Eclairage : comment comprendre les morts en cascade dans le football italien

Le rapport est effrayant : sur 400 joueurs professionnels décédés depuis le début des années 60, près de 70% le sont de manière suspecte.

Les déclarations choc de Dino Baggio sur dopage. Ils s’appellent Gianluca Vialli, Sinisa Mihajlovic, Paolo Rossi, Fabian O’Neill, Bryan Dodien, Gian Piero Ventrone, Andrea Fortunato, Gianluca Signorini, Francesco Morini, Tommaso Cesare, Giuliano Taccola, Gaetano Scirea, Bruno Beatrice, Dino Berardi, Ernst Ocwirk, Renato Curi, Maurizio Greco, Piermario Morosini, Giuseppe Perrino, Antonello Campus. Ils ont deux choses en commun, c’était des footballeurs en Italie, et ils sont morts dans des conditions suspectes. Pour d’autres comme Gianluca Pessotto, Nello Saltutti, Carlo Petrini, leur vie a basculé. 90% de ces joueurs ont joué à la Juventus.

Après la période assombrie par le procès des matches truqués visant la Juventus, plusieurs enquêtes mèneraient vers un système de dopage généralisé qui, a posteriori est à l’origine de nombreux décès de footballeurs. Ce n’est pas la première fois que le spectre du dopage tourne autour du football italien. En 2004 déjà, la Juventus a fait l’objet d’un procès pour répondre de ses méthodes médicales durant les années 1990. Dans le cadre de cette enquête, le procureur Raffaele Guariniello a ouvert près de soixante-dix dossiers pour « homicide involontaire ».

Les conclusions du rapport ont bouleversé toute l’Italie

Le rapport est effrayant : sur 400 joueurs professionnels décédés depuis le début des années 60, près de 70% le sont de manière suspecte. Parmi les 24 000 joueurs, le taux de victimes du cancer représente le double de celui de la population. La mort de Gianluca Vialli, le 6 janvier dernier, après une longue bataille contre le cancer du pancréas, (et de Sinisa Mihajlovic) a choqué le monde du football et relancé le débat.

Ce qui fait du bruit désormais, ce sont les déclarations chocs de Dino Baggio, coéquipier à la Juventus : « Nous devons revenir sur ce que nous avons pris, nous devons enquêter un peu sur les substances prises pendant ces périodes. Je ne sais pas si c’est dû à ça, mais il y a toujours eu du dopage. On n’a jamais pris de trucs bizarres parce qu’il y a un pourcentage qu’il faut respecter. Mais avec le temps, il faut voir si certaines substances sont bonnes ou non, si les substances peuvent être éliminées ou restent à l’intérieur de l’organisme ».

Il poursuit au micro de Tv7 : « J’ai peur aussi, ça arrive à trop de joueurs. Dans mes années, il y avait trop de dopage. Je garde de merveilleux souvenirs de Gianluca, c’était un homme du vestiaire et il voulait faire grandir les jeunes joueurs. J’étais dans son équipe quand j’avais 21 ans et il avait toujours un bon mot pour nous. Il est parti trop tôt de nos vies ».

Les cas sont nombreux et s’accumulent

Dans le football italien, 51 cas de sclérose latérale amyotrophique (SLA), maladie neurodégénérative grave qui se traduit par une paralysie progressive des muscles impliqués dans la motricité volontaire sont recensés (pour 39 décès). On compte parmi eux Armando Segato. Le milieu de la Fiorentia est mort peu avant son 43e anniversaire. Suivent Narciso Soldan, Adriano Lombardi, Guido Vincenzi, Albano Canazza, Giorgio Rognoni, et bien d’autres.

Les cas sont nombreux et s’accumulent de plus en plus depuis quelques années. Le cas le plus célèbre est celui de Gianluca Signorini, légendaire capitaine de la Genoa décédé d’une SLA le 6 novembre 2002 à l’âge de 42 ans. Sa disparition a alerté l’opinion publique sur ces décès de footballeurs et a poussé la Justice italienne à ouvrir une enquête, rapidement close par manque de preuves.

Les études alors menées ont néanmoins permis de découvrir que la prévalence de personnes touchées est bien plus importante dans le football que pour l’ensemble de la population. Selon une étude conduite par le Pr. Adriano Chio à Turin, sur un échantillon de 7.325 joueurs en activité entre 1970 et 2006, 8 cas de SLA ont été recensés, un chiffre supérieur à six fois la moyenne de la population. De quoi se poser des questions.

D’autant plus que la SLA n’est pas la seule maladie à toucher principalement les footballeurs. Bruno Beatrice par exemple, n’a que 39 ans lorsqu’il est emporté par une leucémie. Un décès qui fait parler de lui. Sa veuve explique en effet ce dernier par l’absorption massive de produits dopants : « Les médecins de la Fiorentina, lui faisaient des piqûres en continu et, après les matchs, ses jambes tremblaient pendant deux jours ! C’était comme ces animaux qui continuent de sauter une fois tués. Pendant plus d’un mois, il a été contraint de se rendre dans une clinique et de se soumettre à des radiations quotidiennes de deux à trois minutes ». 

