Cameroun : retour des explosifs à Yaoundé, le préfet du Mfoundi interdit l’abandon des colis

Emmanuel Mariel Djikdent vient d’édicter une série de mesures dans le but de traquer les suspects qui sapent la sécurité dans la capitale politique du Cameroun.

Les détonations successives survenues au marché Mokolo à Yaoundé au mois de juillet 2022 obligent les autorités à réajuster les mesures de sécurité. Le 12 juillet 2022, le préfet du  Mfoundi signe un arrêté à cet effet. « Sont et demeurent à compter de la date de signature du présent arrêté, interdits sur toute l’étendue du territoire du Mfoundi, le dépôt et/ou l’abandon de colis (sacs, paquets, emballage, plastiques…) dans tous les lieux publics et milieux ouverts au public », décide Emmanuel Mariel Djikdent.

Aux termes de cette décision en date du 11 juillet 2022, « la détention non justifiée d’objets susceptibles (écrous, billes, boulons, clous, morceaux de fer…) est un préparatif dangereux », prévient l’autorité administrative. Le chef du département déclare avoir donné l’autorisation aux forces de maintien de l’ordre de procéder à des fouilles de tout colis ou sac jugé suspect, en particulier les emballages dits plastics noirs.

L’arrêté préfectoral précise deux catégories de suspects : « tout contrevenant aux dispositions (…) ci-dessus est un suspect. Est également suspect, toute personne qui se réjouit des difficultés de l’Etat ou souhaite voir l’Etat en difficulté », peut-on lire.

Cet arrêté est pris quelques heures après la survenue au marché Mokolo à Yaoundé d’une deuxième bombe artisanale au cours du mois de juillet. Selon les témoignages, l’engin explosif contenu dans un sac plastique a été déposée sur la chaussée avant son explosion. La première détonation quant à elle a lieu le 02 juillet et fait quelques blessés.

Cameroun : Yaoundé comme un champ d’expérimentation des explosifs

L’explosion d’une bombe artisanale au marché Mokolo de Yaoundé samedi 02 juillet 2022 vient rappeler la série de détonations survenue en 2020.

Attention ! Des explosions de bombes artisanales sont de retour dans la capitale politique du Cameroun. Après la série de 2020, voici qu’une détonation se produit au marché Mokolo samedi 02 juillet 2022. Soit près de deux ans après celle du 14 août 2020 survenue dans un bar non loin du même marché, situé dans le deuxième arrondissement de la ville. Aucune perte en vie humaine n’a été enregistrée. Mais l’engin explosif a fait au moins deux blessés.

Après près de deux années d’accalmie, cette explosion vient s’ajouter à la liste des déflagrations survenues au siège des institutions de la République ces deux dernières années. Outre celle du 14 août 2020 qui a fait au moins cinq blessés entraînant des pertes matérielles, de nombreuses autres explosions ont été enregistrées dans la ville.

Le 30 avril 2020 par exemple, le marché Mokolo a été le théâtre d’une autre explosion de bombe artisanale, faisant de blessés. Le 31 juillet, un engin explosif a été découvert dans un sac à dos au quartier Nsimeyong. Le 02 octobre, c’est au lieu-dit Colombia au quartier Nsam qu’une bombe artisanale a explosé. Les quartiers Emana, Melen, Damas, n’ont pas échappé à la cette série.

Au regard de cette succession de détonations et de découvertes, la psychose s’est emparée des habitants, au point de les rendre plus attentifs aux colis. C’est ainsi qu’au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, un colis suspect a été retrouvé. La découverte d’une pompe à insuline emballée dans l’enceinte du bâtiment administratif, a laissé croire que c’était une bombe artisanale le 17 août 2020.

Par ailleurs, plusieurs interrogations surgissent au sein de l’opinion. Il s’agit par exemple de celle de savoir ce que cachent ces explosifs. Pour certains ils apparaissent comme une phase d’expérimentation d’un projet non révélé et dont la réalisation se prépare encore. Ledit projet profiterait des crises sécuritaires dans le Nord-Ouest, le Sud-Ouest ainsi que des incursions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord.

La persistance de ces crises serait à l’origine de la circulation de certaines armes et de l’infiltration de certains individus aux intentions perverses. A titre d’illustration, dans l’après-midi du mercredi 1er juin, la brigade commerciale de Banyo a mis la main sur un colis suspect à l’entrée de Boudjoumkoura dans la région de l’Adamaoua. 45 tubes d’aluminium destinés à la fabrication d’engins explosifs ont été saisis.

L’explosion du 02 juillet 2022 survient au moment où le Délégué général à la sûreté nationale a signalé les intentions des séparatistes anglophones. Leur volonté d’accentuer des actes terroristes dans les régions limitrophes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et de les étendre dans des agglomérations pour venger les leurs. S’adressant à ses collaborateurs régionaux, le patron de la police a demandé de prendre des mesures appropriées pour faire échec à ces opérations en vue.