Une dizaine de camerounaises en détresse au Koweit

Leur sort a été porté à la connaissance de l’opinion publique le 21 septembre dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Selon le ministère des Relations extérieures, ces jeunes femmes devraient bientôt revenir au Cameroun.

Le gouvernement camerounais suit dorénavant le dossier de quatorze jeunes femmes d’origine camerounaise, parties travailler au Koweit, et victimes d’exploitation et de maltraitance par leurs employeurs. Dans un communiqué publié lundi, le ministère camerounais des Relations extérieures fait savoir que des laisser-passer ont été accordés à ces dernières afin de faciliter leur retour au Cameroun, « d’ici le 10 octobre ».

Ces Camerounaises s’étaient rendues au Koweit afin d’y travailler en tant que femmes de ménage dans des foyers. Objectif : gagner beaucoup d’argent. Elles étaient loin de s’imaginer les dures réalités qui les attendaient.

«  Ici, nous ne dormons pas, nous travaillons comme des robots. On frappe sur nous. Tu ne dois pas te plaindre. Pour eux, tu es un esclave et l’esclave est appelé à travailler à tout moment, à toute heure. Quand tu te lèves à 5h, tu vas te coucher à 1h. Tu tombes malade personne ne t’amène à l’hôpital. Tu restes-là avec eux et si tu ne supportes pas tu fuis », raconte l’une des infortunées dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux le 21 septembre.

Les jeunes femmes concernées ont eu recours à des intermédiaires pour des procédures liées à leur voyage ainsi que pour l’obtention de leurs emplois. La pratique est courante au Cameroun  et connue sous le vocable « réseau ».

Les membres des réseaux locaux sont le plus souvent des camerounais. Ceux-ci, par le biais d’affichage dans les rues ou du bouche à oreilles, proposent un service d’immigration avec l’assurance de la formation et/ou de l’emploi à l’étranger. Le Qatar, le Koweit et Dubaï font partie des destinations proposées. La personne qui requiert leurs services leur reverse la somme exigée et le « réseau » se charge de la procédure administrative et du placement dans les familles.

Les clients voyagent, pour certains, sous de fausses identités. Cela n’est toutefois pas une règle. A l’arrivée dans le pays choisi, ils sont accueillis par leurs employeurs ou un autre intermédiaire.

Grosse surprise. Une fois dans le foyer, leurs documents officiels et téléphones sont confisqués. Le réseau a omis de leur dire qu’ils ont été vendus et non recrutés à distance. Ils n’ont pas été préparés à ce qui les attend sur place. Le réseau, pour sa part, est au courant de tout.

« Quand tu appelles les gens qui se sont chargés de nous faire voyager, ils te disent que tu ne dois pas fuir, qu’ il faut rester, qu’il faut supporter, supporte ça va finir. Quand tu te plains que ça ne va pas, il dit non, c’est comme ça ici. Pourtant au départ ce n’est pas ce qu’ils nous ont dit », témoigne l’une des camerounaises en détresse, actuellement prises en charge par le ministères des Affaires sociales du Koweit.

Afrique: les Noirs sont-ils conscients qu’ils restent des esclaves de luxe pour l’Occident?

Par Serge Espoir Matomba, Premier secrétaire du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (Purs)

De 1700 à 1900 partout dans le monde s’est déroulée successivement l’abolition de la traite négrière interdisant ainsi tout commerce d’esclave quel que soit le genre. Heures heureuses pour la peau noire et métisse qui longtemps restée rebelle a pensé un temps soit peu qu’enfin elle allait vivre son ère de liberté absolue.

Ne nous leurrons pas. Les conflits entre esclaves et maîtres, les révoltes d’esclaves, les différentes révolutions de part et d’autres des plantations qui les tenaient captifs, les assassinats et autres formes de révoltes et surtout la grande manifestation du peuple noire face à toutes ces barbaries ont certainement fait penser aux colons, aux puissants chefs des terres qu’en octroyant un bout de papier portant officiellement le sceau du maître, aux nègres, ils se calmeront enfin. Ce qui a parfaitement marché puisque dès cet instant, le noir s’est porté volontaire pour continuer à se faire exploiter dans les champs de coton, de canne à sucre ou encore employés de maison, moyennant quelques minables pièces d’or et d’argent rendant ainsi leur existence plus misérable encore car ne pouvant rien s’offrir avec ces miettes pourtant appelées rémunérations.

