La centrale solaire, inaugurée le 29 novembre dans la commune de Ngang, rentre dans le cadre d’un projet d’électrification de 166 localités camerounaises, sur financement de la Chine
Perdue dans la forêt à plus d’une trentaine de kilomètres de Yaoundé, la commune de Ngang affiche fière allure depuis l’inauguration, le 29 novembre dernier, d’une centrale solaire construite dans le cadre d’un projet d’électrification de 166 localités camerounaises par systèmes solaires photovoltaïques, doté d’un financement chinois.
D’une capacité de 50 kilowattheures, l’ouvrage réalisé par le géant des télécommunications chinois Huawei suscite la joie de la population, qui y voit une opportunité d’accélérer la transformation socioéconomique du village en tournant le dos à l’obscurité, cause de l’exode rural des jeunes vers Mfou, la ville la plus proche.
Sur la véranda du domicile d’un membre du gouvernement, un groupe de jeunes savoure, en attendant leur extension à l’ensemble de la communauté, les premiers bénéfices de l’unité de production d’électricité, scotchés devant un film diffusé sur un téléviseur bricolé par Pascal Mvogo Beyala, un jeune de 27 ans. Pour lui, l’inauguration de la centrale apportera un changement très significatif.
« J’ai appris à réparer des téléviseurs et des postes radio. Cette centrale va me permettre de travailler sur place ici au village, au lieu d’aller m’installer en ville, où je suis obligé de louer un logement« , a-t-il souligné.
A côté de son amusant prototype de téléviseur, ce jeune bricoleur a placé une fiche multiprise pour recharger les batteries de téléphones portables. « Auparavant, on était obligé d’aller en ville et passer de longues heures pour recharger nos téléphones », précise le jeune homme qui, en attendant des jours meilleurs pour son activité, se convertit de temps en temps en conducteur de mototaxi.
D’un coût de 53 milliards de francs CFA (plus de 88 millions de dollars), financé à hauteur de 85% par un prêt de la Banque d’import-export de Chine, le projet d’électrification est mené par Huawei depuis début 2016 et enregistre à ce jour un taux d’exécution d’environ 60% pour la construction des centrales, selon des sources officielles.
Ce projet, qui pourrait s’étendre à 1.000 villages non connectés au réseau électrique national exploité par Eneo, entreprise à capitaux britanniques, vise à améliorer l’accès de la population camerounaise à l’électricité, estimé pour l’heure à un taux de 48% sur l’ensemble du territoire national, par une source propre respectueuse de la préservation de l’environnement.
Une production totale de 11,2 mégawatts y est attendue pour réaliser l’objectif encore non atteint de porter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique à 5% dès 2015 fixé par le gouvernement dans son Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) adopté en 2009.
Dans ce pays d’Afrique centrale, l’électricité consommée provient principalement des sources hydroélectriques, soit 4.783 gigawatt-heures des 6.523 gigawatt-heures de la production totale d’énergie électrique publique, et la part des énergies renouvelables s’établit à un niveau marginal de 64 gigawatt-heures, soit 0,98%, selon les estimations officielles.
A Ngang, les festivités organisées pour l’inauguration de la centrale solaire fin novembre avaient été marquées par la présence de quatre membres du gouvernement, dont le ministre de l’Eau et de l’Energie.
Pour François Mvogo, un retraité de l’administration territoriale âgé de 63 ans, l’événement est historique, car mis à part la route en terre qui la relie aux villes et autres villages voisins, cette localité évoluait avec le sentiment d’être coupée de la civilisation. « Cette réalisation nous permet de nourrir à notre tour des rêves de développement », s’est-il réjoui.
« Voyez-vous, notre sommes en pleine période de CAN (Coupe d’Afrique des nations de football, ndlr) et le Cameroun y participe et s’est qualifié pour la finale. Nous n’avons pas la possibilité de regarder les matchs à la télévision. On se contente des récepteurs radio« , a-t-il regretté.
Outre l’installation des équipements des centrales comprenant des panneaux, des onduleurs et des locaux techniques, le projet inclut également la construction de lignes de transmission et l’installation de compteurs intelligents prépayés.
Ces compteurs sont le seul dispositif qui manque encore et que les communautés de Ngang disent attendre avec impatience. La direction de Huawei Cameroun déclare en avoir livré une centaine au ministère de l’Eau et de l’Energie pour chacune des 166 localités ciblées par la première phase du projet, pour la mise en place d’un réseau public de commercialisation de l’électricité produite.
Un spécimen est visible à l’école primaire publique de ce village, choisie pour le coup d’envoi de la mise en service de la centrale et où la population locale se rend « pour repasser les vêtements et recharger les téléphones« , a confié Germaine Colette Menyeng, la directrice de l’école maternelle publique.
Pour beaucoup d’habitants de ce village, la lampe à pétrole reste le principal moyen d’éclairage, mais elle est responsable, selon cette institutrice de 51 ans, de problèmes de vue. « Vous constatez que je porte des lunettes, c’est parce que j’ai utilisé la lampe-tempête pendant des années« , indique-t-elle.
« Nous révisons péniblement nos cours, mes camarades et moi. Quand le pétrole finit dans nos lampes, on est dans le noir et on ne peut pas étudier », renchérit Madeleine Nsizoa Yene, élève en classe de troisième année de comptabilité au Collège d’enseignement technique industriel et commercial (CETIC), qui se réjouit de la mise en service de la centrale.
Faute d’électricité, l’informatique, pourtant au programme officiel scolaire, n’est enseignée dans aucun de ces établissements.
Le cas du CETIC est plus préoccupant, dans la mesure où les élèves sont privés de cours pratiques, un handicap dont souffrent un nombre important de jeunes Camerounais formés aux métiers techniques et qui entrave leur insertion professionnelle, d’où le taux élevé de 75% de sous-emploi des jeunes dans le pays.
« Nous les femmes, on prépare les bâtons de manioc. C’est pénible, parce qu’on pile. On est obligé de payer une main-d’œuvre pour venir nous aider à faire ce travail. Mais une fois qu’on aura le courant, on va acheter des machines à écraser. Ça va nous faciliter la vie« , indique de son côté Séraphine, l’épouse de François Mvogo.
« Ça va aussi nous permettre de vivre un peu comme en ville. Ça permet de faire en un temps réduit la cuisine, alors que quand on cuisine au feu de bois ou au réchaud à pétrole, c’est lent et fatigant« , abonde Germaine Colette Menyeng. Jeune enseignante de 23 ans d’histoire-géographie au CETIC, Chanceline Djukui évoque quant à elle une amélioration attendue des taux de réussite des élèves.
Après l’annonce de l’octroi de 60 milliards de dollars faite par le président Xi Jinping pour soutenir l’Afrique, le Cameroun entend copter une grande part de ces fonds
L’industrialisation est un chantier prioritaire que le gouvernement camerounais déclare vouloir accélérer pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale, avec un plus grand besoin d’investissements chinois déjà importants dans le pays d’Afrique centrale, annonce un responsable du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.
« En 2015, les investissements chinois au Cameroun représentaient 1430 milliards de FCFA (environ 2,86 milliards de dollars). En 2016, lesdits investissements représentent près de 1215 milliards de FCFA (2,43 milliards de dollars) », a évalué dans une interview accordée à Xinhua, Charles Assamba Ongodo, directeur général de la coopération et de l’intégration au sein de ce ministère.
Diplomate de formation, le haut cadre camerounais avait fait partie de la délégation conduite par le ministre des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella, avec la participation du ministre de l’Economie Louis Paul Motaze, au sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) tenu en décembre 2015 à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Présent à ces assises, le président chinois Xi Jinping avait annoncé la mise en place par son pays d’un programme de coopération en dix axes d’interventions prioritaires assorti d’une enveloppe de 60 milliards de dollars de financements pour soutenir le développement socioéconomique sur une période de trois ans en Afrique.
Selon M. Assamba Ongodo, le Cameroun entend se positionner pour capter une partie de ces financements au profit de l’exécution de son Document de stratégie et de croissance pour l’emploi (DSCE) en cours depuis 2010, avec l’ambition de devenir une économie émergente à l’horizon 2035.
« L’appréciation que je fais des investissements chinois au Cameroun, souligne-t-il, se mesure par rapport à ce que représente la Chine, en tant que partenaire économique et commercial du Cameroun ». « C’est donc un partenaire aussi stratégique et l’appréciation ne peut qu’être bonne », précise-t-il.
Ces investissements, détaille le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, « couvrent la plupart des domaines, infrastructures avec les routes, chemins de fer, barrages, les stades, les hôpitaux, les lignes de transport d’énergie, les échanges culturels, la formation ».
Le port en eau profonde de Kribi (Sud), en attente de mise en service, le barrage hydroélectrique de Memve’ele et la centrale hydroélectrique de Mekin dans la même région, les hôpitaux gynéco-obstétriques et pédiatriques de Yaoundé et Douala, ou encore l’autoroute Yaoundé-Douala en cours de construction sont parmi les projets les plus importants réalisés grâce à ces investissements.
Sans oublier les stades de Limbe (Sud-Ouest) et de Bafoussam (Ouest), construits dans la perspective de la tenue au Cameroun en 2019 de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), après celle de la CAN féminine jouée récemment en décembre dans la première de ces deux infrastructures, en plus du grand stade Omnisports de Yaoundé.
Pour Charles Assamba Ongodo, ces projets contribuent indéniablement à améliorer le niveau de vie des Camerounais, tant en matière d’emploi que bien-être.
« Sur le plan macroéconomique, note-t-il en outre, l’aboutissement des investissements chinois permet notamment d’améliorer les points de croissance au Cameroun ». « A cet égard, on peut dire qu’ils répondent aux attentes du gouvernement et du peuple », résume le haut cadre de l’administration.
Les besoins sont cependant énormes et nécessitent des financements encore bien plus lourds. Car, près de 60 ans après l’indépendance en 1960, un Camerounais sur trois ploie sous la pauvreté et les trois quarts de la jeunesse n’ont pas accès à un emploi décent, en partie en cause de l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Poids lourd de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le pays dispose d’une économie relativement diversifiée soutenue avec un secteur manufacturier assez peu développé.
