A 31 ans, la star de la musique sahélienne vient de mettre sur le marché son deuxième album «Dounia»
Né d’un père Haoussa et d’une mère Banso’o, tous deux originaires de la région du Nord-Ouest Cameroun, Aminatou Ouwalé est la première fille d’une famille qui en compte dix. A l’âge de trois ans, elle est confiée à sa tante paternelle commerçante à Limbé. C’est dans cette cité balnéaire qu’elle a commencé son cursus scolaire. D’abord au government bilingual school Down Beach of Limbé de class one à class seven, puis au Seca Baptist college of Limbé pour le début de ses études secondaires. Pour la suite, elle va fréquenter au Kast Bambili High school de Bamenda. Comme la majorité des filles musulmanes, Aminatou Ouwalé s’est très vite mariée, alors qu’elle était encore élève en classe de form 4. Ce qui ne l’a nullement empêché de décrocher son General Certificate of Education Advanced Level (GCE A Level), l’équivalent du baccalauréat dans le sous-système éducatif francophone au Cameroun. Quoique d’expression anglophone, Aminatou Ouwalé est une camerounaise parfaitement bilingue qui manie avec dextérité le français et l’anglais.
Sa passion pour la musique commence dès sa tendre enfance avec un penchant particulier pour les musiques indiennes, arabes, sénégalaises et maliennes. Ses artistes préférées sont Oumoul Sangaré et Aïcha Koné. A la question de savoir ce qui l’a motivé à devenir musicienne, elle déclare je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas beaucoup de filles du septentrion qui s’intéressaient à la musique. Dans le grand Nord, il n’y avait que Kande Garraya qui vit entre Meiganga et Ngaoundéré. Pour plus de filles dans la musique sahélienne, je me suis dite, pourquoi pas le Cameroun? Pourquoi pas une fille foulbé ou une fille Haoussa? Pourquoi pas moi? C’est comme ça que je me suis lancée dans la musique.
Mais comme elle l’avoue elle-même, les débuts ne sont pas faciles. Quand j’en ai parlé à mon mari, il n’a pas refusé mais il manifestait une certaine réticence. C’est quand j’ai divorcé que je me suis vraiment lancée dans la musique. Comme si cela ne suffisait pas, il fallait encore faire face aux intrigues de certains amis qui avaient une certaine image péjorative des artistes musiciennes. Certains me disaient, tu n’as pas honte? Tu ne vas plus te marier. Heureusement, elle n’a fait que suivre la voix de son c ur. Je me suis tout simplement posée la question de savoir si j’aime ce que j’ai envie de faire? Dans ce monologue et face à cette interrogation, j’ai répondu par l’affirmative. Mes vrais amis comme Laminou Tilimdo (réalisateur), Aoudou Dika alias Malam Boukar (Comédien) ou encore le feu Moussa Babanguida (musicien) m’ont beaucoup soutenu et encouragé dans cette voie. J’allais chaque fois suivre les répétitions du feu Moussa Babanguida du groupe Wakili et c’est comme cela que j’ai commencé à chanter avec eux. Un jour, Laminou Tilimdo qui est réalisateur m’a dit qu’il était en train de tourner un film et qu’il avait besoin de moi pour chanter. C’est donc à cette occasion que j’ai composé ma première chanson intitulée «Sey Guedal» et c’est comme cela que ma carrière musicale a pris son envol. Après un bon bout de temps, j’ai constaté que le public m’a accepté.

Après son premier album de huit titres intitulé «Yidde» qui signifie l’amour en Fufuldé, Aminatou Ouwalé vient de mettre sur le marché un deuxième album de sept titres intitulé «Dounia» qui veut dire La vie. Dans ce second opus, elle relate son expérience de trente et une années de vie. Comme thèmes développées, il y a la trahison, notamment celle de certains de ses amis, l’appel au travail lancé aux jeunes musulmans ou encore les titres Amaria qui traite de la jeune mariée et le titre Diguida qui parle de la beauté de la femme, notamment de ces perles qu’elles ont autour des reins.
Aujourd’hui adulée, respectée et très sollicitée pour son talent, Aminatou Ouwalé est présente dans toutes les cérémonies dignes de ce nom. On m’appelle partout pour des prestations, déclare-t-elle. Avec à son actif plusieurs concerts au Nigéria, au Cameroun, au Niger et au Ghana, elle a participé à deux reprises au Festival International des musiques sahéliennes du Cameroun (Festi-Musa) d’Adala Gildo en 2005 à Garoua et en 2007 à Ngaoundéré, ainsi qu’au Festival National des arts et de la culture (FENAC) de Maroua en 2008. Face au phénomène de la piraterie, Aminatou Ouwalé prône la solidarité entre les artistes pour combattre ce fléau. Modeste et casanière, Aminatou Ouwalé se veut aussi très discrète. Je peux faire deux mois sans sortir de cette maison si je n’ai pas de concerts à donner, puisque mes frères et s urs sont là pour faire mes courses. Le respect pour elle est une règle d’or. Je me respecte et je respecte les autres parce que je sais que si vous ne vous respectez pas, personne ne va vous respecter. Les gens doivent comprendre que la musique c’est un métier comme tous les autres et non un moyen d’instrumentaliser les artistes. Célibataire sans enfant à charge, le c ur de La diva du Sahel est presque pris, puisqu’elle est fiancée depuis cinq mois.
