Les Camerounais détestent les Bamiléké pourquoi ?

Le projet global de domination tribal de Yaoundé contre la communauté Bamiléké est adossé sur le reliquat dense de détestation que véhicule leur auto-enfermement.

4- Victimisation et auto-glorification : conjurer le déni

​​​La préférence de Maclédio se porta sur le jeune Gaston d’ethnie bamiléké. Gaston était plus fidèle qu’un chiot et plus silencieux que le cache-sexe d’une vierge. Il n’ouvrait la bouche que pour louer et vénérer un seul être dans ce vaste monde : le chef de sa tribu, le fog, ajoute le répondeur. Il le présentait, le dénommait, le qualifiait de « pluie qui tombe subitement », de « père aux riches vêtements », de « celui dont les yeux sont plantés aux carrefours », de « celui qui partage sans distinction de mains » et même de « celui qui n’a pas de nausée devant des excréments ». Quand Gaston, le petit boy, ajouta à toutes ces qualités que le chef, son fog, était aussi « le père des orphelins », les doutes de Maclédio se dissipèrent. Le chef bamiléké était son homme de destin (Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages).

En lisant ces lignes, mes frères Bamiléké ne doivent pas s’en offusquer, car il ne s’agit que de la dérision, c’est-à-dire une caricature, le produit de l’imagination fertile d’un écrivain qui tue le temps. En littérature, on dit qu’on corrige les mœurs par le rire. D’ailleurs, tous les traits psychologiques et les accusations de fourberie, de duplicité, de voracité foncière qui sont adressées aux Bamiléké ne sont pas une exclusivité de ce peuple. Mieux, on pourrait même opposer aux accusateurs que d’autres communautés se distinguent aussi par cette ruée vers les terres arables.

Le département de la Lékié, par exemple, se vide littéralement de ses bras les plus robustes et la production du cacao y a chuté parce que les Eton vont désormais faire leurs champs à la « Traversée », à l’autre rive de la Sanaga, c’est-à-dire dans le Mbam-et-Kim et le Mbam-et-inoubou, voire parfois jusqu’à l’Est du pays.

Cette mise au point est nécessaire. En effet, lorsqu’on aborde dans le fond la question tribale, certains se braquent. Ils ne veulent pas « être sport », c’est-à-dire accepter de bonne foi les critiques pour faire un examen de conscience en vue de s’améliorer. Mais, plus que jamais, il faut sortir du discours victimaire et renoncer à la tentation du déni, sinon on construit et ritualise patiemment ce qui demeure dans l’esprit des calomniateurs comme le trust de la discrimination du « Bami-power ».

Il est certes vrai que les super-Bulu, les gestionnaires actuels de notre pays, représentent la honte absolue, la pire malédiction qui soit. Tous ceux qui ne sont pas proches des super-Bulu et assimilés sont marginalisés. Et le pays pillé à un rythme infernal (comme dans l’enfer de la Bible). Il n’y a qu’à voir le rythme effréné avec lequel ils pillent le pays : c’est parfois plus de quatre-cent trente millions de francs CFA de détournement par semaine, des fois ce sont plus de trois cents milliards par an de dilapidation des emprunts de l’État, l’argent de la dette que les générations présentes et futures de Camerounais devront rembourser.

C’est ce qui fait dire à certains, pour se dédouaner des accusations de cupidité, de discrimination congénitale et de boulimie foncière, que les véritables milliardaires seraient les super-Bulu et que les Bamiléké seraient faussement riches ; qu’ils ne seraient que des prête-noms, des porteurs de mallettes. Ils ajoutent que les problèmes fonciers se posent aussi entre les Bamiléké, à l’Ouest même, et que l’accaparement des terres par cette tribu se justifierait par le fait que les autres communautés ne migrent pas et, donc, qu’ils ne peuvent pas briguer des postes électifs à l’Ouest où ils ne sont pas représentés.

​Certes, il y a donc un côté anthropologique qui prédisposerait les populations des Montagnes à avoir peur du lendemain et à travailler pour leur survie afin de s’adapter aux évolutions d’un monde moderne de plus en plus exigeant. Contrairement aux peuples du littoral, de la savane ou des plaines qui évoluent dans un climat plus clément, les peuples de l’Ouest, à cause de l’exiguïté de leur espace vital, seraient sans cesse contraints d’anticiper, par peur du lendemain, en inventant des stratagèmes pour élargir leurs possibilités économico-politiques, pour conjurer leur fragilité existentielle.