En 2016, le gouvernement a annoncé l’élaboration d’un plan directeur national de l’industrialisation pour lequel déclare souhaiter pour sa phase opérationnelle une plus grande mobilisation des investissements chinois.
Cette orientation, explique-t-il, aurait l’avantage qu’elle « créerait plus de valeur ajoutée à notre production et boosterait nos exportations de façon à améliorer notre balance de paiements, notamment ».
« Bien plus, il faudrait intensifier l’implication de la main d’ uvre et de la sous-traitance camerounaise dans l’exécution des projets financés par la Chine et assurer un réel transfert de technologies pour améliorer qualitativement les gains engrangés par notre coopération avec la Chine », préconise-t-il.
A l’initiative du chef de l’Etat camerounais Paul Biya en personne, une conférence internationale sur le thème « le Cameroun, terre d’attractivités » s’est tenue en 2016 à Yaoundé, dans le but de favoriser un attrait plus accru des investissements directs étrangers.
Miné par la corruption, le pays est cité dans les classements successifs du rapport « Doing Business » de la Banque mondiale comme un de ceux où les investisseurs éprouvent des difficultés à mener leurs activités.
Mais le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie a décrit son pays comme « un bon risque pour les investissements ».
« Notre pays dispose d’un cadre incitatif en matière en facilitation des affaires et une volonté résolue d’encourager les investisseurs y compris chinois, pour faire des affaires au Cameroun un souci gagnant-gagnant », affirme-t-il dans un appel en direction des investisseurs chinois désireux de tirer parti de l’immense potentiel de développement économique du pays d’Afrique centrale.
Cette déclaration a été faite à l’occasion de l’ouverture, à Yaoundé, du bureau régional pour l’Afrique centrale de la Banque européenne d’investissement
Le Cameroun élabore un nouveau programme économique avec comme fait marquant une redéfinition des orientations politiques, a révélé le 20 octobre dernier à Yaoundé le ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze.
« Mon département ministériel est en train de mettre la dernière main sur le Programme économique pour les trois prochaines années, qui redit avec plus de vigueur la place du secteur privé dans la stratégie de croissance de notre pays », a déclaré M. Motaze.
Cette déclaration a été faite à l’occasion de l’ouverture, à Yaoundé, du bureau régional pour l’Afrique centrale de la Banque européenne d’investissement (BEI), le cinquième en Afrique subsaharienne après ceux de Nairobi (Kenya), Pretoria (Afrique du Sud), Dakar (Sénégal) et Addis-Abeba (Ethiopie).
« Nous comptons mieux redéfinir les différentes filières porteuses de croissance, en plus des sollicitations habituelles qui sont les nôtres, pour rechercher auprès de votre auguste institution, les niches de financement appropriées », a ajouté le ministre.
Fin 2014, le président camerounais Paul Biya a annoncé le lancement d’un Programme d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance, d’une valeur de 925 milliards de francs CFA (environ 1,850 milliard de dollars américains).
Dans le cadre de ce programme, le gouvernement a signé des accords de financement avec plusieurs institutions financières internationales, mais ses résultats ne se font pas beaucoup ressentir par les populations camerounaises.
En 2009, sous l’impulsion de M. Motaze, le gouvernement camerounais a adopté un Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).
Dans cet outil, il était question d’asseoir les bases d’une politique économique permettant de faire accéder le Cameroun au statut de pays émergent à l’horizon, en dopant la croissance du produit intérieur brut (PIB) pour la porter à une moyenne annuelle de 5,5% au cours de la période 2010-2020.
Sept ans après, les résultats de cet important programme se révèlent mitigés. Car, si le Cameroun peut aujourd’hui s’enorgueillir de réaliser une croissance économique d’environ 6%, force est constater que peu d’améliorations sont enregistrées dans l’objectif de booster ses filières porteuses de cette croissance.
Les niveaux de production des principaux produits d’exportation hors pétrole, tels que le cacao, le café, la banane, le coton, etc. peinent à accroître, de sorte que la balance commerciale continue de se distinguer par son caractère déficitaire chronique.
Par Louis Paul Motaze, ministre camerounais de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire
1. Pourquoi agir aujourd’hui ? Dans environ trois ans, nous serons arrivés au terme du premier phasage de la mise en uvre de notre vision de développement à long terme, dont la déclinaison stratégique est le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE).
Son exécution, considérée de « globalement satisfaisante » par nos principaux partenaires, a notamment permis la réalisation des grands projets, qui arrivent également à leur point d’achèvement dès l’année prochaine, et qui sont appelés à mieux structurer notre économie afin de faire du secteur privé le levain de la croissance économique.
De l’avis général, la première moitié de la décade 2010-2020 aura été fertile en menaces de toutes sortes, mais elle a également été déconcertante au niveau des performances économiques réalisées par le Cameroun. En effet, si l’environnement national et international a été très peu accommodant comme on le verra par la suite, ses conséquences immédiates ont été bien gérées, au point de ne pas contrarier fondamentalement nos objectifs de croissance, et remettre en cause notre marche vers le progrès économique et social. Ces vents contraires, qui sont loin de s’estomper, et qui nous ont parfois contraint à différer des investissements d’envergure à l’instar de l’exploitation du fer de Mbalam (environ 6 milliards de dollars américains d’investissements reportés, soit plus de 3.000 milliards de F.CFA), devraient être adressés avec plus de vigueur au cours des prochaines années.
Cela dit, les grands projets de première génération atteindront d’ici à 2018, leur point d’achèvement. 2020 est le début d’un nouveau phasage de la mise en uvre de notre Vision de développement à l’horizon 2035. Entre les deux périodes, subsistent des gap qui doivent impérativement être couverts, tels les investissements dans l’infrastructure du numérique, parachever certaines voies de communications indispensables pour relier les zones de production aux marchés, ou encore les projets inscrits dans le Plan d’Urgence. Sur ce dernier sujet, le Chef de l’Etat ne disait-il pas que « la finalité première du Plan d’Urgence réside dans la nécessité de renforcer les performances l’économie nationale, et d’améliorer les conditions de vie des populations camerounaises en vue d’atteindre l’objectif de l’émergence en 2035 ». Par ailleurs, certains projets ne seront pas achevés en 2018, comme l’autoroute Yaoundé-Douala. Pour ne pas avoir à supporter le coût de l’attentisme que pourrait induire le temps de latence entre la fin du premier cycle des grands projets et le lancement d’un second cycle, il faut agir. Et vite.
2. D’où venons-nous et qu’avons-nous fait ?
Pendant le premier cycle de programmation de l’économie camerounaise articulé autour du Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), la croissance économique a été essentiellement portée par la demande de consommation, affichant alors des performances modestes de l’ordre de 2 % en moyenne au cours de la décennie 2000. A partir de 2010, le Gouvernement camerounais a mis en uvre un ambitieux programme d’investissements publics en infrastructures structurantes, notamment dans les domaines du transport et de l’énergie, afin d’améliorer la compétitivité de l’économie. Ce volontarisme économique a généré une croissance régulière du PIB, qui est passée de 3,3 % en 2010 ; 4,1 % en 2011 ; 4,6 % en 2012 ; 5,6 % en 2013 ; 5,9 % en 2014 et 5,8 % en 2015. Bien plus, tous les partenaires au développement ont expressément félicité le Gouvernement pour la bonne gestion de certains de ces projets ; le dernier satisfecit en date est venu de la bouche de Mme le Directeur Général du FMI, qu’on ne peut suspecter de favoritisme, qui au cours de la réception à elle offerte par le Président BIYA en janvier 2016, a dit tout le bien qu’elle pense des projets comme le barrage de LOM PANGAR et le Port en eau profonde de Kribi.
Les bonnes performances ainsi réalisées depuis lors, ont amené les analystes à qualifier notre économie de « résiliente » pour traduire sa singularité dans un contexte international et régional de repli prolongé de l’activité économique depuis 2013/14. Il y a donc lieu de reconnaître que depuis 2010, date de mise en uvre du DSCE, le Cameroun est passé d’une mollesse économique à une certaine vigueur, avec un taux de croissance projeté à 5,9 % cette année. En effet, grâce aux changements et transformations économiques induites par la mise en uvre du DSCE, notamment à travers le Programme de Grands projets adossés sur l’axe stratégique N°1 portant sur le « Développement des infrastructures », l’économie camerounaise a été en mesure d’affronter les effets pervers (i) des contrecoups de la guerre contre la secte terroriste Boko Haram ; (ii) des conditions moins conciliantes sur le plan international, et de ses principaux partenaires commerciaux, en particulier la Chine, qui s’emploie à revisiter son modèle économique ; (iii) de la baisse prolongée des cours des matières premières, en l’occurrence le pétrole ; (iv) du durcissement des conditions d’emprunt, (v) de la persistance des dérèglements climatiques, surtout dans la région de l’Extrême-Nord et (vi) de l’afflux des réfugiés sur notre territoire.
Cette conception des moteurs de notre progrès économique de ces dernières années (ou de notre résilience) est cruciale, en ce sens qu’elle est déterminante pour le choix de nos politiques économiques futures, et devrait guider la sélection des mesures/actions qui du reste, permettront à l’économie camerounaise d’atteindre les objectifs-clé du DSCE à l’horizon de la stratégie, en 2020. 3. Où voulons-nous aller au cours des prochaines années ?
Bien que 2018 marque l’année du point d’achèvement de la première génération des Grands Travaux, lesquels ont constitué les principaux piliers sur lesquels s’est appuyée cette « résilience » économique de ces dernières années, le gap d’infrastructures compte parmi les faiblesses majeures de l’économie camerounaise, selon les diverses enquêtes menées auprès du secteur privé.
De fait, certains pans du programme de développement des infrastructures nécessaires pour raviver la croissance portée par le secteur privé, sont soit inachevés, soit même inexplorés. Si le stock de capital public a sensiblement augmenté dans notre pays depuis 2010, des gaps ou des poches de déficits existent, par exemple dans la capacité de production énergétique du pays ou notre arrimage à des standards numériques internationaux. Ce qui appelle non à un changement de cap, mais à un renforcement et une densification de celui-ci, pour maintenir et étendre les premiers acquis afin qu’ils puissent induire des effets de ruissellement en aval sur le secteur privé. Aussi, ce programme infrastructurel sera plus à même d’opérer la transformation économique voulue par le Chef de l’Etat, en investissant dans les nouvelles sources de croissance identifiées dans le Plan Directeur d’Industrialisation (Energie, Numérique et Agro-industrie).
