Cameroun-Supers maires : des élections sous fond de nominations

Sans l’avis de ses conseillers municipaux qui doivent procéder au vote, le parti au pouvoir, le RDPC, désigne les personnes qui présideront aux destinées des Communautés urbaines.

L’on semble resté dans le régime des nominations comme cela se faisait pour les délégués du gouvernement. Les opérations de vote des maires des villes attestent que les conseillers municipaux sont  considérés comme des faire-valoir. Astreint au respect de la discipline de leurs partis. C’est le cas au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui détient la quasi-totalité des votants.

L’essentiel des 338 conseillers municipaux du département du Mfoundi ont accordé leur voix à  la liste  de Luc Messi Atangana, présentée comme le choix du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. Au-delà de la liste de la hiérarchie de ce parti, d’autres candidats ont tenté un affront. Il s’agit du conseiller municipal de l’arrondissement de Yaoundé VI, St Eloi Bidoung et le nouveau maire de l’arrondissement de Yaoundé I, Jean Marie Abouna.

Les opposants au choix du Comité central ont été rappelés à l’ordre. Respect oblige de la consigne du parti. Au terme des discussions,  la liste de Luc Messi Atangana est votée. Le résultat du conclave est rendu public par le sénateur Essomba Tsoungui.

Prenant la parole, le membre de la chambre haute du parlement confirme, sans s’encombrer de quelque subtilité que ce soit,  que le régime des nominations reste en vigueur.   « Le choix que le mandataire du Rdpc a communiqué est le choix du président national du Rdpc Paul Biya », déclare-t-il sans ambages.

C’est la même logique qui prévaut dans  presque toutes les 14 villes concernées par les élections des super maires (Yaoundé, Douala, Garoua, Maroua, Bafoussam, Limbe, Nkongsamba, Kumba, Edéa, Kribi, Ebolowa, Ngaoundéré, Bamenda, Bertoua).

A Douala par exemple, la consigne de vote a eu du mal à passer. Le RDPC a investi Roger  Mbassa Ndine, Conseiller municipal de Douala 5è, économiste,  ancien président du conseil d’administration de l’ex Aes Sonel, ancien Secrétaire général  du Minepat. Le ministre Benoit Ndong Soumet mandataire du RDPC pour ces élections s’est échiné à faire respecter  le choix du parti face à la témérité de leur camarade Jean Jacques Lengue Malapa, actuel maire de Douala 1er.

Cameroun : Plus aucune femme maire à Yaoundé

Les deux édiles  du 4ème et 5ème arrondissement n’ont pas pu briguer de nouveaux mandats.

Les mairies de Yaoundé ont chacune à leur tête des hommes. Contrairement aux élections  de 2013 où deux femmes avaient été portées aux fonctions de maire. A Yaoundé 4e Régine Amougou Noma et Yvette Etoundi à Yaoundé 5ème.

Les conseillers municipaux de la commune d’arrondissement de Yaoundé 4 n’ont pas accordé une seconde chance au maire sortant,  après un premier désaveu lors de la phase des investitures des têtes de listes. 32 des 65 conseillers de cette circonscription ont choisi  Bihina Efila Gabriel, contre 29 pour Régine Amougou Noma.

La gestion de la veuve de l’ancien Délégué du gouvernement était fortement contestée autant que celle de Yaoundé 5ème. Au sein de leurs différents exécutifs municipaux, et même au sein de la population, la déception se dégageait, d’où notamment la montée de l’opposition lors des dernières élections présidentielles. L’échec des deux maires à la phase des investitures des têtes de listes des élections municipales  annonçait déjà la chronique d’une déculottée.

Bien qu’il y ait de nombreuses dames dans les conseils municipaux élus,  ils ont cependant à leurs têtes des hommes. Pourtant le discours politique encourage de plus en plus  la gente féminine à s’intéresser à la chose politique et à la gestion des affaires publiques.

