Ecodéveloppement: Planter des arbres pour le futur

C’est l’objectif que s’est fixé une communauté dans la région du centre du Cameroun, grâce au soutien des partenaires au développement

Dans les localités de Makak, Otélé, Ngoumou, et Akono, situées au c ur de la région du centre au Cameroun, des communautés ont décidé de participer à l’initiative du Groupe d’Etude et d’Action pour le Développement (GEAD), dont les promoteurs se sont fixés pour objectif de soutenir un programme de reboisement des forêts appartenant aux communautés. « De manière concrète, il est question de mobiliser les paysans et les riverains de ces forêts afin qu’ils sécurisent les semences forestières de leur environnement immédiat. Cela leur permettra de participer de manière active à la pérennisation des politiques communautaires de reboisement », a expliqué monsieur Doum Samnick François, le responsable de l’organisation non gouvernementale. Le projet présenté lors de la foire aux Idées du Développement organisée conjointement par la Banque Mondiale et le Service Catholique Américain pour le développement(CRS) au mois de juillet 2011, bénéficie actuellement d’un financement pilote. Selon ses promoteurs, il sera question au terme de la mise en uvre de cette phase, de créer une banque de graine, vers laquelle les politiques de reboisement intéressées, pourront se retourner pour s’approvisionner. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’en réalité nous parvenons à ce concept de manière pratiquement hasardeuse. Nous voulions susciter chez les gens l’esprit de planter des arbres pour le futur. Compte tenu des conditions parfois difficiles de vie des paysans mais aussi de leur contribution significative dans la connaissance des graines d’arbres, nous avons pensé qu’il était intéressant de donner une valeur marchande aux graines forestières afin de les encourager », explique monsieur Samnick. La « Banque » ainsi mise en place devrait acheter les graines aux paysans, leur payer une partie, et leur donner une autre contrepartie sous forme de pépinière.

Une action pour préserver les modes de vies et alimentaires
Sur le terrain, le concept trouve l’adhésion de tous. Un jeune de la communauté rencontré à Otélé, s’est montré particulièrement engagé. « Je suis personnellement amoureux de la forêt. C’est par reflexe que j’ai toujours protégé les arbres contrairement aux autres qui détruisent les jeunes arbres. Moi je les répertorie et je les vois pousser. Aujourd’hui, j’ai une réserve de près de 400 Moringa (Un arbre très sollicité pour la qualité de son bois). Donc lorsque le projet du GEAD est venu, je n’ai pas hésité à m’y engager », a expliqué le jeune Eco forestier de la localité d’Otelé. Un autre niveau de l’engagement des communautés s’est observé dans la localité d’Akono, où le projet bénéficie du soutien de l’administration. « J’ai vu d’un très bon il que ce concept pilote puisse se dérouler dans ma circonscription de commandement. Personnellement je crois que la forêt peut apporter bien plus que le bois. Et si Akono devient le point focal de toutes les semences de bois tropical, cela ne peut être qu’une bonne chose », a déclaré pour sa part le sous-préfet de la localité. L’expérience d’engagement la plus marquante aura été celles des paysans de Makak. « Je suis un chasseur de gibier, je n’ai pas besoin qu’on m’explique longtemps pour comprendre qu’il faut rapidement reboiser. Aujourd’hui on parcourt de longues distances pour trouver le moindre petit gibier, je n’ai pas eu besoin d’école pour savoir que c’est parce que la forêt, qui est leur maison a reculé », explique un chasseur qui participait à une réunion d’évaluation. Autre raison exprimée, celle de la disparition des plantes aux propriétés médicinales. « Moi je suis guérisseur traditionnel. Je peux vous dire que cela devient encore plus dur pour nous de satisfaire nos nombreux clients. On ne trouve plus de plantes et c’est complexe. Nous on va mourir, mais c’est notre responsabilité de ne pas laisser nos enfant dans la désolation », a fait savoir Jean, un tradi-praticien vivant dans un village proche de Makak. L’engagement des femmes est présent et sous une forme spéciale. « Nous les femmes travaillons beaucoup avec la forêt. Pour notre part, nous nous sommes dit que notre rôle est d’assurer la survie de la nature, soit en accouchant, mais aussi on peut le faire en plantant les arbres qui servent tant à notre communauté. Entre nous on s’est dit que chaque femme devrait planter un arbre et le voir grandir, avec l’espoir, qu’il nous représentera le jour on ne sera plus là », a déclaré une femme de la localité d’Otélé. Certaines communes ont déjà sollicité des graines pour mettre en uvre leur politique de reboisement. Au sein du GEAD, on voit très loin. « Il ne s’agit pas d’argent simplement, mais j’espère qu’à terme, le concept fera que la petite localité de Makak devienne le centre d’approvisionnement de graine forestière en Afrique centrale », a expliqué monsieur Samnick, le responsable du GEAD.


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