Nous étions transformés en fauves

Si le décès de Bruno Beatrice a enflammé l’opinion sur les possibles pratiques dopantes en Italie, il n’est pas le premier. En 1980, celui d’Ernst Ocwirk avait fait délier des langues. Cet ancien international autrichien et attaquant de Gênes est décédé de sclérose en plaques à l’âge de 54 ans. Un de ses anciens coéquipiers génois, Carlo Petrini, a alors raconté les pratiques qui sévissaient dans leur club : « À Gênes, ils nous faisaient des injections une heure avant le match et nous recommandaient de faire un échauffement lent. Au bout de vingt minutes, c’était comme si le feu brûlait en nous. Nous étions transformés en fauves. Sur le terrain, on avait la langue gonflée et une bave verdâtre à la bouche ».

Le procureur de Turin, Rafaele Guariniello indique que pour son étude sur les morts suspectes en Italie, le cancer est une cause anormalement élevée de décès : « Parmi les 24 000 joueurs pris en considération, le taux de victimes du cancer est double par rapport à celui de la population : 13 cas de tumeur au colon, 9 au foie, 10 au pancréas alors que la normale aurait dû être 6, 4 et 5 cas ».

Entre 2004 et 2006, deux éminents médecins de Turin et Pavie ont aussi enquêté sur ce sujet. « Nous avons rencontré 7 325 joueurs italiens, avaient-ils déclaré il y a un an. Au maximum, on aurait dû trouver un malade, voire aucun. Or, on a découvert que huit d’entre eux étaient atteints de cette maladie. C’est beaucoup. C’est trop ».

Les cas de cancer et de malformations ont aussi été recensés autour de l’équipe d’Algérie de 1982. La mort de Gianluca Vialli et Sinisa Mihajlovic relance le débat. Le décès de Marco Pantani alias le Pirate, l’un des meilleurs cyclistes au monde en 2004, ainsi que les soucis de santé dans le cyclisme amènent à plus de questionnement. Et le dopage n’est pas être seule piste étudiée.

Les autres pistes sont les traumatismes subis au quotidien, mais force est de constater qu’ils sont plus nombreux dans les sports de contact que le football, les méthodes de récupération, l’usage de substances toxiques pour l’entretien des pelouses … Le mystère reste donc entier, et en attendant de nouveaux cas, il est urgent de tempérer le culte de la victoire. C’est cette quette de la victoire à tous les prix qui a amené la Juventus à acheter des matchs et à mettre des vies en danger.

Ajax d’Amsterdam : le gardien camerounais André Onana suspendu un an pour dopage !

André Onana (24 ans) a été fermement sanctionné par l’UEFA ce vendredi a indiqué l’Ajax dans un communiqué. Une sanction effective dès à présent et qui s’applique à toutes les activités de football sur le plan national et international pour le gardien de but des Lions indomptables  Mais le club néerlandais va interjeter appel.

Triste nouvelle pour l’international camerounais André Onana. C’est l’organe disciplinaire de l’UEFA qui vient d’infliger la sanction au portier de l’Ajax, futur adversaire de Lille en Ligue Europa. Le portier André Onana avait été testé positif le 30 octobre dernier après que l’on a retrouvé du Furosemide dans ses urines. La suspension prend effet ce vendredi et concerne à la fois les compétitions de clubs et les matches internationaux.

L’Ajax a indiqué que son joueur avait simplement souhaité se soigner et que ce contrôle positif était la conséquence d’une erreur d’inattention de la part du gardien. Le club précise que l’UEFA a considéré que son joueur n’avait pas eu l’intention de se doper. C’est d’ailleurs pour cela que les Néerlandais ont décidé d’interjeter appel devant le TAS.

 « La commission disciplinaire de l’association européenne de football UEFA a imposé une suspension de 12 mois à André Onana pour violation des règles d’anti dopage. Après un contrôle «hors compétition» le 30 octobre de l’année dernière, la substance Furosémide a été trouvée dans l’urine du gardien. La suspension est effective à partir d’aujourd’hui et s’applique à toutes les activités de football, nationales et internationales », indique le communiqué.

Un médicament de sa femme pris par erreur

Un énorme coup dur pour un joueur devenu pilier de l’Ajax et jouissant d’une très belle cote sur le marché. Sonnée par l’annonce de l’UEFA, l’Ajax ne compte pas se laisser faire et a fait savoir qu’un appel sera fait auprès du Tribunal arbitral du Sport (TAS). Mais avant, le club néerlandais a donné l’explication de ce contrôle positif.

« Le 30 octobre (2020) au matin, Onana se sentait mal. Il voulait prendre une pilule pour se soulager. Sans le savoir, il a pris du Lasimac, un médicament que sa femme s’était déjà vu prescrire. La confusion d’Onana l’a amené à prendre par erreur les médicaments de sa femme, ce qui a finalement amené l’UEFA à prendre cette mesure contre le gardien de but. En outre, l’organe disciplinaire de l’association de football a déclaré qu’Onana n’avait aucune intention de tricher. Cependant, l’Association européenne de football estime, sur la base des règles antidopage applicables, qu’un athlète a le devoir à tout moment de veiller à ce qu’aucune substance interdite ne pénètre dans son organisme ».