Au fil des années nous avons vécu la grande révolution industrielle qui a encore plus consolidée l’aspect légal de l’acte puisque les classes sociales se sont rapidement formées et les prolétaires blancs se sont mêlés à cette couche de noirs faisant croire que tous bénéficiaient d’un même traitement donc plus question d’esclave. Seulement à l’ère du capitalisme le capitaliste s’en fout royalement de qui travaille pour lui tant qu’il maximisait ses bénéfices en investissant peu en mains d’ uvre. Par contre il n’avait jamais été question d’un patron noire à la tête d’une de ces grandes usines de blanc. Les noirs ne pouvaient en aucun cas diriger les blancs. C’était répugnant et inenvisageable. Et surtout pas sur leurs terres; bon sang!

Puis vint la mondialisation. Tout se mélangea. La chance pouvait sourire à tous ceux dont les parents ont pu amasser assez pour les inscrire dans les grandes écoles de blancs réservées uniquement aux plus surdoués et audacieux des noirs. Vous en sortez diplômés et prêts à l’emploi. Mais ce que vous ne saviez peut-être pas, c’est que vous venez ainsi de vous inscrire à la nouvelle forme la plus luxueuse d’esclavage. Vous obtenez facilement des bourses et prêts scolaires vous rendant redevable à vie parce qu’à durée indéterminée.

Comment le saurez-vous ? Vous êtes tellement absorbés par tout ce que pouvait vous offrir cet argent, maison, voiture, niveau de vie enviable, femme, homme acceptable et même plus avec un peu de chance. Voilà vous avez de quoi ne pas vous réveiller de votre profond sommeil et ce pour tellement longtemps que vos enfants et petits-enfants seront obligés de passer par là également, ne vous inquiétez surtout pas. Vous allez vous-même les y inscrire et mieux les y encourager, parce que la facilité sera votre seule arme de bataille. Seulement ce que vous aurez totalement oublié, c’est que vous venez d’Afrique. Vos aïeux viennent de là. Ils n’ont jamais été blancs. Ils y sont venus pour les aider à mieux construire leurs pays et continuer à vous soutirer tout ce que vous ne posséderez jamais. La liberté. Quelle liberté ? Ne sommes- nous pas au 21ième siècle ? Notre indépendance, parlons-en.

Nos Etats sont constamment maintenus dans une finance mondialisée qui de crise en crise renforce son pouvoir de domination et détruit lentement nos démocraties. Nous parlons des prêts octroyés par ces pays occidentaux pour soit disant nous aider à financer le développement tant infrastructurel que social, économique et . mais que nous ne verrons jamais. Ces prêts représentent à eux seuls le pouvoir de manipulation de nos ambitieux et vils chefs d’Etat, manquant de courage et d’audace pour dire non à l’exploitation continue et sans cesse grandissante des pays en voie de développement ou sous-développés.

Ces prêts sont pour la plupart imposés par ces dirigeants occidentaux ne vous laissant aucune liberté de réaction. Vous avez trois choix. Tout d’abord en tant que dirigeant de pays sous développé, votre choix de candidature a été imposée dans votre pays, cela pour leur permettre de mieux avoir une vision claire de ce que serait leurs bénéfices à long terme. Une fois élus, ils font de vous des marionnettes dirigeables à guise pour l’exploitation de vos terres mines et richesses. Sans oublier qu’ils vous offrent des prêts que vous n’aurez jamais la possibilité de rembourser car la finalité de ces prêts est la construction d’infrastructures et qui est mieux placés pour vous apporter la technologie, les machines et la tête pensante si ce n’est eux ?

Finalité, vous reversez à votre prêteur le prêt mais cette fois-ci ironiquement en guise de paiement des travaux effectués et marchés obtenus mais vous restez surendettés si on y ajoute les intérêts bien entendu. Pour ces quelques rares dirigeants qui ont refoulés cette pratique, il leur a été envoyé des assassins financiers qui ont échoués et dont le rôle était de vous faire accepter les prêts. Après ceux-ci viennent les assassins tout court qui essayeront de vous forcer la main moyennant menaces de mort. Et là encore si vous refusez alors il ne vous restera plus qu’à prier que les jours qui vous restent soient assez suffisants pour sécuriser votre épouse et vos enfants parce que de toute façon vous mourez soit dans un tragique accident d’avion pendant que vous partez en voyage d’affaire ou dans un coup d’Etat morbide orchestré de bout en bout par eux ou simplement empoisonné et réduit à l’invalidité.

