Au Cameroun, les protestants honorent la mémoire d’Eric de Putter

C’est en 2012 que ce volontaire français a été assassiné à son domicile, au campus de l’Université protestante à Yaoundé, après avoir dénoncé des dysfonctionnements au sein de cette institution

Dans la salle de spectacle de l’Institut français du Cameroun, les mots du pasteur Jean-Arnold de Clermont résonnent : « Nous ne pouvons faire mémoire à la trace lumineuse laissée par Eric de Putter sans se désoler que la justice camerounaise s’enlise. » Le président du Défap – le service protestant de mission – s’exprimait ainsi lors de la cérémonie de commémoration du triste anniversaire de la mort de ce volontaire français, tenue le mardi 28 juin 2016. En effet, cela fait quatre ans, presque jour pour jour, qu’Eric de Putter a été assassiné à son domicile, sur le campus de l’Université protestante d’Afrique centrale à Yaoundé, la capitale du pays.

C’est en 2010 qu’Eric de Putter avait commencé à enseigner la théologie à l’Université protestante. Il avait ensuite dénoncé de nombreux dysfonctionnements au sein de cette institution renommée. Les autorités camerounaises ont donc conduit dans un premier temps leurs investigations dans cette direction-là. Elles ont placé en détention préventive, pendant près d’une année, l’un de ses anciens étudiants et le doyen de l’université. Tous deux ont été relâchés en septembre 2013. Aujourd’hui, Jean-Arnold de Clermont regrette que « la justice camerounaise semble avoir arrêté ses investigations ». Nadeige Laure Ngo Nlend, de l’association Semeurs de liberté, dédiée à la mémoire d’Eric de Putter, s’attriste de n’obtenir aucune information sur l’avancement de l’enquête : « Notre souffrance est que nous avons le sentiment que les gouvernements, tant Camerounais que Français, se renvoient la responsabilité. »

La chorale de l’Université protestante d’Afrique centrale à Yaoundé (UPAC) a rendu hommage en chansons à Eric de Putter.
Alexis Huguet)/n

Au-delà du souvenir, cette cérémonie a aussi été l’occasion de réaffirmer le lien fort qui unit les Églises protestantes du Cameroun et de France. Une amitié mise à mal par cet assassinat, selon Laurent Schlumberger, président du conseil national de l’Église protestante unie de France. « Ce qui a été atteint le 8 juillet 2012, c’est non seulement la vie d’un homme, mais aussi plus que cela. Le professeur De Putter incarnait cette amitié et cette fraternité. Il les personnifiait », a-t-il déclaré.

Nadeige Laure Ngo Nlend, elle, s’est réjouie de la présence à la cérémonie de Christine Robichon, ambassadrice de France au Cameroun. « Pour nous c’est un très bon signal. Nous sommes contents qu’elle ait pris la parole pour dire qu’il faut vraiment guérir cette blessure-là. Mais pour nous, la guérison passe par le rétablissement de la vérité. C’est tout ce que nous demandons. »

L’ambassadrice de France au Cameroun (à droite), Christine Robichon, a fait le déplacement pour venir rendre hommage à ce jeune volontaire français assassiné en 2012..
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La mort d’Eric de Putter attend toujours d’être élucidée

Deux ans après l’assassinat du coopérant français au Cameroun, l’enquête judiciaire piétine

Le 8 juillet 2012, Eric de Putter, un coopérant français était assassiné à son domicile à Yaoundé. Deux ans après, l’enquête ouverte par la justice camerounaise s’enlise. Deux suspects avaient été interpellés et libérés quatorze mois plus tard. Depuis plus rien. Au sein du campus de l’université protestante d’Afrique centrale, où il servait comme enseignant, l’émotion n’est pas retombée.

A l’université protestante d’Afrique centrale, où servait Eric de Putter avant son assassinat, le souvenir du jeune enseignant de théologie est encore vif. Le recteur de l’institution évoque la gorge nouée les circonstances d’un crime qu’il qualifie lui-même «d’odieux et crapuleux», et qui a plongé l’université dans un profond émoi.

Deux ans plus tard, à l’université on se pose toujours la même question : pourquoi, comment et par qui le crime a été commis ? Aucune réponse et encore des larmes lorsque le recteur évoque le souvenir d’un collègue honnête et dévoué.

Assassiné devant son épouse
De l’enquête ouverte par le parquet rien de significatif n’a filtré jusqu’ici. Des pasteurs ont bien essayé d’en savoir un peu plus en envoyant une correspondance au ministre de la Justice, mais sa réponse reste attendue. En octobre 2013, les deux principaux suspects, dont le vice-recteur de l’université protestante d’Afrique centrale, avaient été libérés, sans qu’il n’y ait jamais eu procès.

Le Français Eric de Putter avait été assassiné à coups de couteau à son domicile, le 8 juillet 2012. Il était attablé avec son épouse et une fillette de dix ans.

Eric de Putter de son vivant
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