Marrakech : le FMI et la Banque mondiale discutent du surendettement des pays en développement

C’est à la faveur des les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

L’Afrique accueille pour la première fois depuis cinquante ans, les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales de 190 pays se réunissent à Marrakech jusqu’au 15 octobre pour discuter du surendettement des pays en développement, de la fragmentation de l’économie mondiale, du climat, ou encore de la réforme des institutions internationales, à seulement quelques dizaines de kilomètres des tentes qui abritent les populations rescapées du tremblement de terre du 08 septemre qui a fait environ 3000 morts.

Selon la banque mondiale, de nombreux pays à faible revenu ou émergents souffrent d’un lourd endettement qui freinent leurs capacités d’investissement dans l’éducation, la santé, la protection sociale et les infrastructures. Pour certains d’entre eux, le fardeau de la dette est d’ores et déjà insoutenable.

Comment mieux parer aux risques de surendettement ? Cette question sera au cœur d’une discussion qui se penchera sur les réformes nationales indispensables pour stimuler la croissance, améliorer les politiques de dépenses publiques, capter plus de recettes fiscales et renforcer la gestion de la dette. La discussion mettra également l’accent sur la nécessité d’un soutien accru de la part de la communauté internationale, qui passe par des financements concessionnels et une assistance technique, mais aussi une amélioration des processus de restructuration qui permette d’alléger le fardeau de la dette en temps voulu et de manière prévisible.

 

Dette publique : la BAD renforce les capacités de 45 pays

Environ 110 participants de 45 pays africains ont suivi la formation qui s’est déroulée du 27 au 30 mars 2023.

La dette publique actuelle de l’Afrique est estimée à 546 milliards de dollars, ce qui représente environ un quart du PIB du continent et excède le montant des recettes annuelles combinées des gouvernements, qui s’élève à 501 milliards de dollars. Selon les données de la Banque, la dette publique brute du continent en pourcentage du PIB a presque doublé entre 2010 et 2020, passant de 36 % à 70 %.

Face à ce constat, le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a dispensé une formation sur la déclaration, la gestion et la viabilité de la dette en Afrique à des experts du secteur financier provenant de plusieurs pays membres.

Cette formation, la cinquième du genre, s’inscrit dans une série organisée trimestriellement par l’Académie de gestion des finances publiques de l’Institut africain de développement afin de renforcer les compétences en leadership et les capacités techniques des gestionnaires des finances publiques.

Abdoulaye Coulibaly, directeur de la Gouvernance et de la gestion financière de la Banque africaine de développement, a déclaré que les pays africains continuaient à faire face aux défis liés à la faiblesse des recettes fiscales, aux flux financiers illicites et aux faibles capacités de gestion des finances publiques, en particulier de la gestion de la dette publique.

« Ces défis ont été exacerbés par la pandémie de Covid-19, les changements climatiques, ainsi que les pressions financières émanant des conflits et de l’insécurité, qui affectent la capacité des pays à répondre à leurs aspirations en matière de développement et à réduire la pauvreté », a déclaré M. Coulibaly. Il s’exprimait au nom du professeur Kevin Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances de la Banque africaine de développement.

Il a déclaré qu’en dépit de l’augmentation des niveaux d’endettement, les gouvernements africains ont besoin de financements supplémentaires à hauteur de 432 milliards de dollars pour faire face aux impacts socio-économiques de la pandémie de Covid-19 et soutenir la reprise en 2022 et 2023. En conséquence, la dette souveraine devrait rester élevée sur le continent, à environ 65 % en 2023 et 2024.

Cameroun : les communes du Centre doivent plus de 5,5 milliards de FCFA à la CNPS

Le 20 décembre 2022, la CNPS, les sénateurs et les maires de la région du Centre se sont réunis à Yaoundé.

La situation financière des communes de la région du centre est préoccupante à travers leurs dettes vis-à-vis de la CNPS.

Les dettes des 72 communes du Centre, au 15 décembre 2022, est évaluée à 4 741 000 000 FCFA pour le principal.  Cette dette majorée des pénalités et majorations de retard s’élève à 5 541 000 000 FCFA. L’organisme de sécurité sociale Camerounais a mis sous moratoire 26 collectivités sur les 72 enregistrés, pour une dette globale de 2 000 000 000 FCFA.

A date, plus de 2 milliards de dettes des collectivités ne sont pas encadrées. Il est à noter que sur les 26 collectivités concernées, 14 ont une dette postérieure aux moratoires qui leurs sont accordés.

Vis-à-vis de la CNPS les collectivités territoriales décentralisées ont une dette très élevée : « Les dettes courent depuis plusieurs années et certains maires qui sont en poste aujourd’hui ne sont pas responsables du volume de ces dettes », explique Annir Dieudonné, Maire de Yoko.

« Nous sommes très satisfaits du résultat de cette rencontre, et ce résultat a été possible grâce à la volonté de la CNPS. Nous avons posé le problème d’endettement des communautés du Centre au Directeur Général de la CNPS, nous avons sollicité qu’il leur donne de l’aide, et un coup de main en allégeant désormais ces dettes. » indique Laurent Nkodo, vice-président du sénat.

« Il nous a promis, et ce jour il a fait une déclaration solennelle que ces communes pourraient bénéficier d’une remise des pénalités et majorations de 70% et ça pourrait même atteindre 80% pour les communes qui sont très lourdement endettées », a-t-il ajouté.

« La CNPS qui est disposée à leur accorder d’une part des remises des majorations et pénalités de retards de manière automatique de 70%, et au cas par cas c’est un taux qui pourrait atteindre les 80%. Et, d’autre part un moratoire, un échéancier de payement qui pourrait selon la situation des collectivités territoriales s’étendre jusqu’à 10 ans lorsque la situation d’endettement est vraiment lourde », a indiqué Noël Alain Olivier Mekulu Mvondo Akame, Directeur Général de la CNPS.

Cameroun : la dette intérieure de janvier à septembre s’élève à 732 milliards de FCFA

C’est information est contenue dans les données fournies par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), gestionnaire de la dette publique au Cameroun.

Le Cameroun a contracté des dettes à hauteur de 732 milliards FCFA entre janvier et septembre 2022.

L’enveloppe de 732 milliards FCFA est ainsi constituée de 36,8% de bons du Trésor assimilables (BTA) ; 31,1% d’Obligations de Trésor assimilables (OTA) de 4 à 10 ans de maturités ; et 32,1% d’emprunt obligataire (obligation du Trésor de 7 ans de maturité).