Autant reconnaître que le Cameroun doit donc optimiser sous contrainte, dans un contexte où prévaut une rigidité des revenus à la hausse (pas de hausse des salaires ou de prestations sociales en vue). Par ailleurs, la conjoncture économique traduite par un budget de plus en plus contraint, appelle à un ajustement interne, associé à une amélioration de l’efficience de l’investissement public. De plus, le poids de la dette intérieure évaluée à environ 1100 milliards de FCFA, pèse sur l’activité des entreprises. Dans le même ordre d’idées, la persistance de l’atonie de la demande extérieure pourrait produire des effets récessifs sur la croissance économique. Avec le ralentissement économique de nos principaux partenaires commerciaux, à l’instar de la Chine, la demande extérieure risquerait de continuer de peser négativement sur nos performances économiques.
Aussi, en appelons-nous à une politique de relance qui se fonde sur les effets multiplicateurs de la demande d’investissements. Tout en privilégiant celle-ci, cette option insisterait davantage sur des mesures d’appoint par la massification des investissements pour générer un environnement des affaires qui soit propice au développement durable du secteur privé. Les politiques de relance sont des politiques conjoncturelles, répondant à une faiblesse ponctuelle de la croissance, en présence de capacités de production inutilisées. En raison de la légère décélération observée en 2015, cette option nous semble opportune et pertinente, parce qu’il nous faut créer des routes vers les marchés et les centres de consommation, investir davantage dans le numérique comme l’a prescrit le Chef de l’Etat, faciliter le raccordement à l’énergie électrique et à l’eau, offrir plus de services de télécommunications et d’internet de qualité aux opérateurs économiques, aménager les principaux corridors commerciaux, etc.
C’est pourquoi, conforme à la vision du Chef de l’Etat, nous devrions nous engager dès à présent, au lancement d’un Programme de Grands Travaux de seconde génération, qui devrait prendre le relais de celui en cours d’achèvement. Nous pensons ici aux projets tels que la construction des lignes ferroviaires conformément au Schéma ferroviaire national approuvé en 2011, du troisième pont sur le Wouri, du Port de Limbé, la densification de la fibre optique sur tout le territoire national. Cet engagement a d’autant plus d’acuité que les épreuves que doit affronter l’économie camerounaise au cours des prochaines années sont, de notre point de vue, les plus difficiles qu’elle ait eu à vivre depuis 2010, notamment avec l’avènement de l’APE, et d’autres menaces grandissantes, à l’instar de la contrebande qui détruit des pans entiers de l’économie, l’afflux des réfugiés, singulièrement dans la région de l’Est, où ils représentent déjà 20 % de la population de la région, avec ce que cela charrie sur l’état de la sécurité de cette partie du pays, et sur l’économie de la région qui subit des contrecoups, surtout dans le secteur de l’élevage et des cultures vivrières.
4. Que dit la théorie ?
Comme tous les gouvernements, le Cameroun poursuit de nombreux objectifs avec un nombre limité d’instruments. Les arbitrages font dès lors partie du quotidien. Ces arbitrages reflètent leurs préférences et dépendent des institutions au sens de Douglass North, c’est-à-dire, les contraintes formelles (règles, lois, institutions) et informelles (normes et comportements).
Les travaux d’éminents économistes dont Keynes, démontrent l’efficacité de la politique économique adossée sur l’intervention de l’Etat pour adresser des contraintes dues à un environnement non accommodant, en agissant sur la demande à travers des politiques budgétaires expansionnistes. Ces politiques de relance, visent soit à augmenter les revenus disponibles des agents économiques (baisse des impôts, hausse des prestations sociales, augmentation des salaires), soit à augmenter la demande interne par un accroissement des dépenses de l’Etat (grands projets). Ainsi, les politiques keynésiennes ont plusieurs décennies durant, été implémentées à travers le monde avec un réel succès (la période post-1944 qualifiée de Trente Glorieuses, du fait de la politique des grands travaux menés en Europe, ou encore le New Deal du Président Rooselvet, par exemple), jusqu’aux contrecoups pétroliers de 1973.
Dès cet instant en effet, l’instrument budgétaire commence à montrer ses limites, surtout avec les forts taux d’imposition dont il s’accommode pour financer ses déficits et la difficulté à anticiper/prévoir réellement le comportement des agents économiques en matière d’épargne et de consommation. En effet, les politiques de relance par la demande ne réussissent que si les agents économiques ont une bien faible propension à épargner, et orientent leur surplus de revenu vers la forte consommation, laquelle est entretenue par une forte capacité de production des industries existantes. De plus, la relance par la demande de consommation présente des limites, spécialement en termes d’horizon temporel, car elle est essentiellement efficace à court terme par ses effets multiplicateurs, et à long terme, l’asymétrie d’information en termes de comportement des agents la remet en cause. Il faut reconnaître avec l’économiste Paul Krugman que l’héritage essentiel du New Deal mis en uvre en 1933 par le Président Rooselvet est d’avoir créé les conditions d’une profonde redistribution des richesses qui a marqué la croissance de l’après-guerre, qualifiée de « période de 30 Glorieuses ».
5. Qu’enseignent les faits stylisés ?
Selon la Banque Mondiale, l’insuffisance des infrastructures ampute la croissance de deux (2) points par an, les effets de cette carence sont appelés à s’aggraver avec les changements climatiques. En outre, le manque ou la défectuosité des infrastructures nuisent au développement des affaires et handicapent l’industrie manufacturière et des services, et la politique de diversification par l’investissement privé dans la transformation locale de nos produits de base.
Quant au FMI, sa Directrice Générale, Madame Christine Lagarde, n’affirmait-elle pas le 8 janvier 2016 à Yaoundé, devant le Premier Ministre, Chef du Gouvernent, Philémon Yang, au cours d’une table ronde à l’hôtel Hilton, que le manque d’infrastructures est un obstacle à la croissance économique, et que la mise à niveau de ces derniers nécessitait de gros investissements. D’après elle, l’essor économique de notre pays repose sur la poursuite du programme engagé depuis 2010. D’ailleurs et sur ce sujet, le FMI soutenait plus tôt, en 2014, (Perspectives de l’économie mondiale) qu’il était temps de procéder à une relance par les infrastructures. Puisque des investissements publics dans l’infrastructure et de meilleure qualité sont essentiels pour stimuler l’activité et créer des emplois, et que si l’investissement est bien géré, son effet stimulant sur la production compense les emprunts contractés. Comme le révèle ce rapport, l’infrastructure est le fondement de la vie quotidienne, la clé de voûte de l’activité économique. Il n’existe aucune activité qui ne fasse appel à elle, sous une forme ou une autre.
Les pays tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Kenya où la croissance annoncée en 2016 sera respectivement de 8,5 % (contre 9,4 % en 2015 et 10,7 % en 2012), 6,5 % et 6 %, ont pris l’option d’investir massivement dans les infrastructures. Si la Côte d’Ivoire par exemple, figure parmi les 10 pays qui ont le plus amélioré leur climat des affaires dans le monde, c’est notamment grâce à l’investissement public, de surcroît, financé par des financements extérieurs. Ces investissements, soutenus prioritairement par l’Etat et en mode Partenariat Public-Privé (PPP), concernent l’extension du port d’Abidjan, la rénovation de la voie ferrée Abidjan-Ouaga ou la construction du pont Henri Konan Bédié.
6. Quels sont nos principaux sujets d’inquiétude ?
Pour mieux traduire notre détermination et atteindre corrélativement les objectifs que nous nous fixons, deux principaux sujets d’inquiétude devraient être impérativement adressés afin d’assurer la qualité, le respect des délais et l’optimalité des infrastructures à construire. Nous bénéficions pour cela de l’assistance de nos partenaires au développement qui nous ont appuyé dans la définition des stratégies à adopter pour adresser ces problématiques.
Le premier est celui de la faible maturité des projets d’investissements du portefeuille de première génération, ayant généré les retards observés dans le démarrage et le déroulement de certains chantiers. Des efforts seront faits pour que les questions d’emprise, d’expropriation-indemnisation, qui ont entravé le bon déroulement de certains projets, à l’instar de la construction de l’autoroute Yaoundé-Douala, où des populations manifestent parfois bruyamment, pour réclamer des frais d’indemnisation, soient mieux prises en compte.
Le second est celui du lancinant problème de passation de marché, où le souci de respecter les procédures a souvent été à l’origine de certains dysfonctionnements et lourdeurs dans l’exécution des chantiers.
L’avènement du Comité National de la Dette Publique (CNDP) présidé par le Ministre des Finances, ouvre de nouveaux horizons en ce qui concerne le processus de maturation des projets. En effet, cet organe est de plus en plus vigilant quant à la qualité des projets à exécuter. Pour éviter que notre dette n’atteigne des niveaux d’endettement insoutenables, il faut que les projets démarrent à temps, que les délais soient respectés, que les conditions administratives, financières et techniques soient remplies avant leur démarrage. L’attention portée à ces aspects sera renforcée, ainsi que celle sur la mise à niveau régulière du stock d’infrastructures existant, pour qu’il y ait moins de projets abandonnés et plus de valeur ajoutée générée.
7. Que devons-nous donc conclure ?
Ce que Gouvernement ambitionne donc de réaliser à travers la mise en place d’un Programme de Grands travaux de 2ème génération est de poursuivre le trend amorcé au cours des cinq premières années de mise en uvre du DSCE d’une part, et de créer les conditions durables d’un environnement propice au développement du secteur privé, principal créateur des richesses. En d’autres termes, il s’agit d’une policy mix qui agit sur la demande d’investissements pour supprimer ou réduire les rigidités, et libérer l’offre. Ce regain de volontarisme économique sur les grands projets de seconde génération, associé à une politique active d’appuis directs au secteur privé qui, tout en s’intensifiant par un meilleur ciblage de nos « champions nationaux », stimulerait la production à court terme, en incitant la demande globale ; et à long terme, en augmentant la capacité productive de l’économie. Le FMI (2014) ne démontrait-il pas que le surcroît d’investissement public dans l’infrastructure donne au PIB une impulsion qui compense l’augmentation de la dette, de sorte que le ratio dette publique/PIB ne progresse pas.