Cameroun : ouverture lundi du contentieux de l’élection des députés

Le Conseil constitutionnel a reçu vendredi dernier le procès verbal des élections législatives. Ainsi le 24 février, place sera donnée au débat sur les 35 plaintes déposées par les partis politiques.

Réunie pendant cinq jours au palais des Congrès de Yaoundé, la Commission nationale de recensement général des votes pour les élections législatives du 09 février 2020,  a transmis vendredi dernier au Conseil constitutionnel le procès-verbal de ses travaux . La haute juridiction va ensuite programmer l’audience du contentieux post électoral le 24 février.

Le Social Democratic Front (SDF) enrégistre le plus grand nombre de recours. Le parti de Fru Ndi a déposé 14 recours sur les 35 enregistrés par le Conseil. Dans certaines de ses plaintes, le SDF demande l’annulation du scrutin dans certaines circonscriptions électorales du Nord-ouest. Tandis que l’un de ses recours demande l’annulation de l’élection dans toute la région.

Dans le Sud-ouest, le parti demande l’annulation du scrutin législatif à Buea rural, au Fako-Est et dans le Lebialem.

L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) demande pour sa part  l’annulation de l’élection dans le Mayo rey, le Mayo Sava, le Mayo Tsanaga-Sud, le Mayo Louti et le Mayo Banyo.

Les débats du contentieux post électoral s’ouvrent lundi 24 février au Conseil constitutionnel. Celui-ci a jusqu’au mercredi 29 pour la proclamation des résultats.

Législatives et municipales: La gaffe tribaliste du sénateur Grégoire Mba Mba

Le 25 janvier lors du meeting de lancement de la campagne électorale, le discours haineux de l’homme politique a suscité le courroux des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

S’adressant au candidat tête de liste RDPC à la commune de Kribi 1er, Jean Pierre Salla, le sénateur déclare : « Ce petit frère est responsable de ses engagements. Le RDPC ne l’a pas adulé. Il est Mabi et il ne sera jamais maire à Kribi 1er (…) C’est la mairie des Batanga, donc il y aura un maire Batanga ». C’était le 25 janvier à Kribi dans le Sud, lors du lancement de la campagne du RDPC,

Le quotidien Mutations rapporte que malgré la présence du président de la commission départementale de campagne, le ministre Jules Doret Ndongo, le sénateur  a continué dans la même diatribe. Parlant cette fois de Lucien Piado, conseiller municipal dans la commune de Kribi II, présenté comme le favori à l’élection à la tête de l’exécutif municipal prochain.  « Lucien Piado est un enfant. Il a ses ambitions, qu’il s’en serve comme il veut. Mais qu’il sache que c’est moi qui décide à Kribi II. Lui, sa place n’est pas à l’exécutif communal ; il est Batanga et Kribi II c’est pour les Mabi », a pestiféré le sénateur.

Les journaux qui traitent de cette actualité indiquent le discours de Grégoire Mba Mba – faut-il le souligner- président de la commission communale de campagne dans l’arrondissement de Kribi II, a suscité la colère des militants. Hué et qualifié de « tribaliste et dictateur » pendant son allocution.

Irrité, il interrompt son discours, invite ses vis-à-vis à l’extérieur de la salle pour un affront physique. Mutations fait savoir qu’il a fallu l’intervention du ministre Jules Doret Ndongo pour calmer les ardeurs et ramener tout le monde à de meilleurs sentiments. « Je voudrais vous demander de battre campagne dans un esprit d’équipe. Il prescrira aux siens de travailler en rangs serrés, la main dans la main. Avec des attitudes et des comportements débarrassés de toute haine, de rancune, de tribalisme et de repli identitaire. Évitez toutes formes d’exclusions et de paroles blessantes», a prescrit Jules Doret Ndongo.

Avant de conclure : « Ne nous trompons pas d’adversaire, ne nous trompons pas de combat. La victoire doit être celle du parti. C’est ce qui compte ».