Mais malgré ces échappatoires qu’on mobilise et qui ont des bases de justifications réelles, malgré la fameuse « exception » humaine et culturelle revendiquée que certains résument doctement dans le fameux « dynamisme incarné » des Bamiléké, il faut y insister : ces derniers doivent se réexaminer et évaluer froidement les récriminations qui émergent des quatre coins du pays. Dire qu’on ne doit pas aider un non-Bamiléké parce que, d’habitude, « ces gens ne sont pas reconnaissants » ; prétendre que l’accumulation foncière compulsive est une « belle revanche » contre une politique de marginalisation, où une communauté serait privée d’accès aux postes administratifs, tout cela est proprement malsain.

Cette attitude est conflictogène parce que ce ne sont pas ceux avec qui l’on va discuter ou arracher les terrains qui privent les membres de la communauté Bamiléké d’accès aux postes administratifs, auxquels eux-mêmes n’ont pas accès. À moins de les considérer, par accès de tribalisme, comme les « frères et sœurs » des super-Bulu, et de les tenir pour comptables de la discrimination subie de la part des « ennemis de la République » et, donc, de fait, de les ériger en autant d’ennemis, de les discriminer en retour, par la force de la transitivité. Tout cela ne rime à rien de bon.

Les Bamiléké doivent sortir d’un bon nombre de « logiques » qui les ont jusque-là gouvernés, notamment cette « hypocrisie maladive » et cette sorte de « solidarité sélective » décriée qui étouffent les relations de bon voisinage, sabordent l’entente et les séparent des autres Camerounais. Les super-Bulu en profitent. Ils rentabilisent ces stigmates sociologiques pour mieux diviser les Camerounais. L’entreprise politique de domestication des élites de l’Ouest par l’appareil gouvernemental en place et, plus généralement, le projet global de domination tribal de Yaoundé contre la communauté Bamiléké est adossé sur le reliquat dense de détestation que véhicule leur auto-enfermement.

5- Tuer la haine : vers un Nouveau leadership Bamiléké

Les Bamiléké doivent donc prendre conscience des enjeux, en mettant en valeur leur créativité remarquable et leur ingéniosité légendaire, tout en empruntant le chemin de la révolution spirituelle et comportementale qui s’impose aujourd’hui plus que jamais. Pour ce faire, ils devraient considérer les points de mutation suivants :

➢ On mesure certes l’humanité à la capacité d’entreprendre. Mais, dans la recherche du gain, il faut privilégier l’humain. On n’est pas un homme parce qu’on court avidement derrière l’argent ou parce qu’on est assommé de richesses matérielles, parce qu’on croule sous ses trésors… Suivant ce principe, il faut souhaiter que chaque Camerounais, l’homme Bamiléké en particulier, résiste aux assauts de la cupidité en cassant les barrières que la société de castes a héritées depuis l’enfance dans l’esprit des enfants, pour intégrer la pluralité des visages dans le subconscient. Il faut faire évoluer les éléments culturels en intégrant davantage d’étrangeté. Car, la réalité de nos familles achève de nous convaincre : le métissage est notre horizon et notre destin.

➢ Dès lors, il ne nous importe pas de savoir si les Mbouda, les Dschang ou tout autre groupe des Grassfield est plus enclin à la condescendance tribale, au repli et à la discrimination qu’un autre. Ce qui compte, actuellement, c’est que les membres de la communauté bamiléké réapprennent à privilégier l’auto-discipline de leurs besoins et la prise en compte du ressenti et des intérêts des autres communautés de la Nation dans la conquête hégémonique de leur groupe. En un mot : ouvrez vos réseaux aux autres ! Le « Pays Bamiléké » doit totalement s’inclure dans le continent en miniature qu’est le Cameroun pour constituer l’une des poutres centrales qui en assurera la pleine croissance et le progrès.

