« Je suis fier d’être le leader des 180 adhérents de cette association. Claude FOKO que je rencontre tous les jours est devenu un ami »
M Hellequin, c’est quoi aujourd’hui le dénouement exact de la situation, lorsqu’on sait que ce marin était coincé en France sans argent et avec des arriérés de salaire dus par son patron, un autre camerounais ?
Aujourd’hui Claude FOKO a reçu de son employeur et des associés résidents au Gabon 4100€, cependant le compte n’y est pas, il lui manque 5800€. L’association MOR GLAZ a demandé à l’Etat Français des garanties afin que Claude perçoive la totalité de ses arriérés de salaire. Aujourd’hui (mercredi 24 novembre) Claude percevra une avance de 1500€ sur le fond de solidarité (qui est de 380 000€) que j’ai mis en place en 2000 avec l’Etat français pour faire face à ces situations un peu spéciales et déplorables. Au moment de son départ Claude percevra de l’OFII (Office Français de l’Immigration et de l’Intégration) 300 €.
Quel est votre sentiment surtout lorsqu’on sait que votre organisation y a beaucoup uvré ?
Pour le président de l’Association MOR GLAZ, un sentiment de victoire, un sentiment que notre association est une association qui remplit bien son rôle d’aide aux marins. Je suis fier d’être le leader des 180 adhérents de cette association. Claude FOKO que je rencontre tous les jours est devenu un ami, ainsi que sa famille que j’ai découvert dans un reportage de France TV et de temps en temps au téléphone. Si notre action à permis que Claude et sa famille reprennent une vie normale après cette triste aventure, notre association mérite d’exister, de continuer a uvrer pour les marins du monde, nos membres et nos amis ont été généreux puisque nous avons à ce jour plus de 4000€ de dons pour Claude.
Comment avez-vous été saisi de l’affaire FOKO ?
La situation de Claude FOKO je l’ai apprise par hasard, par un habitué du port de commerce de Brest. Cet inconnu m’a demandé de rendre visite à Claude FOKO. Je suis un militant associatif et syndical engagé et qui fait du bruit pour solutionner tout ce qui me paraît juste. Certaines personnes ont découragé Claude pour que je l’aide, peut-être que ces gens se sentaient-ils coupables de n’avoir rien fait avant. Sur les conseils de Rose une Camerounaise qui est domiciliée à Brest, Claude a accepté que je le défende publiquement, c’est pour cela que nous avons gagné.
Quelles sont les différentes démarches que vous avez entreprises et quelles sont les personnes avec lesquelles Mor Glaz a discuté du problème ?
Dès que j’ai rencontré Claude, je lui ai expliqué ma stratégie. Tout faire pour que sa situation soit rendue publique (nous avons fait la une de plusieurs médias nationaux). J’ai alerté les autorités françaises, je les ai mises face à leurs responsabilités car il s’agissait d’un homme oublié, là le long du quai au centre ville à Brest depuis 16 mois. Je me suis rendu à Paris où j’ai fait part de la situation de Claude à l’ambassade du Cameroun. J’ai été reçu sans rendez-vous. Depuis à deux reprises, j’ai informé la première Vice Consul de l’évolution de la situation de Claude. Jai informé les plus hautes autorités des affaires maritimes françaises ainsi que le ministre Mr BORLOO. Dans notre association nous avons comme membre Francis VALLAT un personnage du monde maritime international qui m’a aussitôt et comme toujours soutenu. Nous avons invité à bord du cargo « EBBA VICTOR » les femmes et les hommes politiques de la ville de Brest afin qu’ils puissent voir qu’elles étaient de conditions de vie de Claude. Si Claude n’avait pas été relogé décemment dans un hôtel je serais venu avec lui vivre à bord, j’avais décidé de partager ses conditions de vie de partager son quotidien. Un Sénateur François MARC a déposé une question écrite au Sénat. Nous avons utilisé toutes les actions non violentes afin que Claude puisse entrer chez lui avec son salaire et avant le 15 décembre 2010.
Quelle a été la réaction des autorités consulaires ?
Je les ai informés en France et en Allemagne où réside monsieur Armand FOKAM le propriétaire du navire « EBBA VICTOR » J’aurai aimé plus de réactivité envers monsieur Armand FOKAM de la part des deux ambassades.
Il y’a donc pas eu de réactivité?
Je suis allée les voir à deux reprises à Paris. J’ai rencontré une dame charmante à qui j’avais envoyé le dossier par la poste avant. La vise consul que j’ai rencontré était très touchée et m’a remercié de les avoir contacté. Je ne peux pas vous dire comment ils ont travaillé. Mais ce qui est sûr c’est qu’elle a été très touchée par la situation de ce compatriote à Brest. J’avais été reçue sans rendez-vous. Mais je ne sais pas comment ils ont géré les dossiers.
Qui est la personne que vous avez rencontré?
Madame Laure Minkue Owona qui est premier vice-consul à l’ambassade du Cameroun en France.
Monsieur Jean Paul Hellequin, parlez nous de l’association Mor Glaz dont vous êtes le président ?
L’association MOR GLAZ a 10 ans, dans notre conseil d’administration nous avons en autre Patrick Poivre d’ARVOR et quelques personnages du transport maritime, mais aussi des citoyens de tous les horizons (anciens Amiraux, Préfets, Sénateurs, Députés, Ouvriers, Employés , Chercheurs, Industriels, Avocats, de simples citoyens etc.) www.morglaz.org est une association indépendante qui n’est liée à aucun parti politique, à aucun syndicat en un mot nous sommes libres, pas de subvention que les cotisations et les dons de nos adhérents. Nous avons des sentinelles partout y compris en Afrique, dans les pays du nord de l’Europe mais aussi en Suisse et aux Etats-Unis..
Mor Glaz avait-il déjà fait face à de tels problèmes par le passé?
Oui MOR GLAZ a déjà mené ce type d’opération, la plus significative est celle que nous venons de mener pour Claude. L’an passé nous avons participé au rapatriement de trois équipages Russes et Ukrainiens bloqués à Brest. Je viens de tourner dans un documentaire de 53,30 minutes sur l’abandon à Brest en 2000 d’un équipage composé de marins des pays de l’Est
La situation survient visiblement parce que l’armateur se trouve dans l’impossibilité de faire face à aux charges d’exploitation de son bateau, quels conseils pouvez vous donner aux armateurs africains qui arrivent jusqu’en Europe et qui peuvent avoir ce type de difficultés ?
Le conseil que je donnerais aux Africains qui achètent de vieux navires en Europe: Ne vous laissez pas prendre par des Européens qui vous revendent des vieux navires parce qu’ils n’en veulent plus. Soyez plus vigilants et n’acceptez pas les déchets des continents plus riches que le votre, faites-vous conseiller. L’association MOR GLAZ est opposée à ces man uvres qui ne servent pas les Africains. Un vieux navire en Europe l’est aussi en Afrique.
Un dernier mot pour terminer
Je veux remercier votre rédaction, Claude mérite de retrouver sa famille. Je remercie toutes celles et ceux qui se sont retrouvés à nos côtés pour clore au mieux la triste aventure de Claude FOKO. En ce moment je suis en relation avec un grand groupe international qui pourrait embaucher Claude.