Enfin, la relance par la demande d’investissements qui s’inscrit dans la continuité de la mise en uvre du DSCE, passerait par la mise en uvre d’une deuxième génération des grands projets d’investissement, mettant le secteur privé au centre de leur implémentation. L’accent sera par conséquent mis sur les investissements productifs avec un accompagnement soutenu des pouvoirs publics, pour faire de l’investissement privé, un relais de l’investissement public à l’horizon de la mise en uvre de notre stratégie. Cette orientation contribuera à l’émergence ou à la consolidation de nos « champions nationaux » dans les filières porteuses de notre économie (agro-industries, numérique, énergie.) dans la perspective d’un processus d’industrialisation soutenue par le secteur privé. Déjà, le Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (MINEPAT) a engagé des discussions avec le GICAM pour développer cette approche bâtie autour des « capitaines d’industries » ; approche volontariste qui passera par des appuis directs au profit de certaines filières préalablement sélectionnées sur la base des critères objectifs.
Au-delà du levier que représente le budget d’investissement public (BIP), notre stratégie future consistera à mobiliser nos partenaires traditionnels pour des appuis plus conséquents au secteur privé, bénéficiant de la garantie publique.
Les marges de financement de cette option volontariste articulée autour des grands projets de 2nde génération existent, tant sur le plan interne, avec les bonnes performances enregistrées sur la plan de la mobilisation des ressources internes, qu’externe, compte tenu du niveau d’endettement dont l’encours de la dette publique à garantie publique ne représente que 27,3 % du PIB à fin juillet 2016, c’est-à-dire, assez éloignée de la norme communautaire de 70 %.
Un colloque de deux jours, destinée à repenser le modèle de financement du Crédit foncier du Cameroun, s’est achevé mercredi dans la capitale
Un colloque de deux jours, destinée à repenser le modèle de financement du Crédit foncier du Cameroun (CFC), s’est achevé mercredi 14 septembre 2016 dans la capitale du pays, Yaoundé.
Organisée en partenariat avec Shelter Afrique, une institution spécialisée dans le financement de l’habitat, cette assise a également accueilli des intervenants venus de Côte d’Ivoire, de Ghana, du Kenya, du Maroc, de Nigeria, du Rwanda et du Sénégal.
Il s’est agi de recueillir des éléments permettant de construire un «business model» enrichi de financement des programmes et ensembles immobiliers au Cameroun, un pays qui connaît actuellement un déficit d’un million d’unités, selon les chiffres officiels.
Le colloque de Yaoundé, selon les officiels, « permettra de renforcer les capacités des acteurs du secteur de l’immobilier dans les domaines contraignants afin d’améliorer leur accès au financement et conséquemment la performance dans la production de l’immobilier ».
Selon le CFC en effet, non seulement la production nationale de masse des logements peine à atteindre le niveau escompté, mais en plus l’offre de logements décents est largement insuffisante et les financements disponibles pas ou faiblement consommés.
Ce à quoi s’ajoute la difficulté de mobilisation des ressources pour les grands programmes, dans un contexte où « la problématique du financement de l’immobilier reste une question noueuse ».
Le Cameroun, note-t-on, dispose d’un programme de construction de 10.000 logements sociaux à l’horizon 2020 prévu dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), une option qui connaît des fortunes diverses sur le terrain.
Dans la même veine, une politique de construction d’habitats destinés au grand public dans chaque capitale régionale a été annoncée dans le cadre du Plan d’urgence triennal lancé voici deux années, mais qui tarde à prendre corps.
Un appel d’offres y relatif a récemment été lancé dans l’optique de sélectionner un cabinet pour l’étude portant sur l’élaboration des phases II et III de la stratégie d’amélioration des bidonvilles
Le ministère camerounais en charge des Marchés publics vient de lancer un appel d’offres national restreint, visant 5 entreprises, en vue de la sélection d’un cabinet pour l’étude portant sur l’élaboration des phases II et III de la stratégie d’amélioration des bidonvilles.
Ainsi, pour un montant prévisionnel de la prestation de 100 millions FCFA, la société retenue devra définir des objectifs et grands axes stratégiques, mais aussi des programmes d’action et des outils de mise en uvre.
Dans la revue de 2009 ayant abouti à la formulation du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), le gouvernement camerounais reconnaît que les indicateurs globaux des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne seront pas atteints par le pays en dépit des efforts accomplis, la situation de la pauvreté ayant presque stagné, passant de 40,2% à 39,9% entre 2001 et 2008.
Cette situation, apprend-on, s’est accentuée dans les grandes villes, conduisant à la prolifération de quartiers non planifiés où s’agglutinent des populations pauvres avec un faible accès aux services urbains de base et une mauvaise qualité de logement, des constructions anarchiques qui s’ajoutent à une mauvaise occupation du sol, entraînant des catastrophes naturelles (inondations, glissements de terrain) souvent mortelles.
Sur la base de ce diagnostic et avec l’appui d’Onu-Habitat, en collaboration avec l’Union européenne et le secrétariat des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), les pouvoirs publics ont ainsi mis sur pied le Programme participatif d’amélioration des bidonvilles (PPAB).
Après la phase I ayant consisté en l’élaboration des profils urbains sur 23 communes du Cameroun entre 2000 et 2003, doivent suivre la formulation des stratégies d’amélioration et de prévention des bidonvilles ainsi que la mise en uvre des stratégies et des actions retenues dans des zones pilotes, avant la généralisation de l’approche à l’ensemble du pays.
La baisse de 2,4 points de pourcentage de l’incidence de la pauvreté dans le pays est en deçà du rythme préconisé dans le DSCE, révèle un rapport publié par l’Institut national de la statistique
La baisse modérée de 2,4 points de pourcentage de l’incidence de la pauvreté au Cameroun est en deçà du rythme préconisé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) et ne permet pas d’atteindre l’Objectif de réduire de moitié la pauvreté à l’horizon 2015 suivant l’Agenda des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Ce constat relève des premiers résultats de l’Enquête nationale sur les ménages (ECAM III), réalisée en 2014 et publiés samedi par l’Institut national de la statistique (INS).
Sur la base d’un seuil de pauvreté monétaire de 339.715 FCFA par an, soit 931 FCFA par jour par équivalent adulte, calculé à partir des dépenses de consommation finale des ménages, cette incidence s’est située à 37,5% en 2014 contre 39,9% en 2007, 40,2% en 2001 et 53% en 1996,.
Selon le rapport, cette baisse «est mitigée, car si l’incidence de la pauvreté recule en milieu urbain, elle augmente plutôt en milieu rural».
En même temps, constate le rapport, du fait de la pression démographique le nombre de pauvres a augmenté dans le pays, passant d’environ 7,1 millions en 2007 à 8,1 millions en 2014 sur une population estimée à 22 millions d’âmes.
Dans ce contexte, insiste l’INS, c’est plutôt une incidence de la pauvreté inférieure à 32% qui aurait pu permettre d’inverser la tendance, sans compter que les disparités de niveaux de vie se sont accentuées entre d’une part les milieux urbain et rural, et d’autre part entre les pauvres et les non-pauvres.
De plus, la tendance à la baisse de l’incidence de la pauvreté cache une augmentation du nombre de pauvres: en 2014, les 20% des ménages les plus riches consommaient 10,1 fois plus que les 20% les plus pauvres et alors que ce ratio se situait à 7,5 en 2007.
Si une croissance économique soutenue de 5,5% en moyenne entre 2010 et 2020 constitue l’un des piliers sur lesquels le Cameroun table pour réduire à 28,7% l’incidence de la pauvreté à l’horizon 2020, dans les faits, ce taux réel de croissance moyen entre 2010 et 2014 s’est situé autour de 4,7% par an.
Alors que la croissance économique a fortement contribué à la réduction de la pauvreté, les insuffisances au niveau de la redistribution, mesurées par les inégalités dans la consommation des biens et services, a plutôt un impact négatif.
Pour l’INS, « faute de ciblage approprié, les pauvres semblent n’avoir pas le plus bénéficié des mesures de protection sociale prises » par les pouvoirs publics.
Le marché du travail, qui a continué d’accueillir des nouveaux chercheurs d’emplois, a généré plusieurs milliers d’emplois, dans un contexte où le sous-emploi global n’a pas reculé, le secteur informel restant prépondérant malgré le dynamisme du secteur moderne.
L’atteinte des objectifs de développement fixés dans le DSCE nécessite ainsi une croissance soutenue, une meilleure redistribution des fruits de la croissance en ciblant mieux les pauvres afin qu’ils puissent prioritairement et massivement bénéficier des mesures de protection sociale.
Pour l’INS, l’atteinte de l’objectif de 28,7% d’incidence de la pauvreté en 2020, fixé dans le DSCE, reste néanmoins possible au regard des perspectives de croissance économique favorables et soutenues par les politiques publiques en cours de mise en uvre ou envisagées.
Les pauvres au Cameroun ont besoin de protection sociale.Droits réservés)/n
Le président du Groupement interpatronal du Cameroun) a affirmé que la révolution dans le secteur des technologies de l’information et de la communication »garde un goût d’inachevé » dans ce pays
Le président du Groupement interpatronal du Cameroun (GICAM), André Fotso, a affirmé que la révolution dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) « garde un goût d’inachevé » dans ce pays.
S’exprimant dans le dernier numéro du bulletin interne de l’organe, il pointe du doigt notamment les coûts prohibitifs de certains services de télécommunications, comparés à ceux pratiqués dans d’autres pays de même niveau que le sien.
Pour M. Fotso, les délais de réalisation des sauts technologiques, notamment l’usage de la fibre optique, paraissent anormalement longs.
