Cameroun : les drépanocytaires invités à plus de vigilance face au Covid-19

Ils sont nombreux parmi les 300 personnes décédées. Tout comme les patients souffrant d’autres maladies chroniques, le ministre de la Santé publique les invite à une prudence accrue.

Suivant le pointage effectué le 19 juin dernier, la situation épidémiologique au Cameroun  fait état de 11 281 cas positifs, 300 décès et 7634 personnes guéries. Le ministère de la Santé publique constate après analyse des données que les  personnes les plus à risque sont les sujets présentant des comorbidités.  C’est-à-dire des personnes ayant des pathologies  sous-jacentes. Des patients déjà rendus vulnérables d’autres maladies.

« Ils  sont moins disposés à résister au nouveau coronavirus et donc plus exposés à ses complications », explique le ministre Manaouda Malachie. Parmi les comorbidités qu’il relève, l’on retrouve : l’hypertension  artérielle, les maladies respiratoires chroniques, le Diabète et la drépanocytose.

S’agissant des sujets drépanocytaires, Manaouda Malachie affirme : «  ils sont particulièrement  vulnérables au Covid-19 du fait notamment de leur immunité  affaiblie du taux d’hémoglobine bas, du risque élevé de crise ou un syndrome thoracique aigu dû à l’infection. »

Rappelons que la drépanocytose est une maladie rare du globule rouge, affectant le transport de l’oxygène dans le corps. Les drépanocytaires sont donc invités à doubler d’attention dans l’observance des gestes barrières édictés par le Gouvernement et l’OMS.

Cameroun: la prise en charge de la drépanocytose en débats

Ce 19 juin, se célèbre la 11ème édition de la journée mondiale de la drépanocytose. La célébration cette année porte sur la prise en charge des malades. 

Ils évoluent généralement dans l’anonymat du fait de leur mal. Les drépanocytaires souffrent généralement en silence et très souvent stigmatisés. D’après la Stratégie sectorielle de santé du Cameroun 2016-2027 environ 3,5 millions de personnes sont atteintes de cette maladie génétique inguérissable.

Elle est due à une anomalie de l’hémoglobine et se manifeste par des crises douloureuses pouvant affecter les pieds, les mains, le thorax, l’abdomen…Selon les chiffres officiels, près de 6000 (contre 4000 avant) enfants naissent drépanocytaires chaque année au Cameroun. Sur 200.000 drépanocytaires, la moitié meurt avant l’âge de 5 ans.

Au Cameroun, l’accompagnement et la prévention sont au centre des mesures. A l’instar du programme d’amélioration de prise en charge de la drépanocytose au Cameroun piloté par le Groupe d’étude de la drépanocytose du Cameroun (Gedrepacam) et le Centre pasteur du Cameroun. Toutefois, le coût de prise en charge médicale de la maladie est très élevé. D’après des chiffres de l’association Drepavie publiés en 2012, des familles de drépanocytaires au Cameroun déboursent, environ 1 600 000 Fcfa pour une crise (assez récurrente). En outre, les dépistages restent rares et coûtent chers.

Selon la Fondation Pierre Fabre, «chaque année, environ 300 000 enfants naissent avec une anomalie majeure de l’hémoglobine, dont plus de 200 000 nouveaux cas de drépanocytose circonscrits à l’Afrique sub-saharienne.

Le 26 mars dernier, le Groupe d’étude de la drépanocytose du Cameroun (Gedrepacam) avec 10 autres pays ont signé un plaidoyer «Initiative Drépanocytose Afrique» (Ida) lors d’une réunion de travail organisée par la Fondation Pierre Fabre à Paris.

Engagement qui vise entre autres la «Promotion de la lutte contre la drépanocytose et l’inscription de son financement à l’agenda mondial de la santé, l’intégration du dépistage et la prise en charge de la maladie à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, l’accès équitable aux médicaments essentiels de prévention et de prise en charge des complications, la formation des professionnels de santé au diagnostic, à la prise en charge médicale et à l’accompagnement psycho-social et la coordination nationale, panafricaine et internationale des politiques et des Plans stratégiques de lutte contre la drépanocytose».

Encore appelée «maladie des os», elle touche très majoritairement les pays d’Afrique sub-saharienne. Elle est placée au 4ème rang des priorités de santé publique de l’OMS, l’UNESCO et l’ONU derrière le cancer, le Vih et le paludisme.

 

La prévention de cette maladie reste le moyen le plus sûr pour résorber le mal. Notamment des examens prénuptiaux ou avant toute procréation (à l’aide de l’électrophorèse). Une fois que la maladie est là il est conseillé une bonne hygiène de vie et une prise en charge correcte pou prolonger la vie des drépanocytaires.