« Le Cameroun a contracté 68% de sa dette intérieure sur le marché des titres publics de la Beac. À travers des émissions de BTA et des OTA, qui sont respectivement des titres publics de court et de long terme, permettant notamment au pays de gérer des tensions de trésorerie et de financer des projets d’investissements », rapporte Investir au Cameroun.

Retro

En décembre 2020, le Cameroun avait lancé un audit du stock de sa dette intérieure sur la période allant du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2019. L’un des objectifs de l’opération était de « résorber la spirale d’endettement ».

Les premiers résultats de l’opération de recensement des arriérés des entités de l’État au Cameroun, publiés le 6 octobre par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze (photo), révèlent que des créances réclamées par 5 656 prestataires ont été rejetées. Motifs : « doublon », « déjà payé », « double emploi », « payé partiellement », « déjà traité », « même contenu de dossier, mais des numéros de titre différents », « hors période de référence ».

Cameroun : la dette est de 12 374 milliards F à fin septembre 2022, en hausse de 11%

D’après la Caisse autonome d’amortissement (CAA), la dette du Cameroun se situe à 12 373 milliards de FCFA à fin septembre 2022, soit une hausse annuelle de 11%.

En hausse annuelle de 11%, elle est liée essentiellement aux décaissements effectués dans le cadre du programme économique et financier du FMI.

Concrètement, elle représente 45,8% du Produit intérieur brut (PIB). L’organisme public chargé de la gestion de la dette de l’État lie cette hausse particulièrement aux décaissements effectués dans le cadre du Programme économique et financier 2021-2024 avec le Fonds monétaire international (FMI).

 « En effet au cours de l’année 2022, le Cameroun a décaissé auprès du FMI 114,6 milliards de FCFA à travers le Mécanisme élargi de finance et la Facilité élargie de crédit et 45,9 milliards de FCFA auprès de la France », a précisé Richard Evina Obam, directeur général de la CCA.

 Il cite également les émissions de plus en plus prononcées des titres publics à moyen et long terme, les décaissements effectués dans le cadre de la mise en œuvre de divers projets et programmes et la dépréciation du FCFA.

Au détail, la dette du secteur public est composée de 92,3% de celle de l’administration centrale, évaluée à 11 427 milliards (42,3% du PIB) au cours de la période sous-revue, dont 8 204 milliards de FCFA de dette extérieure et 3 222 milliards de FCFA de dette intérieure. La dette des entreprises publiques quant à elle, s’élève à 937 milliards de FCFA (3,5% du PIB) et celle des collectivités territoriales décentralisées à 10 milliards de FCFA (0,04% du PIB).

A en croire la CAA, la dette du pays demeure viable même s’il existe un risque de surendettement extérieur élevé, du fait de la faiblesse des recettes d’exportations et des recettes budgétaires.

« Cette situation constitue une source d’inquiétude importante qui requiert la mise en place d’une politique d’endettement prudente et des mesures de politiques économiques visant à rétablir un environnement économique sain. La dette intérieure quant à elle ne créerait pas de vulnérabilité particulière, du fait du mécanisme des comptes séquestres », affirme l’organisme.

Cameroun : en 40 ans, pas un pas sans dette

Arrivé au pouvoir le 06 novembre 1982, la promesse du fils de Mvomeka’a de ne pas amener le Cameroun au FMI n’aura pas tenu longtemps.

Chaque Camerounais est endetté à hauteur d’au moins 300 000 FCFA pour l’année. Le Cameroun depuis plusieurs années ne cesse de signer les accords de prêts avec les organisations étrangères pour maintenir son économie debout.

Pourtant, environ trois ans après son accession au pouvoir, lorsque les rumeurs d’entrée au Fonds Monétaire International (FMI) se font sentir pour apporter une assistance à l’économie camerounaise en chute, le chef de l’Etat Paul Biya est intervenu. « Le Cameroun n’ira pas au FMI » dans le quotidien Cameroon Tribune du 22 mars 1986.

Une promesse qui sera de courte durée. Puisque quelques temps seulement après ce serment, le pays de Paul Biya entre dans une ère d’ajustement à travers d’innombrables accords de prêts auprès des organismes internationaux avec pour but de développer l’économie de manière compétitive. Cependant, les résultats dus à la gestion de ces prêts sont extrêmement discutés auprès de l’opinion.

Entre 1998 et 2020 par exemple, le budget de la dette au Cameroun a varié entre 1,5 milliards et 12,6 milliards d’euros par an. En 2020, dernière année évaluée, le montant de 12,57 milliards d’euros a été le plus élevé des 22 dernières années.

Rapporté au nombre d’habitants, cela correspond à un endettement de 474 euros (environ 311 250 FCFA) par personne. A titre de comparaison, l’endettement moyen par habitant au sein de l’UE était de 26.964 euros la même année, selon les chiffres de donnéesmondiales.com.

En effet, la dette du Cameroun a franchi le cap symbolique d’environ 12.000 milliards de Francs CFA ; c’est le même montant qui avait déclenché l’ajustement structurel en 1987.

La Caisse autonome d’amortissement (CAA), gestionnaire de la dette publique du Cameroun, indique qu’au 31 mars 2022, l’encours de la dette du secteur public camerounais s’élève à 11 456 milliards de FCFA, représentant 45% du PIB. Ce stock est en augmentation de 7,4% en glissement annuel, et se compose de 92,5% de la dette directe de l’administration centrale et de 7,4% de la dette des entreprises publiques.

« Si on s’en tient à la dette extérieure, sa croissance annuelle est de 14% par an, alors que les recettes d’exportation qui permettent de la payer n’évoluent que de 3%. C’est un indice extrêmement grave d’un endettement de plus en plus incontrôlable », s’insurge la Coordination de la Plateforme d’Information et d’Action sur la Dette (Pfiad).

Face à ce surendettement, le Cameroun a signé avec le FMI un Programme Économique et Financier triennal (2021-2024), qui a été présenté comme un cadre de collaboration visant à redresser la situation du Cameroun et des autres pays de la Cemac.

« Mais à l’évidence, cette collaboration ne se déroule pas comme prévu. Lors de la première revue dudit programme qui s’est déroulée du 2 au 16 décembre 2021, le FMI a reproché au gouvernement de n’avoir mis en œuvre que trois des huit réformes structurelles attendues entre juillet et décembre 2021 », fait remarquer la Pfiad.