➢ Le pouvoir économique et le dynamisme démographique des Bamiléké est, par conséquent, un couteau à double tranchant : d’une part, ce serait un caillou, un authentique caillou dans le pied des Camerounais si les originaires de l’Ouest ne réussissent pas à s’intégrer dans la communauté nationale sous le prétexte de vouloir maintenir leur originalité culturelle et leur suprématie économique sur leurs compatriotes.

Dans ce cas, ils ne pourront pas servir de variable déterminante dans la Refondation des institutions et l’enracinement des valeurs démocratiques dans notre pays. Ils se contenteraient de servir de recéleurs des biens mal acquis ou de jouer le rôle ingrat de complices de crimes économiques perpétrés par les super-Bulu. En revanche, l’expertise économique, l’élitisme sélectif et les valeurs culturelles des Bamiléké sont des atouts imparables pour construire, au plan national, du noyau dur entrepreneurial et industriel indispensable à l’émergence de notre pays.

Aucune nation ne peut se développer sans qu’elle ne dispose, en son sein, de telles compétences, de cet essaim d’industriels qui fabriquent les multinationales. De ce point de vue, les Bamiléké sont donc, incontestablement, un caillou dans le pied du système néolibéral…

 Nos hommes d’affaires doivent faire leur mue et devenir d’authentiques industriels. Les Bamiléké ne doivent pas copier les mauvais exemples, comme celui de Jean-Bernard Ndongo Essomba, le magna du cacao, qui a utilisé le sang et la sueur des cacaoculteurs Camerounais, ceux du Département de la Lékié principalement, ainsi que les financements et autres coups de pouce de l’État, pour construire des palaces à ses innombrables épouses et pour abrutir les Éton avec le parti politique des super-Bulu, le RDPC. Contrairement à ces genres d’hommes d’affaires véreux, les Bamiléké doivent construire des usines et des manufactures de tous ordres pour transformer nos matières premières localement et créer les emplois. L’industrialisation effective du continent contribuerait à estomper les effets pervers du tribalisme.

➢ Il leur faut donc se surpasser pour résister à l’attirance boulimique qui les pousse à lancer les croisades au nom de leur dieu caché, le « Terrain ». Cette guerre des terrains est cause de la détestation des autres communautés et provoque de nombreux décès dans la population. Elle conduit à d’innombrables procès dans des juridictions civiles et pénales qui alimentent la corruption de l’appareil judiciaire.

6- Au-delà de la fumée suffocante des tribus, les flammes conviviales du métissage

Beaucoup parmi nous, par dépit, par naïveté, par impatience, par gourmandise, par aveuglément ou par bêtise, sont devenus des assimilés des super-Bulu et propagent dans la société les miasmes cancérigènes du tribalisme politico-administratif. Ces regroupements d’assujettis tribaux réaniment les braises de la fabrique idéologique de la détestation des Bamiléké ; ils contribuent à diviser les Camerounais et à faire perdurer l’agonie de notre peuple et la stagnation de notre pays.

Que ceux qui sont demeurés lucides continuent à prêcher l’évangile du métissage culturel à ces renégats et à cheminer avec tous les autres, les Sawa, les Bulu, les Fang, les Moundang, les Douala, les Bamiléké, les Tikar, les Bamoun, bref, tous les autres Camerounais, dans la construction d’une Nation multiculturelle riche, digne de la promesse des fleurs des sacrifices inouïs des Pères de l’indépendance.

Terminons ce plaidoyer en invoquant plus solennellement ce nouveau début ! Mettons-nous à l’école de ce nouveau commencement que nous indiquent ceux qui ont la responsabilité sociale de rappeler nos prouesses et de dessiner notre cupidité pour nous blâmer et nous engager non seulement à nous changer, mais aussi à nous accepter les uns les autres. Ressourçons-nous auprès des muses qui ont inspiré les sacrifices des Pères fondateurs de notre pays.

En un sens, ces âmes immortelles étaient des artistes. Malgré leurs douleurs, leurs blessures et leurs plaies, leur créativité et la beauté exorcisante des mots intarissables qu’ils ont prononcés au moment d’être exécutés par nos bourreaux sont autant de gages des nouvelles rencontres que nous devons faire en vue de notre renaissance commune. Du fond de leur tombes, nos héros nationaux murmurent et soufflent à l’oreille de tous ceux qui croient encore au mot sacré de FRATERNITÉ, ces paroles rédempteurs :

Il n’y a pas qu’un jour, demain aussi le soleil brillera. Si tu supportes la fumée, tu te réchaufferas avec la braise (Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvage). Après ces poignantes exorcisations, il est temps : calcinons-nous dans nos prétentions villageoises et nos préventions singulières, pour faire briller notre meilleur fond aux yeux des membres de toutes les communautés !