Ces donnés, affirme-t-il, contrastent avec les engagements du gouvernement contenus dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), qui s’est fixé, entre autres objectifs stratégiques à l’horizon 2020 dans le domaine des TIC, de porter la télé-densité fixe à 45% et la télé-densité mobile à 65%, de faire passer le débit de transfert des données à 3800 mégabits/seconde (MB/s) et de multiplier par 50 le nombre d’emplois directs et indirects.
Dans la foulée, les pouvoirs publics s’étaient engagés à adapter et à actualiser le cadre légal, réglementaire et institutionnel, à améliorer l’offre de service en qualité et à des prix abordables, à accroître l’utilisation des TIC mais aussi à densifier le tissu industriel des entreprises de ce secteur porteur.
Se basant sur le rapport d’évaluation triennale du DSCE, paru en octobre 2014, le président du GICAM constate que les TIC « font partie des chantiers au stade préparatoire ».
« Au final, souligne-t-il, s’il est constant que les enjeux du développement des TIC pour les entreprises sont un défi majeur et que leur appropriation apparaît indispensable dans la perspective partagée de la mobilisation des acteurs autour de l’accélération de la croissance, tous les obstacles relevés plus haut constituent une réelle préoccupation. »
Pour André Fotso, le gouvernement camerounais gagnerait d’autant plus à faire des TIC un véritable levier pour l’accélération de la croissance que ce secteur figurait en bonne place parmi les priorités inventoriées lors la large concertation public-privé de février 2012.
Selon de récentes statistiques, le Cameroun, avec 400.000 utilisateurs disposant d’une connexion, se singularise en Afrique avec un taux de pénétration d’Internet de l’ordre de 7%, soit un des plus faibles du continent qui affiche une moyenne de 18%.
A en croire les prévisions, l’entrée en activité de la téléphonie 3G/4G devrait entraîner la création d’un millier d’emplois directs et de centaines de milliers d’emplois indirects au cours des 15 prochaines années. Cela représenterait 6% des recettes de l’Etat et un supplément de croissance annuelle d’environ 1,60% au produit intérieur brut (PIB).
André Fotso, le président du Gicamcameroononline.org)/n
L’intégralité du message du chef de l’Etat adressé à la Nation à l’occasion de la fin d’année 2014 et du Nouvel An 2015
Camerounaises, Camerounais, Mes chers compatriotes,
Après une période d’intense activité politique, nous pouvions espérer que l’année 2014, sans échéances électorales, nous laisserait le champ libre pour nous consacrer en priorité à la relance de notre croissance économique. Celle-ci, comme vous le savez, est un préalable à l’amélioration des conditions de vie de nos populations.
Il n’en a pas été exactement ainsi. Et cela en raison de l’intensification des attaques de la secte Boko Haram contre notre territoire national. A celles-ci se sont ajoutées des actions criminelles des bandes armées à notre frontière avec la RCA.
S’agissant de Boko Haram, cette organisation terroriste s’était auparavant livrée à des coups de main pour enlever des otages isolés ou pour piller des biens publics ou privés.
Encouragés par leur emprise sur le nord-est du Nigeria, ces soi-disant « djihadistes » ont lancé contre la région de l’Extrême-Nord de notre pays des opérations de plus grande envergure. On se souvient de l’attaque du camp d’une entreprise chinoise à Waza et du raid contre Kolofata. L’une et l’autre se soldèrent par plusieurs morts et l’enlèvement de nombreux otages.
Cela ne pouvait pas être toléré. Nous avons donc mis en place un dispositif de riposte et de prévention qui a rapidement fait ses preuves. A chacune de ses tentatives, Boko Haram essuie désormais de lourdes pertes en vies humaines et en matériels. On peut espérer qu’ils en tireront des leçons.
Je voudrais à ce point rendre un vibrant hommage à nos forces armées dont la vaillance s’est illustrée lors des récents combats.
J’ai eu l’occasion de dire que la Nation, dans son ensemble, devait se mobiliser derrière son armée.
Les nombreux témoignages qui me parviennent de toutes nos régions me laissent penser qu’il en est bien ainsi. J’ai apprécié tout particulièrement les prises de position de nos compatriotes musulmans. Ils ont bien compris, comme tous les autres Camerounais, qu’il ne s’agissait pas du tout d’une guerre dont la religion était l’enjeu. Ils ont bien compris qu’il s’agissait d’une réponse à une agression extérieure de la part d’une organisation terroriste qui n’adhère pas aux valeurs d’une société fraternelle.
Mes chers compatriotes,
La montée des périls à nos frontières nous a amenés à prévoir des dispositions concernant les effets que cette menace pourrait représenter pour notre sécurité intérieure. Tel est l’objet de la loi sur la répression du terrorisme que le Parlement vient d’adopter à une large majorité. Il ne s’agit aucunement, comme l’ont prétendu certains esprits mal intentionnés, d’en prendre prétexte pour restreindre les libertés publiques. D’ailleurs, le texte est parfaitement clair à cet égard.
J’ajoute que, devant la multiplication des actes terroristes, la plupart des grands pays démocratiques ont dû, au cours des dernières années, compléter leur législation dans le sens de la prévention du terrorisme. Ce faisant, ils se conformaient aux recommandations des organisations internationales, notamment les Nations Unies et l’Union Africaine. C’est ce que nous-mêmes avons jugé bon de faire. Nous entendons ainsi nous garantir, autant que possible, contre d’éventuels risques de nature terroriste. C’est non seulement le droit, mais aussi le devoir de tout Etat de protéger ses ressortissants. Je suis certain que l’immense majorité de nos compatriotes l’a compris.
Je voudrais également rappeler ici que nous ne sommes pas seuls confrontés à cette menace qui transgresse les frontières des Etats. Certains de nos voisins, le Nigeria, le Tchad, le Niger, le Bénin, coopèrent avec nous pour opposer un front commun à Boko Haram.
L’Organisation des Nations Unies et plusieurs grandes puissances, notamment les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, la Russie et la Chine, nous soutiennent aussi. J’aurai l’occasion très prochainement d’y revenir.
Il va de soi que la mobilisation des moyens nécessaires pour assurer notre défense nous impose des charges supplémentaires. Comme vous le savez, la situation en RCA nous commande aussi de rester vigilants sur notre frontière orientale. Elle nous impose d’accueillir des dizaines de milliers de réfugiés en provenance de ce pays frère. C’est le lieu pour moi de saluer l’aide appréciable que nous apportent les organisations humanitaires. Il est évident que ce devoir de solidarité, auquel nous ne pouvons déroger, a des conséquences sur le plan budgétaire. Mais nous devons également savoir que la sécurité a un prix.
Mes chers compatriotes,
Comme je l’ai dit au début de mon propos, nous avons été amenés à accorder la priorité à la défense du territoire national. Car il n’y a pas de paix sans sécurité, pas de développement sans paix. Nous n’avons pas pour autant relâché nos efforts pour relancer la croissance. Maintenant que nos institutions démocratiques ont trouvé leur rythme de croisière, celle-ci se situe au c ur de notre politique. Je l’ai dit tantôt, la croissance conditionne la montée en puissance de notre économie et, par voie de conséquence, notre capacité à faire reculer la pauvreté et à progresser vers l’émergence.
Une rapide évaluation de notre programme économique montre que nos grands projets de première génération sont, soit achevés ou sur le point de l’être, soit en bonne voie. C’est notamment le cas de la centrale à gaz et du port de Kribi, des barrages et des centrales hydro-électriques, ainsi que de certains chantiers routiers et d’infrastructures diverses.
Ces projets ont entraîné un regain d’activité dans différents secteurs de notre économie. Des retombées pour l’emploi et la promesse d’une amélioration des conditions de vie sont, elles aussi, perceptibles. L’année 2015 devrait donc voir le lancement des projets de seconde génération dans les secteurs de l’énergie, de l’eau, des routes et autoroutes ainsi que des transports.
Mes chers compatriotes,
Les annonces fortes de mon message du 31 décembre 2013, ont été, pour l’essentiel, concrétisées.
1. Nous avons célébré, en février dernier à Buea, le CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA REUNIFICATION DU CAMEROUN. Nous l’avons fait avec tout le faste et la solennité nécessaires. La ville de Buea, enrichie d’infrastructures diverses, en est sortie totalement transformée. Les effets de cette célébration se sont également fait sentir dans les villes environnantes. Ce grand moment d’unité nationale fera date dans nos annales.
2. Je vous avais également annoncé des avancées significatives dans le domaine de la santé. Ce sont maintenant des réalités. Le traitement du paludisme pour les enfants de moins de cinq ans est aujourd’hui effectivement gratuit. Notre carte sanitaire comporte désormais trois nouveaux hôpitaux de référence : le centre national des urgences de Yaoundé, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala et l’hôpital de référence de Sangmélima.
3. Les retombées favorables pour l’emploi de notre politique de croissance, auxquelles je faisais allusion il y a un instant, se sont confirmées. 283 443 emplois nouveaux ont été créés en 2014. Nos prévisions, vous vous en souvenez, étaient de 250 000.
4. Vous vous souvenez également que j’avais insisté sur la nécessité pour le Cameroun d’avoir, pour les prochaines années, un véritable plan d’urgence. Cette annonce a, elle aussi, été suivie d’effet. Ce plan a été adopté et lancé lors du Conseil ministériel du 09 décembre dernier. J’y reviendrai un peu plus tard.
Mes chers compatriotes,
Devons-nous nous satisfaire de ces résultats que l’on peut qualifier objectivement de positifs ? Des progrès appréciables ont été obtenus. Le récent rapport d’évaluation triennal de la mise en uvre du DSCE le confirme. Ceci étant, je dirai simplement que nous pouvons et devons faire encore mieux. Je reste convaincu, comme je l’indiquais l’an dernier dans les mêmes circonstances, que nous devons à tout prix accélérer le rythme de notre croissance. Sommes-nous sûrs d’avoir actionné tous les leviers qui sont à notre portée ?