Cameroun : le nouveau siège de la Caisse Autonome d’Amortissement s’élève à 17 milliards de F

La cérémonie d’inauguration du nouveau bâtiment s’est déroulée le 24 août 2022 à Yaoundé en présence du chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute.

L’immeuble situé au Boulevard du 20 mai à Yaoundé est doté de 12 niveaux pour un coût de 17 milliards de francs CFA. L’édifice est construit par l’espagnol Construcciones Galdiano SA et s’étend sur une superficie de 5 964 m2. Dans le détail, il comporte 213 bureaux, 45 magasins, et 01 parking de 169 places. Chacun des niveaux comporte 22 bureaux.

A l’occasion, le Premier ministre, représentant du chef de l’Etat a exprimé sa satisfaction au sujet de l’aboutissement heureux de cet ouvrage dont la première pierre a été posée le 27 septembre 2011. Joseph Dion Ngute s’est dit frappé par trois aspects de cette architecture : la modernisation de l’immeuble ; le changement de la physionomie de la capitale politique et l’amélioration des conditions de travail du personnel de la CAA.

Ce nouveau siège du conseiller financier de l’Etat en matière d’endettement public devrait permettre à la CAA d’assurer pleinement ses missions concernant la mise en œuvre des réformes des politiques publiques du pays.

La CAA joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre des réformes des politiques publiques du pays. En matière de dette publique, elle se charge d’effectuer des études prospectives relatives aux engagements de l’État et de ses organismes ; de fournir au gouvernement les analyses nécessaires à l’élaboration de la politique d’endettement du pays ; de contribuer à la recherche, à l’étude et à la négociation des financements extérieurs et intérieurs de l’État.

Aussi, d’étudier les demandes d’aval et de rétrocession des prêts à soumettre au Ministre des Finances ; d’émettre des emprunts publics et de rétrocession ; d’évaluer et d’assurer le service de la dette etc. Pour ce mois août par exemple, l’Etat entend apurer 65 milliards de Fcfa de sa dette avec 34,6 milliards au titre de la dette extérieure et 30,4 milliards pour la dette intérieure.

En mémoire, la Caisse Autonome d’Amortissement du Cameroun est un établissement public  créée dans le but de   fournir au Gouvernement des éléments nécessaires à l’élaboration de la politique d’endettement du pays.

Economie : le Cameroun parmi les pays les plus endettés d’Afrique

C’est ce qu’a révélé la banque mondiale dans un classement contenu dans son rapport annuel 2021.

Une dette cumulée selon ce rapport auprès de la Chine, du Fond Monétaire international et de la Banque Mondiale. Au 7eme rang de ce classement, la Cameroun cumule une dette qui s’élève à 5, 5 milliards de dollars indique la banque mondiale.

Dans ce rapport, le pays est classé 7è sur le continent. Sa dette s’élève à 5,5 milliards de dollars. Le Cameroun est suivi par le Nigéria (4,8 milliards de dollars), le Ghana(3,5 milliards de dollars) et la RD-Congo(3,4 milliards de dollars).

Ces données surviennent alors que, la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) indiquait récemment que, la dette publique augmente de 0.3 %.

11 109 Milliards de FCFA, c’est le montant affecté à la dette publique au Cameroun depuis le 30 septembre 2021.L’explication de cette légère inflation de la dette publique se résume à trois choses.

« Elle est le fruit (I) des décaissements des appuis budgétaires liés au nouveau programme économique et financier auprès du Fond Monétaire et International (FMI) et de la Banque Mondiale(II), de l’effectivité des nouveaux accords de dette et des émissions de titres publics(III). Composée de dette extérieure (71,9%), de dette intérieure (28,1%) et de dette des entreprises et établissements publics (8,1%), la dette publique représente 42,5% du Produit Intérieur Brute (PIB) », soulignait la CCA.

Ladite dette selon la CAA est principalement détenue par la Chine (61,8%), la France (28,5%) la Banque Mondiale (37,6%), la Banque Africaine de Développement (27,6%) et le FMI (20,9%), pour un montant de 6 355 Milliards de FCFA au titre de dette extérieure.

Par conséquent, le montant des titres représentant les engagements financiers en cours s’évalue à 7 320 Milliards de FCFA. Quant à la dette intérieure repartie entre les titres publics (45,2%), les dettes structurées (30,9%), l’emprunt consolidé BEAC (21,6%) et les dettes non structurées (2,4%), s’évalue à 2 670,3 Milliards de FCFA. L’encours de la dette intérieure quant à elle correspond à 449,8 Milliards de FCFA.

« Comparativement au mois précédent où la dette s’évaluait à 10 983 Milliards de FCFA, on note une légère hausse de 0,3% de la dette publique et on enregistre une baisse mensuelle de 0,4% en glissement mensuel dû au remboursement du principal de 1,8 Milliards de FCFA en début du mois d’octobre 2021« , soulignait la CAA.

Dette : le Cameroun obtient les 450 milliards de FCFA sollicités pour le rachat de son Eurobond de 2015

Dans un communiqué publié dans la soirée du 30 juin 2021, le ministre des Finances a annoncé que le pays a obtenu des investisseurs le montant  de  1481,15 milliards FCFA, alors qu’il en demandait moins.

Pour refinancer en grande partie l’Eurobond de 2015, le président de la République Paul Biya avait autorisé le recours à une émission obligataire internationale de 450 milliards de FCFA.  Le ministre des finances,  Louis-Paul Motaze,  habileté à mener les négociations, a conduit une délégation à Paris  pour un Roadshow (rencontre avec les investisseurs) qui a permis d’obtenir près du triple des 450 milliards sollicités. A savoir 1481,15 milliards à un taux d’intérêt de 5, 95%. Mais apprend-t-on, le pays ne s’est contenté que du montant sollicité.

Lire aussi : Cameroun : comprendre l’Eurobond qui finance l’économie camerounaise

CI-DESSOUS LA COMMUNICATION DU MINISTRE DES FINANCES

Paris, le 30 juin 2021

Mesdames et Messieurs,

Dans le cadre de la gestion active de la dette de l’Etat de manière générale et dans l’optique spécifique d’améliorer son profil, pour susciter l’attrait des investisseurs sur la mise en œuvre de notre stratégie de développement, LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUESON EXCELLENCE PAUL BIYA, a autorisé le recours à une émission obligataire internationale de 450 milliards de FCFA, pour en grande partie refinancer l’eurobond 2015.

Pour la bonne exécution de cette opération, il a dépêché à Paris, une délégation conduite par le Ministre des Finances.