Domptons toutes les accointances villageoises qui nous coincent de l’intérieur ! Ouvrons notre cœur aux tentations incommodantes des présences non-familières, non-familiales ! Conjurons enfin nos tares et nos défauts respectifs pour communier, sans distinction, avec tous les compatriotes, dans leur enrichissante diversité, afin qu’émerge une citoyenneté camerounaise enrichie de nos richesses culturelles et de nos différences dépouillées des travers que les « autres » dénoncent !

Cameroun : dire «non» au solidarisme communautaire

Ce n’est pas le titre d’un ouvrage à paraître (pas encore), mais il s’agit d’un appel à s’opposer à un phénomène qui prend de l’ampleur au Cameroun.

Le solidarisme communautaire risque de conduire notre pays vers une guerre civile dévastatrice. Oui, le « solidarisme communautaire », cette tendance à apporter aveuglément son soutien à un frère (ou une sœur) de la même ethnie que soi, quel que soit la faute, la déviance, le délit ou le crime qu’il a commis, est en train de détruire les actifs résiduels de la morale, de l’amour du prochain et de la lucidité dans notre société.

Dès qu’un individu commet un acte condamnable par la morale sociale et même par la loi, des gens de sa tribu montent au créneau pour lui marquer leur soutien inconditionnel. Chez les adeptes de cette malsaine et sinistre solidarité, le pire acte de perversion ou le pire crime perpétré par un « frère ou une sœur du village », n’en est plus un. « Est-ce qu’il est le premier et le seul à avoir fait ça ? », telle est leur question favorite pour essayer de banaliser la faute, comme si une dérive déjà constatée antérieurement ou commise par d’autres personnes la rendait tolérable et excusable.

Le plus grave dans le solidarisme communautaire, c’est que ses partisans, qui n’ont généralement aucun argument plausible ou convaincant pour justifier le soutien à un « frère » (ou une sœur) qui a porté atteinte à la morale et à la loi, ont recours à la victimisation tribale, estimant que ceux qui dénoncent et condamnent en veulent à leur ethnie. Ils ripostent alors en désignant et exposant des fils des tribus « ennemies » qui se seraient rendus coupables des fautes reprochées au « frère du village ». « Notre frère est un pervers narcissique ? Voici les images du vôtre qui montrent qu’il l’est aussi ». « Notre sœur est-elle une prostituée ? Et la vôtre que voici est quoi ? ».

Le solidarisme communautaire, parce qu’il promeut le déni du caractère impersonnel des lois, conforte l’impunité par la création d’une immunité ethnique, et exacerbe la haine tribale, est une étape décisive vers la guerre civile. Aveuglé par la volonté de s’éterniser, le pouvoir en place semble insensible à ce risque, agissant même souvent, dans une logique machiavélique, comme s’il encourage ce phénomène. Les partis politiques, eux-mêmes généralement bâtis sur un socle communautaire, paraissent s’en accommoder.

C’est aux masses populaires qui sont toujours les plus grandes perdantes lors des guerres civiles, qu’il revient donc de dire « NON AU SOLIDARISME COMMUNAUTAIRE ». Car la malhonnêteté, la cupidité, la perversion, la cruauté, ne sont pas génétiquement transmissibles, pour que ces déviances cessent d’être assumées par les individus qui les commettent, mais plutôt par leurs familles ou leurs tribus.

Attention, il n’est pas question de dissuader qui que ce soit à soutenir un frère ou une sœur dans l’infortune. Il s’agit simplement de rappeler à tous que le meilleur soutien qu’on puisse apporter à un des nôtres en délicatesse avec la morale, c’est de l’aider à laver son honneur à travers la justice lorsqu’il n’est pas coupable, ou à faire amende honorable et purger courageusement la peine que la société a prévu pour la faute commise, dans le cas contraire. Le solidarisme communautaire, malgré son arrogance et ses fausses certitudes, ne lave pas l’honneur, ne rend pas la dignité, et ne ramène pas l’individu sur le droit chemin.