Au moins 400 000 personnes drépanocytaires enregistrés au Cameroun

Selon une récente étude, un Camerounais sur trois est porteur du gène SS. Une situation sur laquelle se penche le 2e congrès de la drépanocytose ouvert jeudi à Yaoundé

Les assises du 2e congrès de la drépanocytose se tiennent sous le thème : « Drépanocytose au Cameroun : État des lieux, prise en charge et perspectives ». Ouverts jeudi, 09 juin 206, les travaux sont placés sous la coordination du ministère de la Santé publique (Minsanté).

En prélude à ce congrès, le Minsanté André Mama Fouda a dévoilé ce 8 juin 2016, la carte nationale du donneur de sang qui ambitionne de rendre plus fluides, les rapports entre le donneur de sang, et le Programme national de transfusion sanguine.

Mesures prises par le Cameroun
Selon un rapport conjoint de la plateforme des associations contre la drépanocytose (Convergence Drépanocytose) et l’IECD, environ 2% de nouveau-nés sont drépanocytaires et 25 à 30% de la population camerounaise est susceptible de transmettre la maladie. D’où la mise sur pied de la prise en charge socio-sanitaire des drépanocytaires à travers le dépistage néonatal, le dépistage néonatal des nouveau-nés, la formation /recyclage du personnel de santé à la drépanocytose, la sensibilisation du grand public, le plaidoyer auprès des pouvoirs publics et le partage des bonnes pratiques au niveau régional.

De plus, l’amélioration de la prise en charge médicale en formant les professionnels de santé et les parents d’enfants drépanocytaires et en finançant les vaccins et médicaments. Une convention de partenariat a été aussi signée depuis le 15 juin 2015 entre l’Institut Européen de Coopération et de Développement (IECD), la fondation Pierre Fabre, le Groupe d’Etude de la Drépanocytose du Cameroun (GEDREPACAM) et le Centre Pasteur du Cameroun (CPC) pour la mise en uvre d’un projet d’amélioration de la prise en charge socio-sanitaire des drépanocytaires au Cameroun.

Définition de la drépanocytose
C’est une maladie génétique, héréditaire, caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges. L’hémoglobine sert à transporter l’oxygène et l’hémoglobine anormale de la drépanocytose (l’hémoglobine S) empêche les globules de remplir cette fonction. Pour qu’un enfant soit atteint par la drépanocytose, il faut que ses deux parents lui aient transmis le gène S : il est alors homozygote SS. En cas de transmission d’un seul gène S (patients hétérozygotes AS), l’enfant ne développera pas la maladie mais il risque de la transmettre à sa descendance.

Dépistage et risques
Les recherches renseignent que les personnes porteuses du gène drépanocytaire sont majoritairement originaires de l’Afrique subsaharienne, des Antilles et de l’Afrique du Nord.
Le dépistage de la drépanocytose à la naissance est ciblé sur des nouveau-nés dont les deux parents sont originaires de « pays à risque ». Les traitements antiinfectieux et l’éducation permettent désormais de prendre en charge les complications de la drépanocytose.

Causes et origines
Pour développer la maladie et les symptômes de la drépanocytose, il est nécessaire de posséder les deux gènes SS. On parle alors d’homozygotie SS. L’hémoglobine du patient homozygote SS est modifiée et quand l’oxygène se raréfie (froid, fièvre, déshydratation, altitude), les globules rouges changent de forme (« en faucille »). Ils se rigidifient et deviennent incapables de circuler dans l’ensemble de l’organisme, provoquant les crises d’occlusion douloureuses et leur destruction prématurée.

Symptômes et signes de la drépanocytose
Les patients ne possédant qu’un seul gène anormal S sont asymptomatiques. Si les deux gènes sont déficients, l’anomalie de l’hémoglobine entraîne plusieurs symptômes. L’anémie (baisse du taux d’hémoglobine) est chronique car les globules rouges sont fragiles : fatigabilité, couleur jaune du blanc des yeux sont généralement les seuls signes bien tolérés.

Des crises émaillent cependant l’évolution de la maladie et sont liées aux globules rouges qui forment des bouchons dans les vaisseaux sanguins : on parle de « crises vaso-occlusives ». Ces crises concernent les membres (mains, pieds), la rate (qui ne peut remplir son rôle anti-infection), mais potentiellement tous les organes. Elles sont responsables de douleurs, rougeurs des membres, augmentation du volume de l’abdomen, fièvre etc. Les infections osseuses et pulmonaires sont les signes les plus fréquentes notamment chez les enfants âgés de moins de 3 ans.


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Drépanocytose: le dépistage néonatal systématisé au Cameroun

Financé par l’AFD, ce programme pilote de dépistage à la naissance a été révélé au cours de la journée internationale célébrée vendredi 19 juin à Yaoundé

L’arrivée d’un programme pilote de dépistage néonatal de la drépanocytose au Cameroun a été déclarée au cours de la célébration, vendredi dernier, de la Journée internationale de la drépanocytose au Cameroun.

