Le drame d’Eseka et Boko Haram dominent l’actualité sociale en 2016

Ces deux sujets auront constitué les faits sociaux majeurs au Cameroun durant l’année qui est sur le point de s’achever

Le déraillement d’un train voyageurs bondé, survenu le 21 octobre en gare d’Eséka (Centre) mais également la poursuite des assauts terroristes de la secte islamiste Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, auront constitué les faits sociaux majeurs au Cameroun en 2016.

Dans le premier cas, avec un bilan officiel de 76 morts et 599 blessés, et en attendant les conclusions du rapport de la commission d’enquête ordonnée par le président Biya et présidée par le Premier ministre Philemon Yang, ce sont des passagers ayant massivement choisi le rail à cause de l’affaissement le même jour d’un pont sur l’axe routier reliant Douala à Yaoundé, les métropoles économique et politique du pays, qui se sont retrouvés dans un ravin.

Selon des sources proches de l’enquête, la cause du drame serait d’origine mécanique, plusieurs observateurs avertis pointant le défaut de freinage de wagons acquis en Chine par l’opérateur Cameroon Railways (Camrail), filiale du groupe français Bolloré.

Dans l’Extrême-Nord, et alors que le gouvernement a continué à le présenter comme «agonisant», Boko Haram a poursuivi ses attaques dans les zones frontalières avec le Nigeria, avec un bilan gouvernement se situant désormais à plus de 1500 morts depuis 2013.

Au plan économique, un récent rapport du Fonds monétaire international (FMI) situe l’impact des opérations de sécurisation du territoire camerounais sur les finances publiques entre 1 et 2% du produit intérieur brut (PIB).

Sur un autre plan, et en dehors du limogeage du directeur général de la radio-télévision publique (Crtv), Amadou Vamoulké, le 29 juin, finalement interpellé le 29 juillet et depuis lors écroué à la prison centrale de Yaoundé pour détournement de deniers publics, le Cameroun a connu la disparition de plusieurs personnalités de premier ordre.

Il s’agit du secrétaire général adjoint de la présidence de la République, Peter Agbor Tabi le 26 avril, de l’un des pionniers de l’enseignement privé laïc, Joseph Ndi Samba, du président du Syndicat national des footballeurs, David Mayebi, de la diva de la chanson Anne Marie Ndzie respectivement le 13, le 15 et le 24 mai.

Sont également décédés : l’un des dirigeants sportifs Antoine de Padoue Essomba Eyenga, le 12 juin, de l’homme politique Tazoacha Asoganyi et du directeur général du Port autonome de Douala (PAD), Emmanuel Etoundi Oyono, le 3 et le 24 juillet, du président du Groupement interpatronal (Gicam) André Fotso, le 2 août, du batteur Ebeny Donald Wesley, le 19 septembre et du président de la Croix Rouge camerounaise Eteki Mboumoua, le 26 octobre.


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Cameroun: les malaises sociaux en couverture des journaux

Les journaux camerounais parus jeudi ont consacré de larges espaces à des faits sociaux qui fâchent, notamment la grève des employés de l’entreprise «Le Bus»

Sous le titre « Les employés de Le Bus en grève », Le Messager revient sur la journée de protestation de ces dizaines de personnes dans la capitale, Yaoundé, pour revendiquer le paiement de 20 mois d’arriérés de salaire à la société de transport urbain, aujourd’hui en déliquescence.

Sauf que, relève Mutations, le mouvement d’humeur qui se voulait pacifique a été brutalement réprimé par la police : « Tous ceux qui ont essayé de résister ont été brutalisés, sans distinction de sexe ou d’âge, ainsi que l’indiquaient les ordres du délégué régional à la Sûreté nationale. »

Le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, dans un dossier, se préoccupe des risques et périls du trafic d’alcool artisanal, au lendemain de la mort de 21 personnes ayant consommé un alambic réputé dangereux dans la localité de Mindourou (Est).

Les commerces de fortune prolifèrent, faisant des victimes, au nez et à la barbe des autorités publiques, constate la publication qui déplore que les différentes interdictions et rappels à l’ordre des autorités administratives, relativement au phénomène, ne sont plus qu’un lointain souvenir dans différentes «zones de production» que sont les villages reculés et les quartiers des grandes villes.

« La production et la consommation de cet alcool artisanal ont pourtant été longtemps combattues pendant des décennies par les pouvoirs publics. Elles demeurent même interdites dans bien des localités, suite à des arrêtés pris par des gouverneurs, préfets ou sous-préfets. Seulement, de nombreuses populations continuent d’y diluer leurs revenus, carrière, santé et famille. »

Le bihebdomadaire La Météo, de son côté, se préoccupe de ce qu’il qualifie d’« épidémie de suicides chez les hommes en tenue » : de plus en plus, soldats et agents de police se donnent la mort au Cameroun.

En quelques années, le Cameroun a vécu plusieurs cas de plusieurs officiers supérieurs et hommes de rang s’étant donné la mort : suffisant, pour qu’une certaine opinion estime qu’il pourrait y avoir un malaise au sein de la troupe.

« Il est clair que, lorsque dans une catégorie professionnelle il y a tant de suicides en si peu de temps, on devrait interroger le management, les méthodes et les chefs de l’organisation. »

Pourtant, relativise The Spark., il n’y a pas que des morts volontaires au sein de la troupe, qui s’est manifestée par sa promptitude et son efficacité lors de la succession des tragiques accidents dont le pays est le théâtre ces derniers temps.

Une autre personnalité dont l’action est saluée par ce journal, c’est le président Paul Biya dont le regain de communication sur les réseaux sociaux connaît un impact considérable : les différentes pages du chef de l’Etat, aussi bien sur Facebook, sur Twitter que sur Youtube, sont régulièrement alimentées par des posts informant les citoyens de son activité officielle.


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