Les différents plateaux dressés à Douala ont été l’occasion pour les artistes de dépasser le côté festif pour démontrer chacun ses prouesses scéniques
Impressionnant! Ainsi peut-on qualifier l’accueil qui a été réservé à Ekambi Brillant, ce mardi 21 juin 2011, sur le plateau dressé à l’occasion de la fête de la musique, devant le Centre culturel français de Douala. Ce géant de la musique camerounaise aurait pu, comme nombre de ses collègues, aller célébrer cette fête à la résidence du chef de l’Etat à Mvog meka, mais non. Il a choisi de rester à Douala, tout comme d’autres ténors dont Axel Muna, l’auteur du tube «Juventus», François Misse Ngo, Aladji Touré, ou encore Queen Eteme. Le public, massivement présent et constitué en majorité des jeunes, reprend en ch ur, au grand étonnement, le fameux «Mussoloki». La chanson date des années 1980, beaucoup parmi ceux présents ce 21 juin sur le Boulevard de la Liberté à Akwa, n’était pas nés et pourtant ils maitrisent tous le refrain.
Au-delà de la fête, une vitrine
Pour son passage, un seul titre. Ekambi Brillant s’est adjugé les services de son compagnon de longues dates et très célèbre bassiste Aladji Touré. Pas qu’il n’y en a pas qui soit de la trame de ce dernier, mais «quand il est là, c’est avec lui que je joue» déclare Ekambi. «Touré maîtrise bien mes chansons, sait comment je fais mes scènes et sait y ajouter du piment» ajoute-t-il. Le but, produire un spectacle de qualité quelque soit la scène. Le principe, certes, voudrait que l’on «s’amuse» à l’occasion de la fête de la musique, mais nombreux sont-ils, les artistes musiciens, qui pensent qu’il serait plus intéressant de le faire dans les règles de l’art. C’est-à-dire en toute beauté et avec tout le sérieux qui doit caractériser un artiste. «Ce n’est pas parce qu’on a dit que c’est la fête qu’on va donner n’importe quoi au public» renchérit Queen Eteme, qui a dû s’offrir deux semaines de répétition avec les jeunes du groupe Essoka qui l’accompagnent depuis quelques temps sur ses scènes au Cameroun. C’était la première fois qu’elle passe cette fête dans son pays, il fallait donc, comme elle dit, «saisir l’occasion et bien faire les choses».

Des talents non exploités
Ce souci de l’esthétique, ils ont été nombreux à le démontrer. Et c’est en cela que l’on peut voir la particularité de cette célébration à Douala. Qu’il s’agisse du plateau du Stade Marion à la Cité-sic, de «Quatre étages» à Bonabéri, de l’«Entrée Bille» à Village ou du CCF (les quatre plateaux de la délégation de la culture pour le Littoral), il y avait matière à se régaler. L’ancienne génération qui compose avec la nouvelle, cette dernière, à quelques exceptions près, qui fait de nouvelles propositions, dans l’optique de rompre avec l’étiquette de «génération perdue» qui lui est attribuée dans l’univers musical camerounais aujourd’hui. De Marsi, à Yvette Bassega en passant par Ayriq Akam, Duc-Zy, No Name Crew, Essoka, Roland Ledoux, Deco Ebongue, Alain Oyono, Bobby Sop entre autres, cette célébration a aussi permis au public de découvrir une pléthore de jeunes talents et plein d’avenir, mais qui jusque là s’étaient limités au seul cadre d’expression du CCF. La 30ème édition de la fête de la musique est désormais dans les anales et rendez-vous a été pris pour 2012, en espérant que Douala connaîtra la même ferveur que cette année.