Prenons l’exemple de l’investissement. Il a été jusqu’à présent majoritairement laissé à l’initiative de l’Etat et surtout réservé aux projets structurants et sociaux. Au cours de ces dernières années, les crédits affectés au Budget d’Investissement Public se sont considérablement accrus. En 2014, leur montant a représenté à peu près un tiers de l’enveloppe budgétaire globale, soit environ mille milliards de francs CFA. Il conviendrait de s’en féliciter. Mais, au niveau de l’exécution, les blocages apparaissent et les projets tardent parfois à se concrétiser. Je me suis élevé contre cette sous-consommation des crédits. Les besoins, vous le savez, sont criants et urgents. Je constate, pour m’en féliciter, que, cette année, les taux d’exécution des marchés sont en net progrès. Ceux-ci devront de plus en plus correspondre aux taux d’engagement.
Bien que les pouvoirs publics aient adopté, en 2013, par voie législative, des mesures incitatives fortes pour l’investissement privé, celui-ci ne paraît pas encore être en mesure de prendre le relais de l’Etat.
Néanmoins, un mouvement semble se manifester chez les entrepreneurs nationaux ou étrangers. Les campagnes de sensibilisation des organismes de promotion des investissements y sont pour beaucoup. J’en veux pour preuve la signature récente de 13 conventions au Ministère de l’Industrie, représentant un montant de 180 milliards de francs CFA.
Je veux espérer que ceci n’est qu’un début. Nous avons besoin en effet d’une politique industrielle ambitieuse. Il n’y a pas de grand pays sans industrie. Même notre agriculture, dont j’aime à dire qu’elle est notre principale richesse, a vocation, elle aussi, à devenir « industrielle ».
L’on peut comprendre qu’en raison de leur complexité, nos grands projets miniers concernant le fer et la bauxite, dont la finalité est également l’industrialisation, prennent du temps à se concrétiser. En revanche, il n’y a pas de raison valable à notre lenteur à développer des industries de transformation de nos matières premières d’origine agricole.
Outre l’avantage que nous pourrions en tirer en termes de valeur ajoutée et d’emploi, la transformation sur place contribuerait au rééquilibrage de notre commerce extérieur structurellement déficitaire.
Notre balance commerciale se caractérise en effet par un excédent important des importations par rapport aux exportations. Celles-ci reposent essentiellement sur la vente de 3 ou 4 produits bruts, dont les cours sont variables. Nos importations, quant à elles, concernent surtout des produits manufacturés, notamment des biens d’équipement pour nos grands projets. Il nous est évidemment difficile de restreindre nos achats de biens d’équipement. Cela, nous le comprenons. Nous devons pouvoir par contre freiner l’importation de denrées que nous sommes en mesure de produire.
Ces observations que je suis amené à faire, une nouvelle fois, traduisent la difficulté que nous éprouvons à passer d’une économie où le rôle de l’Etat reste prédominant, à un système plus libéral qui est désormais la règle. A tel point que nous cumulons parfois les inconvénients des deux systèmes. Ainsi s’explique, me semble-t-il, la résistance aux réformes structurelles qui entrave nos efforts pour relancer la croissance.
Certaines de ces réformes concernent notre gouvernance et en particulier nos finances publiques. Dans ce domaine, des progrès notables ont été accomplis. Il conviendra de les consolider en veillant à la soutenabilité budgétaire, en diminuant autant que possible les subventions et en révisant l’assiette fiscale. D’une façon générale, notre administration gagnerait aussi à simplifier, à alléger ses procédures et, comme je l’ai dit récemment et comme je l’ai prescrit, à réduire son train de vie.
Mes chers compatriotes,
Pour donner un coup d’accélérateur à notre croissance, j’ai instruit le Gouvernement de mettre en uvre un « plan d’urgence ». L’objectif est de réaliser, en trois ans, des progrès visibles et des améliorations mesurables dans des domaines vitaux. Citons dans ce sens la modernisation urbaine, la santé, l’agriculture, les routes, l’énergie, l’eau, l’habitat social et la sécurité. J’attends de ce plan qu’il apporte à nos populations, sur l’ensemble du territoire national, la satisfaction de leurs besoins les plus urgents.
Cette initiative est distincte de notre stratégie pour la croissance et l’emploi qui continuera d’être appliquée par le Gouvernement. L’enveloppe financière qui lui sera consacrée sera de l’ordre de mille milliards de francs CFA. La mise en uvre de ce plan montrera si nous sommes capables de relever un défi dont nous avons nous-mêmes défini les contours et les délais.
Il sera, bien entendu, du plus haut intérêt pour notre pays de gagner ce pari. Nous en avons les moyens.
Mes chers compatriotes,
Vous allez, dans quelques heures, célébrer, dans la joie, le passage à la Nouvelle Année.
Mais, avant cela, ayons une pensée émue pour nos soldats qui sont tombés pour la défense de notre patrie. Ayons une pensée solidaire pour ceux qui veillent à notre sécurité le long de nos frontières, pour leurs familles qui sont dans la peine ou l’inquiétude, pour nos compatriotes enfin qui souffrent dans leur chair et dans leur âme.
Il est temps pour moi maintenant de vous présenter, à toutes et à tous, mes v ux les plus sincères de santé et de bonheur pour la Nouvelle Année.
Bonne et heureuse année 2015 !
Paul Biya, Président de la République du CamerounPRC)/n
Des emplois au nombre de 84.978 ont été enregistrés en 2013 au Cameroun contre 120.092 en 2012 selon une étude de l’INS
Des emplois au nombre de 84.978 ont été enregistrés en 2013 au Cameroun contre 120.092 en 2012, soit un recul d’environ 30% en valeur relative, selon les résultats d’une étude que vient de publier l’Institut national de la statistique (INS). Pour le secteur public et les entreprises du secteur moderne, le recul aura été respectivement de 5522 et 29.592 emplois par rapport à 2012.
Les entreprises du secteur moderne ont, quant à elles, créé 48.175 emplois contre 77.767 en 2012, soit un recul plus accentué par rapport au secteur public. Selon l’INS, la dynamique de création d’emplois aura souffert de la sous performance de la croissance économique mesurée par le taux réel de croissance, qui se situe aux environs de 5,5%, elle-même tributaire du faible niveau de l’exécution du programme d’investissement public.
La dynamique impulsée en 2012 n’a donc pas été maintenue, en dépit de l’importante décision prise par le chef de l’État d’autoriser le recrutement et la prise en charge de 25 000 jeunes camerounais dans la fonction publique.
La prise en compte des emplois durables générés par le secteur informel devrait toutefois améliorer le niveau de création des emplois, espère l’INS en se basant sur les résultats de l’enquête nationale sur l’emploi et le secteur informel, qui ont montré que ce dernier recèle aussi d’emplois de qualité en dépit de l’instabilité de leur environnement, qui les rend généralement précaires.
L’enquête 2012-2013 de l’Institut rentrait dans le cadre du suivi et de l’évaluation de l’état de mise en uvre du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), lancé en 2009.
Estimée précédemment à 4,8% par le gouvernement lui-même, la croissance économique du Cameroun aurait pourtant enregistré une performance bien meilleure
Le président du comité technique de suivi des programmes économiques, Justin Tchoffo, par ailleurs secrétaire général du ministère des Marchés publics, a remis en cause l’évaluation de 4,6% faite par la Banque mondiale dans une nouvelle édition de son rapport semestriel « Cahiers économiques du Cameroun », présentée jeudi à Yaoundé.
« 4,6% en réalité, c’est le chiffre de 2012 », a réagi le haut fonctionnaire qui a expliqué la correction des indicateurs décrits en évoquant un retard d’environ 77 milliards de francs CFA noté en juin 2013 au niveau des impôts et taxes, mais rattrapé en fin d’année grâce à l’atteinte des objectifs de collecte des recettes fiscales assignés par le gouvernement à la direction générale des impôts.
En attendant de connaître les vrais chiffres d’ici à d’août avec les données définitives, ces perspectives économiques meilleures portées par autant le secteur primaire à travers l’agriculture d’exportation que les secteurs secondaire et tertiaire avec une amélioration des efforts dans le domaine de l’industrie et l’augmentation de la production pétrolière, sont celles qui « animent le gouvernement à projeter une croissance de 6% en 2014 », a déclaré M. Tchoffo.
Mû par l’ambition d’inscrire le Cameroun au rang des économies émergentes à l’horizon 2035, le pouvoir de Yaoundé a adopté en 2009 un Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui peine à traduire en résultats concrets l’objectif de croissance moyenne annuelle de 5,5% fixé pour les 10 ans de son exécution, à compter de 2010.
Sous le titre « Réexaminer les sources de croissance – la qualité de l’éducation de base », la septième édition des « Cahiers économiques du Cameroun » de la Banque mondiale met l’accent sur le développement du capital humain comme facteur essentiel pour parvenir à une croissance économique durable et inclusive.
Entre les 4,6% annoncés initialement par la Banque mondialeet le FMI, les 4,8% annoncés par le gouvernement, et le nouveau chiffre de 5,5%, il faudra attendre le mois d’août 2014 pour avoir les données définitivesDroits réservés)/n
Plus de 343 milliards de FCFA à mobiliser dans la perspective d’atteindre les 6% de taux de croissance escomptés
Le projet de «plan d’urgence pour l’accélération de la croissance économique du Cameroun» , qui a pour ambition de permettre au pays d’atteindre un taux de croissance de 6% à la fin de l’exercice 2014, va coûter 343, 23 milliards de FCFA. En dehors de certaines ressources déjà mobilisées dans le budget de cette année, les différentes administrations devront fournir 259, 970 milliards pour son financement. C’est là la part de l’Etat qui engage par ailleurs les différents ministères à travailler efficacement pour porter le taux de consommation du Budget d’investissement public (BIP) à plus de 90%.
Adossé sur le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), ce document, qui a été examiné au cours du conseil de cabinet du 21 février 2014, comporte un volet d’actions prioritaires. Elles sont évaluées quant à elles à 26 milliards de F CFA, par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).
Le siège des services du Premier ministre à Yaoundéspm.gov.cm )/n
Le Secrétaire exécutif du (Gicam), Alain-Blaise Batongue, revient sur les grandes lignes des «100 propositions pour l’émergence du Cameroun»
L’émergence semble être devenue un thème à la mode dans les discours politiques au Cameroun comme dans la sous-région. Vous prenez le pari de faire des propositions à propos. Comment la définissez-vous d’emblée ?
