L’espèce au guichet : le Cameroun totalise plus de 10 millions de retraits manuels sur 17 millions en Zone Cemac

Au cours de l’année 2022, dans les banques commerciales, les clients ont effectué 17,9 millions de retraits manuels dans la sous région.

Dans la sous-région en 2022, les six pays avaient 738 guichets répartis comme suit : Cameroun : 384, Centrafrique : 19, Congo : 112; Gabon : 83, Guinée Equatoriale : 58 et Tchad : 28 guichets. Pour ce qui est dans retraits manuels, ces guichets ont permis à ces différents pays de la zone Cemac respectivement d’effectuer le nombre de retrait ci-après : 10 472 058, 346 205, 3 251 542, 2 812 535, 178 463, 860 469 retraits pour un nombre cumulé de 12 921 272 pour le nombre de retraits manuels en zone Cemac en 2022.

Selon la BEAC, les chiffres ci-dessus comprennent, sans distinction, les retraits effectués par les entreprises et les particuliers. On peut constater une moyenne de 28 284 opérations annuelles par guichet pour une valeur moyenne par retrait de 957 434 FCFA .

Conformément à sa mission de promotion des systèmes de paiement et à sa vision stratégique de réduction de l’utilisation du cash ou fiduciaire, la BEAC encourage toute initiative visant à limiter l’usage du cash et donc des retraits en espèces. Il convient de noter
que le Règlement N°03/16/CEMAC/UMAC/CM du 21 décembre 2018 relatif aux systèmes, moyens et incidents de paiement, en ses articles 3 à 6, consacre l’obligation de payer par moyen scriptural pour tout paiement excédant la somme de 500 000 Francs CFA.

Dans ce sens, certains Etats comme le Gabon, ont pris des mesures pour limiter les retraits en espèces. Ainsi, le 21 avril 2021, le Directeur Général des Impôts de la République Gabonaise signait l’Instruction N°0223/MER/DGI/DLC relative à la taxe sur les retraits. Ladite taxe est instituée par la loi des Finances Rectificative de l’année 2020.

La taxe est due par toutes les personnes physiques ou morales qui effectuent au cours d’un mois, un ou plusieurs retraits en numéraire, pour un montant cumulé supérieur ou égal à cinq millions (5 000 000) de Francs CFA indépendamment du mode ou de la fréquence de retrait. La taxe est recouvrée par les établissements de crédit et les Prestataires des Services de Paiement. Elle est présentée comme un outil devant contribuer à l’inclusion financière au Gabon, en limitant la circulation des espèces, contribuant ainsi au développement de la dématérialisation des paiements, d’une large inclusion financière et à l’avènement d’une économie des paiements « Cash lite », à défaut d’être « Cash less ».

Cependant, pour que l’objectif fixé par l’Etat Gabonais puisse être atteint, il aurait fallu qu’un certain nombre de prérequis ou de conditions préalables soient remplies, notamment en ce qui concerne d’une part l’existence d’un réseau d’acceptation marchands dense, et d’autre part qu’il existe un système centralisant les données sur les retraits interbancaires de façon à pouvoir contrôler le respect individuel des seuils.

Cameroun-TCS : le conseiller technique de Mebe Ngo’o explique comment l’ex-Mindef décaissait en espèces

Accusé d’avoir suggéré à l’ex-Mindef l’ouverture d’un compte permettant d’effectuer des décaissements sans «visa préalable» du contrôleur financier, Maxime Léonard Mbangue s’est expliqué devant le TCS.

Les faits sont rapportés par Kalara. Maxime Leonard Mbangue faisait partie des éminences grises de Edgard Alain Mebe Ngo’o. En tout cas, entre 2009 et 2015, il exerçait les fonctions de «conseiller technique» (CT) au cabinet du ministre délégué à la Défense (Mindef). Inspecteur principal du Trésor, il passe aujourd’hui en jugement devant le Tribunal criminel spécial (TCS) aux côtés de son ancien patron pour une proposition faite au concerné.