Cameroun : Samuel Eto’o contre-attaque certains membres du Comité exécutif de la Fecafoot

A l’ouverture de la session ordinaire du Comité exécutif de la Fecafoot, ce mercredi à Limbe, le président de cet instance Samuel Eto’o fils, a fait un discours dans lequel il est revenu sur l’organisation de la Can 2021.

Le président de la Fécafoot est également revenu sur les différentes affaires contre la Fecafoot au Tas, sur ce qu’il considère comme une campagne de dénigrement contre sa personne depuis qu’il a pris les rênes de la Fecafoot. Ci-dessous, l’intégralité du discours de Samuel Eto’o , à Limbe le 16 février 2022.

Mesdames et Messieurs, Chers membres du Comité Exécutif de la Fecafoot

Nous revoici sur les bords de l’océan Atlantique. Après Kribi, bienvenue à Limbe, la belle cité balnéaire chaleureuse, accueillante et, je l’espère, favorable à la bonne tenue de notre réunion. Je suis davantage heureux, parce que c’est le premier Comité auquel je prends part en présentiel.

Permettez-moi de remercier d’entrée de jeu notre cher vice-président, Njalla Quan, qui a perpétué la tradition d’hospitalité chère à son père de regrettée mémoire, pour lequel nous avons une pensée émue, tellement l’histoire du développement du football dans cette partie du Cameroun est liée à son nom et à son engagement. Merci M. Le Président et cher frère. Merci à tous les membres qui ont bien voulu nous honorer de leur présence.

Chers membres du Comité Exécutif,

L’actualité de ces dernières semaines a été dominée par la Coupe d’Afrique des Nations. Nous avons consacré notre temps et nos énergies à recevoir nos invités et à encadrer notre sélection nationale.

Actualité triste aussi à la suite de l’accident mortel survenu au Stade d’Olembe. Nos pensées vont aux victimes de la tragique bousculade qui a endeuillé cette grande fête du football continental. Puissent-elles trouver la paix dans le repos éternel.

Les larmes de cet événement malheureux ont néanmoins été séchées par le parcours honorable de nos chers Lions Indomptables, qui ont su donner le meilleur d’eux-mêmes pour arracher la troisième place du tournoi. Bien sûr, nous aurions aimé faire mieux mais nous nous soumettons à la dure loi du sport, et félicitons nos frères sénégalais, qui ont largement mérité d’être champion d’Afrique.

En attendant de faire le bilan avec les organes techniques spécialisés de notre fédération et d’en tirer les conséquences, nous pouvons être fiers de nos jeunes frères et de nos enfants.

Toutefois, quelques-uns d’entre nous, membres du Comité Exécutif, n’ont pas hésité à critiquer cette équipe en privé ou en public. Leurs critiques, parfois constructives, ont visé notamment le nécessaire renforcement de l’esprit d’équipe qui devrait guider les joueurs. C’est normal, car, siéger au Comité exécutif ne nous impose pas le silence. Personne n’a le droit de blâmer ceux qui exercent leur liberté de penser.

En revanche, nous ne pouvons pas décrier l’absence d’esprit d’équipe au sein de nos Lions alors que, dans le même temps, nous sombrons nous aussi dans le même travers. Ici même, au sein du Comité Exécutif, chacun veut à la fois dribbler, passer, marquer, être seul dans l’objectif des caméras, faire le classement, commenter le match qu’il joue lui-même, bref, faire tout le contraire de ce que le football nous impose comme obligation à savoir, jouer collectif.

Chers amis, je vous assure que nous ne produirons aucun résultat significatif si chacun de nous n’apprend à jouer le rôle qui lui est confié. Nous devons défendre quand c’est nécessaire, applaudir le coéquipier qui marque le but, encourager et protéger le gardien qui prend un but, assumer et accepter les choix de l’entraineur, qui seul est responsable de la définition du système de jeu, en tenant compte des joueurs à sa disposition.