 Après l’annonce de l’opération sur les marchés le 22 juin 2021, il s’en est suivi un Roadshow du 23 au 29 juin 2021, au cours duquel se sont succédées des réunions et négociations entre la délégation camerounaise et une centaine d’analystes financiers représentant plus de 70  groupes d’investisseurs ayant de grandes capacités de placement.  Ces rencontres ont permis à la délégation de présenter la situation politique et sociale du Cameroun, ainsi que ses acquis et perspectives économiques à moyen et long terme, afin de permettre aux investisseurs d’avoir une meilleure perception du crédit Cameroun.

A la clôture de la transaction ce 30 juin 2021, il me plait de rendre publics les résultats de cette opération qui se présentent ainsi qu’il suit :

Concernant l’opération d’émission les principales caractéristiques obtenues sont les suivantes :

Devise de l’émission : EUROS

Montant sollicité : 450 milliards de FCFA, soit 685 millions d’euros ; Nombre d’investisseurs participants : 205

Montant obtenu : 1481,15 milliards de FCFA, soit 2, 258 milliards d’euros, pour un taux de couverture de 321%;

Montant limite retenu : 450 milliards FCFA (685 millions d’euros)  au regard des habilitations reçues ;

Taux d’intérêt: 5.95% ;

Maturité : 11 ans

Concernant l’opération de rachat, la principale information à retenir est que l’Etat a atteint un taux de rachat record, qui se situe à environ 80% du montant de la souche de 2015.

Ainsi, Mesdames et Messieurs, après l’émission inaugurale de 2015 dont le taux d’intérêt était de 9,50%, le Cameroun en ce premier semestre de l’année 2021, fait un retour apprécié sur les marchés internationaux des capitaux, notamment celui des EUROBONDS. En dépit d’un contexte marqué par la pandémie du coronavirus, les investisseurs ont marqué leur confiance retrouvée dans la qualité de signature du Cameroun, confortée par la bonne exécution d’un premier programme, la perspective de signature d’un nouveau programme avec le FMI et la mise en œuvre de notre stratégie de développement 2020-2030.

Nos défis économiques et financiers restent certes nombreux, mais la confiance que les investisseurs viennent de manifester à l’égard de la signature du Cameroun constitue un motif d’encouragement, pour la poursuite des réformes menées par le Cameroun sous la houlette du PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE, en vue de l’émergence économique et sociale du Cameroun à l’horizon 2035.

Je remercie les investisseurs pour l’intérêt qu’ils portent sur le crédit du Cameroun, ainsi que tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette opération./-

LISTE DES PARTENAIRES DE L’ETAT DANS LA TRANSACTION

–          Conseil financier :

–          ROTHSCHILD & Co / MATHA CAPITAL

–          Conseil juridique international :

–          CABINET D’AVOCATS WHITE & CASE LLP

–          Cabinet juridique local :

–          CABINET D’AVOCAT CHAZAI & PARTNERS

–          Banques arrangeurs ou Joints leads Managers (JLM) : JP MORGAN – CITI Group – SOCIETE GENRALE

Cameroun : comprendre l’Eurobond qui finance l’économie camerounaise

Une euro-obligation (souvent mentionnée sous l’appellation anglaise euro-bond) est une obligation libellée dans une monnaie différente de celle du pays (ou du marché) dans lequel elle est émise. Utilisé pour la première fois par le Cameroun en 2015, cette obligation publique internationale permet de réaliser des projets.

Le journal Cameroon tribune explique aux  lecteurs que pour financer ses projets de développement, un Etat dispose de plusieurs instruments lui permettant de lever d’importantes ressources financières sur le marché monétaire et financier, constitués des banques et autres établissements financiers. Pour ce titre, les Etats procèdent régulièrement à l’émission des titres publics qui peuvent être des  Obligations du trésor assimilables (Ota), des Bons du trésor assimilables(Bta), des emprunts obligataires, etc. sur le plan local ou sous régional.

Outre ces instruments, il existe des obligations publiques qu’on appelle Eurobonds. Ils sont selon les spécialistes, un titre de dette publique permettant à un Etat d’emprunter de l’argent sur  le marché international, dans une monnaie autre que celle du pays émetteur. Contrairement aux Ota et aux Bta, qui sont libellés en monnaie locale (Fcfa), les eurobonds sont libellés en devises étrangères (euro, dollar, etc.). A ce titre, le détenteur d’une obligation de ce type reçoit une rémunération sous forme d‘intérêt, selon les caractéristiques de l’obligation émise.

En 2015, le Cameroun a eu recours à ce mode de financement. Le montant de l’enveloppe recherchée s’élevait à 750 milliards de F CFA, mais le pays n’avait pu obtenir que 375 milliards CFA, à un taux d’intérêt de 9,5% par an. Les échéances de remboursement de ce premier emprunt seront effectuées de novembre 2023 à 2025, à raison de 150 milliards F CFA par an.

Préalablement à l’émission d’un eurobond, l’Eta demandeur organise généralement des rencontres avec des investisseurs. Celles-ci sont connues sous le nom de « Roadshow ». Il s’agit de réunions au cours desquelles les investisseurs posent des questions à l’équipe pays, ceci pour mieux cerner les contours de l’opération et apprécier le risque. C’est d’ailleurs à cet exercice que se livre l’Etat du Cameroun, d’un second eurobond d’un montant de 450 milliards F CFA.

Pour crédibiliser cette opération, le président de la République, Paul Biya, a signé le 26 mai dernier, une ordonnance portant modification de la loi de finance 2021. Cette ordonnance habilite ainsi le gouvernement à recourir à des émissions sur le marché international pour un montant de 450 milliards de F CFA , en vue principalement du rachat partiel ou total de l’eurobond en cours.

Dans la foulée, Paul Biya a également ratifié et promulgué l’ordonnance du 26 mai 2021, modifiant et complétant certaines dispositions de la loi du 17 décembre 2020 portant loi de finances. Le président de la république a, en outre, signé le décret habilitant le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, à conduire cette opération, en toute quiétude. D’où son récent séjour en France  pour un Roadshow.

Cameroun: 173 milliards de F collectés lors de l’emprunt obligataire 2016

Ces fonds sont constitués de 112 milliards F fournis par les banques et 61,145 milliards F provenant de personnes physiques et morales, pour un intérêt fixe de l’ordre de 5.5% net sur cinq ans

Le volume des souscriptions de l’emprunt obligataire lancé par le Cameroun, d’un montant de 150 milliards FCFA et bouclé le 12 octobre dernier, a finalement produit une levée totale de fonds de l’ordre de 173,145 milliards FCFA, selon le consortium de banques mobilisé pour l’opération.