Vous laissez ainsi la place à celui qui acceptera le contrat et votre pays paiera le prix à jamais si la voix du peuple ne finit par raisonner plus fort que le bruit des canons et autres bales abusivement tirées sur des innocents. En Afrique on vous tue pour vos droits. S’en est un. Mais en Europe vous vous offrez à la mort parce que vous refusez d’assumer vos droits. Combien de noirs sont juste abattus chaque année aux Etats-Unis simplement parce qu’ils sont noires et surtout parce qu’il leur est rappelé qu’ils ne sont pas et ne seront jamais chez eux ?

Combien de noires avons-nous vu rentrer en Afrique avec tous ces bagages intellectuels juste pour construire son propre pays comme le font les juifs, les arabes, les turques, malaisiens, vietnamiens, chinois, russes et autres qui préfèrent fièrement construire l’économie de leurs pays plutôt que de finir esclave des pays des autres ? Qui amassent de l’argent certes en sacrifiant quelques années à l’étranger mais qui rentrent chez eux quand même ? Et combien de noir comptons-nous en Europe accrochés à une vie qui n’est juste pas la leur et s’y laissent massacrer parce que refusant d’assumer leur droit de se réclamer indépendant et surtout refusant de constituer une vraie puissance, une forteresse, une arme indéfectible devant l’exploiteur, une armure impénétrable. La race noire est toujours celle qui compte plus d’assassinat à son actif lorsque nous parlons des conflits aujourd’hui de peau aux Etats-Unis et ceux largement devant les latinos. Pourquoi ne pas juste finir par comprendre qu’à cette allure jamais nous ne serons indépendants ? Qu’est ce qui peut ainsi empêcher ce réveil ? Si le sang qui coule tous les jours partout ne le fait pas qu’est ce qui peut le faire ? Si le summum de l’atrocité est atteint qu’est ce qui peut encore nous surprendre ? Chers frères noirs, rentrons construire chez nous. La vraie liberté nous y attend.


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Cameroun: l’ancien port négrier de Bimbia veut sortir de l’oubli

Depuis bientôt six ans, la politologue Lisa Marie Aubrey travaille bénévolement avec un groupe de jeunes chercheurs pour faire la lumière sur l’histoire «longtemps oubliée» de ce port d’esclaves

Le temps d’une pièce théâtrale, les acteurs tentent de reconstituer l’histoire qui a décimé des générations entières. Un matin, un garde s’est présenté devant sa petite case en paille: «Le roi veut te voir.» Comme s’il pressentait un danger, l’homme supplie l’émissaire de lui accorder un peu de temps. «J’arrive, j’arrive», répète-t-il en vain. Il est traîné de force. Son fils, voyant son père ainsi maltraité, le suit en pleurs. «Enfermez-les!», ordonne le roi Kingué. L’homme et son fils sont conduits dans une case de la cour royale puis enchaînés. Sa femme, lasse d’attendre, se rend au palais pour s’enquérir de la situation. Elle aussi est capturée et enfermée.

«Allez me chercher d’autres hommes et femmes», gronde une nouvelle fois le roi de sa voix grave, après une gorgée de vin de palme. De jeunes hommes, «grands, forts et en bonne santé» sont ainsi arrêtés. Ils attendent le «White man» (le Blanc) qui arrive, fusil à l’épaule, et demande à voir ses «Slaves» (esclaves). Il brandit un bracelet en pacotille, appartenant, jure-t-il, au roi de son pays. «Je veux cinq esclaves», exige-t-il en échange. Kingué regarde l’objet avec avidité et appelle son épouse. A la vue du bracelet, la reine sourit et esquisse des pas de danse. L’échange est conclu. Une bouteille de whisky et des bibelots sont aussi troqués contre une dizaine d’hommes.

La scène se déroule en plein air, sur le site enclavé de Bimbia, ancien port d’embarquement des esclaves, dans la forêt du sud-ouest du Cameroun. Ici, comme dans plusieurs endroits de la côte ouest-africaine, des millions de personnes ont été arrachées à leurs terres pour l’Occident dans le cadre du commerce des esclaves.

«De nombreux Camerounais sont surpris de l’existence de Bimbia et du fait que leur pays ait été touché par la traite négrière, explique Dr Lisa Marie Aubrey, qui a suivi avec intérêt la représentation. De nombreuses personnes ont été emmenées contre leur gré, hors de Bimbia.»

Plus de 200 bateaux négriers
Depuis bientôt six ans, cette politologue américaine, enseignante au département des études africaines et africaines-américaines à l’Université d’Arizona aux Etats Unis, travaille bénévolement avec un groupe de jeunes chercheurs pour faire la lumière sur l’histoire «longtemps oubliée» de Bimbia.