Il peut arriver que les choix ne plaisent pas, qu’ils blessent l’orgueil de quelques-uns. Malheureusement, opérer des choix douloureux fait partie de l’ADN de notre sport. Ceux qui connaissent un peu la discipline que nous avons la prétention de diriger le savent.

Mesdames et Messieurs,

Lorsque l’équipe nationale du Cameroun dont j’ai eu l’immense privilège de porter les couleurs gagne, notre peuple est en joie du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Lorsqu’elle perd, la déception qui traverse chacun de nous est la même, de Kolofata à Ekondo Titi, de Batouri à Foumban…Il ne vient à l’idée de personne de se poser la question de l’ethnie du buteur qui a procuré cette joie. Personne ne veut savoir de quelle région vient le joueur qui a manqué son tir au but.

Il n’est donc pas concevable que des dirigeants du football camerounais, ceux-là même qui ont la responsabilité de porter les valeurs de cette discipline, se livrent au jeu malsain de faire le tri des joueurs sur le critère de l’ethnie ou de la région. Ce réflexe détestable porte en lui la destruction de toutes les valeurs du sport. Comment pouvons-nous confondre football et Assemblée nationale ?

Chaque région doit-elle revendiquer les siens parmi nos Lions ? A-t-on le droit de s’approprier les exploits de Vincent Aboubakar parce qu’il est issu de la même aire géographique que nous ? Ma conviction est que chaque fille et chaque fils de ce pays, quelle que soit son origine ethnique ou régionale, est le frère de Vincent Aboubakar. Nous avons le devoir moral de nous éloigner de ces jeux dangereux qui n’honorent pas le football et ses valeurs.

Bien que premier responsable de notre fédération, je ne suis pas réfractaire à la critique surtout lorsqu’elle est constructive et de bonne foi. Et j’ai par ailleurs toujours placé la gestion des ressources humaines sous le critère exclusif de la compétence. Mais pour démentir les fausses allégations qui circulent, me voici obligé de relever que dans l’effectif de notre personnel, le plus gros contingent vient du septentrion de notre pays.

Doit-on prendre les calculatrices, s’y attarder et chercher les équilibres qui ne cadrent pas avec nos objectifs et notre vision ? Ceci sera la première et la dernière mise au point de cette nature car je n’ai pas l’intention de me laisser entrainer dans ces débats qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Les germes de la division ont déjà suffisamment fait du mal aux camerounais. Je compte assumer le mandat que les délégués m’ont accordé jusqu’au bout, avec la dignité qui sied.

Chacun ici a reçu un mandat, non pour défendre une région, un peuple ou une ethnie, mais pour défendre le football. Le définir et l’organiser sur le terrain, pour que le gamin de Maroua, ressente la même émotion que celui de Dschang ou de Sangmelima…c’est sur ce terrain que le peuple camerounais nous attend.

Mesdames et Messieurs,

En sollicitant du Comité exécutif un mandat de négociation et de conciliation autour des litiges qui ont fait dépenser à notre fédération plus de 900 millions de nos francs lors du mandat précédent, j’étais animé par deux ou trois objectifs : faire des économies, privilégier le dialogue et rassembler la famille du football. Les premiers résultats sont satisfaisants.

Nkou Mvondo, qui avait obtenu une sentence de dédommagement de 100 mille francs par jour depuis la publication de la sentence et dont le cumul des sommes dues se chiffrait déjà en milliards, a accepté de revoir sa créance à la baisse, soit une modique somme forfaitaire de 20 millions, pour l’intérêt du football. M. Nyassa Soleil, avait quant à lui signé un contrat en bonne et due forme avec mes prédécesseurs et trainait une ardoise qui n’était pas loin des 50 millions. Néanmoins, il a accepté de revoir ses exigences plus de trois fois à la baisse.

À ce jour, nous avons pu obtenir un accord avec le président Général Semengue et dont les détails restent à parfaire, ainsi qu’avec le Secrétaire Général de la Fecafoot dont la procédure était aussi pendante devant les juridictions. Nous poursuivons avec les autres acteurs, parce que le dialogue sera notre crédo jusqu’à pendant tout notre cheminement.

Il faut dire que je gère le lourd passif des litiges de mes prédécesseurs. Sans avoir la prétention d’imposer mon point de vue, ces litiges sont une épine à extraire au pied du nouvel Exécutif, pour lui permettre de poursuivre sereinement sa mandature.