Baptisée «Ecmr 5,5% net 2016-2021», elle est constituée de 112 milliards FCFA de prise ferme collectés par les chefs de file que sont Afriland First Bank (47, 68 milliards) EDC Investment (30, 802 milliards), Société générale du Cameroun (56 milliards), Union Bank of Africa (10, 401 milliards), Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (12, 260 milliards), Commercial Bank of Cameroon (10, 845 milliards) et BGFIBank (5 milliards).

A cette collecte, se sont ajoutés 61, 145 milliards FCFA provenant de personnes physiques et morales, pour un intérêt fixe de l’ordre de 5.5% net sur 5 ans, avec 1 an de différé.

Les secteurs visés par l’investissement issu de cette collecte, qui elle-même fait partie d’un endettement public global de 1, 105 milliards FCFA au titre de l’exercice 2016, vont de l’eau à l’énergie en passant par l’habitat, le développement urbain ou encore les travaux publics.

Avant cet emprunt obligataire, l’Etat du Cameroun a depuis 2010 procédé à trois opérations similaires pour un montant total de 440 milliards FCFA.


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Des idées pour réduire l’endettement et la fragilisation de l’Etat au Cameroun

Par Célestin Bedzigui

Le Décret du 1er Mars dernier autorisant le ministère des Finances à endetter l’Etat de 300 milliards F CFA par émission de titres du Trésor est presque passé inaperçu, couvert qu’il a été par le bruit des motions des « élites » appelant Monsieur Biya à être candidat à la prochaine élection présidentielle. Ces motions qu’on veut faire croire qu’elles sont spontanées sont au contraire, pour tout esprit avisé, inspirées par le Président Biya lui-même. Il en règle tous les détails et toutes les péripéties. Exemple: les propos tenus lors du meeting des élites de l’Ouest à Bafoussam par le Sultan des Bamoun qui a évoqué la nécessité d’un Congres extraordinaire du RDPC pour investir son candidat et la convocation d’ une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale pour amender, une fois de plus, la Constitution et permettre une élection anticipée ne peuvent avoir été inspirés que par lui, d’autant que des indiscrétions font état de la rencontre hors du pays des deux personnalités quelques jours plus tard, une preuve du numéro de comédie politique qui est servi au peuple camerounais. Nonobstant ces « bruits et fureur » politiciens, l’endettement du pays dont l’emprunt évoqué plus haut est la marque a une incidence significative sur son avenir parce qu’ il l’expose à une crise de trésorerie à moyen terme, ce qui justifie que nous tirions ici la sonnette d’alarme.

Sustainabilite de la dette?
Dans le Budget 2016, les recettes propres de l’Etat hors dons ressortent à 2 985 milliards F. Les charges fixes ou incompressibles s’élèvent quant à elles à 2 898 milliards F et sont composées des dépenses de fonctionnement qui sont le reflet du train de vie de l’Etat pour 1981 milliards F, 727 milliards pour le service de dette et 190 milliards pour les pensions. Le solde des recettes propres sur les dépenses fixes devant être affecté au financement des investissements n’est donc que de 87 milliards F. Or le budget d’investissement annoncé ressort à 2 861 milliards F. Il ne peut donc être couvert par les ressources propres de l’Etat qu’à hauteur de 3%, le solde, soit 97% étant appelé à être couvert par des emprunts dont les termes de la mobilisation restent questionnables. Cette faible capacité d’autofinancement de ses investissements par l’ Etat révèle une fragilisation financière structurelle du pays qui est bien saisie par les analystes internationaux de risque souverain. On le perçoit bien déjà à travers les taux usuraires d’environ 9% appliqués à l’argent qui est proposé à notre pays pour les Euro bonds.

De tels taux rendent compte de ce que les papiers souverains émis par le Cameroun sont désormais considérés comme étant de « speculative grade »[1] et donc assortis d’une prime de risque de 3 à 4 points, au lieu d’être de « investment grade » qui ramènerait les taux des emprunts du Cameroun dans une fourchette comprise entre 3 et 5%. La perception du Cameroun dans les milieux financiers internationaux est donc d’ores et déjà celle d’un pays exposé à une crise de solvabilité à plus ou moins moyen terme, perception qui explique l’étiage des investissements directs étrangers ou le retrait du pays d’opérateurs industriels de référence comme le départ du pays du premier producteur mondial d’Aluminium ALCAN RIO TINTO du Groupe Alucam il y a quelques temps. Cette situation est l’un des principaux freins à la croissance à deux chiffres dont le pays a besoin pour amorcer son décollage vers l’émergence; le Gouvernement ne semble pas être outillé pour y remédier.

Si le recours à l’endettement n’est pas en soi condamnable, il ne doit toutefois pas trouver sa justification dans la seule évocation du ratio de convergence CEMAC de 70% du PIB, argument instrumentalisé abusivement par le Gouvernement et ses excroissances comme la Caisse Autonome d’ Amortissement. C’est plutôt le niveau du service de la dette par rapport aux ressources propres du pays qui doit être le facteur d’alerte. Ainsi, lorsque le niveau du service de la dette passe de 436 milliards en 2015 à 727 milliards F en 2016 alors que les recettes pétrolières attendues vont dans le sens contraire en tombant de 774 milliards F en 2015 à 442 milliards F en 2016, c’est un carton jaune qui doit être brandi à ce Gouvernement. L’urgence de mesures de réduction du train de vie de l’Etat s’impose donc. Elle ne semble malheureusement être, ni dans la philosophie de l’action de ce Gouvernement, ni dans ses capacités, entravé qu’ il est dans les man uvres électoralistes et propagandistes du Président Biya. Et pourtant le pays est exposé à une grave crise de trésorerie qui peut survenir à tout instant et le contraindre à un ajustement aux forceps.

Compresser le train de vie de l’Etat, une exigence première
Le constat d’ un train de vie de l’Etat désormais hors de contrôle commande donc qu’ il soit compressé au maximum afin que, d’ une part, il soit dégagé des ressources financières propres qui seront un levier d’ attraction massive des investissements directs étrangers permettant de porter la croissance à deux chiffres, d’ autre part, d’ améliorer la perception du pays dans les milieux des investisseurs internationaux et susciter leur mouvement vers le Cameroun. La stratégie pour y arriver aura l’objectif dual de diminuer les dépenses de fonctionnement et d’accroitre les recettes propres de l’Etat.