Nous pensons que c’est beaucoup plus la traduction d’une aspiration. Il est tout à fait légitime et même naturel pour un pays en développement comme ceux de la sous-région dont est issu le Cameroun d’aspirer à se développer pour devenir comme les pays émergents d’Asie de l’Est et la Chine et, pourquoi ne pas rattraper un jour les pays Occidentaux. Mais cela nécessite l’adhésion de toutes les parties prenantes et les couches sociales car l’émergence implique un changement de paradigme qui peut parfois bousculer les habitudes. Il faut par conséquent communiquer pour sensibiliser les populations sur cette nouvelle vision. C’est le rôle des politiques de s’y attarder dans leurs discours. Pour sa part, le Gicam a voulu à travers les « 100 propositions pour l’émergence du Cameroun » apporter une contribution importante du secteur privé à l’émergence de notre pays. Nous avons réaffirmé notre engagement à nous tenir auprès du Gouvernement dans cette course vers l’objectif qu’ensemble on s’est fixé en 2010 à savoir :« être un pays émergent avant 2035 ». Parlant de la définition du concept de l’émergence, nous explicitons, dans l’ouvrage, les caractéristiques d’un pays émergent afin de donner au lecteur une image de ce à quoi notre pays aspire. Le Chapitre 2 de l’ouvrage s’y attarde et l’on peut retenir d’emblée qu’un pays émergent doit avoir réalisé une croissance de son produit intérieur brut élevée sur au moins la dernière décennie et participer de manière accrue aux courants des échanges mondiaux. Cela implique de diversifier et d’augmenter substantiellement la part de ses exportations.
L’ouvrage « 100 propositions pour l’émergence du Cameroun » paraît cinq ans après la mise sur pied du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (Dsce), la feuille de route du gouvernement en matière d’économie. Quelle est la différence entre ces deux documents ?
Comme nous venons de signaler, l’ouvrage « 100 propositions pour l’émergence du Cameroun » doit être perçu comme une contribution à la mise en uvre du Dsce. Le Dsce a été élaboré suivant une approche participative où plusieurs acteurs ont contribué, y compris le secteur privé. Le Dsce est par conséquent un document assez complet mais qui donne les grandes orientations et présente les grands projets. Sa mise en uvre au niveau des administrations publiques se fait à travers des programmes qui comprennent en moyenne chacun cinq actions. La loi de finances 2014 a présenté 162 programmes soit un peu plus de 700 actions. Nous pensons que c’est assez, notamment dans un contexte de ressources limitées qui caractérise notre administration. Par conséquent, les résultats de la mise en uvre de ces programmes ont été en deçà des objectifs du Dsce. L’approche de l’ouvrage « 100 propositions pour l’émergence du Cameroun » a consisté à faire un bilan-diagnostic de notre économie, secteur par secteur. Les auteurs se sont également intéressés à la période de mise en uvre du Dsce avec pour objectif d’identifier les actions et les mesures susceptibles d’avoir le plus d’impact sur la croissance économique et l’emploi décent au Cameroun. Ainsi, nous avons dans l’ouvrage, des actions et mesures prioritaires par secteur qui, si elles sont mises en uvre, permettront de gagner au moins un point de croissance chaque année de manière à avoir un taux de croissance à deux chiffres avant 2020 et se placer résolument sur le chemin de l’émergence.
Quelles en sont les éventuelles similitudes/traits de convergence et de continuité qu’on peut établir entre les deux ?
Encore une fois de plus, on ne peut pas comparer les deux documents. Le Dsce a été élaboré il y a cinq ans. Nous avons là un document qui vient d’être publié et qui tient compte de l’existant notamment du Dsce et du document de Vision 2035 Cameroun. Par conséquent, l’ouvrage recommande quelques actions du Dsce ayant un fort impact sur la croissance. On peut citer par exemple la proposition relative à la mise en uvre des réformes prévues dans le Dsce. Mais, au-delà de ces actions, l’ouvrage traite de certains aspects qui n’ont pas été suffisamment développés dans le Dsce. Il s’agit par exemple des institutions économiques pour l’émergence du Cameroun.
Le fait que la préface soit signée du ministre de l’Economie, ne peut-il pas remettre en cause la distance des chercheurs qui ont rédigé l’ouvrage avec les propositions des politiques, le Dsce en l’occurrence? Les discours politiques sont en effet souvent perçus par le commun comme éloignés de la réalité et trompeurs.
Pas du tout. Les auteurs ont dressé un diagnostic sans complaisance et même quelquefois dur de la situation actuelle de notre économie, avant de faire les 100 propositions. Certaines sont dans le Dsce, et d’autres pas. Nous pensons que le ministre de l’Economie a perçu dans cet ouvrage une contribution importante à l’émergence de notre pays et a accepté de le dédicacer. Il faut plutôt voir dans ce geste un partenariat secteur public – secteur privé pour conduire le Cameroun vers l’émergence.
Vous dites dans l’ouvrage que « le Cameroun n’a pas pu se rapprocher des objectifs fixés dans l’un des domaines clés de cette vision qui est celui de la croissance économique ». Comment atteindre les 5,5% de croissance stipulés dans le DSCE ?
Les chercheurs ont montré qu’en mettant en uvre les « 100 propositions pour l’émergence du Cameroun », on pouvait atteindre une croissance moyenne par an supérieure à 5,5% sur la période 2010 – 2020.
A qui faites-vous ces propositions ? Qui doit les transformer en réalisations ?
L’émergence d’un pays n’est pas uniquement l’affaire des pouvoirs publics ou des organisations patronales. Tout le monde doit y mettre du sien y compris les populations et les nationaux de la diaspora, les entreprises, la société civile, les partenaires au développement, etc. Mais tout ceci doit se faire d’une manière organisée. Cela dit, personne ne s’étonnera que la plupart des propositions soient adressées aux pouvoirs publics.
Alain-Blaise BatongueGicam)/n
L’une de vos propositions semble soutenir que l’émergence du Cameroun passe par « l’accroissement substantiel des investissements dans l’agriculture ». C’est une proposition que l’on a déjà entendu, pourquoi serait-elle appliquée aujourd’hui ?
C’est une proposition qui est déjà mise en uvre par le Gouvernement. L’analyse du budget de l’Etat sur la période 2010 – 2013, montre un relèvement de la part du budget d’investissement du ministère chargé de l’Agriculture. Elle est passée de 38,1% en 2010 à 57,7% en 2013. Mais ce n’est pas assez car le budget de ce ministère représente moins de 5% du budget total alors qu’il doit atteindre 10% tel que recommandé dans le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, Ndlr). Nous recommandons en plus que l’Etat renoue avec la subvention dans le secteur agricole. D’après les chercheurs, les agriculteurs camerounais ne sont pas subventionnés, mais plutôt implicitement taxés sous l’effet de l’action publique.
Vous proposez également de vaincre la « malédiction » inhérente à l’abondance des matières premières. Que signifie exactement cette proposition ?
La « malédiction » vient du fait que notre pays est resté confiné à la production et à l’exportation des matières premières. Cette proposition va dans le sens de la diversification de notre économie notamment par la transformation des matières premières, produits en biens semi-finis ou finis à forte valeur ajoutée.
Au vu de la situation socio-économique et politique du Cameroun en 2014, peut-on dire qu’on est dans le bon chemin pour « l’émergence » ou qu’on s’en éloigne ?
Evidemment que non, il faut inverser la tendance actuelle en mettant en place des actions susceptibles de permettre à notre pays d’augmenter progressivement son taux de croissance pour atteindre 10% en 2020. C’est tout le sens des 100 propositions du Gicam pour l’émergence du Cameroun.
Sur les 3000 milliards de F CFA reçus en cinq ans, le géant asiatique apparaît en tête des pourvoyeurs de fonds. La Chine est suivie par la France
En cinq ans, depuis 2009, le Cameroun a reçu plus de 3.000 milliards de francs CFA (6 milliards USD) d’aide publique au développement (APD) de ses principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux, parmi lesquels la Chine se hisse en tête du classement des principaux pourvoyeurs avec plus de trois quarts du total des fonds octroyés, selon les estimations officielles à Yaoundé.
D’un volume assez faible auparavant avec une moyenne annuelle de 80 milliards de francs CFA (160 millions USD), les flux d’aide publique au développement à destination de ce pays d’Afrique centrale se sont accrus depuis l’atteinte en 2006 du point d’achèvement de l’ Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) de la Banque mondiale, processus accompagné d’une importante annulation de dette.
D’après les résultats d’une étude communiqués à Xinhua, entre 2009 et 2011 cette aide s’élève à 2.070,722 milliards de francs CFA. Sur un total de 768,648 milliards fournis par la région Asie contre 560,081 milliards en provenance d’Europe, la Chine, premier pourvoyeur à l’échelle mondiale pour 34,034% du total de l’aide, culmine à 704,758 milliards.
Deuxième au classement, la France se situe à 359,14 milliards de francs d’apports avec une valeur de 17,344%, suivie de l’ Association internationale pour le développement (AID) pour 310, 924 milliards soit une valeur de 15,015%, de la Banque africaine de développement (BAD) pour 228,19 milliards (11,020%) et du Fonds monétaire international (FMI) pour 75 milliards (3,622%).
« Suite à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, qui a permis au pays de retrouver sa crédibilité financière et d’ augmenter sa capacité d’endettement, et à la formulation (…) de ses objectifs de développement à long et à moyen terme tel que consignés dans les principaux documents de politiques économiques que sont le DSCE et la Vision 2035, le nombre de bailleurs de fonds/pays intervenant au Cameroun en matière d’APD s’est accru avec l’arrivée de nouveaux bailleurs tels la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, etc. », note l’étude.
Adopté un an auparavant, le Dsce (Document de stratégie pour la croissance et l’emploi) a été marqué par un flux d’aide de 397,147 milliards de francs CFA dès sa première année d’exécution en 2010, mais 586,306 milliards avaient été reçus en 2009. 2011 s’achevait sur un chiffre record de 1.087,269 milliards de francs.