Nous avons le devoir de chercher des solutions à l’amiable sans chercher les boucs émissaires dans les Exécutifs précédents même s’ils nous ont légué ces dossiers à problèmes. La continuité de l’administration nous y oblige. Le Président Kennedy disait “Ne négocions pas avec peur, mais n’ayons pas peur de négocier ” faire gagner du temps et de l’argent à la fédération en si peu de temps, devrait être notre fierté…

esdames et Messieurs…

Les dispositions de nos textes nous commandent la convivialité et la recherche de solutions internes aux différends qui peuvent nous opposer. Le but recherché par leurs rédacteurs était préservation de l’esprit associatif et la formation d’un bouclier de protection contre l’extérieur. Vous comprendrez la colère et la déception qui sont les miennes, lorsque je constater que des personnes qui partagent quotidiennement cet espace de travail avec moi, choisissent la presse et les réseaux sociaux pour s’attaquer m’attaquer lâchement.

À quoi sert-il de polluer la presse de ragots au lieu de partager avec elle notre vision future du football ? Il m’est difficile de résister à la tentation de me défendre par tous les moyens légaux pour rétablir mon honneur. J’espère ne pas devoir en arriver à ce point, parce qu’une passe manquée ne fait pas de votre coéquipier un adversaire sur le terrain. Elle devient un problème si cela se répète à plusieurs reprises. Quoi qu’il en soit, c’est dans le vestiaire du Comité Exécutif que nos problèmes se discutent. Et c’est toujours l’entraîneur que je suis qui devra trancher… Parce c’est à moi d’assumer les mauvais résultats tandis que les bons seront l’œuvre de tous.

Je vous remercie.

 

La parenté à plaisanterie, une pratique qui tend à disparaître au Cameroun

C’est une pratique socioculturelle légendaire qui existe entre les clans, les ethnies et les individus de générations différentes

A la mort d’un Gbaya par exemple, un Dii entre dans la tombe. Les personnes inhabituées meurtries peuvent alors penser qu’il va soutenir le cercueil du Gbaya pour le faire reposer au fond de la tombe. Que non! Le manège peut parfois durer si longtemps au point de provoquer une irritation au sein de la foule. Les proches du défunt Gbaya sont alors obligés de débourser une importante somme d’argent en expliquant à la foule qu’il était un allié à plaisanterie. Et le Dii peut alors enfin sortir de la tombe et laisser continuer tranquillement la cérémonie d’inhumation. Le corps d’un parent à plaisanterie peut même par exemple être l’objet de railleries par le biais des alliances de cousinage.

Des exemples parmi tant d’autres s’expliquent par l’ancrage de ce phénomène de l’alliance et de la plaisanterie dans nos sociétés traditionnelles. Dans d’autres ethnies, la parenté à plaisanterie se fait également à l’intérieur même du clan. Lorsqu’une vieille personne décède dans une famille, les membres de cette famille alliée tournent en dérision cette situation de deuil par une parodie de réjouissance. Elle va jusqu’à souhaiter à la famille éplorée que pareille situation se reproduise tous les jours afin qu’elle puisse manger et danser.

Ces joutes traditionnelles ne sont pas l’apanage des seuls Gbaya et Dii. Toutes les ethnies pratiquent les rites traditionnels à l’occasion du décès d’un parent à plaisanterie. Dans certains clans, l’enlèvement des cadavres contre «rançon» est même autorisé. D’autres vont même jusqu’à accuser leur parent à plaisanterie d’être des sorciers et d’avoir «dévoré» leur propre enfant. Au-delà des ethnies et des clans, cette pratique ancestrale est aussi intergénérationnelle. Dans nos grandes villes par contre, elles se font de plus en plus rares et les parents à plaisanterie font de moins en moins ces mises en scène pour détendre l’atmosphère lors des cérémonies ou des funérailles. Répugnée par certains, les bienfaits de la parenté à plaisanterie sont pourtant nombreux. Elle participe d’une manière ou d’une autre à apaiser les tensions dans les familles et entre les différents clans de la société.

Cérémonie traditionnelle dans une chefferie de l’Adamaoua
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