Coté diminution des dépenses, cela devra se traduire par une réduction drastique des charges incompressibles de l’Etat, Celles-ci devaient être ramenées en cinq ans à la norme de 40% des recettes propres de l’Etat au lieu de 97% signalée plus haut. Ceci laisserait au Gouvernement une réelle capacité de man uvre dans la mise en uvre d’un plan d’investissement portant non seulement sur les infrastructures, les équipements collectifs et éducatifs, l’assainissement urbain, mais contribuant également au soutien du développement du secteur productif, sans s’exposer à recourir à un endettement onéreux. Une telle politique verra se renforcer le taux d’investissement avec l’objectif de le porter 30% du PIB dans un horizon de cinq ans, investissements directs étrangers inclus. Les mesures impératives pour réaliser cet ajustement seraient, entre autres:

la réduction de la taille pléthorique du Gouvernement actuel en le faisant passer de près d’une cinquantaine de départements à un cabinet resserré de 25 départements ;

la fermeture des robinets connus de tous par lesquels s’épanchent les ressources de l’Etat dont entre autres les frais des missions fictives, les bons de carburant etc. ; la réduction significative des « brefs séjours privés » du Chef de l’Etat à l’étranger » et une réduction sur trois ans de 30% du budget de la Présidence de la République qui s’élève actuellement au montant faramineux de 48 milliards F, soit une consommation mensuelle de 4 milliards F;

la réduction systématique étalée sur trois ans de 20% des budgets de fonctionnement des 25 départements ministériels restructurés; la suppression des soi-disant « frais de souveraineté » chiffrés en milliards F distribués périodiquement aux membres du gouvernement et assimilés,

l’institution d’une législation de sanction de l’enrichissement illicite appliquée aux agents publics comme il en existe une au Sénégal pour traquer la corruption d’accumulation des cadres de l’administration;

la dissolution des organismes institutionnels redondants ou inopérants, à l’exemple du fantomatique Conseil Economique et Social; l’audit fonctionnel des différentes Agences, Programmes et Comités Gouvernementaux permanents en vue de la fermeture de ceux dont l’efficacité n’est pas avéré;

le reversement des moyens et des hommes de la Garde Présidentielle au régiment du Quartier Général et le transfert de ses missions de sécurité du Chef de l’Etat confiée à une équipe d’élite de « secret service agents » de 200 éléments sur le modèle US.


Coté accroissement des recettes, il s’agira:

de mettre en vente à la Bourse de Douala les actions détenues par l’Etat dans le capital des sociétés d’Etat;

d’activer le reversement au Trésor public les dividendes générés par les actions détenues par l’Etat et qui ne seraient pas mis en vente à la Bourse;

and last but not least, de placer la gestion des recettes pétrolières sous le contrôle du Parlement pour en parfaire la transparence, afin que leur dévolution cesse d’être sous le contrôle exclusif et non constitutionnel du seul président de la République.

Changement de vision, de volonté et de style
En définitive, le Budget 2016 aurait dû refléter la volonté du Gouvernement d’inscrire son action dans le paradigme de l’émergence qui se définit comme un processus par lequel un pays opère une transformation structurelle pour réussir son insertion dans les chaines de valeur ajoutée mondiales. La marche vers l’émergence devrait se caractériser par l’accroissement des capacités de production manufacturières du pays et son orientation pour l’exportation grâce à une compétitivité soutenue par ses avantages comparatifs, toutes choses qui feraient du pays un acteur remarqué sur les marchés mondiaux. Les retombées de cette mutation sont, d’une part, un plus haut niveau de production générant plus de richesse dans le pays avec pour conséquence une élévation du revenu des populations, d’autre part, l’accroissement significatif de l’utilisation de la main d’ uvre se traduisant par la réduction du chômage. Ni ces objectifs, ni ces préoccupations, ni les stratégies pour les satisfaire ne sont compris par ce Gouvernement pour qui l’évocation de l’émergence est devenue un slogan soporifique pour endormir les populations, sans substrat opérationnel et matérialisé.

L’urgence d’un changement s’impose donc; un changement de vision, de volonté et de style, un changement de gouvernance, pour tourner la page d’une démocratie festive, des apparences et de proclamations, dont la vraie finalité définie pour son « grand shaman » est de multiplier les subterfuges du type « appel à la candidature . en 2018 », pour perpétuer le viol civique d’un peuple camerounais sous une influence qui sera un jour décryptée, en recourant à la manipulation inacceptable des instruments institutionnels, alors que le bases socio économiques et financières du pays se fragilisent dramatiquement.

« Quelle que aura été la profondeur des ténèbres de la nuit, le jour finira par se lever. »

Célestin Bedzigui
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Endettement: le FMI met le Cameroun en garde

Le chef de mission du Fonds monétaire international pour le Cameroun, en consultation de routine qui ira jusqu’au 24 septembre, a émis quelques inquiétudes quant au rythme d’endettement du pays

Le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour le Cameroun, Mario de Zamaroczy, a émis quelques inquiétudes quant au rythme d’endettement du pays. S’exprimant face à la presse, au début de consultations de routine qui ira jusqu’au 24 septembre prochain, il a certes constaté l’avancée de projets d’investissement, mais pour lui «ces investissements sont financés avec un endettement extérieur».

«Nous nous soucions un peu de la vitesse avec laquelle l’endettement au Cameroun croît», a déclaré Mario de Zamaroczy au sortir d’une séance de travail avec le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey.

L’institution financière de Bretton Woods avait déjà émis des réserves sur le sujet le 9 juillet 2014, dans un communiqué publié au terme d’une mission statutaire dans le pays. «Le fardeau de la dette du Cameroun reste faible, en partie grâce au vaste allègement obtenu en 2006, mais il se développe de nouveau à un rythme rapide. L’analyse de viabilité de la dette montre que le niveau de risque du fait de la dette extérieure est passé de  »faible » à  »modéré », en raison de l’augmentation de la dette extérieure non concessionnelle. Selon les tendances actuelles, la dette publique globale devrait doubler en pourcentage du Produit intérieur brut, entre 2012 et 2019.»

