Concours de la police: Un mort au cours d’une bousculade

Suite à cet incident sanglant, Edgar Alain Mebe Ngo’o a reporté la date des dépôts de dossiers du concours de la police.

Nous sommes arrivés très tôt le matin. Vers 7h ces policiers sont arrivés. Nous étions alignés dehors, attendant qu’on ouvre le portail pour qu’on puisse déposer nos dossiers. Ils ont ouvert. Au lieu de laisser passer les gens comme d’habitude, ils ont jeté au sol les fiches de certains candidats qu’ils tenaient entre les mains. Ces derniers en se baissant pour les ramasser, sont tombés sur la pression de la marée humaine qui était derrière eux. C’est ainsi que moi aussi, je suis tombée sur eux, j’ai été piétinée
Une victime

Elvis Wirba n’est plus. Couché dans l’ambulance de l’hôpital central de Yaoundé, il git sans vie. Le visage et le ventre entourés de bandes. Sur ce corps, qu’on transporte à la morgue pour une autopsie, l’on peut encore apercevoir des marques de chaussures qui témoignent du martyr qu’il a subi. Ce jeune homme de 22 ans est mort piétiné, écrasé, étouffé au cours de la bousculade à l’école de police de Yaoundé. Elvis Wirba était venu accomplir les modalités relatives au dépôt des dossiers du concours de la police. Un concours qu’il ne pourra plus présenter, le sort ayant décidé autrement. En dehors de lui, 52 autres jeunes ont été blessés au cours de ces bousculades. Selon le docteur Etoundi Mballa, chef des urgences de l’hôpital central de Yaoundé, 6 cas de traumatisme crânien et de fracture de fémur étaient encore en observation à 14 heures ce 29 décembre 2008 aux urgences de cet hôpital. Les 46 autres victimes ont pu recevoir des soins avant de rejoindre leur domicile sur ordre du médecin.

D’après l’une des victimes, ce sont les policiers qui sont à l’origine de ce désordre : « nous sommes arrivés très tôt le matin. Vers 7h ces policiers sont arrivés. Nous étions alignés dehors, attendant qu’on ouvre le portail pour qu’on puisse déposer nos dossiers. Ils ont ouvert. Au lieu de laisser passer les gens comme d’habitude, ils ont jeté au sol les fiches de certains candidats qu’ils tenaient entre les mains. Ces derniers en se baissant pour les ramasser, sont tombés sur la pression de la marée humaine qui était derrière eux. C’est ainsi que moi aussi, je suis tombée sur eux, j’ai été piétinée ». Cette jeune fille de la vingtaine qui voulait postuler au concours de gardien de la paix s’en est finalement sortie avec une entorse au niveau de la cheville. D’autres personnes ont eu moins de chance qu’elle. C’est le cas de Marcellin Yannick atteint au niveau des deux bras, sur les côtes, et sur la tête. Il dit également avoir reçu des coups de matraques des policiers. D’après des aveux de certains candidats qui ont préféré garder l’anonymat, « quand nous sommes tombés, ces policiers n’ont pas réagi. Ils ne nous ont pas secourus immédiatement. Celui qui est décédé criait : sauvez-moi. Mais c’est après quelques minutes qu’ils nous ont secourus ».

Marcellin Yannick, blessé
journal du Cameroun)/n

A en croire le docteur Etoundi Mballa, « on ne peut dire pour l’instant avec certitude qu’ils vont bien. Mais l’on espère que tout va aller pour le mieux. Car des malades restants, il n’y a qu’une seule qui doit subir une opération chirurgicale ». Quatre de ces patients ont subi des scanners, et d’autres des radios pris en charge par l’Etat. Après l’incident, le ministre de la Santé publique André Mama Fouda, et le Délégué général à la sureté nationale (Dgsn), Edgar Alain Mebe Ngo’o se sont rendus à l’hôpital central de Yaoundé s’enquérir de la situation.

L’on espère que tout va aller pour le mieux. Car des malades restants, il n’y a qu’une seule qui doit subir une opération chirurgicale
Dr. Etoundi Mballa, chef des urgences de l’hôpital central de Yaoundé

Pour l’instant, par mesure de sécurité, le dépôt des dossiers a été stoppé. Un communiqué du Dgsn publié ce 29 décembre, proroge la date de dépôt qui était jadis fixée au 2 janvier 2009. La date limite de dépôt de dossier pour les commissaires est reportée au 16 janvier 2009, et au 30 janvier pour les gardiens de la paix et officiers de police. Pour les différentes victimes encore sous le choc, impossible de postuler à ce concours. Pour certains il ne sert à rien de risquer à nouveau leur vie. Et pour d’autres, ils n’ont pas le choix : « j’ai perdu tous mes dossiers au cours du drame. Ma carte d’identité, mon acte de naissance, ainsi que mon argent se sont égarés », se plaint l’une des victimes.
En dehors du mort connu officiellement, certaines sources indiquent qu’il y en aurait d’autres dont les noms n’ont pas été mentionnés. Affaire à suivre.

Marcellin Yannick une des victimes, espère retrouver ses pièces personnelles
Journal du Cameroun)/n