Et dont la mise en pratique, selon l’accusation, a occasionné sinon facilité la distraction présumée de 678,5 millions de francs au moyen de marchés dits surfacturés. Les marchés en question, attribués en 2010 et 2011, portaient sur l’acquisition d’effets militaires abrégés «Hcca» : habillement, couchette, camouflage, ameublement. Des effets destinés aux cérémonies du 20 mai, la fête nationale.

Appelé les 14 et 18 février 2022 à présenter lui-même ses arguments de défense face aux charges qui pèsent sur sa personne, M. Mbangue a réfuté l’accusation de complicité de détournement de deniers publics pour laquelle il est en jugement. En répondant aux questions de son avocat, Me Assira Engoute, l’accusé a d’abord longuement expliqué qu’avant d’arriver au Mindef le 25 août 2009, date de sa nomination, il avait roulé sa bosse dans diverses autres administrations.

Il avait, précisément travaillé tour à tour au Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), au ministère des Finances (Minfi) et à la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn) sans compter un crochet dans une grande banque privée. L’accusé a fait valoir qu’il était donc un haut fonctionnaire pétri d’une riche expérience administrative lorsque le chef de l’Etat l’a promu conseiller technique (CT) du Mindef.

Sous-directeur des affaires financières à la DGSN de 2005 à 2009,  M. Mbangué était déjà sous les ordres de M. Mebe Ngo’o, le patron de la police à cette époque. L’accusé témoin  a dit soupçonner que c’est à cause de cette collaboration successive avec M. Mebe Ngo’o à la police puis au ministère de la Défense que l’accusation fait des insinuations pour l’accabler.

Or, dit-il, que ce soit à la DGSN ou au Mindef, il n’avait jamais été mêlé aux dossiers Hcca. Ces précisions entendues, Me Assira Engouté va rappeler à son client que l’accusation prétend que même s’il  n’était certes pas impliqué dans la chine de dépenses au Mindef, c’est qu’à même sous son instigation que M. Mebe Ngo’o a fait créer un compte dépôt à la prairie générale du Trésor.

Ce dispositif innovant souligne l’accusant a permis sous l’ordre du l’ex-Mindef, de décaisser des fonds en espèces pour l’acquisition des effets Hcca évoqués. Ce mécanisme, pour l’accusation  «a fait échapper»’  les marchés litigieux au « visa préalable »  du contrôleur financier dont « le rôle est pourtant de s’assurer de la conformité  des prix  des équipements » par rapport à la mercuriale. Ce qui a eu pour incidence de faciliter la surfacturation déplorée.

Pour sa défense M. Mbangué a raconté que c’est effectivement dans le cadre d’une réunion au Mindef relative à la présentation de son budget de 2010 qu’on l’a «incité » à donner l’avis critique, lors de ladite réunion, le contrôleur financier spécialisé se plaignait  de la non justification des fonds débloqués en espèces dans le cadre des 20 mais passés, car l’utilisation desdits fonds , arguait-il ne faisait pas l’objet d’un compte emploi.

Sans ambages, M. Mbangué soutient mordicus que l’avantage avec le dépôt  est qu’il obéit à un souci de transparence et à la traçabilité  des opérations de la dépense. D’ailleurs, insiste-t-il, pour ravitailler ce type de compte, l’ordonnateur adresse au ministère des Finances une demande d’autorisation de crédit à hauteur du montant débloquer.

Mieux, le compte de dépôt n’est pas créé par le Directeur général du trésor que sur instruction du ministre des Finances à la demande expresse d’un ordonnateur. Et l’utilisation des fonds alloués est assortie d’un compte  d’emploi. Le compte N° 450400, celui en cause, intitulé « dépôt Mindef fête nationale du 20 mai », avait été créé en 2010.  Le mis en cause regrette donc que l’accusation «ait fondé» sa mise en procès sur une procédure budgétaire et comptable fondamentalement légale.

Contrairement à l’accusation qui trouve que le déblocage des fonds en cause «n’a été rendu possible qu’en raison du dispositif innovant », M. Mbangué oppose qu’avant son arrivée au Mindef, les fonds du 20 mai étaient déjà décaissés en espèces, selon lui, le seul problème résidait plutôt au niveau du suivi de la dépense.