S’agissant des termes de référence de l’actuelle mission, Mario de Zamaroczy a précisé que les échanges avec les officiels et le secteur privé seront influencés par la chute des cours du pétrole brut sur le marché international, le gouvernement camerounais se targuant néanmoins de la bonne tenue des finances publiques. Au moment où le FMI salue la «résilience» dont font preuve les pouvoirs publics en dépit d’un contexte international tendu, le gouvernement camerounais table sur une croissance de 6% en 2015, contre 5,9% l’année d’avant.


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«Le Cameroun menacé par le syndrome grec», selon Eugène Nyambal

Le niveau d’endettement constitue un risque de faillite pour le Cameroun selon cet économiste qui a accumulé une longue expérience au Fonds monétaire international (FMI)

Le Cameroun est sous la menace du «syndrome» grec avec un niveau d’endettement important, ce qui constitue un risque pour ce pays de tomber dans la faillite selon Eugène Nyambal, un économiste camerounais qui a accumulé une longue expérience au Fonds monétaire international (FMI).

Selon cet expert, le rythme d’endettement du Cameroun est «inquiétant», et ce sont les générations futures qui pourraient payer le lourd tribut, a t-il déclaré dans un article d’opinion publié mardi, 18 août, dans le quotidien privé Mutations.

D’après la loi des finances de 2015, le Cameroun pourrait s’endetter à hauteur de 1700 milliards de francs CFA, dont 900 milliards de francs CFA uniquement pour la réalisation du programme d’urgence triennal.

En d’autres termes, estime Eugène Nyambal, il faut arrêter ce niveau d’endettement puisqu’il pourrait arriver que le Cameroun ne soit plus en mesure de faire face à ses créanciers.

L’inquiétude de cet économiste est d’autant grand que contrairement à la Grèce qui bénéficie du soutien des bailleurs de fonds, aussi bien l’Union européenne que le Fonds monétaire international (FIM), rien ne prouve que le Cameroun «un pays africain» pourrait bénéficier d’une telle sollicitude.

Une situation qui selon lui appelle des gouvernants, plus de rigueur dans la gestion des affaires de la cité.

Eugène Nyambal
regardsurlafrique.com)/n

Un nouvel endettement massif pour le Cameroun?

Ce serait une des conséquences de l’annonce d’un solde courant des paiements négatifs sur une période de 10 ans

Un solde de paiement négatif
Le solde de paiement courant pour l’économie camerounaise affiche un résultat négatif sur la période 1996 à 2008. C’est la principale information qui ressort de la présentation par le ministère des Finances, de l’état de l’économie de la nation durant cette période. En s’arrêtant à la période 2006, le ministère des finances n’a pas rendu compte du solde courant réel. Un rapport de l’université de Sherbrooke en Angleterre, réalisé en collaboration avec la Banque Mondiale, donne une présentation plus claire de la situation. Il permet de comprendre que cette situation remonte au-delà de la période 1996-2010. Le rapport indique, que sur une période de trente ans, soit de 1977 à 2008, le Cameroun a enregistré un déficit annuel moyen, de près de 183 milliards de francs CFA dans sa balance des paiements. La seule période de répit a été en entre 1994 et 1995, lorsque le solde courant a atteint près de 50 milliards de FCFA d’excédent, avec une hausse consécutive de deux ans. Depuis cette période, cette balance a connu une évolution en dents de scie. 2006, année de référence du ministère des Finances a été celle de la remontée après un deuxième déficit record en 2005. Le rapport rendu le 30 août 2010 par le ministère de l’Economie, du plan et de l’aménagement du territoire a indiqué un déficit moyen de 700 milliards de FCFA soit le déficit le plus grand que le Cameroun ait jamais connu depuis ces 32 dernières années. Selon le gouvernement camerounais, ce déficit est attribuable à la baisse des recettes d’exportation des produits primaires hors pétrole, comme le caoutchouc, l’aluminium, la banane, le bois grumes, le cacao et le café, dont les structures sont resté depuis 1996. Dans ses composantes principales, le cameroun exporte toujours des produits bruts à faible valeurs ajoutées. En retour, la croissance retrouvée a occasionné une hausse importante de la demande en produits de consommation, laquelle a gonflé l’enveloppe des importations.

L’absence de vision politique décriée
Selon des experts cette justification du gouvernement reste assez spécieuse. Les conjonctures et la structure des échanges du Cameroun dans le marché global ne sauraient à elles seules justifier un tel déficit. Les problèmes structurels, liés à l’absence de visibilité dans la politique économique sont un des problèmes majeurs du Cameroun. Une des interprétations d’un déficit de la balance des paiements est double. Cela signifie d’une part que la croissance existe, les ménages ont de plus en plus de moyens pour la consommation des biens et services, mais que parallèlement à cette croissance, le tissu de production locale ne suit pas: pour satisfaire le marché intérieur et pour permettre une économie expansionniste.

En février 2010, le gouvernement camerounais à travers le ministre Luc Magloire Mbarga Atangana avait décidé de mettre en place un programme de développement des exportations dites de proximité en vue d’améliorer la balance commerciale déficitaire. Les pays visés étaient le Gabon, la Guinée Equatoriale, l’Angola, l’Afrique du Sud, la République démocratique du Congo (RDC) et le Nigeria. Selon le ministre du Commerce, l’objectif était de viser ces différents marchés qui représentaient théoriquement un ensemble de 150 millions de consommateurs. C’est une très bonne idée mais cela reste irréalisable, du moins en l’état actuel des choses, a affirmé un expert de la finance internationale. Selon lui l’une des causes du déficit de production est son absence de compétitivité. Depuis 2009, le Cameroun s’est engagé sur une longue course pour la recherche de la croissance et de l’augmentation des richesses dans les ménages. Mais concrètement, il ne prévoit pas les conditions d’une satisfaction des besoins de consommation de ces ménages.