A la cérémonie officielle présidée par le ministre de la Santé publique, André Mama Fouda, il a été expliqué que l’effort de sensibilisation d’un groupe de médecins camerounais a abouti à l’obtention d’un financement des bailleurs de fonds. La présidente du groupe, Dr. Suzanne Belinga, biologiste et directeur médical au Centre Pasteur, a révélé que l’Agence française pour le développement finance un programme de dépistage de la drépanocytose à la naissance initié par ces praticiens. L’objectif étant de limiter l’impact de la maladie au sein de la population.

25 à 30% de la population camerounaise sont susceptibles de transmettre la maladie. Environ 2% de nouveau-nés naissent avec la drépanocytose. 50 et 75% meurent avant cinq ans. La faute à l’absence de dépistage précoce et d’une prise en charge correcte. Le groupe de médecins cité plus haut en aurait fait son cheval de bataille. Dans leur programme-pilote de dépistage néonatal déjà opérationnel, quelques formations sanitaires ont été intégrées à Douala et Yaoundé: l’hôpital Laquintinie, l’Hôpital Central de Yaoundé, le CASS de Nkolndongo, Deo Gracia d’Emana, le Centre hospitalier d’Essos, et bientôt l’Hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso.

C’est un travail préliminaire avant la systématisation du dépistage sur l’ensemble des formations sanitaires du pays. Le dépistage néonatal permettra un meilleur suivi des patients et une prise en charge à temps pour réduire le nombre de crises et optimiser l’espérance de vie des drépanocytaires.

Au cours de la célébration, André Mama Fouda a interpellé les magistrats municipaux à s’intéresser à la lutte contre cette maladie en instaurant le dépistage prénuptial. Il est même encore plus indiqué de connaître son statut assez tôt, avant d’envisager une vie en couple. C’est pourquoi, le ministre de la Santé publique propose aussi un dépistage systématique avant d’entrer au collège ou à l’université. On pourrait ainsi éviter la situation de Sandrine Emock, mère de trois enfants dont deux drépanocytaires. «Le quotidien est difficile. Il faut se préparer aux dépenses qui peuvent dépasser la centaine de mille par crise. La maladie est un gouffre à sou et peut altérer le moral de la famille», prévient-elle.


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Olivia Mbangwe, «nous sommes fièrs d’ajouter 300 voix de plus à la grande famille AFM telethon»

La chargée de développement de «Manita» parle des raisons qui ont conduit cette association franco-camerounaise, au Téléthon 2011

Le téléthon cette année connaît la participation du Cameroun, grâce à votre association. Comment cela s’est passé?
Suite à l’exposition itinérante «Sanit’Art en Seine Saint Denis» menés dans le département du 93, avec l’appui du dispositif «Plus citoyen» de mai à Septembre 2011, notre association a été contacté par le collectif «tous en c ur contre la drépanocytose» pour participer aux actions de la lutte contre la Drépanocytose en France pendant le téléthon 2011. Au coté de l’agence DEEP et de la coordination AFM 92.

Quel est votre apport dans cet évènement?
L’expérience de la sensibilisation sanitaire à travers l’art et la culture sur le terrain, notamment au Cameroun. Depuis plusieurs années, Manità accompagne les malades et leur famille pour une meilleure prise en charge de leur état de santé. Une famille bien informée, orientée et éduquée peut mieux coexister avec la maladie. Notre rôle est d’informer la population, les bénévoles, les artistes et les médias, des ravages sanitaires et sociaux que provoque cette maladie à cause de l’ignorance, des gens!… mais surtout des malades eux-mêmes.

Vous avez menez des activités au Cameroun et en France, avez-vous l’impression que votre lutte porte des fruits?
Oui notre lutte commence à porter ses fruits. Nous menons de nombreuses batailles auprès de la population. La mise en place de la consultation du mois à la clinique de l’Espoir du Pr Anomah Ngu pour les habitants de Yaoundé, le marathon des membres lors de la journée internationale pour la lutte contre la drépanocytose en partenariat avec l’OILD en 2010. Aujourd’hui, la sensibilisation des ménagères et des employées de la défense au profit du téléthon français! Mais la guerre est très loin d’être gagnée, car aujourd’hui encore, plus de 7500 petits camerounais meurent, avant l’âge de 5 ans chaque année à cause d’une maladie diagnostiquée tardivement, peu ou mal suivie. C’est beaucoup trop! Grâce aux personnels soignant et l’AFM, la recherche avance, la Drépanocytose ne doit plus décimer l’avenir de tout un continent!

Que prévoit Manità après sa participation au téléthon?
Depuis bientôt 4 ans que cette association existe,… seul l’avenir nous dira! (Rire). Manità est une association de terrain qui mène des actions sur le long terme, nécessaire au développement sanitaire et social des populations défavorisées. Le plus important aujourd’hui, c’est que nous sommes fiers d’ajouter 300 voix de plus a la grande famille AFM telethon et aux bénévoles du collectif pour dire … «Tous en c ur contre la Drépanocytose».

Olivia Mbangwe, chargée de Développement chez « Manita »
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