’informent de l’actualité du pays et par l’Internet j’ai tous les journaux.

Pascal Dissock devant son cabriolet au couleur du Cameroun
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