Découvert en 1987 et classé au patrimoine national du Cameroun, ce site de «déportation» des esclaves sort de l’anonymat en 2010 à la faveur du lancement du Programme de retour aux origines pour la reconnexion avec l’Afrique (Ancestry Reconnection) soutenu par l’association américaine ARK Jammers. Cette association aide les Africains-américains, après un test ADN effectué par la firme African Ancestry, à retrouver leurs origines africaines.

Lisa Marie Aubrey a fait partie des expéditions de 2010 et 2011. «S’il y avait des descendants d’esclaves, il y avait sûrement un port d’où partaient ces esclaves, se souvient la chercheuse. Je voulais découvrir d’où étaient donc partis leurs ancêtres.» Elle pose des questions et n’obtient pas de réponses satisfaisantes. A la différence de l’île de Gorée au Sénégal, Ouidah au Bénin ou de la Gold Coast, l’actuel Ghana, Bimbia était méconnue. La politologue aux dreadlocks décide alors de prendre les choses en mains. Elle parcourt les archives et multiplie les voyages entre les Etats-Unis et le Cameroun en passant par la Guyane, la Barbade et la Martinique pour affiner ses recherches.

La chercheuse et son équipe de bénévoles bénéficient en 2012 d’une subvention de 76 000 dollars du département d’Etat américain. «Nos recherches nous ont montré que plus de 200 navires ont quitté le Cameroun, assure la chercheuse. Bimbia n’est pas le seul port d’embarcation des esclaves que nous avons trouvé dans le pays. Nous continuons les recherches. De milliers de femmes, hommes et enfants sont partis de ce port vers la Jamaïque, les Etats Unis, au Brésil.»

Selon les premiers résultats de ses travaux, sur les quelque douze millions d’hommes, de femmes et d’enfants exilés aux Amériques entre le XVIe siècle et le XIXe siècle, plus de 10 % seraient partis du port de Bimbia. C’est beaucoup plus que les Africains qui sont partis de l’île de Gorée. Et un peu moins que les deux millions de personnes à avoir emprunté la porte du Non-Retour de Ouidah, au Bénin. Mais ces deux sites jouissent d’une plus grande renommée internationale.

Représentation théâtrale sur le site de Bimbia
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«Bimbia comme Gorée au Sénégal»
A Bimbia, des vestiges témoignent encore du passé tragique : des bouts de chaînes accrochés sur des murs affaissés et au niveau de la mangeoire des esclaves, des écritures marquées sur des pierres, des morceaux de fer et surtout, cette ouverture sur l’océan atlantique, point de départ des bateaux négriers.

Ce samedi, une centaine de jeunes, membres de Yes Africa, une association qui organise des excursions sur les sites historiques du Cameroun, sont en visite à Bimbia. Ils écoutent religieusement l’enseignante. «Vous êtes jeunes et c’est à vous de faire connaître votre histoire», leur lance Lisa Marie Aubrey.

8 000 Africains-américains, à l’instar du réalisateur Spike Lee, le producteur de musique Quincy Jones ou l’ex-secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice, auraient réussi à identifier leurs origines camerounaises grâce à des recherches ADN. Dr Lisa Marie Aubrey, elle, attend toujours de savoir. Quel que soit le résultat, qu’elle ait des racines camerounaises ou pas, elle a un rêve: faire de Bimbia, un lieu de pèlerinage et d’histoire enseignée dans les écoles, accueillant des milliers de touristes par an, à l’exemple de l’île de Gorée où se sont rendus de prestigieux visiteurs tels que Barack Obama, le premier président noir des Etats-Unis.

Hormis le manque de financement nécessaire aux recherches et à la conservation, Lisa Marie Aubrey est consciente de l’accès très difficile au site. De la ville balnéaire de Limbé, il faut parcourir pendant une heure une piste en terre, boueuse en saison de pluie, afin d’accéder à ce village perdu en pleine forêt. «Le manque de route est un vrai problème, reconnaît Mbimbia Edimo, guide touristique. Le ministère des Arts et de la Culture essaie de trouver une solution. Nous recevons entre 200 et 2 000 touristes par an. Je pense que Bimbia peut avoir la même envergure que Gorée si on y met les moyens.»

Pour Martin-Olivier Nguiamba, président de «Yes Africa», faire connaître Bimbia est «une vraie réflexion sur la mémoire, le nationalisme et les questions de développement». Son rêve, comme celui de nombreux Camerounais, est de voir l’ancien port d’embarquement des esclaves classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Des vestiges de l’ancien port négrier de Bimbia
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