Cameroun: le Premier ministre suspend les doctorats professionnels

Dans une correspondance adressée au ministre de l’Enseignement supérieur, Joseph Dion Ngute a demandé la suspension des doctorats professionnels.

Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute vient peut-être mettre fin à un sujet ayant connu plusieurs rebondissements: les doctorats professionnels. Il demande au ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup), Jaques Fame Ndongo de lui «faire le point de cette situation (ouverture de doctorat de spécialité Ndlr), et prendre instamment toutes les dispositions nécessaires afin de mettre définitivement un terme à toute initiative tendant à l’instauration du doctorat professionnel, sous quelque forme que ce soit», peut-on lire sur le communiqué daté du 05 novembre 2019.

Il demande par ailleurs au Minesup de lui soumettre un projet de décret actualisé réglementant le cycle doctorat dans les universités.

La sortie du chef de gouvernement fait suite à l’ouverture par «une institution universitaire publique, d’un doctorat de spécialité». Le document ne fait aucune mention du nom de l’établissement universitaire en question.

Toutefois, Magloire Ondoa, recteur de l’Université de Douala depuis le 12 juillet 2019, a procédé ce même 05 novembre au lancement de «doctorats PHD spécialisé» pour le compte de l’année académique 2019-2020. Des doctorats faisant intervenir de nouvelles filières au sein de l’Université. Remettant au goût du jour les doctorats professionnels.

Fondement juridique-

On se souvient du tollé que les doctorats professionnels initiés par Magloire Ondoa, alors doyen à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Yaoundé II-Soa (UyII) a occasionné. Le recteur de l’Université, Adolphe Minkoa She avait alors demandé à M. Ondoa de surseoir à ces doctorats. Des instructions qui vont rester sans suite. C’est ainsi que la soutenance de thèse d’un candidat audit doctorat sera annulée le 13 février 2018 par le recteur de l’UyII qui estimait que le doctorat professionnel n’a pas de fondement juridique. Un argumentaire réitéré par Joseph Dion Ngute dans la correspondance du 05 novembre.

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A l’époque, plusieurs réunions vont être présidées par le Minesup, Jaques Fame Ndongo afin de trouver un terrain d’entente entre les deux universitaires et réparer le préjudice subi par les étudiants en attente de soutenance. Une situation qui va rester tendue jusqu’à la nomination de Magloire Ondoa, aux fonctions de recteur. Il semblerait que le Premier ministre vient de mettre un terme au débat sur les doctorats professionnels dans les universités.

 

Université de Douala: Magloire Ondoa , le nouveau recteur porté par la polémique

Un décret du président de la République du 11 juillet porte l’expert en droit public à la tête de cet établissement universitaire. Le professeur était au cœur d’un scandale sur des doctorats professionnels en 2018.

Le rififi observé à l’Université de Douala en juin dernier aura-t-il eu raison de François Xavier Etoa? Toujours est-il qu’il a été remplacé. C’est désormais Magloire Ondoa qui est à la tête de l’Université de Douala. C’est la teneur d’un décret présidentiel rendu public ce 11 juillet.

En effet, un bras de fer a opposé le recteur François Xavier Etoa au Syndicat national des personnels d’appui et les délégués des personnels d’appui de l’Université de Douala (Synapauc). Malgré les mises en garde du recteur contre une grève, le 11 juin 2019, le débrayage a été respecté par des employés. Il faudra que le désormais ex-recteur de l’Université de Douala donne des assurances quant à un dialogue plus ouvert afin de régler les problèmes et frustrations des uns et des autres.

Les grévistes exigeaient alors la prise en compte des réclamations des personnels d’appui de l’université à savoir l’ajustement du Salaire minimum inter-professionnel garanti (Smig) suivant le décret du Premier ministre du 24 juillet 2014, l’application de l’article 23 du décret présidentiel de 2011 portant sur certains avantages pouvant être accordés au personnel d’appui des universités d’Etat, la rétention de certains droits du personnel à l’agence comptable (cotisations syndicales retenues à la source, allocations familiales débloquées par la Cnps), conditions d’application du décret du 24 novembre 1993, le climat social délétère et l’absence de dialogue…

-Doctorats professionnels-

Des patates chaudes dont héritent l’ancien doyen de Faculté des sciences juridiques et politiques (Fasjp) de l’Université de Yaoundé II-Soa, Magloire Ondoa. Les challenges et récriminations ne lui sont cependant pas inconnus. L’homme retombe apparemment toujours sur ses pieds. Les relations entre cet expert du droit public et recteur de l’Université de Yaoundé II, Adolphe Minkoa She ont connus des hauts et des bas. Surtout des bas. Les deux professeurs d’universités ont été plus d’une fois à couteaux tirés qui au sujet de la gestion de la Fasjp dont il avait la charge qui à propos de la conduite des doctorats professionnels instaurés au sein de Yaoundé II par Magloire Ondoa.

Adolphe Minkoa She, a accusé dans une correspondance du 13 février 2018, Magloire Ondoa d’avoir usé de «ruse» afin de faire passer une soutenance de thèse de doctorat professionnel pour un doctorat Phd en droit public. Ceci en violation des textes réglementaires. Dans la lettre, le recteur avant d’annuler la thèse de doctorat querellé va conclure «Monsieur le Doyen, en posant ce n-ième acte de provocation, d’insubordination caractérisée et de violation grossière et délibérée de la réglementation et de l’éthique universitaires, vous avez véritablement franchi la ligne rouge».

-Caisses de l’Etat-

En outre, la part (prélevé des inscriptions des doctorants) devant être reversée dans les caisses de l’Etat dans le cadre de ces doctorats a également fait débat. Des sources indiquaient qu’aucun franc n’avait été reversé par le promoteur du doctorat professionnel. Un fait que Maurice Aurélien Sosso, recteur de l’Université de Yaoundé I et président de la Conférence des chefs des institutions universitaires du Cameroun avait relevé de façon subtile en mars 2018. Interrogé sur le sort réservé aux aspirants du doctorat professionnel lors d’une réunion tenue au ministère de l’Enseignement supérieur Minesup, il avait lancé «Il faut déjà s’assurer que les paiements des étudiants sont rentrés dans les caisses de l’Etat».

Le Minesup, Jacques Fame Ndongo va intervenir à plusieurs reprises pour apaiser les tensions entre le recteur de l’UyII et le doyen et également pour trouver des solutions pour les doctorants professionnels en attente de soutenance. Le ministre va finalement couper poire en deux avec la création d’«un Diplôme des hautes études professionnelles», pour faire justice aux nombreuses personnes déjà inscrites en doctorats professionnels. Beaucoup considéraient ce scandale comme la porte de sortie de Magloire Ondoa. L’homme semble renaître de ses cendres avec le décret du 11 juillet 2019.