Un nouvel endettement en vue
Le corollaire d’un déficit permanent de la balance des paiements est que le pays concerné est obligé de se tourner vers l’endettement pour pouvoir financer le surplus dont il a besoin son économie. Une solution envisagée par le ministre Motaze de l’Economie et du plan. L’économie camerounaise est en perte de compétitivité et les conséquences futures sont inquiétantes notamment en ce qui concerne la capacité à court terme de couvrir ses importations, mais aussi la réalisation de son programme d’investissement. La persistance de ces déficits conduirait à une modification des sentiers de croissance tels que prévus dans les documents cadres que sont la Vision 2035 et le DSCE, et partant entraverait l’atteinte des objectifs de développement fixés. Autrement dit, la mobilisation d’une épargne intérieure suffisante comme corolaire du développement sera reléguée au second plan, et le pays devra avoir recours à un endettement massif pour financer ses grands projets structurants. Le ministre des Finances Essimi Menye a aussi émis l’idée du renforcement d’une plate-forme d’échange avec la diaspora. Une solution qui n’arrange pas toujours. On l’a remarqué avec le récent forum de Yaoundé. A moyen terme, le gouvernement risque d’annoncer la signature de nouveaux accords avec des partenaires financiers, le contexte s’y prête. La dette du Cameroun reste soutenable, l’opération d’emprunt obligataire est difficile à implémenter et les grands projets structurants du gouvernement pressent. Reste donc pour le gouvernement soit de s’endetter, soit de s’appliquer une cure d’austérité. En juillet 2009 le ministre Jean Kuete de l’Agriculture avait annoncé l’ouverture imminente d’une banque agricole. Les planteurs attendent toujours. La vaste politique de relance des PME piétine elle aussi en l’absence de toute structure financière pour soutenir l’initiative. Le retour de la compétitivité n’est pas pour demain.


Economie: Déficit public Camerounais à la hausse

La Caisse autonome d’amortissement a prescrit aux autorités la vigilance sur la gestion de l’endettement

35 milliards FCFA de hausse
Selon le rapport rendu public par la caisse autonome d’amortissement(CAA) la dette publique due par l’Etat camerounais a connu une augmentation de 1,5%, passant de 1.478 milliards des FCFA au premier trimestre 2009, à 1.501 milliards de FCFA pour la même période cette année. Soit une augmentation de 35 milliards de FCFA. Le même rapport indique que la perte de valeur de la monnaie européenne (Euro) auquel est attaché le FCFA utilisé au Cameroun a contribué à augmenter le niveau du stock de la dette publique d’environ 1%. Une situation qui selon la CAA devrait préoccuper les autorités en charge de l’économie. Au 31 mars 2010, la dette publique due en devises étrangères était composée de 57,28% de prêts obtenus en Euro. Si cette monnaie continuait à perdre de la valeur, le volume des emprunts libellés en dollars américains (5,24%) pourrait significativement augmenter, selon la CAA. Au moins deux tiers de l’ensemble des engagements financiers pris par le Cameroun sous forme d’emprunts sont ainsi exposés à la variation des cours de change (la valeur du CFA par rapport aux monnaies étrangères). Une situation qui il est vrai peut faire baisser ou augmenter le montant, en fonction de la variation des taux de change sur les marchés financiers. Pour l’heure, la tendance est à la hausse. Les clauses de variabilité, contenus dans les accords de prêts signés par le Cameroun et ses « partenaires » financiers étant inconnues, pour les experts, une variation du taux de change comme celui que connait aujourd’hui l’euro face au dollar Américain suffit à faire augmenter la quantité d’argent à rembourser plus tard, de plusieurs centaines de millions de Francs CFA, et ce malgré les taux d’intérêts qualifiés d’attractifs par les dirigeants camerounais.

Des demandes de financement supérieurs aux besoins initiaux
La publication de cette information fait craindre à de nombreux experts, que la situation de surendettement allégée avec l’initiative pays pauvre très endettés (PPTE) ne refasse à nouveau surface, avec des conséquences très lourdes pour les ménages camerounais. L’impossibilité de tenir ses échéances de remboursement par le Cameroun, avait conduit à l’application des mesures d’ajustement structurel, qui ont considérablement réduit le niveau de vie des camerounais, et provoqué la destruction du faible tissu de production locale des biens et services qui s’installaient déjà. Les experts sont d’autant plus inquiets, qu’aucun chiffre exact sur les conséquences réelles de l’application ratée du document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) au Cameroun, n’a été avancé. Au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, le gouvernement avait misé sur l’augmentation de l’épargne budgétaire. L’allègement de la dette issue de l’initiative devait contribuer à partir de 2007, à une baisse significative et continue de la dette publique camerounaise jusqu’en 2012. Lorsqu’on évalue les projections des besoins de financement du Cameroun pour la réalisation de ses « Projets structurants » on est situé à plus de 1700 milliards FCFA jusqu’en 2014. Un montant très largement au-dessus des besoins projetés au lendemain de l’atteinte du point d’achèvement PPTE.

Conseil de ministre au Cameroun
Journalducameroun.com)/n

A qui profitent l’endettement du Cameroun?
Dans ses derniers discours, le président camerounais confirmé par la suite par ses ministres attribue ce surplus en besoin de financement, par la nécessité de poursuivre les politiques d’investissement initiées par le pays et aussi par la crise mondiale qui a eu des conséquences sur les recettes issues de l’exportation. Mais de nombreux experts financiers ne sont pas de cet avis. Dans une lettre adressée aux députés camerounais en décembre 2009, lors de l’adoption par le parlement de la loi de finance 2010, l’ingénieur financier Babissakana, attirait l’attention des députés sur le fait que le cumul de tous les excédents budgétaires du Cameroun depuis ces 5 dernières années, avoisinait près de 1500 milliards de FCFA, soit une bonne partie de l’encours de la dette officiellement reconnue par les autorités camerounaises, mais aussi équivalent à une bonne partie de la masse totale des besoins de financement par le Cameroun de ses grands chantiers énergétiques et infrastructurels. Une des situations qui selon Babissakana a contribué à l’importance du cumul de l’excédent budgétaire. Certaines analyses vont plus loin que la note d’information de la CAA, pour permettre d’attirer l’attention des autorités camerounaises sur la menace réelle d’une perspective d’un nouveau surendettement. En refaisant à nouveau du Cameroun un consommateur de prêt, les autorités camerounaises compromettraient selon certains experts, l’avenir économique d’un pays aux potentialités reconnues. Le comportement de l’Etat Cameroun semble créditer cette thèse. Face à la crise, le gouvernement a préféré emprunter plutôt que de réduire son train de vie. Un effort de réexamen des dépenses publiques au profit des dépenses porteuses de croissance (dépenses d’éducation, de développement du système de santé, de développement des infrastructures de communications et de télécommunications déficientes) a été fait. Des mesures visant à réduire le train de vie de l’Etat (audit de la masse salariale et des pensions, maîtrise de l’acquisition des véhicules administratifs et des charges courantes de fonctionnement), ont elle aussi été prises. Mais la vérité est que sur le budget 2010, les dépenses de fonctionnement ont fortement augmenté, plombant les investissements dans les secteurs productifs.

L’ingénieur Financier Babissakana a tiré la sonnette d’alarme
Babissakana)/n