Pour les officiels camerounais, l’arrivée de nouveaux de bailleurs de fonds a bouleversé la classement en matière d’apports d’APD par région à tel point depuis 2009 la part la plus importante de l’aide qui se présente sous forme de prêts concessionnels et de dons est fournie par l’Asie, suivie par l’ Europe.
« L’Afrique (à travers la BAD,ndlr) et le monde islamique qui étaient autrefois les principaux pourvoyeurs se sont placés à la queue du peloton occupant respectivement la quatrième et la cinquième place sur la répartition des bailleurs de fonds en six régions/organisations internationales », souligne l’étude menée dans les services du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.
Elle dresse une liste de 18 bailleurs de fonds ayant apporté leur concours à la mise en oeuvre des projets destinés à l’ atteinte des objectifs de développement du pays, principalement dans le secteur des infrastructures, en santé, en éducation et dans le domaine de la gouvernance.
Mais dans cette liste, l’absence de l’ensemble des pays africains frappe, tout comme celle des pays nordiques (Grande- Bretagne, Ecosse, Irlande, Pologne, Autriche, etc.) et scandinaves (Russie, Ukraine, République tchèque, etc.), sans oublier l’ Amérique du Nord alors que les Etats-Unis et le Canada étaient autrefois actifs.
A l’exception de la Chine, de l’Inde et du Brésil, les autres pays émergents n’y figurent pas non plus.
Pour l’année en cours, les prévisions tablent sur 329 milliards de francs CFA de prêts projets et 55 milliards de francs de dons, contre un total d’aide de 324 milliards de francs en 2013.
Alors que Yaoundé a abrité récemment la revue du portefeuille de coopération entre le Cameroun et les « pays émergents », Journalducameroun se penche sur les enjeux de cette relation
Lorsqu’on observe la somme de projets en cours au Cameroun, considérés comme « structurants » pour son économie, on se rend compte à l’évidence que les partenaires sont presque toujours les mêmes. Le Port en eau profonde de Kribi, l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala, la Centrale hydroélectrique de Mekin, les stades de Bafoussam et Limbe, la mise en place du réseau backbone de transmission par fibre optique, sont des projets financés par la Chine ; la construction du Centre national des urgences est financée par la Corée du Sud ; le projet de développement « Riz, maïs, manioc » est financé par l’Inde. Ce sont les projets phares de la coopération avec ce que le Cameroun appelle les pays émergents. Pays pour lesquels il a été créé en 2009 au sein du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), une Division de la coopération avec les pays émergents. Cette création intervient, comme on peut le lire sur le site de cette structure, « dans un contexte marqué par l’ascension des pays dits émergents qui offrent des nouvelles alternatives de coopération intéressantes pour le Cameroun, outre les partenaires traditionnels. »
Lors de la revue 2012 du portefeuille de coopération avec les pays émergents, les autorités camerounaises se félicitaient de ce que les promesses d’engagements financiers pour cette année-là (713,3 milliards) étaient déjà plus importantes que celles des partenaires traditionnels (306,2 milliards de Fcfa). Ils ont effectivement été de 1200 milliards de F CFA comme le Minepat l’a souligné dans sa revue annuelle 2013. Ce partenariat qui est souvent qualifié de « Sud-Sud » semble celui privilégié par le Cameroun pour réaliser ses objectifs de croissance. Dans sa Vision 2035, cette « Afrique en miniature » manifeste « La volonté de devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ». Le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), considéré comme la boussole du gouvernement pour la décennie 2010-2020, consacre un paragraphe aux relations que le Cameroun doit entretenir avec les pays dits émergents. « Les marchés sud-américain et asiatique devront être explorés et négociés dans le contexte des pays émergents en quête de positionnement stratégique et de rayonnement politique et diplomatique. L’option de coopération gagnant-gagnant prônée par les pays faisant partie de ce groupe (Chine, Brésil, Inde, Corée, etc.) et la forte densité de la population que concentre ces pays en font des partenaires de choix pour le développement des échanges commerciaux », peut-on lire dans le Dsce.
Maquette du barrage de Lom Pangar, dans l’Est du Camerounedc-cameroon.org)/n
La Chine rafle dans ce groupe l’essentiel des projets lancés par le Cameroun. Ceux en cours et les projets à venir, comme l’autoroute devant relier les deux capitales Yaoundé et Douala, ou encore l’amélioration de la desserte en eau potable de dix villes du Cameroun dont les négociations sont en cours. Au Minepat, des sources autorisées indiquent qu’il est opportun d’élargir le portefeuille de coopération avec les pays émergents. Pour l’instant, il est essentiellement limité à la Chine, la Corée du Sud, l’Inde ; il pourrait être enrichi d’apports de pays comme la Turquie, le Venezuela, le Cuba. Comme l’explique le directeur général de la Copération et de l’Intégration régionale au Minepat, Charles Assamba Ongodo, « que ce soit chez le partenaire d’un pays émergent d’une part, ou les autres partenaires d’autre part, tout cela contribue, au niveau des financements extérieurs, à permettre au Cameroun qui ne peut pas se suffire des financements internes, de se développer, de réaliser ses projets. » le Cameroun n’est pas le seul à chercher ces financements extérieurs, notamment ceux qui viennent d’Asie. Depuis 2009, la Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique.
L’ambition du DSCE est de faire du Cameroun un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon 2035
C’est ce mardi 19 juillet 2011 qu’une délégation du Ministère de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) a procédé à l’explication du document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) à l’amphi 150 de l’ENSAI-IUT de l’Université de Ngaoundéré. Cette opération qui rentre dans le cadre du plan de vulgarisation du DSCE a permis aux étudiants et enseignants d’échanger sur ce document avec une délégation du Minepat venue de Yaoundé. Les débats qui ont démarré à 10 heures et qui ont connu la participation de tout le staff de l’Université de Ngaoundéré étaient placés sous la présidence du Recteur de l’Université de Ngaoundéré, le Pr. Paul Henri AMVAM ZOLLO. Le débat sur les plans quinquennaux ayant été clos par le chef de l’Etat, non pas parce que ces plans quinquennaux étaient mauvais, mais parce qu’il s’agit tout simplement de faire une planification sur une période un peu plus longue, la stratégie pour la croissance et l’emploi est la traduction sur la période 2010/2020 de la vision du développement à long terme.
Après le mot d’ouverture prononcé par le recteur, la parole est ensuite revenue à M. MEBARA Grégoire, chef de mission du MINEPAT, qui a expliqué les tenants et les aboutissants du DSCE. L’on retiendra de son intervention que c’est pour renforcer la reprise économique amorcée depuis une décennie et l’asseoir durablement que le Cameroun se devait d’inscrire ses politiques de développement dans une perspective plus lointaine. C’est ainsi qu’est apparue la nécessité d’une Vision Prospective de nature volontariste, préalable à toute stratégie de développement. A la suite d’une démarche participative associant tous les acteurs de développement de la Nation et fondée sur les Grandes Ambitions du Chef de l’Etat, les études structurelles du système, les aspirations des populations camerounaises et les engagements internationaux souscrits par le Gouvernement, il s’est dégagé une vision partagée du Développement au Cameroun à l’horizon 2035. Elle se formule ainsi qu’il suit : « LE CAMEROUN : UN PAYS EMERGENT, DEMOCRATIQUE ET UNI DANS SA DIVERSITE ».
Le Cameroun émergent est un pays embarqué dans une ère de développement économique et social durable avec une économie forte, diversifiée et compétitive. L’économie se caractérise alors par la prédominance du secteur industriel en général et manufacturier en particulier (dans le PIB et les exportations), une intégration effective à l’économie mondiale. Le niveau de pauvreté est résiduel et le niveau de revenu par tête le classe parmi les pays à revenu intermédiaire. Le Cameroun, pays démocratique se présente comme un Etat où les institutions sont stables et la séparation des pouvoirs réelle. La justice est indépendante et repose sur une législation assainie et ajustée aux valeurs locales et au contexte économique. L’administration est décentralisée, bien équipée et dispose de ressources humaines motivées et compétentes. Le Cameroun uni dans sa diversité est un pays où l’unité et l’intégration nationales sont vécues dans le respect des différences et des identités. Les valeurs telles que le respect de l’autorité, la cohésion, la solidarité, l’intégrité, le travail et la fierté sont les références aux comportements individuels et collectifs. Le fonctionnement de la société se fonde sur la concertation, le dialogue, la tolérance, le respect mutuel, le recours à la médiation ou à la justice. La sécurité des biens et des personnes est assurée sur toute l’étendue du territoire.
La volonté de devenir un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité intègre des objectifs généraux à savoir : réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ; devenir un pays à revenu intermédiaire ; atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé, renforcer l’unité nationale et consolider le processus démocratique. Avec 4,4% de chômage, 75% de sous-emploi et 3,2% du taux de croissance, le Cameroun n’a jamais eu un taux de croissance de plus de 6% depuis la dévaluation du franc CFA. C’est le secteur tertiaire, notamment le secteur des télécommunications qui a porté ce taux de croissance à la hausse. Il était en effet question de partager cette vision avec la communauté universitaire. Et c’est sans doute la raison pour laquelle des échanges riches et fructueux, des propositions concrètes et des observations ont meublé cette conférence débat.
Avec cette vision, le Cameroun affirme sa volonté de voir le taux de pauvreté passer en dessous des 1/10, c’est-à-dire qu’un seul camerounais sur dix serait encore pauvre en 2035. Cette réduction de la pauvreté monétaire serait accompagnée d’une très grande généralisation de l’accès aux services de santé, d’éducation, de formation et d’infrastructures de base telles que l’eau, les routes et l’électricité. De plus, sur sa route pour le développement, le Cameroun devra avoir passé le cap de pays à revenu intermédiaire, ce qui nécessité un rythme de croissance remarquable sur une longue période. Il faudrait alors mettre l’accent sur les atouts immédiats (agriculture, extraction minière, .) tout en veillant à une répartition égalitaire des revenus.
M. MEBARA Grégoire, chef de mission du MINEPAT et le Pr. Paul Henri AMVAM ZOLLO présentent le document DSCE Journalducameroun.com)/n